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1953-1960 Eisenhower : la puissance tranquille

Illustration : Une du Monde lors de la première élection d’Eisenhower

Après une première décennie mouvementée pour Le Monde, dans un contexte tendu, la situation internationale semble s’améliorer. La disparition de Staline entraîne une diminution de l’intensité de la guerre froide. L’élection d’un président américain qui jouit d’un immense prestige en Europe est aussi rassurante. Mais les épreuves ne sont pas finies pour autant. Alors que de nombreux titres continuent de disparaître, le journal peut-il se consolider tout en trouvant un juste équilibre entre la critique des Etats-Unis et l’acceptation du principe de l’alliance américaine ? Nous verrons dans ce second chapitre comment Le Monde devient un journal de référence, comment il traite d’Eisenhower et de la détente et comment il couvre les Etats-Unis, ce grand frère encore lointain.

21 Le journal de référence

Après une première décennie mouvementée et d’efforts harassants, Hubert Beuve-Méry dirige un journal qui poursuit plus que jamais son développement.

Le succès commercial et le soutien des lecteurs

En 1953, voilà maintenant 9 ans que Le Monde est créé. Son directeur disait à qui voulait l’entendre que rien n’était gagné et qu’il serait bien présomptueux de considérer le lendemain comme acquis. Non seulement ce journal fragile résiste, mais il connaît une consolidation financière. Il devient notamment propriétaire de ses locaux, ce qui le met à l’abri d’un accident conjoncturel. Les ventes sont d’abord stables pendant la première décennie. Son tirage moyen a peu varié et se maintient autour de 150 000 exemplaires par jour. Sa diffusion qui a même un peu baissé passant de 140 000 exemplaires par jour en 1946 à 112 000 par jour en 1952, augmente ensuite régulièrement. Elle atteint 164 000 exemplaires par jour en 1958 et presque 180 000 en 1961. Le tirage atteint quant à lui 225 000 exemplaires en 1960226. Le Monde entreprend alors des investissements lourds afin de moderniser et développer son imprimerie qui commence à dater et tourne au maximum de ses possibilités.

Pourtant nous l’avons vu, un certain nombre de crises ont émaillé les années d’immédiat après-guerre. Le papier est resté longtemps rationné, son contingentement a été levé pour l’essentiel en 1950 et définitivement en 1958 seulement. Plus durablement encore, le contrôle des prix pénalise le journal qui doit maintenir inchangé son prix de vente alors que son prix de revient augmente. La crise est particulièrement vive en novembre 1956 alors que le gouvernement oblige

Le Monde à renoncer à une augmentation de son prix qu’il jugeait nécessaire. C’est

l’affaire des deux francs : le prix du Monde est bloqué à 18 Francs alors qu’il voulait passer à 20 Francs. Le gouvernement le lui interdit. Guy Mollet227 profite du blocage des prix pour faire pression sur la ligne éditoriale du journal. Le Monde vient de subir l’éphémère mais virulente concurrence du Temps de Paris sur lequel nous reviendrons. Sirius écrit alors à ses lecteurs : « Les Français se sont plaints longtemps, avec raison, de n'être pas gouvernés. A des signes qui ne trompent pas ils savent aujourd'hui qu'ils le sont. Ils savent que le conseil des ministres et le Parlement peuvent être mis tout à coup en demeure de ratifier des actes qui

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Patrick Eveno, Le Monde 1944-1995, Histoire d’une entreprise de presse, op.cit. p. 159 227

Homme politique français de premier plan, secrétaire général de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) de 1946 à 1969, plusieurs fois ministre, il est président du Conseil de février 1956 à juin 1957.

