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183 RESISTANCE OU RESILIENCE ?288

Comment parle-t-on à des manchots inquiets, préoccupés, sceptiques, accrochés à leurs traditions ou dépourvus d’imagination ?... Ce qui nous fascine c’est la créativité et l’imagination dont font preuve les êtres humains pour aller de l’avant et inventer un avenir meilleur pour des très petits groupes, de très grandes organisations et pour eux-mêmes.

J. Kotter et H.Rathgeber « Alerte sur la banquise »

Résilience, mot à la mode ? Que signifie-t-il ? Selon le professeur Jem Bendell,

« la résilience est les processus d’adaptation adéquate face à l’adversité, le traumatisme, la tragédie, les menaces ou les sources de stress importantes, comme les problèmes familiaux, relationnels, les graves problèmes de santé ou les difficultés professionnelles ou financières. Cela signifie rebondir à l’issue d’expériences difficiles (American Psychology Association, 2018). Après des difficultés ou des pertes, une personne peut rebondir à travers une interprétation créative de son identité et de ses priorités. Ainsi le concept de résilience en psychologie ne suppose pas que les gens reviennent à leur point de départ. Face à la réalité climatique, cette définition de la résilience est plus utile pour bâtir un programme d’adaptation plus radical… La résilience, c’est nous demander « comment pouvons-nous préserver ce à quoi nous tenons vraiment ? ». Le renoncement, c’est nous demander « A quoi devons-nous renoncer pour ne pas faire empirer la situation ? ». La restauration, c’est nous demander « Que pouvons-nous retrouver qui nous aiderait à faire face aux difficultés et tragédies à venir ? ».

Au risque d’une certaine répétition, il est également intéressant de nous référer tant à l’observation qu’à divers spécialistes qui se sont exprimés sur le sujet et que les faits et le bon sens confirment bien souvent. Car la question qui préoccupe le militant (certes modeste) que je suis, c’est : « que faut-il pour que nous bougions ? Pourquoi tant d’inertie ? Quels sont les obstacles ?». Au-delà

288Jem Bendell, op. Cit.

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du regard que nous offrent les deux notions d’ASC et de THC, mais tout en les ayant évidemment en arrière-pensée, il faut admettre que les obstacles sont nombreux.

Que d’obstacles !

La liste est malheureusement longue. Mais en être conscient aide à les surmonter ou les combattre.

L’appartenance sociale et politique : explication avancée par exemple par Fabien Girandola, professeur de psychologie sociale 289: les codes d’appartenance sociale influencent la plupart du temps la pensée de façon inconsciente, aidés en ce sens par les THC. Par exemple la possession d’une grosse voiture dont le propriétaire minimise « en toute bonne foi » l’impact en matière de CO2. Pour Robert Gifford, psychologue social à l’Université de Victoria au Canada« Les climato-sceptiques sont souvent de fervents partisans de la liberté d’entreprendre qui a permis à des millions de personnes de vivre aisément tout en ayant de lourdes conséquences sur l’environnement »290. On peut en dire autant de ces codes d’appartenance qu’au demeurant je comprends sur cette image de l’ours polaire qui conforte les écolos mais dont le style risque plutôt de se heurter aux scepticismes et aux snobismes des autres. C’est une réalité qui doit être prise en compte ! Chacun de nous a fait l’expérience de ces lieux publics socio-culturellement marqués qui sont pour chacun soit attractifs soit répulsifs. Il s’agit donc souvent d’un marqueur social, d’appartenance, qui s’exprime par des comportements spécifiques, dans un sens ou dans un autre. Georges Marshall, fondateur du COIN291 d’Oxford, affirme même que « cette conformité sociale n’est pas une option ou un choix.

289Fabien Girandola, : Cerveau et Psycho N°104 novembre 2018 : « climat : les raisons de l’inaction »

290Propos rapportés par Anne Medelosi, in « Cerveau et Psycho » N°111 juin 2019.

