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1944-1952 Roosevelt et Truman : la guerre froide

Le Monde naît en 1944 avec un immense espoir, celui d’un peuple tout juste

libéré. C’est l’espoir de la fin des temps difficiles, de l’humiliation, de l’injustice et de la misère. Ainsi, Le Monde naît avec l’espérance que peut commencer le temps de la paix, de la réconciliation et de la reconstruction sous l’aile protectrice de l’amie de toujours : l’Amérique. La Libération est porteuse des idées développées dans le programme du Conseil National de la Résistance. Elles se veulent l’aboutissement des idées de la Révolution dans une République sociale dans laquelle l’idéal démocratique se confond avec ceux de justice, de solidarité et de vérité, notamment pour la presse. Cependant, très vite, le déclenchement de la guerre froide bouscule les priorités. Un journal portant l’idéal et les valeurs de la Résistance, farouchement indépendant voire neutre, peut-il librement se développer dans un contexte binaire dans lequel ceux qui ne soutiennent pas clairement l’alliance américaine sont considérés comme de dangereux adversaires ? C’est tout l’enjeu de la première décennie du Monde, de sa relation avec le libérateur dans l’immédiat après-guerre et de ses premiers plans sur les Etats-Unis.

11 Aux premiers temps du Monde

Les premières années du journal ne sont pas de tout repos pour son directeur. Ce dernier, malgré son pronostic pessimiste maintes fois répété, surmonte tous les nombreux obstacles qui se dressent face à lui pour réussir la création d’un nouveau journal.

Hubert Beuve-Méry et la création du Monde

La tâche immense de créer un nouveau journal national et de qualité est confiée, dans des conditions difficiles, à un homme d’exception.

Le renouvellement de la presse à la Libération

Le numéro un du journal Le Monde sort des presses le 18 décembre 1944. Il est daté du lendemain comme tous les journaux du soir. Il naît donc alors que la Seconde Guerre mondiale n’est pas encore terminée, alors que la libération de la France est toujours en cours, mais après la libération de Paris et de l’essentiel du pays. Les Allemands n’occupent encore que des « poches » sur la côte ouest et en Alsace, en particulier autour de Colmar.

L’Hexagone doit sa libération à lui-même, c'est-à-dire à la résistance, au concours des armées de la France ainsi qu’à celui de nos admirables alliés, comme l’a dit élégamment le général de Gaulle sur le parvis de l’Hôtel de ville le 25 août 1944. Mais il faut bien le reconnaître, si la France a participé à sa libération, elle la doit d’abord aux armées alliées, anglaises, canadiennes et surtout américaines. Elle la doit aussi à l’écrasement de l’armée allemande sur le front est par l’Armée rouge. La France sort alors de quatre années d’occupation, de collaboration et de résistance. Ces années voient collaborer une partie de la presse, disparaître ou passer à la clandestinité une autre partie alors que de nombreux journaux voient le jour clandestinement. Cette presse de la résistance joue un rôle important dans la reconnaissance de la France libre grâce notamment à la diffusion de quelques exemplaires outre-Atlantique.

Aussi à la Libération, il est décidé de supprimer la presse dite de la collaboration et de la remplacer par la presse de la résistance. La frontière entre les deux est fixée par l’ordonnance du 30 septembre 1944 qui stipule que les titres qui

ont continué de paraître en zone sud 15 jours après le 11 novembre 1942, c'est-à- dire après le 26 novembre 1942, sont interdits. Le Temps s’est sabordé le 29 novembre 1942. Il est donc est concerné à 3 jours près par l’interdiction. Par ailleurs poursuivi pour collaboration, il bénéficie cependant d’un non lieu le 26 janvier 1946.

Le Figaro, qui s’est sabordé le 24 novembre 1942, échappe à deux jours près à

l’interdiction et reparaît dès le 25 août 1944. Et c’est ainsi que Le Figaro peut continuer de paraître alors que Le Temps doit cesser. Il est aussi reproché à ce dernier à mots couverts d’avoir été racheté sous un prête nom en 1929 par le Comité des forges, c’est-à-dire d’avoir perdu son indépendance et son impartialité.