n'engagent rien de moins que l'avenir de nos relations avec toute l'Afrique du Nord ou le passage de l'état de paix à l'état de guerre. Ils ne savaient pas encore qu'un journal pouvait être condamné à disparaître pour le simple motif qu'il refusait de laisser s'installer chez lui le déficit, prélude habituel de toutes les abdications. Le 5 novembre deux commissaires du service des enquêtes économiques se présentaient au Monde pour y pratiquer une saisie […] Nous apprenions, d'autre part, que des procès-verbaux étaient dressés dans les kiosques contre les distributeurs, ce qui risquait de paralyser la vente ; que la publicité de l'Etat et des entreprises nationalisées nous serait refusée, que l'amende encourue pouvait atteindre 10 millions et l'emprisonnement deux ans. Le crime du Monde ? Avoir porté son prix de vente de 18 à 20 francs. […] Le gouvernement en a décidé autrement. Le Monde doit accepter de mourir à petit feu ou s'exposer au brusque déchaînement de toutes les foudres gouvernementales, administratives et judiciaires. M. Guy Mollet s'est-il rendu compte qu'il étranglait, en fait, de ses propres mains, la liberté de la presse, puisqu'en interdisant aux journaux de se procurer honnêtement les ressources indispensables, il les acculait à solliciter des concours ou à disparaître ? […] Il y a dans tout cela plus d'un motif de révolte. Mais nous préférons admettre que la loi, même arbitrairement appliquée, est la loi, céder à la violence qui nous est faite en son nom et laisser nos lecteurs juges de la situation. Si fortes que soient depuis longtemps les tentations de la fatigue et du dégoût, je me trouve lié ici aux collaborateurs et aux lecteurs du journal. Les premiers, il y a seulement quelques mois, refusaient presque unanimement les offres - pour le moins attrayantes - de puissants bailleurs de fonds. Quant aux lecteurs, dans l'ensemble, ils n'ont cessé de nous prodiguer des encouragements »228. Les lecteurs répondent alors massivement à son appel et lui envoient d’innombrables courriers d’encouragement avec pour certains plusieurs mois d’abonnement, pour d’autres un chèque de soutien. Laurent Greilsamer229 en dénombre 2147 dont 1504 assortis de chèques généralement d’un montant de 5 000 à 20 000 Francs. Ainsi, un lecteur, Lucien Willar écrit à Sirius le 15 novembre 1956 « Monsieur le Directeur, je vous prie de trouver ci-inclus, un chèque barré de 5000 Frs pour compensation de l’augmentation de prix que vous n’avez pas été autorisé à appliquer ». Ou encore, ce courrier pour Beuve-Méry qui arrive au

Monde depuis Saint Hilaire le 1er décembre 1956 : « Monsieur le Directeur, une collecte organisée au Sanatorium des Etudiants a réuni la somme de 16300 Frs, que nous vous faisons parvenir par mandat CCP au nom de votre journal. Puisse cette petite contribution de quelques-uns de vos lecteurs aider à maintenir Le Monde en tant que journal d’information ». Signé de quatre lecteurs : Allinc, Bombrun, Mendel et Terrail230.

Cet attachement des lecteurs est le signe que la réussite commerciale du

Monde est d’abord et avant tout une réussite éditoriale. Elle associe qualité et

indépendance rédactionnelle, au-delà d’une ligne non-conformiste.

L’indépendance

Dans les années d’après-guerre, le combat du journal pour l’indépendance de la France, à défaut d’être gagné pour celle-ci, est gagné pour Le Monde. La défense du neutralisme n’est pas une victoire. L’idée a finalement été pour l’essentiel abandonnée après la guerre de Corée. Il en va de même de la contestation de l’utilité de l’OTAN ou du refus du réarmement de l’Allemagne. Tout en critiquant sévèrement, régulièrement et durablement le Pacte atlantique, Hubert Beuve-Méry

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Hubert Beuve-Méry, « Quand la France est gouvernée … », Le Monde, 08/11/1956. 229

Laurent Greilsamer, Hubert Beuve-Méry, op.cit., p. 477. 230

écrit cependant dans Le Monde du 9 avril 1953 : « L’amitié, la collaboration et, en cas de besoin, la défense atlantique, sont des idées justes ». Pendant toutes ces années, Le Monde n’épargne guère la politique étrangère menée par les gouvernements français. Il est pourtant capable d’en relever les bons côtés. Sa critique permanente des pouvoirs en place et de l’alliance américaine n’est pas uniquement négative. Elle est plutôt le reflet de son indépendance vis-à-vis d’eux.