291 Climate Outreach and Information Network https://climateoutreach.org/

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C’est un instinct comportemental puissant…un mécanisme de défense… »292, celui de l’ASC et aussi THC qui jalonne ces lignes Ce qui ne manque pas de nous ramener à Favre évoqué plus haut ou à la Spirale Dynamique où les couleurs s’opposent et sont généralement loin d’atteindre le « jaune ». Se mettre en marge, c’est prendre le risque « certain et très personnel de la transgression contre celui [risque] « éventuel » du changement climatique, de la norme »293 et en même temps « il faut aussi un petit nombre de contestataires pour identifier les nouvelles menaces 294». Dans la pratique, c’est ce qui m’a conduit avec d’autres à créer au printemps 2019 ce groupe d’une trentaine de

« marginaux intégrés » appelé « Les Suites du monde-Traverser l’effondrement » déjà évoqué supra. Pour Sylvie Granon, neurobiologiste à l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay, « Il est possible que l’émergence de nouvelles pratiques et « conventions sociales » fasse partie du résultat… De combiner goût de l’expérimentation, liberté d’esprit, penchant pour la contestation, détermination et persévérance pour adopter de nouvelles habitudes avec lesquelles l’on se sent ensuite bien, pour adhérer sans retenue à de nouvelles conventions sociales...En d’autres termes surmonter l’obstacle ASC-THC.

La pression sociale au sein de nos groupes respectifs. Cette pression nous dissuade d’adopter des comportements qui dénotent. Cette pression est partout : venir avec sa gourde, mettre un châle ou une couverture sur ses épaules, ne pas prendre sa voiture et se déplacer à vélo, renoncer aux voyages en avion, refuser les technologies dernier cri, réduire la viande et le barbecue

292 George Marshall « Le syndrome de l’autruche » Domaine du Possible Actes Sud 2017 Page 62

293 Ibid. Page 63

294 Ibid.

295 Sylvie Granon, pour Reporterre (6/9/2018.

296 Ibid.

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à la portion congrue… mais aussi valoriser la compétition plutôt que la coopération ou l’altruisme.

L’absence de pression morale alors que nous sommes complices du crime collectif (infanticide, parricide, homicide…) qui s’accomplit sous nos yeux.

Moralement nous n’en sommes pas émus. C’est déterminant.

Manque d’éthique. Mon propos n’est cependant pas de faire culpabiliser, mais plutôt d’interpeler notre conscience. Puis-je me satisfaire de mon impuissance ? Est-elle absolue ou relative ? Est-ce une raison ou un prétexte… ?

L’absence de récompense/reconnaissance sociale, alors que « l’approbation sociale est un levier important »297

Ça n’arrive qu’aux autres298. C’est ce que nous pensons généralement. Ce que les psychologues appellent le « biais d’optimisme »299 qui s’applique à de nombreux risques (cancer, accident…). C’est d’abord aux autres de faire des efforts. Les autres seraient plus menacés !

Le déni300. Il s’agit d’une « stratégie largement inconsciente que nous déployons pour faire face aux informations menaçantes : on préfère alors nier la réalité plutôt que de changer de style ou de mode de vie ». Ou en d’autres termes, selon Alain Braconnier, psychologue et psychiatre, « le déni de la réalité se manifeste surtout lorsqu’on se sent perdu »301. D’où, en contrepied de cette THC dont le lecteur commence à être familier, cette nécessité d’ouvrir son esprit, son cœur et sa volonté comme nous y invite plus haut Otto Scharmer. Quant à Jem Bendell qui s’inspire des travaux de ses « collègues » (Stanley Cohen Foster 2015) il distingue le déni interprétatif qui consiste à reconnaitre les faits mais à les interpréter comme ça nous arrange, contrairement au déni implicatif qui consiste à « nous investir dans des tâches qui ne prennent pas en compte toute la gravité de la situation. [par exemple] le

297 Anna Meldolesi « Cerveau et Psycho » N°111 juin 2019.

298 Fabien Girandola, Op.Cit.

299 Daniel Kahneman

300 Fabien Girandola Op.Cit.

301 Alain Braconnier « La Peur du Futur » Odile Jacob page 95

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mouvement écologiste est en plein déni implicatif :… villes en transition, signature de pétitions en ligne, refus de prendre l’avion… autant d’activités qui permette aux gens de faire quelque chose sans se confronter sérieusement à la réalité du changement climatique »302 Ces propos me font évidemment penser aux « humanistes qui ont du mal à prendre seuls leur envol » évoqués par Lynch et Kordis.303 Certes, mais ces attitudes pour autant insuffisantes qu’elles soient permettent de mettre le pied à l’étrier, de commencer à adopter de nouvelles habitudes, d’inciter son entourage à faire de même et donc à amplifier un mouvement qui a, il est vrai, besoin de beaucoup plus, en urgence. En ce sens les écrits de Pierre Chevelle, de Rob Hopkins, de Julien Vidal, de Bénédicte Moret ou de Jérôme Pichon… (voir bibliographie en annexe) offrent une inspiration qui, si elle est mise en pratique, permet un grand pas en avant et inspirant. C’est déjà beaucoup, même si ça ne suffit évidemment pas.