Cependant, le général de Gaulle veut que la France conserve un journal de référence comme l’était Le Temps avant-guerre. Ainsi est recherché un homme, journaliste, résistant et antimunichois, ce qui est rare, pour créer un journal à partir des équipes et des moyens du Temps. Cet homme, ce sera Hubert Beuve-Méry. Ce journal sera indépendant, contrairement au journal précédent et suivant l’idéal de la Résistance. Ce journal sera de grande tenue pour contribuer à la restauration de la grandeur de la France, conformément à l’esprit national et à la volonté de l’homme du 18 juin. Et ce journal, ce sera Le Monde.

Néanmoins la réalité en cet automne 1944 est que la France manque de tout, à commencer par le papier. Une large partie de son territoire, de ses villes, a été ravagée par les combats et les bombardements et vit de la générosité de son puissant libérateur, les Etats-Unis d’Amérique. C’est alors que naît un reproche tenace vis-à-vis du nouveau journal : celui d’avoir été créé aux dépens des journaux issus de la Résistance dans un contexte de rareté généralisée.

La naissance du Monde

La création de ce nouveau journal, Le Monde, est rondement menée, en moins de deux mois. Elle est confiée à Hubert Beuve-Méry, en tant que directeur, à un universitaire protestant, grand résistant, libéral, René Courtin et à un résistant gaulliste, Christian Funck Brentano. Ils forment avec Beuve-Méry une sorte de triumvirat, qui deviendra peu à peu un duo avec Courtin, Funck Brentano s’éclipsant par la suite. Ils sont choisis par l’entourage du général de Gaulle, Gaston Palewski84 notamment, et par le ministre MRP de l’information, Pierre-Henry Teitgen.

Dès le numéro un, Hubert Beuve-Méry fixe l’ambition de l’entreprise :

« Un nouveau journal paraît : Le Monde. Sa première ambition est d'assurer au lecteur des informations claires, vraies et, dans toute la mesure du possible, rapides, complètes. Mais notre époque n'est pas de celles où l'on puisse se contenter d'observer et de décrire. Les peuples sont entraînés dans un flot d'événements tumultueux et tragiques dont tout homme, qu'il le veuille ou non, est l'acteur autant que le spectateur, le bénéficiaire ou la victime. En acceptant passivement sa défaite, la France eût consommé sa propre perte. Au contraire, l'appel à la résistance lancé par le général de Gaulle au lendemain de la capitulation, et qui eut un si large écho dans le cœur des Français, a rendu au pays toutes les chances qu'il semblait avoir perdues. Pour que ces possibilités, magnifiquement développées depuis quatre mois, soient demain une incontestable réalité, il faut d'abord vaincre. La bataille de France, perdue en 1940, ne peut être compensée que par le succès total de la bataille d'Allemagne qui vient de s'ouvrir. Mais cette victoire, condition de tout, ne suffirait à rien. A quoi bon être victorieux si la santé publique et le peuplement français restaient définitivement compromis ; si les jeunes, quelle que soit leur origine, ne recevaient pas l'éducation nécessaire à leur plein épanouissement individuel et social ; si l'industrie française

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Directeur de cabinet du général de Gaulle alors que celui-ci préside le gouvernement provisoir.

cessait d'être productrice et la terre d'être féconde ; si le chef d'entreprise et l'ouvrier ne se sentaient enfin réconciliés dans leur commun labeur, le juste partage des responsabilités communes et du commun profit ? Si usé que soit le mot, c'est bien une révolution - une révolution par la loi - qu'il s'agit de faire triompher ; celle qui restaurera, par l'union et l'effort créateur de tous les Français dignes de ce nom, la grandeur et la liberté françaises »85.