Il y a d’ailleurs deux voire trois exceptions qui montrent encore une fois que Le

Monde n’est pas qu’un journal critique. Il est un journal indépendant qui sait

reconnaître qu’une politique gouvernementale est bonne, qu’un gouvernement est juste. La première exception est le soutien marqué qu’accorde Le Monde à Pierre Mendès France, pendant presque la totalité de son court mandat de Président du Conseil. La seconde exception est le soutien qu’accorde Sirius au général de Gaulle à la Libération puis lors de son retour au pouvoir en 1958. Il ne manque cependant jamais d’en critiquer les conditions. Il réitère ce soutien lors de l’avènement de la Vème République, mais cesse graduellement ensuite. Nous y reviendrons. La troisième exception est le soutien éphémère accordé par Le Monde à François Mitterrand au début de son mandat de président de la République. Il est vrai que Beuve-Méry n’est plus directeur du journal. Ce soutien disparaît avec le départ de Jacques Fauvet de son poste de directeur, quelques mois après l’investiture du nouveau président de la République.

Pierre Mendès France, le plus proche

Pierre Mendès France est un homme politique dont les grandes orientations ne sont pas très éloignées de celles du parti démocrate américain. Sirius le soutient dans Le Monde dès son investiture, sans se départir d’une pointe de son habituel pessimisme : « Il a été constamment écrit dans ce journal que la guerre d'Indochine était une folie, que l'alliance atlantique ne pouvait être saine et forte que si nous savions tenir aux Américains le franc langage de l'amitié et non celui du serviteur à gages, que l'Allemagne devait être progressivement réintégrée dans l'Europe, avec tous les droits d'un peuple libre, sans devenir pour autant le fer d'une lance pointée vers l'Est, que l'application des mêmes méthodes, le renouvellement obstiné des mêmes erreurs, nous conduiraient fatalement en Afrique aux mêmes tragiques déboires qu'en Asie, enfin qu'il était vain de souhaiter ou de prétendre quoi que ce soit aussi longtemps que des féodalités de toute nature feraient prévaloir au Parlement l'intérêt des clientèles sur celui de la nation. Un premier pas qu'on n'osait plus guère espérer vient d'être franchi. Un homme, qui s'est singulièrement distingué en refusant d'être ministre dans des gouvernements dont il réprouvait la politique sur des points essentiels, vient d'être chargé dans des conditions qui l'honorent de lever d'écrasantes hypothèques, et notamment la plus lourde de toutes, celle de la guerre d'Indochine. Un proche avenir nous montrera si cet homme a les qualités nécessaires pour traduire en actes les principes qu'il a clairement exposés à la tribune, et si devant la menace précise d'un effondrement, peut-être définitif, de la grandeur et de la puissance françaises, les partis consentent enfin à rompre avec des jeux mortels. M. Mendès France saura-t-il, pourra-t-il assurer le redressement nécessaire de la politique française et sauver du même coup les institutions démocratiques ? Puisse l'espoir que tant de Français mettent aujourd'hui en lui n'être pas une fois de plus déçu ! »231

Moderniste, libéral au sens propre, Mendès France est soutenu par un journal nouvellement créé nommé L’Express. Celui-ci est lancé en mai 1953 par deux

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Sirius, « M. Pierre Mendès France constitue un gouvernement d'hommes nouveaux », Le Monde, 19/06/1954.

journalistes, Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. Le premier, ancien éditorialiste du Monde, enfant prodigue de Beuve-Méry, est fasciné par l’Amérique dont il a compris le génie au point de paraître lui-même nettement américanisé. Il se fait appeler JJSS selon l’usage américain dont il introduit la mode en France. Il est l’auteur en 1967 d’un essai remarqué intitulé « Le défi américain ». Jeune homme pressé, d’une audace inouïe, il a tout pour irriter Sirius. Mais son intelligence, sa fraicheur, son non-conformisme, son modernisme et le talent de savoir reconnaître humblement ses torts lui font gagner l’indulgence et le respect du patron du Monde. Hubert Beuve-Méry est sensible à la modernité même s’il est de culture traditionnelle. Et la modernité, c’est aussi l’Amérique.

