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Les rumeurs de catastrophe : les manifestations de la sociabilité dans la circulation de l’information

cela 51 quai+ 100 sauv+er 72 arriv+er 100 voisin<

1) Les rumeurs de catastrophe : les manifestations de la sociabilité dans la circulation de l’information

Dans cette analyse, 32 des entretiens réalisés auprès des victimes de l’inondation à Arles en 2003 ont été étudiés selon les trois grands temps recouvrant la chronologie de l’inondation : le quotidien ordinaire et la possibilité de l’eau, l’arrivée de l’eau et le quotidien extraordinaire ; et enfin la remise en état et le quotidien d’après. L’analyse va porter sur l’information concernant la probable inondation des quartiers nords de la ville en montrant dans quelles mesures son contenu et sa manière d’être diffusée a influencé les comportements individuels. L’objectif est ici d’expliquer les actions par l’interprétation donnée à un message d’alerte selon, notamment, son porteur et sa forme.

a) Contexte, questionnement et hypothèses spécifiques à l’inondation de décembre 2003 à Arles

Dès le 30 novembre, les fortes pluies qui touchent l’amont du pays d’Arles provoquent des inondations dans de nombreuses communes, dont certaines sont situées dans des zones déversoirs du Rhône : Saint-Rémy de Provence, Maillane, Graveson, Saint-Etienne-du-Grès, Boulbon, Saint-Pierre-de-Mézoargues, Vallabrègue,

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Tarascon. Certains canaux d’évacuation mal entretenus montrent des signes de faiblesse et une brèche sur le canal des Alpines, qui reçoit toute l’eau des Alpilles, inonde la vallée des Baux. A ce moment de l’événement, le Rhône n’est pas une menace ; l’inquiétude vient des 40 millions de m3 d’eau stagnante en amont qui vont se déverser sur le nord du bassin. Mais une brèche survient sur une trémie89 dans la plaine entre Arles et Tarascon, suivie d’une autre, quasi simultanément, dans l’après- midi du 3 décembre. Dès lors, la priorité des secours est l’évacuation des mas les plus proches des brèches car le courant, fort à cet endroit, présente un danger important pour les personnes. Des évacuations sont en cours aussi dans la plupart des villages cités ci-dessus. Or l’effectif des secours est de 400 sapeurs pompiers et il est difficile de faire appel à des renforts : les marins pompiers de Marseille doivent aussi gérer les inondations, de même que les pompiers du Gard et du Vaucluse. Le jeudi 4 décembre, le commandant des opérations de secours, en coordination avec le directeur des opérations de secours, décide de ne pas prévenir officiellement les quartiers situés au nord d’Arles de l’arrivée de l’eau par le nord et de concentrer leurs actions sur des tentatives de colmatage de brèche. Cette décision a été très mal vécue par les habitants du Trébon qui se sont sentis trahis par la non-information volontaire des autorités.

Cet épisode est tout particulièrement intéressant pour l’étude de la diffusion d’une rumeur à l’échelle d’un quartier durant plusieurs heures et sur les actions provoquées par la nouvelle de l’arrivée de l’eau, information délibérément non diffusée par les officiels en charge de l’alerte inquiets d’une éventuelle panique. Cette analyse des comportements collectifs s’inspire des travaux présentés dans le chapitre 2 dont ceux d’Hadley Cantril sur la rumeur de panique suite à la rumeur radiophonique lancée par Orson Welles en 1938 annonçant l’arrivée de Martiens (CANTRIL, 1940) et les études de Stanley Schachter (SCHACHTER, 1959) et Léon Festigner (FESTINGER, 1954 [1971 en VF]) sur la psychologie de l’anxiété, de l’affiliation et

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Une trémie désigne un tunnel court permettant à une voie de circulation de passer au dessous d’une autre. Quand la voie du dessus sert de digue, comme c’est le cas ici pour la voie ferrée, les trémies constituent des points faibles lorsque l’eau s’y engouffre.

