De façon surprenante les sources d’informations concernant le modèle TICO de l’enseignant en innovation à l’école Polytechnique Michel Sasson65 sont assez restreintes66 :
Le point de départ, c’est que nous vivons actuellement dans une logique
« Libéral-Libéral », c’est-à-dire libéral politique et libéral économique (démocratie et marché/dérégulation). Or ce « libéral-libéral » arrive à sa fin (même si Emmanuel Macron essaie de le relifter)… après l’ère duale gauche droite, collectivisme contre capitalisme.
Mais la croissance n’est dorénavant plus là et d’ailleurs plus possible, ce qui rend alors vaine l’acceptation des exigences de la logique économique libérale qui a pu tenir le coup tant que demain pouvait être meilleur qu’aujourd’hui. Ce qui fragilise corrélativement la vie (prétendument ?) démocratique.
Quelles sont alors les forces actuellement périphériques qui vont prendre le relai ? Sachant que cette interrogation est en fait un « bouquet de questions » : progrès, écologie, nationalisme, religion…
65 http://sasson.fr/equipe.php
66 http://www.nouvelobs.com/journaliste/128016/timothee-vilars-p2.html(11/11/2018) et une intéressante vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=suYnDOmlrU0
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Le modèle TICO (pour Technologisme, Identité, Convivialisme, Ordre) offre cette représentation de forces actuellement à la périphérie du modèle dominant « Libéral-Libéral », libéral politique et libéral économique (ou plutôt Idéologie libérale). Libéral-Libéral également en ce sens que la démocratie s’est jusque-là développée grâce à la croissance de l’économie.
Le modèle TICO commenté
Technologisme : la science et la technique, avec l’intelligence artificielle (IA), vont prendre en charge le devenir du monde. C’est un modèle élitiste, très
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inégalitaire, car c’est l’intelligence, l’argent, le succès, l’imagination qui donnent de la légitimité, qui divise le monde entre les « Améliorés » et les
« Naturels ». Néanmoins et heureusement d’importantes critiques proviennent des propres rangs du Technologisme. Toutefois, le Technologisme (transhumanisme principalement ?) prospèrera d’autant mieux si nous évitons tant bien que mal les scénarios d’effondrement ou de « grande dégradation ».
Pour moi c’est une menace de moyen/long terme dont nous ne mesurons pas la portée.
Identité : opposition entre le « nous » et le « eux », « eux » comme menace,
« eux » que « nous » vaincrons avec héroïsme. Pour les Identitaires, le culturel prime l’économie, le social et l’écologie, culture « normée », binaire et simpliste, qui pioche dans l’histoire ce qui l’arrange. L’Identité a une capacité de mobilisation puissante, surtout face à la mondialisation. Sa place dans les réseaux sociaux est relativement forte. Pour ma part, je pense que dans un contexte de tension croissante, c’est une tendance qui va probablement se renforcer de façon significative à relativement court terme, c’est-à-dire dans les années 2020.
Convivialisme : porté par des personnalités héritières du marxisme, le convivialisme qui entretient des relations ambivalentes avec la technologie trouve sa légitimité dans la question climatique, le probable ou possible effondrement du capitalisme et donc l’impossibilité de continuer sur la lancée.
Il faut se préparer à la suite. Mais le convivialisme a du mal à s’organiser, refusant le chef pour une gouvernance collective, incapable de propositions structurantes qui fédèrent. Au mieux le Convivialisme peut être une ressource pour les autres forces en présence selon Michel Sasson. Mais laquelle ? Question inquiétante ! Nous verrons d’ailleurs que la « Spirale Dynamique » confirme ce constat de faiblesse ou d’inefficacité. Pour ma part je pense que c’est malheureusement un aspect important à prendre en compte… comme je le constate souvent dans la pratique !
Ordre : des actes plus que des discours. L’idéologie n’est pas discutable, elle s’impose implicitement. L’appareil politico-militaire assure la protection nécessaire face à ce qui menace la citadelle. Le projet d’avenir c’est de durer et d’éliminer les menaces.
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Forts de cette description, nous pouvons nous interroger sur la « résistance » de la logique « Libéral-Libéral ». En fait comme le rappelle Michel Sasson, cette logique doit (pour le moment ?) sa survie à l’effet de rémanence auquel se raccrochent les acteurs politiques et les institutions. Cette survie durera encore longtemps mais de plus en plus difficilement, c’est-à-dire avec des affrontements, des tensions et probablement des violences... comme abordé infra dans les « scénarios de crise » de Marc Halévy.
Dans la confrontation de ces forces émergentes, ce qui est le plus probable c’est une hybridation (elle-même fluctuante, évolutive), un compromis (?), entre elles, puisqu’ainsi l’alliance permet d’élargir sa sphère d’influence.
Pour ma part je m’interroge : quelle hybridation (voir ci-dessous) serait envisageable ? Je n’ai pas de début de réponse.
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Cartographie TICO avec exemples d’« hybridation » entre tous les groupes (Michel Sasson/Creative Commons)
A ce stade, notons la cohérence entre l’approche de Michel Adam et celle de Michel Sasson et remarquons que chacune de ces représentations fait un état des lieux intéressant. Ils sont confortés par de nombreux auteurs. Dans l’immédiat et sans développer un ensemble de réflexions, je citerai simplement
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Philippe Bihouix : « Le scénario dictatorial est donc assez probable »67. Je n’en suis et serai malheureusement pas surpris, a fortiori si nous continuons de pratiquer la politique de l’autruche et de ses carences pédagogiques. Notre attachement « à tout prix » au matérialisme et au consumérisme conforte l’ASC et la THC qui sont, là également, à l’œuvre ! Ni Sasson ni Adam ne s’étendent sur les dynamiques auxquelles il faut s’attendre. Ce serait intéressant qu’ils nous fassent part de leurs réflexions.
Marc Halévy ajoute entre autre cette dimension à sa façon.
67 Philippe Bihouix « Le bonheur était pour demain » Anthropocène Le Seuil 2019.