Malgré le soutien de L’Express et celui du Monde, Pierre Mendès France ne reste au pouvoir que neuf mois, du 18 juin 1954 au 23 février 1954. C’est court, même si ces neuf mois marquent l’histoire de France. Pour Beuve-Méry, Mendès France était la dernière chance, le dernier espoir de la IV° République. L’échec du président du Conseil est aussi l’échec définitif du régime.

Le bref passage au pouvoir de Mendès France marque cependant un changement d’époque, entamé avec la guerre de Corée. Après la voix du neutralisme, le combat contre l’OTAN et le réarmement de l’Allemagne, Le Monde rentre alors dans le rang et atténue sa critique sur l’alliance américaine.

En 1958, Sirius reconnaît même des aspects positifs à la politique des gouvernements de la IV° République en remarquant aussi les bons côtés de l’alliance américaine : « Tout a-t-il donc été faux ou absurde dans la politique extérieure de la France ? Il serait malhonnête de le prétendre. S’il n’était pas sage de vouloir rétablir sur ses anciennes bases la colonisation française, ni de tendre à l’annexion de la Sarre comme on le fit à l’origine, ni d’amener les Russes à dénoncer la belle et bonne alliance en exagérant les implications du Pacte atlantique […], nul doute que le maintien de troupes américaines sur le continent et notamment en Allemagne, était et demeure jusqu’à nouvel ordre une des conditions de la paix […]. Les appétits prudemment manifestés, mais toujours en éveil, de l’Oncle Jo imposaient un regroupement de l’Occident, enfin que l’établissement d’une vaste organisation européenne progressivement intégrée était une nécessité historique dont il eût mieux valu s’aviser dès 1918 et qu’il convenait de poursuivre au plus vite. A cet égard, il est bon qu’un président du conseil français ait assumé la responsabilité de lancer la Communauté du charbon et de l'acier, que le Parlement français ait finalement adopté le projet de Marché commun […]. Il est significatif aussi que cette œuvre soit avant tout celle d’un homme dont on apprécie – en le lui reprochant souvent – qu’il ait gardé l’oreille des Américains […], M. Jean Monnet »232. Beuve-Méry montre ici son ouverture d’esprit. Il critique fréquemment mais reste objectif. Au-delà de ses réserves sur la politique américaine parfois trop velléitaire, il sait reconnaître l’intérêt de l’alliance avec les Etats-Unis et les mérites de leur puissance militaire.

Le début de la guerre d’Algérie

Le combat principal de Sirius s’oriente alors davantage contre la guerre d’Algérie qui commence. Il n’avait pas épargné de ses critiques la guerre d’Indochine à mesure qu’elle apparaissait de plus en plus sans issue. De même, la critique de la guerre d’Algérie et la lutte contre la torture, viennent peu à peu au premier plan en remplacement de la guerre froide et de la politique étrangère. Sirius l’explique dans un éditorial intitulé « Colonialisme et nationalisme : Laissons de côté les ismes péjoratifs et polémiques. La colonisation est vieille comme le monde et peut prendre