Ces considérations me conduisent à faire allusion à un article du Professeur Jacques Lecomte dans la revue « Psychologies »304. Il souligne que la peur pousse au déni et l’espoir à l’action. Si ces réflexions méritent vraiment d’être prises en compte, elles me semblent limitantes en ce sens que peur et espoir ne s’opposent pas forcément. Elles peuvent même se combiner dans ce remplacement du « ou » par le « et » qui caractérise le « jaune » de la Spirale Dynamique en contrepoint des niveaux qui le précèdent. Et pour que l’espoir prenne le pas sur la peur, encore nous faut-il imaginer un modèle attractif ! Le déficit d’imagination 305: « on avancera dans le traitement du problème que si l’on imagine des solutions possibles. Sinon, le mécanisme de protection psychologique est le déni (« de toutes façons on ne peut rien faire ») » par

302 Jem Bendell op.cit.

303 Lynch et Kordis, op. Cit. Page 127

304 Jacques Lecomte, Président d’honneur de l’association française de psychologie positive et membre du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot :

https://www.psychologies.com/Planete/Eco- attitude/Agir/Articles-et-Dossiers/Comment-communiquer-sur-l-environnement-par-la-peur-ou-par-l-espoir/7 (10/07/2019) prélude à un ouvrage prévu pour 2021

305 Patrick Viveret in la revue « Projet » (« Aura-t-on l’énergie d’une transition juste » page 74 et s.) N°344 février 2015.

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conséquent « démontrer par l’exemple qu’il est possible de faire autrement.

C’est sortir de la logique du déni ». Comme le font Vidal, Chevelle, Hopkins que je viens de citer.

La raison contre les émotions. Sans doute est-ce une façon un peu différente d’exprimer ce qui vient d’être dit au sujet du déni. Si l’on a en mémoire ce que Favre dit de « l’indicateur émotionnel » et de la nécessité d’avoir conscience de ses émotions, si nous prenons en compte le mécanisme de l’ASC et de la THC, alors, nous ouvrirons probablement notre esprit. A défaut de produire un improbable déclic, sans doute sera-ce là la levée d’un frein mental. C’est ce que rappelle Braconnier quand il écrit que « la recherche d’un confort émotionnel est une question très importante pour ne plus vivre douloureusement ce que nous avons eu le sentiment d’échouer…[certes] on ne choisit pas ce que l’on ressent, mais on peut en prendre conscience et tenter de ne pas se laisser déborder »306 si l’on se réfère à « l’indicateur émotionnel » de Daniel Favre. 307 Le choix des mots joue à cet égard un certain rôle émotionnel susceptible d’être mobilisateur. Ainsi vaut-il mieux parler d’inquiétude ou d’angoisse que de risques. « Le risque peut être évalué et mesuré, et stimule le cerveau rationnel. Mais quand on demande aux gens ce qui les inquiète, on obtient de meilleures indications sur leurs perceptions émotionnelles et, comme le suggère Knutson, sur les menaces qu’ils ont choisi de laisser de côté » 308! Dans le même ordre d’idée, par exemple, parler de « fournaise planétaire », de « flammes fatales » ou d’« étuve planétaire » serait peut-être plus parlant émotionnellement que « changement climatique ». D’ailleurs, j’observe avec un certain agacement ou une certaine contrariété que l’on parle du

« changement climatique » comme d’une chose banale parmi d’autres, plus banale en tous cas que le résultat d’un match de foot par exemple.Dans un registre légèrement éloigné je fais grief à mes amis écolos d’utiliser un langage à eux, un langage et un vocabulaire qui rebute ceux qui ne sont pas des leurs, problème de « marqueur social » comme évoqué supra, traduisant notre trop fréquente incapacité à nous mettre à la place de nos interlocuteurs ! Quand on est militant, pour moi c’est une faute ou du moins une incompétence.

