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Repeuplement

Dans le document RAA SPECIAL N°3 - JANVIER 2022 (Page 135-139)

Chapitre 3 : Bilan par espèce

3.6 SAUMON ATLANTIQUE

3.6.7 Repeuplement

La population de saumons du bassin de la Dordogne et celle de la Garonne n’ayant pas encore atteint un degré d’autosuffisance satisfaisant, des actions de repeuplement sont réalisées chaque année pour soutenir les effectifs. Un réseau de plusieurs piscicultures est mobilisé pour ces actions, associant trois sites principaux (Bergerac, Castels et Pont-Crouzet), gérés par MIGADO et totalement dédiés au programme saumon, ainsi que la pisciculture de Cauterets (fédération de pêche 65) et plusieurs sites privés.

A - Secteurs repeuplés

Les repeuplements ont lieu sur l’ensemble des cours d’eau accessibles par le saumon à certaines exceptions près, pour différentes raisons : - certains secteurs peuvent être réservés à l’observation de l’efficacité de la reproduction naturelle. Il s’agit donc de ne pas fausser les observations des peuplements naturels par le déversement d’alevins de repeuplement (Pique ; Garonne en aval de Carbonne ; Ariège en aval de Auterive ; Ariège en amont de Pamiers avec la montée de géniteur depuis Golfech pour évaluer l’efficience de la reproduction),

- sur certains cours d’eau, il s’agit de répondre à la demande d’acteurs locaux, fédération de pêche ou associations qui ne souhaitent pas perturber la pratique des pêcheurs locaux par l’introduction de saumons (amont de la Garonne),

- lorsque le potentiel salmonicole n’a pas été précisément évalué,

- lorsqu’une une forte activité de reproduction naturelle est régulièrement observée,

- lorsque d’importants problèmes d’habitat susceptibles de compromettre la survie des alevins sont suspectés ou avérés.

B - Stratégie

Plusieurs stades de développement sont utilisés de l’alevin nourri (<1 g) au smolt 1+. Ce choix résulte premièrement d’une décision stratégique de ne pas favoriser un stade unique en l’absence de connaissance absolue sur les biais que l’utilisation d’un stade particulier est susceptible

d’occasionner. Chaque stade est en outre utilisé en fonction des caractéristiques des secteurs de déversement (grands ou petits cours d’eau, degré de perturbation par les éclusées…).

La production sur le bassin de la Garonne de tacons d’automne provenant d’élevages extensifs sur des lacs ariégeois a été interrompue en 2013.

Sur le bassin de la Garonne le stade smolt et peu utilisé car les moyens de production dédiés sont inexistants. Le stade alevin pré-estival est majoritairement utilisé.

Les derniers résultats obtenus avec le suivi génétique (Cf. § 3.6.3 C) ont révélé que le stade alevins est le plus efficace. Ces résultats vont permettre d’orienter les stratégies futures en matière de production et revoir notamment l’utilisation du stade smolt.

Une évaluation du programme Saumon Garonne a été effectuée conformément aux orientations données par le Plagepomi 2009-2015 prorogé. Ce travail a pu être réalisé en commun de 2016 à fin 2018 par l’ensemble des partenaires et animé par le Smeag et Migado. Il a consisté notamment à une compilation et une analyse des données historiques (2000 – 2015). Cette évaluation a été complétée par une démarche d’évaluation des politiques publiques appliquée au programme et a été alimenté par l’étude « POMI » portée par l’Agence de l’Eau Adour Garonne.

Le résultat de cette évaluation a conduit à une validation de la finalité patrimoniale du programme sur le territoire Ariège avec pour objectif d’aboutir rapidement à une population acclimatée, constituée d’un effectif viable génétiquement (de 100 à 200 géniteurs). Un calendrier pour la réalisation de cet objectif a été élaboré avec dans une première phase, la validation de la faisabilité de cette finalité, avec comme principales modalités :

- Augmenter la reproduction naturelle en concentrant les géniteurs sur l’Ariège : transfert des géniteurs contrôlés à Golfech dès 2019.

- Réalisation d’études pour préciser les conditions de migrations sur la Garonne moyenne : ‘’perte’’ de poissons sur le tronçon et mesure de l’efficacité des dispositifs de franchissement (Golfech- Bazacle). (Durée des études estimée à 3 ans minimum)

- Maintien temporaire du repeuplement sur la Garonne amont et du piégeage transport à la dévalaison (Camon-Pointis) pour éviter les mortalités des smolts et entretenir une population de retour suffisante pour assurer un repeuplement conséquent de l’Ariège et permettre un prélèvement de saumons pour les opérations de radiopistage envisagées.

Cette évaluation prévoit aussi deux étapes décisionnelles dépendantes des résultats :

- lorsque les études seront terminées (au bout de 3 ans – milieu du prochain Plagepomi) : avec une analyse des possibilités et conditions d’amélioration de la migration sur la Garonne Moyenne :

- à la fin du Plagepomi 2022-2027 : par l’évaluation de la population naturelle issue de la reproduction sur l’Ariège (entre 5 et 6 ans).

