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Chapitre 3. Programme évalué

3.3 Ressources, activités et démarche du programme

De façon concrète, chaque laboratoire regroupe une dizaine de participants provenant du même CSSS qui acceptent de s’engager volontairement dans la démarche, à la suite d’une brève présentation du projet au secteur. Les participants qui forment l’équipe du Laboratoire consistent le plus souvent en des professionnels de diverses disciplines et des gestionnaires issus d’un même secteur d’activité (par exemple, secteur Famille/Enfance/Jeunesse) en lien avec la thématique du Laboratoire. La formule implique des séances de trois heures aux deux semaines11 conduites sur la base d’une démarche opérationnelle générale pouvant s’étaler sur deux ou trois ans. L’implantation de cette démarche opérationnelle est pilotée par un comité restreint de l’équipe du Laboratoire à travers des rencontres de préparation qui précèdent et planifient chacune des séances de laboratoire.

Les rencontres – de laboratoire autant que de préparation – ont lieu durant les heures de travail normales des employés, qui sont normalement libérés par l’organisation pour y prendre part. En plus d’accepter la création de cet espace-temps pour le Laboratoire, le CSSS participant doit aussi fournir des ressources qui favorisent les travaux du Laboratoire (par exemple : allègement de tâche grâce à la réattribution du travail à d’autres professionnels de l’équipe, accès des participants à certaines ressources telles qu’un ordinateur, jumelage d’intervenants, etc.). L’animation des rencontres de laboratoire est assurée par un professionnel ou un gestionnaire participant, qui, supporté par la DSPM, tient le rôle d’animateur. De fait, tout le processus d’implantation du Laboratoire (ce qui inclut autant les séances de préparation que de laboratoire) est guidé, soutenu et dirigé par des accompagnateurs de la DSPM. À cet effet, la DSPM propose une démarche opérationnelle de base et certains outils de travail qui peuvent être raffinés et adaptés en fonction des besoins des équipes. Des experts de la DSPM sur divers sujets constituent également des ressources potentielles pour les équipes et peuvent être sollicités au besoin. La DSPM accorde aussi un montant de 17 000$ par année pour soutenir la formation des gestionnaires, professionnels et tout autre participant au programme.

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Le Laboratoire vise à fournir un soutien flexible et adaptatif au développement professionnel des équipes locales. De ce fait, une démarche opérationnelle de base est proposée par l’équipe de la DSPM, mais celle-ci doit être adaptée aux préférences et aux besoins de l’équipe. Ce faisant, l’approche utilisée laisse place à l’émergence de différentes trajectoires et de différentes activités en fonction de la dynamique du groupe et des besoins des participants. La démarche opérationnelle itérative proposée aux équipes par l’équipe des promoteurs se décline en sept volets définissant différentes activités auxquelles correspondent divers résultats de production (Tableau II). Premièrement, (1) il s’agit pour le CSSS participant, avec le concours de la DSPM, d’identifier une problématique particulière de santé publique (désignée comme ‘enjeu’) sur laquelle se penchera le Laboratoire ainsi que des participants volontaires. Il s’agit le plus souvent d’un enjeu prioritaire de santé publique identifié par le CSSS dans son plan d’action local. Ce volet implique pour la DSPM un travail important de présentation et d’explication du programme auprès des participants potentiels et de la direction du CSSS, afin de s’assurer de leur adhésion et de leur engagement. Deuxièmement, (2) l’équipe engagée dans le Laboratoire doit prendre connaissance et discuter collectivement la démarche opérationnelle proposée par les promoteurs. C’est à cette étape que sont spécifiés les rôles des diverses parties et qu’est mis en place la logistique du Laboratoire (ordre dans lequel seront abordés les différents volets de la démarche, spécification de certains détails de fonctionnement des séances de laboratoire, etc.). Des retours fréquents à ce volet en cours de route sont possibles. Troisièmement, (3) les participants sont invités à s’approprier les concepts de base en santé publique (par exemple, les déterminants de la santé, la prévention, la promotion), par le moyen de lectures, de discussions, d’exercices établissant des liens entre la pratique et les concepts, etc. Les participants sont également encouragés à articuler leur vision de ces concepts et du programme à travers des articles dans le journal interne ou dans des revues professionnelles, lors de réunions d’équipes ou d’événements scientifiques, etc. Quatrièmement, (4) l’équipe doit identifier l’angle précis sous lequel elle souhaite aborder la problématique. Pour ce faire, elle est appelée à explorer et interpréter les données sur l’état de la santé de la population du territoire, ainsi qu’à collecter et à analyser d’autres données au besoin. Cette étape implique