306 Braconnier, op.Cit. Page 126.

307 Braconnier « La peur du futur page 126

308 Marshall Op.Cit . Page 135

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La mise à distance temporelle. George Marshall309 cite Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie 2002, qui explique que les « menaces pesant le plus…sont celles qui sont concrètes, immédiates et irréfutables[alors que] le changement climatique est… abstrait, distant, invisible, contesté ». Ce que confirme également Girandola310 ou Anna Meldolesi, biologiste et journaliste scientifique : « Nous descendons tous de chasseurs-cueilleurs qui devaient affronter la faim, le froid, les tribus rivales et ce sont encore ces types de stimuli qui nous font réagir et prendre les bonnes décisions. L’ennemi que représente le réchauffement climatique se meut si lentement qu’il passe inaperçu… A la différence des accidents nucléaires ou des scandales sanitaires, le changement climatique ne débouche pas sur un produit final tangible. »311… à l’inverse les menaces terroristes qui font 25 000 morts en moyenne par an dans le monde312 et moins de cinquante en moyenne en France313 et qui nous mobilisent plus que les 1.3 millions de morts sur la route dont près de 3 500 en France314 alors que ceux-ci devraient bénéficier de plus de prévention et de répression. Quant au climat, c’est encore pire avec 7 millions de morts315… et probablement beaucoup plus dans les années qui viennent. De quoi chercher la cohérence de nos comportements ! Le mécanisme de la THC présenté en début d’ouvrage est à l’œuvre !

Nier les coûts et refuser la baisse du niveau de vie : poursuit Kahneman, surtout quand « les informations sur le changement climatique ont l’air incertaines et contestées », puisque « les gens ont une aversion particulière pour les pertes plutôt qu’une appétence des gains… beaucoup plus sensibles aux coûts à court terme qu’à ceux à long terme, et privilégiant tout ce qui est

309Marshall Op. Cit. Page 105

310Marshall Op.Cit.

311 Cerveau et Psycho N°111 juin 2019.

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certain » pour conclure « il n’y a pas beaucoup d’espoir. Je suis foncièrement pessimiste » 316! A l’inverse de la banalité du terme « changement climatique », j’observe qu’évoquer l’indispensable baisse de notre niveau de vie, d’accepter l’idée de perdre ce sur quoi l’on a investi (l’ « effet de ruine » évoqué par Diamond317) est en pratique un tabou qui fait consensus. Ne faudrait-il pas dire haut et fort que nous devons nous « serrer la ceinture » ? Que ce sera de gré ou de force ? Et pire si c’est de force.

Possédé par ce l’on possède. Dans la foulée du paragraphe précédent, sans doute est-il utile de souligner que plus nous possédons (y compris « posséder » un revenu), plus nous risquons d’être conservateurs. En ce sens la jeunesse qui commence à se soulever, qui ne possède pas grand-chose, et semble pouvoir se contenter de revenus modestes a probablement de meilleurs dispositions d’esprit pour le « frugalisme : consommer moins pour s’aimer plus…[car]

diverses études montrent que les jeunes générations accordent moins d’importance que leurs ainés aux possessions matérielles : elles privilégient les expériences à l’achat d’objets et considèrent que l’accès aux biens et aux services se révèle plus important que la propriété »318. Pour leurs aînés, prendre conscience de cette captivité, de leur dépendance, voire de leur addiction, c’est faire un pas, certes difficile, vers l’ouverture d’esprit nécessaire. Je pense que la « richesse » est probablement l’un des plus gros obstacles de taille pour changer vraiment, car si l’on sait ce qu’on perd, on ne sait pas vraiment ce que l’on gagne.

