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3. Mise en œuvre

3.4. Sécurité, décontamination et gestion des déchets

La manipulation d’agents biologiques implique des règles de sécurité strictes et sont soumis à réglementation. Après prélèvement, les différents flacons d’échantillons sont emmenés dans le VDIP où trois d’entre eux seront conditionnés pour l’envoi au(x) laboratoire(s). Dans la mesure du possible un prélèvement pour le VDIP est également effectué. La manipulation de

cet échantillon doit se faire dans des conditions de sécurité en considérant la possibilité qu’il contienne des agents de classe 3 ou 4. Selon l’arrêté du 16 juillet 2007 (244) « les niveaux de

confinement mettre en uvre dans les salles dédiées aux activités techniques sont choisis selon la classification des agents biologiques recherchés, sauf lorsque l’évaluation des risques permet la prise en compte des cas particuliers ». La réglementation française impose

donc, à partir du moment où l’on suspecte la présence d’un agent pathogène de classe 3 ou 4, de les manipuler dans les conditions correspondant à la classe de ces agents, c’est-à-dire respectivement des laboratoires de niveau de sécurité biologique 3 et 4. Dans ce cas, le VDIP

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au sens réglementaire. Cependant, les cas particuliers évoqués par la réglementation, c’est-à- dire les agents du groupe 3 non infectieux par voie aérienne et dont la quantité manipulée est

faible, méritent d’être pris en considération car une place est tout de même réservée à une analyse de risque préliminaire. Si la réglementation française est assez stricte, elles peuvent

être plus nuancées ailleurs : par exemple, selon les recommandation des CDC (13), la

manipulation des agents biologiques dépend de la quantité de pathogène présent dans

l’échantillon. Dans le cadre d’un attentat bioterroriste, si la quantité de pathogène dans un échantillon est faible, l’échantillon peut être manipulé sous un confinement de sécurité biologique de niveau 2 (NSB2). En revanche, dans le cadre de manipulation de grande

quantité d’agent, comme dans le cas lors d’une mise en culture, l’agent doit être manipulé sous un confinement correspondant à la classe de l’agent soit un laboratoire NSB3 pour B.

anthracis par exemple. Enfin, il faut aussi prendre en compte la voie de transmission de

l’agent, qui, dans le cas d’une dissémination terroriste, est majoritairement par aérosol. Dans ce dernier cas, la manipulation de l’échantillon, quel que soit la quantité présente, doit être effectué afin de générer le moins d’aérosol possible. Dans le cas contraire (étapes de

centrifugation nécessaire par exemple), l’échantillon doit être manipulé dans les conditions NSB3. Par exemple, B. anthracis peut être manipulé en NSB2 si aucune étape ne générant des

aérosols ou de mise en culture n’est à effectuer ; dans le cas contraire, les conditions type NSB3 sont nécessaires (13). Finalement, une des solutions serait l’inactivation de

l’échantillon (en général par la chaleur) n’empêchant pas son utilisation pour les techniques de biologie moléculaire et immunologiques mais ne permettant plus la mise en culture. Dans

le contexte d’emploi du VDIP, les matrices sont environnementales et non biologiques d’une part, et les échantillons ne sont pas destinés à être mis en culture dans la cellule du VDIP. Le

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microbiologique (PSM) de type II27. Afin d’assurer une cohérence entre le risque envisagé et l’équipement du VDIP, il serait judicieux d’opter pour l’installation d’une boîte à gants étanche en dépression ou PSM de type III et dans laquelle la manipulation de l’échantillon non inactivé pourrait être réalisée. Le niveau de sécurité appliqué au VDIP est un point sur

lequel il sera nécessaire de beaucoup travailler.