C - Effort de repeuplement

En moyenne chaque année, depuis 2007 dans le cadre du PLAGEPOMI 2008-2014, les alevinages représentaient chaque année :

- sur le bassin Dordogne près de 500 000 poissons, soit un potentiel de l’ordre de 70 000 équivalent-smolts. 40% de ce potentiel sont lâchés au stade pré-smolt (37 000 ind.), 15% au stade tacon 1+ (29 000 ind.) et 45% au stade 0+ (370 000 ind.) et 30 000 œufs. En effet, depuis 2006, plusieurs systèmes d’incubateurs de terrain ont été installés sur la Dordogne et sur certains de ses affluents.

- sur le bassin Garonne près de 500 000 poissons, représentant un potentiel de l’ordre de 50 000 équivalent-smolts. 40% de ce potentiel sont déversés au stade pré-smolt (2 700 ind.), 15% au stade tacon 1+ (350 ind.) 33 000 tacons 0+ et 45% au stade 0+ (475 000 ind.) et 7 000 œufs (incubateurs de terrain). Cependant, les impacts cumulés estimés à la dévalaison réduisent ce potentiel à 30 ou 40 000 Eq.smolts de saumons

quittant le bassin. De ce fait, les objectifs initiaux de 54 000 Eq.smolt puis 120 000 en 2015 n’ont pu être appliqués. Les moyens de production ont été optimisés mais pas suffisant pour atteindre 120 000 Eq smolts. La filière est fiable opérationnelle, autonome et sécurisée.

Pour la période 2015-2019, la production moyenne annuelle destinée au repeuplement sur la Garonne a augmenté avec en moyenne près de 700 000 ind /an. Cette production, constituée essentiellement d’alevins et de pré-estivaux (99%) permet de repeupler 44% de la surface des habitats potentiels (80 sur les 184 ha). Des smolts et tacons 0+ ont aussi étaient produits mais surtout utilisés pour effectuer des tests d’efficacité des exutoires de dévalaison.

Nombre de saumons atlantiques lâchés aux différents stades dans les bassins Garonne (à Gauche ) et Dordogne (à droite) sur la période 1993 2019 (source : MIGADO)

D - Efficacité des repeuplements

L’efficacité du repeuplement, du juvénile déversé jusqu’à l’adulte de retour a pu désormais être clairement démontré notamment en termes de stade déversé, de secteurs géographiques mobilisés grâce au suivi génétique (Cf. § 3.6.3 C).

La bonne implantation des juvéniles sur les secteurs repeuplés est annuellement vérifiée par des pêches électriques réalisées en fin d’été depuis la fin des années 1990 et au début des années 2000. Ces pêches permettent d’apprécier, quelque mois après leur réalisation, l’efficacité des repeuplements sur les habitats de grossissement des différents cours d’eau des bassins Garonne et Dordogne.

Sur les secteurs repeuplés du bassin de la Dordogne et de la Garonne, on retrouve des densités moyennes de l’ordre de 25 ind.0+ pour 100 m² sans distinction des stades de repeuplement ou des densités de mise en charge. Globalement, ces densités révèlent une bonne efficacité des opérations de repeuplement.

Sur le bassin de la Garonne, pour toutes les stations l’effort de repeuplement est proche et se situe aux alentours de 70 individus/100 m², ce qui correspond à la densité de déversement des pré-estivaux représentée dans la majorité des échantillons. Les tronçons amont de la Garonne et de l’Ariège fonctionnent bien. Lors de l’étude Pomi, les analyses ont pointé des tronçons pour lesquels peu de risques, peu de problèmes ont été relevés. Cela concerne les tronçons amont de l’Ariège et de la Garonne qui accueillent, à une période ou une autre, l’ensemble des stades du cycle du saumon. Les jeunes saumons déversés dans ces tronçons ont une bonne survie et une bonne croissance. Il en résulte que les abondances en tacons échantillonnés en fin d’été sont très bonnes dans le référentiel national avec, en moyenne entre 25.3 et 27.8 ind./100 m². Ces densités dans les secteurs avald (Garonne aval Carbonne et Ariège aval Cintegabelle) sont moins élevées, entre 8.3 et 9.2 ind./100 m² en moyenne.

Sur le Bassin de la Dordogne, on observe une bonne acclimatation des poissons lâchers. Les suivis par indices d’abondances donnent une relation positive entre les densités d’individus au moment du déversement et les abondances relevées lors des pêches (2,66 tacons capturés par poser d’électrode).

Sur le bassin de la Garonne, les stations de piégeage à la dévalaison de Camon et de Pointis permettent d’appréhender plus précisément les taux de survie des juvéniles déversés à l’amont de la Garonne. Les résultats observés (taux de survie de l’ordre de 8 % jusqu’au stade smolt) confirment l’efficacité des opérations de repeuplement. Les dévalaisons de smolts issus des déversements sont supérieures à l’objectif de 54 000 smolts par an pour le bassin, fixé par le programme de restauration. Rien que sur l’axe Garonne (donc sans la branche Ariège), 40 000 smolts ont été contrôlés en 2016 et 36 000 en 2017 aux pièges de Pointis et Camon.

Dans le document RAA SPECIAL N°3 - JANVIER 2022 (Page 135-139)