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Chapitre 5- Analyse de la proxémie et de la distance hiérarchique

5.6 Retour sur les questions de recherche

Le retour sur les questions de recherche constitue en quelque sorte un résumé des résultats d’analyse. Bien que nos questions de recherche visent l’ensemble des contextes dans lesquels l’interlocuteur se déplace, les réponses que nous avons recueillies concernent majoritairement le contexte d’études. En effet, l’étudiant international fait de ses études son activité principale et c’est ainsi que ces activités se regroupent autour du milieu universitaire. Certains participants à la recherche disent ne pas consacrer de temps à leurs loisirs, car les études sont très exigeantes et demandent beaucoup d’implication.

Les réponses à la première question nous ramènent au centre de l’analyse des différences culturelles :

• Dans quels comportements les dimensions culturelles de la proxémie et de la distance hiérarchique sont-elles percevables?

Pour certains étudiants, les différences en lien avec la proxémie et la distance hiérarchique ont été palpables dans les observations et interactions au quotidien tandis que d’autres participants à la recherche ont seulement perçu des différences minimes. Certains étudiants constatent que les différences rendent leur milieu de vie plus agréable.

Des différences concernant la proxémie ont surtout été décrites dans des contextes de déroulement des salutations tandis que le rapport à la distance hiérarchique se manifeste à travers le tutoiement et le vouvoiement. Les participants à la recherche ont en majorité décrit que les distances physiques sont plus accentuées au Québec que dans leur pays d’origine tandis que la distance hiérarchique l’est moins. La prochaine question de recherche porte justement sur la façon dont l’étudiant perçoit les valeurs de son milieu d’accueil.

• Comment l’étudiant perçoit-il les valeurs de son milieu d’accueil?

Il doit alors d’abord identifier ce qu’il pense être des comportements valorisés par la société d’accueil. Certains de nos interlocuteurs perçoivent un grand nombre de différences tandis que d’autres disent que les différences se limitent à certains aspects

en particulier. Dans l’analyse, nous avons présenté les dimensions qui ont été associées à l’individualisme, à l’indépendance, à l’autonomie et aussi à l’égalité. La distance culturelle joue un rôle important dans la perception des différences. Certains comportements sont perçus de façon positive, d’autres de façon négative. Cette perception peut changer au fil du séjour au Québec surtout quand l’étudiant décide d’adopter une façon de vivre qui n’est pas tolérée dans le pays d’origine, mais qui est acceptée au Québec.

La troisième question de recherche visait l’identification des acteurs sociaux ainsi que les situations qui comportent plus d’obstacles à la communication.

• Dans quelles situations et en interaction avec quels acteurs sociaux l’étudiant éprouve-t-il des difficultés?

L’étudiante-chercheure a constaté au cours de l’analyse que la question a été posée de façon trop générale, car les situations d’interaction peuvent se résumer sous deux points : celles qui ont lieu dans la sphère privée ou professionnelle et celles qui ont lieu pour la première fois entre deux acteurs sociaux. Comme nous l’avons décrit dans la partie sur les réseaux, nous avons constaté que les réseaux se situent en contexte universitaire ou parascolaire. Les participants à la recherche qui sont encadrés par un directeur ou une directrice de recherche évoquent des moments manquant de clarté dans la communication surtout quand ils ne sont pas familiers avec la relation professeur-étudiant au Québec. Les difficultés peuvent aussi être de type linguistique. Ceci arrive en interaction avec des acteurs québécois alors que surgissent des problèmes de compréhension de l’accent québécois. La dernière question a été développée afin d’identifier les stratégies de réponse aux difficultés.

• De quelle manière l’étudiant va-t-il essayer de faire face à ces difficultés? Chaque interlocuteur nous a présenté sa façon de faire face à des difficultés. Nous avons résumé ces façons de faire sous forme de stratégies bien que les participants à la recherche n’aient pas toujours osé employer ce terme. Chaque stratégie est composée de diverses dimensions qui sont appliquées selon la situation. Certaines stratégies permettent de faciliter l’interaction dans la situation même tandis que

d’autres visent une compréhension plus approfondie. Tous les participants à la recherche, sans exception, ont une façon de procéder quand ils vivent des incompréhensions. Les stratégies comprennent l’observation, l’analyse, l’interprétation et l’initiative de poser des questions et de faire appel à des personnes ressources qui peuvent répondre aux questions des étudiants ou même les introduire aux particularités québécoises avant que l’interlocuteur n’y soit confronté.

Ces incompréhensions peuvent représenter des différences aussi bien que des difficultés. L’étudiant essaye de comprendre la dimension symbolique afin de pouvoir agir de façon adéquate. Au début de son séjour au Québec, l’interlocuteur est porté à appliquer sa stratégie plus régulièrement, car l’environnement et la façon d’interagir lui sont moins familiers. À travers la manière de répondre à nos questions concernant la stratégie, nous avons pu analyser que l’application des stratégies se fait souvent de façon inconsciente surtout quand la réaction des personnes impliquées dans l’interaction répond aux besoins de l’étudiant. Quand la réaction face à la stratégie diffère de ce que l’étudiant attendait, ce dernier adoptera de nouvelles stratégies. Il s’agit alors d’une adaptation de la stratégie en fonction de l’apprentissage. Mintzberg nomme cette forme de stratégie une stratégie émergente, car elle implique que les individus identifient progressivement « les données de la situation » et les moyens disponibles pour y répondre. La stratégie émergente peut être décrite comme le résultat des essais-erreurs que les étudiants expérimentent (Mintzberg, Ahlstrand et Lampel, 2005 :184). Selon Mintzberg, le concept de la stratégie émergente implique la possibilité à l’erreur et la reconnaissance de l’apprentissage dans la résolution de problèmes (Mintzberg, Ahlstrand et Lampel, 2005 : 198).