Beuve-Méry pose ici sa ligne éditoriale : restauration de la grandeur de la France et de l’Etat de droit, modernisation de l’économie, justice et progrès social. Sa personnalité et son caractère font que cette ligne n’est jamais imposée à personne, mais qu’elle s’impose d’elle-même. Elle marque profondément le journal et des générations de journalistes. C’est une ligne modérée, progressiste pour une part, conservatrice pour une autre. C’est aussi une ligne très ouverte, qui n’est pas toute tracée et qui laisse toujours de la place à des avis différent voire à la contradiction.

Beuve-Méry est ouvert sur le reste du monde. Il connaît assez bien l’Europe centrale et orientale pour y avoir voyagé voire vécu, à Prague en particulier. Il est même déjà allé en Union soviétique ce qui a définitivement fixé son jugement contre le communisme.

Cependant, il ne connaît pas du tout l’Amérique, ce grand frère auquel la France doit tant. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un avis, nécessairement fait de représentations. Dans un texte de 1944, il écrit : « Les Américains constituent un véritable danger pour la France. C’est un danger bien différent de celui dont nous menace l’Allemagne ou dont pourraient éventuellement nous menacer les Russes. Il est d’ordre économique et moral. Les Américains peuvent nous empêcher de faire une révolution nécessaire, et leur matérialisme n’a même pas la grandeur tragique du matérialisme des totalitaires. S’ils conservent un véritable culte pour l’idée de liberté, ils n’éprouvent pas un instant le besoin de se libérer des servitudes qu’entraîne leur capitalisme. Il semble que l’abus du bien-être ait diminué chez eux la puissance vitale de façon inquiétante »86.

Sirius porte en lui sa culture catholique et son rejet de l’argent et du matérialisme profondément encrés. C’est avec cette approche qu’il écoute ce qui se dit sur l’Amérique. C’est avec ce regard qu’il observe ce pays.

Hubert Beuve-Méry et l’Amérique

Hubert Beuve-Méry saisit l’opportunité de la signature de la Charte des Nations unies à San Francisco pour s’embarquer avec la délégation française. Décision étonnante, le journal n’ayant encore que quelques mois. Il confie les clés à André Chênebenoit qui lui sera durablement reconnaissant de cette marque de confiance. Mais il est tout aussi étonnant de diriger un grand quotidien français en 1945 sans rien connaître ou presque des Etats-Unis. Hubert Beuve-Méry part donc pour deux mois, le 3 avril 1945, dont un mois de voyage aller-retour, car celui-ci se fait en bateau puis en train. A ce moment, Le Monde est créé officiellement depuis moins de quatre mois.

Laurent Greilsamer note : « Le solitaire ne s’embarque pas pour San Francisco émerveillé d’avance et bluffé par l’American way of life, mais avec les solides réticences d’un janséniste inquiet de la puissance des Etats-Unis et fermé aux plaisirs du jazz dont Saint-Germain-des-Prés se grise. Qu’importe, il part, attiré, inquiet, impatient et déjà vacciné »87.

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Hubert Beuve-Méry, « A nos lecteurs », Le Monde, 19/12/1944. 86

Hubert Beuve-Méry, « Témoignage d’un Français occupé », avril-mai 1944. 87

Beuve-Méry est surement émerveillé par la grandeur, le gigantisme, la profusion américaine. Greilsamer raconte quelques anecdotes d’un Sirius découvrant stupéfait les vitrines remplies ou la taille des T bone steaks (biftecks d'aloyau) servis à chacun dont un seul nourrirait toute une tablée en France. Mais son indifférence voire sa réticence à l’égard des biens matériels et du confort limitent l’effet produit sur lui. De même, les Américains lui présentent maladroitement l’administration militaire qu’ils comptent installer en France. Comme il le dit lui-même : « Nos bons amis préparaient tout simplement la remise en route de l’administration française avec des émigrés allemands […] Vu d’Amérique pourquoi pas ? C’était pourtant inacceptable et avait provoqué une belle fureur du général de Gaulle, rejetant violemment toute combinaison de ce genre »88. Ce premier voyage ne rapproche pas vraiment Sirius des Américains, il ne lui permet pas de les comprendre au sens figuré comme au sens propre d’ailleurs car il ne parle guère anglais. Cela n’empêche cependant pas Beuve-Méry de nouer de nombreux contacts, y compris avec des Américains. C’est ainsi qu’il fait la connaissance du grand journaliste américain progressiste Walter Lippman qu’il écoutera beaucoup et auquel il restera durablement lié. Il discute beaucoup avec l’un des délégués français, un certain Etienne Gilson.