En revanche, il est indispensable que les moyens de protection individuels et collectifs mis en

œuvre à l’intérieur du VDIP soient en adéquation avec ceux déployés à l’extérieur. Par exemple, il serait incohérent que l’équipe chargée du prélèvement soit en scaphandre en surpression et que l’échantillon ne soit pas manipulé dans les conditions de sécurité maximale. Dans tous les cas, le personnel doit revêtir une tenue de protection adaptée à

l’image de celles utilisées dans les laboratoires NSB3 c'est-à-dire une combinaison imperméable jetable résistante adaptée pour le risque biologique (comme par exemple le

Tyvek® de type 4B assurant la protection contre les liquides et poussières contaminées), le

port de bottes ou sur-bottes imperméables, 2 paires superposées de gants, une cagoule ou une

charlotte, des lunettes de protection ainsi qu’un demi-masque de protection respiratoire de type Filtering Facepiece Particule (FFP) 2 ou FFP3. L’habillage/déshabillage se fait selon un

protocole strict et l’ensemble des équipements de protection individuelle est jetable.

Les procédures de manipulation sous hotte sont ensuite appliquées afin de limiter la

contamination. Il est important de bien suivre les règles de sécurité pour la manipulation des

échantillons, le VDIP n’est pas conçu pour être un laboratoire de type NSB3. En effet, il est destiné à la manipulation d’agents chimiques et comporte une hotte à charbon actif. En cas

27 Il existe trois types de PSM en fonction des objectifs de protection souhaités : le PSM I protège le

manipulateur et l’environnement par la création d’un flux d’air entrant filtré à la sortie mais ne protège pas l’échantillon. Le PSM II protège l’environnement et le manipulateur ainsi que l’échantillon par filtration de l’air entrant dans la hotte. Le PSM III est une enceinte close, l’échantillon est manipulé par l’intermédiaire de manchons. L’air est filtré en sortie, l’échantillon est protégé mais pas des contaminations croisées car il n’y a pas de flux dans l’enceinte.

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d’intervention, il sera donc nécessaire de hiérarchiser les risques et de se protéger par rapport au risque le plus grave pour l’intervenant. Par exemple, s’il s’agit d’une suspicion d’un toxique, le port du masque de protection respiratoire avec une cartouche filtrante sera alors

privilégier, même si le VDIP ne doit en aucun cas être déployé en zone supposée contaminée.

Des procédures de régulations concernant l’entrée dans le VDIP sont donc à établir avant de procéder à la manipulation des échantillons. De plus, des procédures en cas d’accident biologique (contamination par du matériel souillé par exemple) sont également à définir. Un

sas à l’entrée du VDIP avec une possibilité de décontamination en cas d’accident doit également être envisagé. La mise en place de ce sas pourrait également permettre l’habillage et déshabillage du personnel mais également servir d’interface de communication avec les

autres intervenants. Les entrées/sorties au niveau du véhicule doivent être limitées puisque

l’ouverture de la porte donne directement sur le laboratoire.

Les surfaces du poste de travail et les matériels utilisés devront être décontaminés. Les

matériels à usage unique et/ou non décontaminables devront être éliminés par la voie des

déchets. Pour la désinfection des surfaces l’utilisation d’un détergent/désinfectant répondant aux normes de virucidie, bactéricidie et sporicidie, en général sous forme de spray déjà

reconstitué, sera privilégiée. Il est cependant indispensable de bien respecter les dilutions, le

temps de contact, la compatibilité avec les matériels utilisés, certains désinfectants étant

particulièrement corrosifs, et aussi de ne pas mélanger les désinfectants entre eux. Nous ne

listerons pas de manière exhaustive les différents désinfectants utilisables, les principaux étant

à base d’hypochlorite de sodium ou d’acide peracétique, l’éthanol n’étant pas actif sur les spores. Pour la décontamination de la cellule, une désinfection par voie aérienne via un

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Le traitement des déchets infectieux est soumis à réglementation et doit être effectué selon les

procédures décrites dans l’arrêté du 24 novembre 2003 modifié par l'arrêté du 6 janvier 2006 relatif aux emballages des déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés et des

pièces anatomiques d’origine humaine. De façon générale, le traitement des déchets infectieux doit être assuré par une entreprise spécialisée. Un protocole de gestion des déchets au sein du

VDIP doit donc être établi avec ce type d’entreprise. Le cas échéant, l’entreposage des déchets est autorisé mais doit suivre les conditions décrites dans l’arrêté du 7 septembre relatif aux modalités d’entreposage des déchets d’activité de soins à risque infectieux et assimilés et des pièces anatomiques.

3.5. Exemple de protocoles d’utilisation