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les formes les plus diverses. Dès qu’un peuple exerce sur un autre, sans contrepartie à peu près équivalente, une influence assez forte, en quelque domaine que ce soit, on assiste à un commencement de colonisation. L’entreprise peut être bonne ou mauvaise, louable ou condamnable, habile ou maladroite. Elle se juge à ses méthodes et à ses résultats. Aujourd’hui, réserve faite de l’attitude ultérieure des peuples jaunes, les deux grandes puissances colonisatrices restent les Etats-Unis et l’Union soviétique, parce que ces deux puissances colonisatrices partagent en fait l’empire du monde. L’une agit principalement par ses richesses, tout en essayant de rendre séduisante et de répandre une manière de doctrine : l’American way of life. L’autre agit d’abord par la propagande en faisant briller aux yeux de tous les déshérités le mirage du paradis marxiste, sans négliger à mesure que ses industries se développent, des concours plus substantiels. Toutes deux flattent les jeunes nationalismes, toutes deux disposent d’un coefficient d’attraction considérable, toutes deux peuvent contraindre par la force les Etats qui oseraient contrarier leurs plans. Si elles ne le font pas plus souvent, c’est qu’elles redoutent à juste titre l’une et l’autre qu’un conflit local ne dégénère et ne les mette directement aux prises. Pour simplifiées qu’elles soient, ces données apparaissent fondamentales et peu contestables. L’erreur de la France est de les avoir ignorées ou d’agir comme si elle les ignorait en croyant qu’il est encore de son pouvoir de mettre la force au premier rang dans le règlement de ses problèmes coloniaux »233.

Ce combat vis-à-vis de la colonisation en général et de la guerre d’Algérie en particulier est tourné contre la politique gouvernementale. Il concerne aussi la politique internationale du gouvernement. C’est un combat long et virulent qui achève d’ancrer l’indépendance du journal dans les esprits. Il est renforcé par le souci permanent de rigueur qui donne la qualité éditoriale.

La qualité éditoriale

Le Monde gagne donc son indépendance. Ce que les lecteurs reconnaissent,

c’est tout à la fois un souci de rigueur, d’exactitude, d’honnêteté, de diversité et une indépendance vis-à-vis des pouvoirs en place, qu’ils soient politiques, diplomatiques ou financiers. Bien que défendant un point de vue ou une ligne éditoriale, Le Monde donne régulièrement la parole à ses contradicteurs, à des opinions différentes, ne renonçant jamais à expliquer la complexité des choses. Le Monde n’est ni un journal partisan, ni un journal binaire. Dix ans après sa création, la rigueur du journal et de ses journalistes est reconnue, à commencer par celle de son directeur, Hubert Beuve-Méry.

Parallèlement, le directeur-fondateur du Monde devient un homme respecté pour son grand professionnalisme. Son nom est inséparable de celui du journal. Il continue de marquer Le Monde tant dans son fonctionnement interne que dans sa ligne éditoriale et notamment en politique étrangère. Il écrit de nombreux éditoriaux dont une quinzaine concerne les Etats-Unis entre 1953 et 1961234.

Jean Sulivan, ami de ce journaliste aussi remarquable qu’incorruptible, écrit : « Beuve-Méry a suivi sa volonté la plus profonde qui était de faire sans argent un journal qui cherchait la vérité sans se soucier de savoir si elle était agréable ou utile, honorable ou non pour la France et cela par amour de la France et de ce qu’elle représente »235. Non seulement les éditoriaux de Sirius sont considérés avec respect, ou inquiétude, tant ils sont équilibrés, balancés, argumentés, écrits avec une grande honnêteté intellectuelle. Mais encore ils sont lus et remarqués. En cette

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Sirius, « Colonialisme et nationalisme », Le Monde, 26/04/1958. 234

Tableaux analytiques 1ère et 2ème parties et table de codage, op.cit. 235

deuxième décennie d’existence du journal, Le Monde et son directeur se sont fait un nom dans l’univers de la presse écrite.

La qualité éditoriale du journal est alors reconnue par tous. Le Monde est ainsi le quotidien le plus vendu par la boutique de l’Assemblée Nationale. Les Américains ne s’y trompent pas. Quelques années auparavant, ils ne manquaient pourtant pas de dénoncer, dans leurs courriers diplomatiques, les sérieuses lacunes du Monde et de son directeur. Ainsi en 1954, l’ambassade américaine rapporte la création du

Monde diplomatique par Hubert Beuve-Méry. Elle note que ce journal est de qualité,

bien qu’il sous évalue le rôle des Etats-Unis et de l’URSS. Il est objectif en ton et en

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