Nous avons la mémoire courte. Il s’agit du « biais de disponibilité » qui fait que les événements les plus récents ont tendance à occulter les précédents. Ainsi nous habituons-nous, cran par cran, à des situations négatives (s’agissant du changement climatique par exemple, mais aussi des changements systémiques impliquant toujours plus d’efforts pour la survie de notre logique libérale et matérialiste), ce qui nous empêche de prendre du recul, de « voir la tendance

316 Marshall, Op.cit. Pages 106 et 107

317 Diamond, op.cit. Page 669.

318 Andrea Ostojic in Le Cercle Psy N°34 : pages 26 et 27.

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plus générale »319. C’est bien ce que confirme Anne-Caroline Prévot, chercheuse au Museum d’Histoire Naturelle et écologue.320

Nous voulons que les pertes soient justement réparties. « Les solutions impliquent que des groupes sociaux rivaux s’accordent sur la répartition des pertes 321» ! Pourquoi sortir de ma zone de confort si les autres, si les entreprises, si la puissance publique, ne le font pas aussi ?J’ai même envie de dire « d’abord » plutôt que « aussi » pour la puissance publique. Ce qui veut dire qu’elle a un rôle essentiel d’orchestration… dont elle use avec frilosité comparativement à son zèle fiscal et normatif coercitif dont elle abuse.

Défiance collective, cette pensée que chaque individu devrait être prudent et que l’ensemble du monde le serait par conséquent, mais comme justement nous ne faisons pas confiance aux autres nous nous sentons dispensés d’être nous-mêmes prudents, prévoyants…. Et dans le même esprit la coopération conditionnelle, ! qui consiste à n’être prêt à faire que si les autres le font aussi.

Sentiment d’impuissance et pensée binaire, c’est ce « tout ou rien … qui ne règle rien »322 , le « puisque je ne peux pas faire tout ça, je ne fais rien ! ». Cette notion d’appartenance au groupe qui « milite », ou à l’inverse à celui qui se sent impuissant, conditionnant l’esprit de façon « monobloc ». Le dogmatisme qu’évoque Favre n’est pas loin. A fortiori quand la puissance publique est à la traîne.

Le complexe du QI. Il n’y a pourtant pas de « rapport entre l’opinion concernant le changement climatique et le niveau d’intelligence » affirme Braconnier.323 Et il est intéressant de noter avec Gérald Karsenti324 que la majorité des dirigeants ont un profile qu’il qualifie de « narcissique » pour déboucher sur cette question somme toute assez cruelle : « Et si les narcissiques[qui nous dirigent]

324 Gérald Karsenti « Leaders du troisième type » Eyrolles 2016

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s’avéraient aujourd’hui incapables de comprendre les évolutions de notre monde ? »325

Le deuil de certains plaisirs. C’est effectivement une difficulté dont les aspects sont très personnels et concernent tous les domaines : alimentation et gastronomie, loisirs et plaisirs, surtout motorisés, voyages en avion, voiture, vêtements et mode, dépenses impulsives voire compulsives à l’utilité limitée voire nulle… Occasion de s’initier à des plaisirs plus simples et souvent tout autant gratifiants. Pourtant nous devons admettre que « le plaisir immédiat est plus fort que ses intérêts à long terme »326. Redoutable ASC !

Les habitudes, la routine et la procrastination. Remplacer les habitudes par de nouvelles façons de faire demande effort et attention de tous les instants.

« Pourquoi ai-je pris ma voiture pour aller au travail alors qu’une petite marche d’un quart d’heure aurait fait du bien, autant à ma santé qu’à la planète ? »327. Mais le temps manque trop souvent au point que nous ne nous posons même pas la question. Nous avons souvent de bonnes raisons de remettre à plus tard ! A l’inverse c’est plus facile quand on peut se rattacher à ceux de notre entourage qui font évoluer leurs pratiques. La courbe de l’apprentissage de Favre facilite notre regard sur cette difficulté.

Le manque d’information. Etonnant à l’heure de la surinformation. Et pourtant, ce sont quelques points clés qui sont à prendre en compte et d’abord moins de consommation, matérielle ou non, moins de voiture, moins de viande et plus de produits bio, locaux et de saison, plus d’avion du tout, guerre aux emballages… dont il serait utile de pouvoir mesurer facilement l’impact. Certes l’information est abondante. Mais encore faut-il aller la chercher et

Le manque d’information. Etonnant à l’heure de la surinformation. Et pourtant, ce sont quelques points clés qui sont à prendre en compte et d’abord moins de consommation, matérielle ou non, moins de voiture, moins de viande et plus de produits bio, locaux et de saison, plus d’avion du tout, guerre aux emballages… dont il serait utile de pouvoir mesurer facilement l’impact. Certes l’information est abondante. Mais encore faut-il aller la chercher et