Précisons que Sirius ne maîtrise pas l’anglais à l’oral, mais le lit, et parcourt régulièrement la presse anglophone, selon son petit-fils Alain Beuve-Méry89. Il reste qu’il connaît peu et mal l’Amérique. Après ce premier séjour, il retourne une seconde fois aux Etats-Unis en tant que directeur du Monde, du 18 septembre au 13 octobre 1950.

A cette époque, il part à l’invitation de l’American Press Institute de Columbia University et de l’American Society of Newspapers Editors. Cette fois-ci, il n’est plus un inconnu, mais le directeur d’un journal qui, bien qu’encore jeune, devient peu à peu l’un des phares de la presse française. Hubert Beuve-Méry voyage accompagné de son épouse. Il part avec elle une semaine avant le groupe, le 12, afin de rencontrer des amis à New York. Il donne aussi une série de conférences sur la presse.

Avec une quinzaine de journalistes d’Europe occidentale, d’Amérique du sud et d’Asie, il visite un certain nombre de journaux américains et rencontre leurs

editors, c’est-à-dire leurs directeurs. L’accueil des Américains est semble-t-il très

sympathique. Il fait alors la connaissance de Kenneth Campbell, rédacteur en chef du New York Times, L.S. Fanning, directeur du San Francisco Chronicle, Edwin P. Hoyt, directeur du Denver Post, Marshall Field, Président du Chicago Sun Times. Accord est donné pour créer un institut international de la Presse. Il visite ainsi les grandes villes américaines, Atlanta, Houston, San Francisco, Chicago, New York et Washington où il est reçu par le président Truman avec les autres membres de la délégation. Il rencontre brièvement le Général Bradley90 avec un grand plaisir réciproque, comme le montre leurs échanges de courriers. Il visite un think tank, le Council on Foreign Relations (CFR), qui est encore aujourd’hui l’un des principaux think tanks américains, avec la Brookings Institution.

Le gouvernement américain n’intervient pas dans le financement de ce voyage. Les frais sont pris en charge par les fondations Rockefeller et la Carnegie Endowment. Dans l’ensemble, Hubert Beuve-Méry paraît très satisfait de son voyage

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Laurent Greilsamer, Hubert Beuve-Méry, op.cit., p. 283. 89

Entretien avec Alain Beuve-Méry, le 21/09/2016 90

Omar Bradley est l’un des principaux généraux américains de la seconde guerre mondiale, en Afrique du Nord et en Europe. Il devient chef d’Etat-Major de l’armée américaine en 1949 et le reste jusqu’à sa retraite en 1953.

comme il l’indique dans ses nombreux courriers de remerciement91 même s’il regrette à de nombreuses reprises d’avoir été « un sourd-muet » de difficile compagnie pendant le voyage. Ce handicap, qu’il relève lui-même, sera durablement pour lui un frein dans la compréhension des Etats-Unis et peut-être même une source de malentendus.

Edouard Sablier raconte que David Astorg, propriétaire de The Observer, de Londres, lui avait demandé un jour à propos de Beuve-Méry s’il parlait anglais. Il avait répondu que non. « Bon alors, avait répondu Astorg, ne cherchez plus, c’est pour cela qu’il est difficile de s’entendre. Ses interlocuteurs anglais et américains estiment qu’il ne les aime pas ». Sablier ajoute que « l’explication éclairerait aussi, en sens inverse, le cas du général de Gaulle. Sa politique à plus d’une reprise contrariait les Anglo-américains. Mais pas une minute ce fait ne diminuait son amitié pour les Anglais, qui l’avaient tant soutenu, pour les Américains qui représentaient à ses yeux un pilier de la communauté occidentale. Lui, bien qu’il s’en défendît, parlait couramment anglais »92.

