CHAPITRE 3 - ÉTUDE STRUCTURALE APPROFONDIE DU VERRE DE COMPOSITION
1. RÉSULTATS OBTENUS PAR RMN
1.1. RMN MQMAS et MAS du noyau 11 B
2. APPORT DE LA SPECTROSCOPIE OPTIQUE………...…..105 3. DIFFUSION DES NEUTRONS, DES RAYONS X ET MODÉLISATION RMC……….110
3.1. Données expérimentales de diffusion………111 3.2. Analyse des données par RMC………...115 3.2.1. Deux modèles de départ……….115 3.2.2. Convergence des deux modèles après procédure RMC……….117 3.3. Différentiation des modèles à moyenne distance……….122
4. CONCLUSION DU CHAPITRE 3………..125 5. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE 3………127
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CHAPITRE 3
ÉTUDE STRUCTURALE APPROFONDIE DU VERRE DE COMPOSITION
MÉTABORATE DE TERRE RARE
ET
COMPARAISON AVEC LE COMPOSÉ CRISTALLIN TRB
3O
6Dans ce chapitre, nous présentons des résultats structuraux concernant le verre de composition métaborate La25, ou Nd25 le cas échéant, et son équivalent cristallin. Ce verre étant obtenu très facilement, nous avons réalisé un certain nombre d’expériences nécessitant des enrichissements isotopiques. Jusqu’à présent, les différentes études réalisées proposaient une structure du verre semblable à celle du cristal [Cf. Etude bibliographique, chapitre 2]. Dans un premier temps, nous présenterons des résultats issus
de la RMN, sur les noyaux 11B et 17O. Puis nous présenterons des données de spectroscopie
optique. Enfin, nous exposerons les données obtenues au moyen de la diffusion des neutrons et des rayons X, qui permettront notamment d’obtenir des informations sur les
distances moyennes des différentes paires atomiques et sur la coordinence des ions TR3+.
1. RÉSULTATS OBTENUS PAR RMN
1.1. RMN MQMAS et MAS du noyau 11B
Tout d’abord, nous allons nous pencher sur les résultats des expériences de MQMAS [Fig. 61], qui nous donnent la distribution du signal dans deux dimensions : la dimension MAS et la dimension isotrope. Il est important de noter ici que la forme des raies est déformée par la séquence RMN MQMAS par rapport aux spectres MAS à une dimension.
Dans la dimension MAS, les deux signaux, pour le verre La25 [Fig. 61. a] et le cristal, obtenu
par recristallisation à partir de l’échantillon amorphe de verre La25 [Fig. 61. b], sont très
larges en raison du couplage quadrupolaire. Dans la dimension isotrope, seul le signal du verre La25 est très étendu. Ceci met en valeur la variété des environnements du bore dans cet échantillon, comme nous pouvons l’attendre d’une structure vitreuse, dénuée d’ordre à
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Figure 61. Spectres de RMN MQMAS acquis à 11,7 T, avec une fréquence de rotation de 14 kHz, (a) de l’échantillon La25 vitreux et (b) du composé cristallin métaborate de lanthane LaB3O6, obtenu par
recristallisation.
Par ailleurs, si pour le signal relatif aux entités BO3, le signal du cristal (c-BO3) est situé dans la même zone que celui du verre (v-BO3), ce n’est pas le cas du signal attribué aux unités
tétraédriques BO4. Nous pouvons voir un décalage conséquent du signal (noté c-BO4)sur le
spectre MQMAS, par rapport au signal du verre (noté v-BO4). Nous reviendrons sur les
interprétations possibles de ce décalage. De plus, nous observons sur le spectre MQMAS du cristal qu’il subsiste une petite quantité de verre résiduel, due à la recristallisation incomplète à partir de l’échantillon amorphe.
Afin d’estimer au mieux cette teneur en verre résiduel, pour en tenir compte lorsque nous modélisons les données expérimentales et ainsi estimer au mieux les proportions d’entités
de BO3 et BO4, nous avons réalisé une expérience MAS à plus haut champ (17,6 T) [Fig. 62],
ce qui permet de mieux séparer les différentes contributions. Nous en extrayons les
pourcentages relatifs et il en résulte que le composé recristallisé contient 34 % d’entités BO4 et 66% d’entités BO3 (et moins de 1% de verre résiduel). D’après la structure cristalline, nous
attendons en théorie 33% d’unités BO4 et 67% d’unités BO3 [1]-[2]. Nos résultats
expérimentaux sont donc en bon accord avec la théorie.