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de la comparaison sociale. Les travaux des psychosociologues américains sur les désastres viennent compléter cette approche (FRITZ & WILLIAMS, 1957) ; (BARTON, 1969) ; (DYNES, 1970) ; (MILETI, DRABEK, & HASS, 1975) ; (EDWARDS KITER, 1998) ; (QUARANTELLI) ;(PENNINGS & GROSSMAN, 2008).

Nous posons l’hypothèse que l’information reçue et comprise au premier

moment de l’inondation influence les réactions des individus et les actions entreprises. L’annonce de l’arrivée de l’eau, par ses porteurs, son contenu et sa forme,

conditionne les comportements observés. En d’autres termes, le sens donné à une

information dépend de son origine, de son contenu et de sa forme et il déclenche des

actions qui sont de l’ordre de réactions face à la menace de l’eau. Les sous- hypothèses sont les suivantes :

- L’inquiétude sur la crue du Rhône les jours précédant l’inondation a rendu

l’annonce de l’arrivée de l’eau plus crédible. Cet intérêt se traduit par une vérification de l’information de la part de l’individu puis par des actions informatives, de déplacement et de sauvegarde plus importantes que chez un

individu qui n’aura pas soupçonné une possible submersion du territoire.

- La diffusion de l'information sur l'imminence de l'inondation directement

par l'individu interrogé possède un potentiel d'action plus fort que si le porteur de

l'alerte est un officiel, qui possède cependant une crédibilité plus forte que les proches. - Le constat direct de l'avancée de l'eau possède un plus fort potentiel d'action qu'un récit ou qu'une alerte téléphonique codée et standard.

145 b) La méthode des statistiques descriptives

L’objectif de cette analyse, réalisée à partir du logiciel Tri2, est de déterminer les corrélations existantes entre les formes de l’alerte et les actions entreprises par les individus, car rappelons-le il s’agit d’expliquer les comportements par la compréhension d’un message annonçant la réalisation future d’une situation risquée et menaçant leurs biens.

Variables dépendantes : ce sont des variables qualitatives nominales, c’est-à-dire

qu’aucune structure mathématique ne relie les modalités de la variable entre elles sauf bien sûr celle d’avoir des modalités distinctes.

Durant les jours précédant l’inondation des quartiers arlésiens, les fortes pluies enregistrées sur le bassin ont entrainé la crue du Rhône et de ses affluents. Les informations entendues dans les médias et le constat de la hauteur du fleuve, bien visible à partir des quais de la ville, ont provoqué de l’inquiétude chez certains individus.

Modalité 1 Modalité 2

Variable « Inquiétude » Inquiétude Pas d’inquiétude particulière

L’information sur l’arrivée de l’eau se décompose selon la personne porteuse de l’information, la manière d’apprendre cette même information et le caractère intentionnel ou non de l’annonce de l’arrivée de l’eau. Parmi les porteurs d’alerte se trouvent la famille, les officiels, les voisins, les amis, des inconnus ou personne. Parmi les manières d’apprendre l’information se trouvent le constat direct, le récit de proches, le récit d’inconnus, les informations dans les médias.

146 Modalité 1 Modalité 2 Modalité 3 Modalité 4 Modalité 5 Modalité 6 Modalité 7 Variable « Porteur de l’alerte »

Famille Officiels Voisins Amis Inconnu Collè-gues Aucun

Variable « Canal

d’information » Constat Récit

Appel téléphoni- que Voiture sonorisée Variable « Intentionnalité de l’annonce » Intention- nelle Non intentionn elle Variable « Vérification de l’information » Vérifie l'annonce de l'arrivée de l'eau Ne vérifie pas l'informa- tion Variable « Source de la vérification »

Proches Officiels Aucune

Variable « Moyen de vérification » Vérifie en allant sur le terrain (voir l'eau, les digues...) Vérifie depuis le domicile (télépho- ne, sort pour voir...) Aucune vérifica- tion

Variables indépendantes : Les variables sont nominales pour chacune des

modalités de l’action. Une variable quantitative est créée pour quantifier le taux d’action par individu.

Les actions entreprises à la suite de l’alerte sont les suivantes : rester au domicile, accueillir des proches, se déplacer chez des proches, se déplacer sans aller chez des proches, sauver des biens.