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également la construction d’une compréhension commune de l’enjeu ainsi que des activités de priorisation pour le choix final de l’angle d’action. Cinquièmement, (5) l’équipe doit discuter des possibilités d’interventions pour aborder la problématique selon l’angle choisi. Pour ce faire, elle peut explorer les interventions pertinentes en promotion de la santé (stratégies utilisées, déterminants touchés, changements visés), discuter de nouvelles façons de faire ou examiner les pratiques actuelles des professionnels du CSSS dans ce domaine. L’étape culmine avec la prise de décision collective concernant l’intervention de promotion de la santé à développer. Sixièmement, (6) l’équipe doit mettre en place un partenariat avec les acteurs communautaires concernés par l’intervention de promotion de la santé qui sera développée. Au cours de cette étape, l’équipe discute et définit le concept de partenariat, identifie des partenaires potentiels, établit des contacts préliminaires, etc. Finalement, (7) le Laboratoire culmine avec l’implantation de l’intervention de promotion de la santé. Pour ce faire, l’équipe doit notamment expliciter les composantes principales de l’intervention, développer un modèle logique, élaborer des outils d’intervention et mettre sur pied un comité de collaboration intersectoriel avec les partenaires.

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Tableau II. Volets de la démarche opérationnelle et activités qui s’y rapportent

Volets Exemples d’activités liées aux volets

(1) Identifier une problématique et une équipe Présenter le projet de Laboratoire à la direction du CSSS et aux participants potentiels, identifier une problématique particulière pour le Laboratoire ainsi que des participants volontaires pour travailler sur cette problématique, etc.

(2) Préciser la démarche opérationnelle Discuter la démarche opérationnelle en équipe, spécifier les rôles des différentes parties et la logistique du Laboratoire, etc.

(3) S’approprier les concepts de base en santé publique

S’approprier les concepts de base en santé

publique, par le moyen de lectures, de discussions, d’exercices, articuler la compréhension de ces concepts par des activités de diffusion etc. (4) Approfondir la problématique (enjeu) Discuter de l’angle à choisir pour aborder la

problématique, interpréter des données existantes sur l’état de santé de la population du territoire, collecter, analyser et interpréter des données locales pour appuyer le choix de l’enjeu, etc.

(5) Identifier des possibilités d’action Explorer et discuter les interventions pertinentes en promotion de la santé (stratégies utilisées,

déterminants touchés, changements visés), discuter de nouvelles façons de faire ou examiner les pratiques actuelles pour agir sur la problématique, prendre une décision collective pour le choix d’une action à développer en lien avec l’angle choisi, etc. (6) Développer un partenariat Définir et discuter le concept de partenariat,

identifier les partenaires potentiels pour agir sur la problématique, établir des contacts préliminaires, etc.

(7) Implanter une nouvelle action en promotion de la santé

Expliciter les principales composantes de l’intervention, développer un modèle logique, élaborer des outils d’intervention, mettre sur pied un comité de coordination intersectoriel avec les partenaires, etc.

D’emblée, lors de la conceptualisation du programme, les promoteurs du Laboratoire de promotion de la santé ont identifié certaines conditions essentielles au succès de l’initiative. Ces conditions renvoient à des caractéristiques des participants, de l’équipe et du contexte d’implantation qui ne transparaissent pas nécessairement au travers de la description de la démarche opérationnelle et du fonctionnement du Laboratoire. Elles sont pour la plupart

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explicitées comme des conditions de réalisation par l’équipe de la DSPM dans ses documents de présentation et on les retrouve en partie dans les lettres d’engagement que doivent signer les CSSS participants. Ces conditions essentielles concernent, entre autres, l’engagement, le leadership et l’implication du directeur local de santé publique, du directeur de programme et des autres niveaux décisionnels du CSSS. De plus, selon la DSPM, les participants doivent faire preuve d’engagement volontaire, d’ouverture et d’une volonté d’explorer leur pratique.