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5.1. Pré-tests

5.2.1.5. Représentations orthographiques

Nos données (tableau 8) indiquent que dans la tâche de choix orthographique (TRIO), les sujets contrôle tout comme le sujet dyslexique ont un pourcentage de réponses correctes de 100%. Par contre, le lecteur dyslexique a un temps de réponse total qui est supérieur de plus de 2 écarts-types par rapport à celui des normo-lecteurs.

BR TR Total

Dyslexique 100 16219*

Contrôles 100 10043 (1653) Tableau 8. Choix orthographique : Pourcentages de bonnes réponses (BR) et Temps de réponse total (TR total) en ms (écart-type).

* : indique une différence significative

Discussion

Nos résultats montrent qu’il n’y a pas de différence entre les sujets pour l’exactitude des réponse alors que les temps de réponse du lecteur dyslexique sont déviants par rapport à ceux des normo-lecteurs. Notre hypothèse qui prédisait de mauvaises performances du lecteur dyslexique par rapport aux normo-lecteurs est donc vérifiée en partie. Si nous n’avions enregistré que l’exactitude des réponses, nous n’aurions pas pu mettre en évidence ce déficit d’accès aux représentations orthographiques chez le lecteur dyslexique. Il est donc nécessaire, comme dans toutes les épreuves évaluant la lecture, de tenir compte à la fois de l’exactitude

des réponses et des temps de réponses chez les lecteurs pour mettre en évidence des déficits précis.

5.2.2. Evaluation de la compréhension écrite

Selon le tableau 9, les pourcentages de bonnes réponses du lecteur dyslexique et des sujets contrôle sont similaires. C’est le bloc 3 qui a des taux de réussite qui sont les plus faibles tant pour le lecteur dyslexique que pour les normo-lecteurs.

Bloc 1 Bloc 2 Bloc 3 Bloc 4 Bloc 5.1 Bloc 5.2 Bloc 5.3 Temps de lecture Dyslexique 7525*

(3885) Temps de compréhension Dyslexique 1165

(399)

Temps de choix Dyslexique 2453

(236)

Temps total Dyslexique 11143*

(3675)

Note- bloc 1 :phrases négatives simples ; bloc 2 :phrases avec relatives emboîtées au centre et avec prépositions spatiales dans les propositions principales ; bloc 3 : phrases renversables avec relatives emboîtées à droite ; bloc 4 : phrases avec relatives emboîtées au centre ; bloc 5.1 : phrases avec relatives emboîtées au centre et propositions principales adjectivales (adjectif invariable en genre) ; bloc 5.2 :phrases avec relatives emboîtées au centre et propositions principales adjectivales (adjectif marqué orthographiquement en genre) ;bloc 5.3 :phrases avec relatives emboîtées au centre et propositions principales adjectivales (adjectif marqué phonologiquement en genre).

* : indique une différence significative

Nos données indiquent également que les temps de lecture du sujet dyslexique sont supérieurs de plus de 2 écarts-types pour tous les blocs. Par contre, excepté pour le bloc 2, les temps de compréhension du sujet dyslexique sont comparables à ceux des sujets contrôle. Les temps de choix sont également similaires quelle que soit la condition. Du fait de la grande différence

entre le lecteur dyslexique et les normo-lecteurs pour les temps de lecture, le temps total de décision du lecteur dyslexique est supérieur de plus de 2 écarts-types pour tous les blocs, excepté le bloc 5.1. Pour les temps de lecture, les écarts-types du sujet dyslexique sont très importants, ce qui n’est pas le cas pour les temps de choix et les temps de compréhension.

Le lecteur dyslexique a fait plus d’erreurs dans le bloc 3. Le temps de lecture, le temps de choix et le temps total sont aussi les plus élevés pour ce bloc de complexité syntaxique. C’est également ce bloc qui a posé le plus de difficultés aux lecteurs contrôle. Le bloc 5.1 a un temps total de décision qui est le moins élevé pour le lecteur dyslexique alors que pour les normo-lecteurs, il s’agit du bloc 1. Dans le bloc 2, même si le lecteur dyslexique n’a pas fait d’erreurs, le temps de décision est supérieur à celui des autres blocs. Les sujets contrôles, par contre, n’ont pas eu de difficultés particulières pour ce bloc. Les autres blocs ont des temps de décision qui sont comparables.

Discussion

Nous avions fait l’hypothèse que les performances de l’adulte dyslexique seraient inférieures à celles des normo-lecteurs dans la tâche de compréhension écrite. Cette hypothèse n’est pas vérifiée pour l’exactitude des réponses. En effet, le lecteur dyslexique ne fait pas davantage d’erreurs que les normo-lecteurs. Par contre, en ce qui concerne le temps de réponse total, il est supérieur de plus de deux écarts-types pour tous les blocs de difficulté syntaxique. C’est donc l’étape de lecture qui ralentit le plus le lecteur dyslexique et qui explique les temps de réponse déviants par rapport à ceux des normo-lecteurs. Nos résultats vont dans le sens de l’étude de Elbro et al. (1994) qui montre que dans une tâche de compréhension écrite, des adultes danois dyslexiques ne font pas plus d’erreurs que des normo-lecteurs mais ont des temps de latence plus élevés. Nous avions fait également l’hypothèse que plus la complexité syntaxique serait élevée, plus nous observerions des temps de réponse élevés. Si nous considérons que les temps de réponse des normo-lecteurs reflètent la complexité syntaxique, les phrases les plus faciles à comprendre sont les phrases négatives simples du bloc 1 (« le ballon est jaune mais pas la chaussure »). En revanche, les phrases les plus difficiles à comprendre sont les phrases du bloc 3 qui contiennent une proposition relative avec « qui » ou « que » emboîtée à droite de la proposition principale et renversable avec la principale (« le cheval regarde le chien que poursuit le mouton »). Les temps de réponse pour les autres blocs de complexité syntaxique sont comparables ce qui indique que les phrases présentent un même niveau de difficulté syntaxique. Nos données indiquent donc que c’est l’emboîtement de la proposition relative à droite et la renversabilité des propositions principales et relatives

qui posent le plus de difficultés aux normo-lecteurs. Pour l’adulte dyslexique nous ne retrouvons pas le même profil face au niveau de complexité syntaxique. En effet, même s’il comprend plus rapidement les phrases du bloc 1 nos données indiquent que ce sont les phrases du bloc 5.1 qui ont été le plus facile à comprendre pour lui. Ce sont des phrases avec une relative emboîtée au centre d’une proposition principale adjectivale dont l’adjectif est invariable en genre (« le chien que pousse le chat est orange »). Les phrases les plus difficiles à comprendre pour l’adulte dyslexique sont celles du bloc 3 mais également celles du bloc 2 qui comporte des phrases avec une proposition relative emboîtée au centre et une préposition spatiale dans la proposition principale (« le seau sur lequel il y a un balai est rouge »). Il semble donc que, dans ce type de tâche complexe, c’est l’identification des mots qui exige la plus grande partie des ressources cognitives disponibles du sujet dyslexique. Lorsque les phrases comportent une difficulté syntaxique et quel que soit le niveau de difficulté syntaxique, l’adulte dyslexique ne dispose plus suffisamment de ressources cognitives pour comprendre rapidement la phrase qu’il doit lire et réussir à identifier l’image correspondant.

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