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Modalité 1 Modalité 2

Variable « Rester à son domicile » Oui Non

Variable « Accueillir des proches » Oui Non

Variable « Alerter des proches » Oui Non

Variable « Se déplacer pour aller chez des proches » Oui Non

Variable « Se déplacer pour fuir l’inondation » Oui Non

Variable « Sauver des biens » Oui Non

Une variable quantitative (actions) est créée pour mesurer l’action en général. Elle prend la valeur du nombre d’actions précédentes entreprises par chaque individu. Elle est comprise entre 1 et 5. Elle sera utilisée dans le paragraphe suivant : 2) Les réseaux sociaux de catastrophe : la nature et les caractéristiques de la sociabilité événementielle.

Méthodes statistique et qualitative : Les méthodes employées sont issues de la

statistique descriptive et explicative. Dans un premier temps, la description des variables est effectuée à l’aide de statistiques simples (médiane, mode, minimum, maximum) et de tris à plat (table des fréquences). Ensuite, des analyses explicatives comme les tris croisés (tableau de contingence entre variables, calcul de coefficient de corrélation avec le Khi2) ou les régressions linéaires (coefficient de détermination, variabilité d’une variable en fonction d’une autre) sont effectuées.

c) Quand l’information reçue influence les comportements

Afin de déterminer dans quelle mesure la manière de comprendre l’annonce de l’arrivée de l’eau va influencer les comportements, voyons d’abord quels types d’actions les personnes interrogées ont rapportés dans leurs récits. Il s’agira ensuite de mettre en relation ces actions avec les informations sur les conditions météorologiques et l’état des cours d’eau dont disposaient les personnes avant l’inondation.

148 Les actions d’inondation

Au vu des résultats, trois types d’actions se distinguent au moment de l’alerte : les actions informatives, les actions de déplacement et les actions de sauvegarde. Cette typologie ne recouvre pas exactement celle proposée en introduction car à la lecture des témoignages, il s’est avéré que l’action de vérifier pouvait être autant du domaine justement de la vérification d’information que du déplacement. Savoir si la personne a vérifié l’information reçue est une donnée importante, mais l’action réside plutôt dans la manière dont elle a obtenu les précisions qu’elle cherchait et auprès de qui elle s’est renseignée.

Ainsi comme le montre le graphique ci-dessus, près de 69% des personnes de l’échantillon ont vérifié l’information sur l’arrivée de l’eau en majorité auprès des officiels (59%) comme la mairie ou les pompiers. Une majorité d’entre elles (59%) s’est carrément déplacée pour voir l’eau arriver. Certains ont même vérifié indirectement la montée de l’eau par l’intermédiaire de proches assurant une surveillance sur le terrain, ce qui montre que l’alerte est une affaire collective :

« Nous personnellement non, on n’est pas allé voir l'eau, avant qu'elle n'arrive ici. Parce qu'à partir du moment où l'on a eu, entre guillemets, la certitude que... Vers midi-1h, on a commencé à se dire "il y aura de l'eau"... On en était franchement persuadé... On aura peut-être un peu les pieds dans l'eau... J'imaginais 20-25cm dans la rue... Je me disais "c'est bon ca va aller...". On en a eu dans la rue 1m20! On avait des copains par contre qui habitaient beaucoup plus loin, des copains qui habitent à

69% 31% 59% 41% 59% 9% Vérifie l'annonce de l'arrivée de l'eau Ne vérifie pas l'information Vérifie en allant sur le terrain (voir l'eau, les

digues...) Vérifie depuis le domicile (téléphone, sort pour voir...) Vérifie auprès d'officiels Vérifie auprès de proches

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Leclerc, et Gilles qui habite pas très loin, et qui nous ont tenu au courant. On a su que l'eau arrivait quelques heures avant. Deux heures avant, elle était à la piscine, un petit peu après chez Gilles. Deux heures avant nous, elle était là-bas. Donc là on les avait au téléphone. On n'est pas allé la voir nous-mêmes. Mais Daniel, un copain à nous, faisait des allers et retours à vélo et nous a tenu informé, nous disant "elle est chemin de Truchet, elle est là-bas, elle est chez Leclerc" On a su heure par heure où elle était, quasiment heure par heure... Parce que Daniel habite un immeuble, plus loin que l'avenue Stalingrad donc lui il risquait rien et il a tourné quoi. Je vous dis, sans la voir on savait où elle était, quasiment heure par heure... »