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Figure 62. Spectre de RMN MAS acquis à 17,6 T, avec une fréquence de rotation de 14 kHz, du composé cristallin métaborate de lanthane LaB3O6, obtenu par recristallisation, et mettant en valeur le verre résiduel Si nous regardons d’abord les deux signaux MAS [Fig. 63], ceux-ci ont une allure sensiblement différente. Le signal du verre est élargi, à la fois pour les entités BO3 et BO4, et les singularités des BO3 ne sont pas visibles, contrairement au cristal. Cela est cohérent avec la variété d’environnement dans le verre La25. Nous pouvons maintenant comparer
les pourcentages relatifs des unités structurales dans le verre et dans le cristal, issus des simulations faites sur les spectres MAS correspondants. Comme indiqué dans la partie
précédente, dans le verre La25, le pourcentage relatif de BO4 vaut 41%, soit 7% de plus que
la quantité observée dans notre composé recristallisé. Ceci est une bonne indication de la différence structurale qui existe entre ces deux composés.
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Figure 63. Spectres de RMN MAS acquis à 11,7 T, avec une fréquence de rotation de 14 kHz, (a) de l’échantillon La25 vitreux et (b) du composé cristallin métaborate de lanthane LaB3O6, obtenu par recristallisation. Par ailleurs, nous pouvons comparer les différents paramétres δiso, Cq et ηq [Tableau 10]. En commençant par le déplacement chimique δiso, nous retrouvons le décalage du signal des BO4, visible sur les spectres MQMAS [Fig. 61] et sur les spectres MAS [Fig. 63].
δiso (ppm) Cq (MHz) ηq c BO 4 - 0,8 0,1 - v BO 4 1,3 0,5 0,6 c BO 3 18,2 2,7 0,4 v BO 3 18,5 2,7 0,4
Tableau 10. Paramètres RMN du verre La25 (noté v) et du composé recristallisé équivalent LaB3O6 (noté c)
Ce décalage vaut environ 2 ppm et pourrait être attribué à différentes variations
structurales, telle qu’une modification des angles B-O-B ou bien une modification des
distances B-O au sein du tétraèdre BO4. Une autre possibilité serait la présence d’atomes (a)
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d’ONP portés par les BO4, comme nous l’évoquions dans le chapitre précédent. Nous
détaillerons dans le chapitre 5, à la lumière des données RMN sur le noyau 11B de la phase
cristalline oxyapatite La5Si2BO13, qui contient des entités BO45-, pourquoi nous pensons que ceci est peu probable dans nos verres.
Une autre différence nette concerne le paramètre d’asymétrie, relatif aux unités BO4. Dans
le verre, celui-ci vaut 0,6 et rend compte d’un environnement très distordu. La constante
de couplage quadrupolaire est également plus grande dans le verre que dans le cristal pour les unités BO4.
Si nous regardons maintenant les paramètres relatifs aux entités BO3, dans le cas du
déplacement chimique, la valeur de δiso augmente légèrement dans le verre par rapport au
cristal. Le verre est donc un peu plus riche en unités dépolymérisées, type T1, alors que le
cristal ne contient que des triangles de type T2[3], suivant la structure cristalline [1], [2].
En ce qui concerne la constante de couplage quadrupolaire Cq, les valeurs sont sensiblement
identiques : 2,67 MHz dans le verre et 2,74 MHz dans le cristal.
Enfin, le paramètre d’asymétrie ηq pour les unités BO3 vaut 0,4 dans le verre et dans le cristal. Ces valeurs rendent compte du caractère assymétrique des unités BO3 dans les deux composés. Dans le cristal, cette valeur est en accord avec la structure constituée
uniquement de groupements T2, porteurs d’un atome d’ONP et donc dissymétriques. Dans
le verre, la valeur 0,4 résulte des nombreux groupements présents, notamment des
triangles T1 et T2, dissymétriques.
Nous allons maintenant ajouter à ces résultats, obtenus sur le noyau 11B, des informations
issues d’expériences sur un échantillon enrichi en 17O.