Ce handicap vis-à-vis de la langue de Shakespeare n’empêche pas Sirius de nouer des relations personnelles suivies avec des Américains, c’est là une marque de son caractère. Il est davantage à l’écoute de citoyens des Etats-Unis francophones, européanophiles souvent progressistes, comme Walter Lippmann, tandis qu’il connaît un peu moins les conservateurs et leurs arguments. Il en connaît cependant comme le diplomate William Tyler. Ce dernier, cultivé, titulaire d’un master of fine arts de Harvard, passe la guerre à l’United States Office of War Information dont il devient le directeur en France. Il est ensuite diplomate, attaché de presse à l’Ambassade américaine à Paris dans les années cinquante où il fait la connaissance de Sirius. Il continue sa carrière diplomatique par la suite. William Tyler est nommé attaché à l’Ambassade américaine de Bonn puis de La Haye avant de devenir en 1962 Secrétaire d’Etat Adjoint aux Affaires Européennes, poste officiel très important aux Etats-Unis, et très important aussi pour les Européens dont il est le contact gouvernemental attitré. Il doit par conséquent être un ardent défenseur de la ligne officielle du gouvernement américain. Il est ensuite nommé ambassadeur aux Pays- Bas en 1965 jusqu’en 1969. Il quitte après la diplomatie pour devenir le directeur de la très réputée Bibliothèque de recherche de Dumbarton Oaks jusqu’à sa retraite en 1977. Et pendant toutes ces années, Hubert Beuve-Méry et William Tyler maintiennent le contact dans une amitié franche, directe mais respectueuse des opinions de l’autre, que n’affecte pas l’éloignement et dont on retrouve les traces dans leurs échanges de courrier. Sirius écrit ainsi à Tyler le 9 décembre 1963 alors que ce dernier est Secrétaire d’Etat adjoint : « Je craignais bien que vos trop hautes fonctions ne vous laissent pas le loisir d’une soirée et vous m’en voyez désolé. De toute façon, nous restons à Paris pour ce week-end de sorte que si d’aventure vous étiez libre samedi ou dimanche à déjeuner… A tout hasard, je ne prends aucun engagement »93.

Il noue de même une relation amicale avec un autre diplomate, Charles Bohlen, de position importante lui aussi puisqu’il est l’un des principaux conseillers du président Truman avant de devenir ambassadeur en France de 1962 à 1968. Il l’accueille alors en ces termes dans une lettre écrite le 17 août 1962 : « Cher ambassadeur et ami, la confirmation de votre nomination à Paris m’est parvenue dans une lointaine retraite savoyarde. Je ne veux pas attendre votre arrivée pour vous souhaiter la bienvenue et vous dire combien je serai heureux de reprendre, si vous le voulez bien, nos anciennes conversations … après si longtemps et tant

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Archives d’Hubert Beuve-Méry, Institut d’Etudes Politique de Paris, boîte BM 61. 92

Edouard Sablier, La création du Monde, Paris, Plon, 1984, p. 152. 93

d’évènements divers. Je vous prie d’agréer, Cher ambassadeur et ami, avec l’assurance de ma haute considération, l’expression de mes sentiments personnels bien cordiaux ». Charles Bohlen est surnommé « l’homme sage » et est réputé apolitique, ce qui est plutôt rare dans la haute administration américaine qui est largement renouvelée à l’arrivée de chaque nouveau président.

On notera au passage que si Beuve-Méry n’est pas attiré par l’Amérique, s’il a une opinion teintée d’importantes réserves, il demeure ouvert, à l’écoute, au moins de ceux qui peuvent échanger avec lui en français. Et il a un souci de la justice et de

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