Salarié âgé d’environ 40 ans

L’extrait précédent et les chiffres montrent que 42% des personnes interrogées ont alerté des proches. Ce pourcentage est assez élevé, même si une majorité n’a effectivement pas pris le temps de diffuser l’information quant à l’arrivée de l’eau. Ces chiffres sur les actions de vérification montrent que la menace d’un événement extraordinaire crée une dynamique sociale particulière, faisant de la sociabilité quotidienne une composante essentielle dans la diffusion de l’information. Il faut noter toutefois qu’une majorité de personnes vérifie auprès de sources institutionnelles, ce qui nuance une partie de la conclusion précédente dans la mesure où l’interaction avec les « officiels » est ponctuelle et ne se justifie que justement par l’extraordinaire de la situation. Mais dans tous les cas, la rumeur sur l’arrivée de l’eau produit du lien social.

Les déplacements constituent aussi une des actions quotidiennes pouvant être perturbée par l’inondation. Ces déplacements peuvent rester inchangés malgré le contexte ou peuvent se caractériser par des regroupements de personnes, la fuite vers un lieu plus sûr ou la vérification de l’information. Le premier résultat notable est que 66% des individus interrogés reste à leur domicile durant tout le temps de la possibilité de l’eau. Une minorité se déplace (34%) selon les proportions suivantes :

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D’après ces résultats, les principales motivations des individus à se déplacer sont la vérification (comme indiqué précédemment 59% des personnes alertées avaient vérifié l’information en allant directement sur le terrain voir le niveau du fleuve) et le regroupement avec des proches (38%). La fuite ne vient qu’en dernier avec 13% des cas. Les réactions lors de la possibilité de l’eau, pour ce qui est des actions de déplacement, répondent ici d’abord à un besoin d’informations puis à la nécessité d’être solidaire et enfin au sentiment de peur dans la perspective de l’événement qui va se dérouler. La logique des déplacements est donc avant tout individuelle avant d’être collective et surtout « anomique ».

Ainsi les chiffres ne montrent pas une augmentation des déplacements, au contraire on observe plutôt une focalisation des personnes à leur domicile, notamment pour essayer de sauver leurs biens en les surélevant ou en les évacuant. A cela s’ajoute l’accueil de personnes au domicile, ce qui donne sur l’échantillon total la répartition suivante concernant les actions de sauvegarde :

59%

31%

10%

Vérifie en allant sur le terrain Se déplace chez des proches Se déplace pour fuir

l'inondation

97%

19%

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Le sauvetage est ici très majoritairement un comportement « a-social », en tout cas dans l’objet même du secours, les biens matériels. Par contre, il faut noter que la plupart de ces actions de sauvegarde d’urgence sont réalisées avec l’aide des proches qui s’organisent et se partagent les tâches pour sauver un maximum de choses.

« Et comme je pensais que la roubine allait déborder, la veille, parce que c'était à ras-bord et menaçant, j'avais demandé à ma fille qui habitait avec nous à l'époque de remplir des caisses en plastique de documents, de papiers d'état civil, de photos, d'archives. Elle a monté tout ce qui était dans le secrétaire, c'est-à-dire tous nos papiers : état civil, factures, impôts... Le meuble a été vidé de ça. Là aussi j'ai des papiers, des bons de garantie, etc... Tout a été monté... Les meubles avaient été vidés aussi, ma fille avec les caisses a vidé tout ce qui est vaisselle. Et après on a mis donc avec des briques, mon mari en avait acheté quand même parce que lui il n'y croyait pas, mais vraiment pas mais pour avoir la paix il a acheté des briques ! Jusqu'à la fin, à l'évidence... Donc on a monté nos meubles sur des briques. Peut-être on ne savait pas jusqu’à quelle hauteur mais on s'est dit "ça peut s'arrêter là...". »

Secrétaire médicale âgée d’environ 50 ans

La part des soupçons et de l’alerte dans les actions

Dans l’échantillon, 56% des personnes interrogées s’inquiétaient de la crue du Rhône les jours précédant l’inondation. Pourtant au cours des entretiens il apparaît qu’elles ne s’attendaient pas à être inondées car elles pensaient que les quais en centre- ville étaient plus fragiles face à la crue et qu’ils menaçaient de céder. De plus, elles craignaient plutôt un débordement du canal du Vigueirat comme lors de l’inondation de 1951. Ensuite, elles avaient, pour quelques unes d’entre elles (38.89%) vécu des inondations en septembre de la même année dues à un mauvais écoulement des eaux de pluie et le niveau d’eau n’avait pas été très haut. Enfin, lorsqu’elles appelaient la mairie, on les rassurait en leur disant justement que le niveau n’excèderait pas 30 cm. Ces éléments mettent en évidence une sorte d’inquiétude diffuse parmi la population, inquiétude qui paradoxalement s’apparente à un déni du risque basé sur des savoirs, des expériences et de manière générale par une mémoire des situations passées.

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Car comme le montre le graphique ci-dessus, 83% des personnes ayant été inquiètes par rapport à la crue du Rhône ont vérifié le bien fondé de l’information reçue quant à l’arrivée de l’eau. Dans un premier temps, l’interprétation pouvant être faite d’un tel comportement est justement que les personnes se croyaient à l’abri de la menace qui les inquiétait les jours précédents, marquant une sorte de non- appropriation individuelle d’une menace globale. Le risque d’inondation est présent mais ne suffit pas pour agir afin de se protéger en première intention : une vérification est nécessaire car l’inondation annoncée sort des scénarios des possibles. La seconde interprétation est au contraire que cette menace est perçue comme pouvant atteindre individuellement la personne et donc cette dernière recherche par la vérification plus des précisions, pour pouvoir mieux se préparer à l’arrivée de l’eau, qu’une confirmation de la situation annoncée.

La forme et le lanceur de l’alerte jouent aussi un rôle non négligeable dans les actions entreprises. En effet, la manière de transmettre l’information explique la manière de la diffuser à son tour dans plus de 9 cas sur 10. En d’autres termes, les variables « Canal d’information » et « Alerter des proches » présentent une corrélation avec un risque à 9.1%90, risque assez faible, même si la valeur admise en sciences sociales pour un taux d’erreur est plutôt de 5%, compte tenu de la taille réduite de l’échantillon.

90 Cela signifie qu’il y a un peu plus de 9 chances sur 100 pour que les variables ne soient finalement pas

corrélées.

83%

50%

17%

50%

Inquiétude les jours précédant l'inondation Pas d'inquiétude particulière

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Les résultats ci-dessus montrent que le relai le plus efficace est l’appel téléphonique, ici communiqué par les proches, surtout des voisins ou des amis habitants plus au nord et donc menacés à plus court terme par l’inondation. Ce résultat est d’autant plus fort que plus de 40% des personnes ont été averties par téléphone de l’arrivée imminente de l’eau. A l’opposé la forme d’alerte par constat ou récit n’incite pas alerter à son tour. Le constat direct sur le terrain et le récit diffusé de bouche-à-oreille sont une prise de connaissance individuelle, l’information est simplement reçue. Par contre l’appel téléphonique insère l’individu dans un échange et une sorte de relai informatif qui en fait un lanceur d’alerte potentiel. Notons aussi que l’information diffusée par une voiture sonorisée ne présente pas de détermination à l’action particulière, ce qui peut s’interpréter comme une incitation indirecte à la non-action par le manque de contact humain au moment de la prise de connaissance de l’information, comme le suggère l’extrait suivant :

« Quand même, je pense que vers 19h il y a une voiture qui est passé au niveau de l'avenue de Stalingrad, avec un haut-parleur qui a dit (et c'est au moment où Pierre est allé voir si l'eau arrivait) "Si vous avez une maison à étage, essayez de monter tout ce que vous pouvez. Si vous n'avez pas d'étage retrouvez-vous sur la place de la