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CHAPITRE III : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

3.1 La vie jusqu’au moment du meurtre

3.1.4 La relation avec la victime

3.1.4.2 Des relations problématiques

Les divers propos des hommes indiquent souvent clairement que leur relation amoureuse avec la victime ne fonctionnait pas. D’ailleurs la moitié des hommes étaient conscients que leur relation ne fonctionnait pas et l’identifie.

Elle avait tout le temps des hauts et des bas. Des journées tout allait bien et d’autres journées, ça allait pas du tout, et à ce moment-là c’était beaucoup plus difficile. Donc c’était toujours… c’était toujours imprévisible. Vivre avec elle, c’était comme vivre sur un volcan en éruption : on ne sait jamais quand ça va péter là. (Martin)

J’étais incapable de dire non à cette relation. J’avais tous, tous, tous les messages pour le faire. j’ai comme l’impression qu’à quelque part je l’ai tellement haï cette personne-là. (Léo)

J’étais pas heureux, mais j’avais tout misé dans cette relation là et je voulais que ça fonctionne à tout prix. (Francis)

Elle, elle avait une problème. A faisait beaucoup de cocaïne. Moi j’en faisais pas. Je buvais par exemple, parce que j’étais un gars qui prenait un verre quand même. Mais elle c’était… c’était pas mal trop ce qu’a faisait. Pis quand on avait des arguments, c’était toujours par rapport à ça plus ou moins,la consommation. Ça faisait pas ben ben mon affaire. Qu’a prenne un verre, ça me dérangerait pas, je buvais moi-même tsé. Mais que je savais qu’elle consommait de la cocaïne pis tout ça. Ça j’aimais moins ça. La relation, c’était pas fort, c’était pas fort. (Pierre)

Disons qu’il y avait beaucoup de choses qui allaient pas. Il y a des bouts c’était l’enfer, mais des bouts c’était quasiment le paradis aussi. A critiquait. A critiquait continuellement ce que je faisais, tsé. C’était jamais assez bien pour elle. Dans les moments d’enfer, quand a piquait ses crises eh… moi je restais disons debout devant elle pis je la laissais vider son sac. Ça me faisait mal. Je refoulais. Je refoulais parce que je répondais pas à ses crises. J’me disais que si je répondais, c’est sûr que ça aurait empiré. (Jean)

Ces différents propos témoignent que le quotidien des relations pouvait être difficile et que les hommes étaient conscients que des aspects de leur relation ne fonctionnaient pas.

Pour trois des hommes interviewés, la relation avec la victime semblait fonctionner au départ. On sort ensemble, c’est bien, c’est une bonne femme, on s’entend bien. Elle a un caractère fort un peu, ce qu’elle veut il faut lui donner. Elle est un enfant gâté un peu si on peut dire. (Nick)

J’étais avec quelqu’un d’anglophone qui avait les mêmes intérêts, on aimait la même musique, on aimait les mêmes émissions tsé. On était capable de parler d’affaires, des années 70 pis des années 60 qu’on se souvenait tous les deux… beaucoup de points communs. Elle aimait faire de la moto, moi je fais de la moto depuis 16 ans. Il y avait beaucoup de points communs. (Vincent)

Il y a rien de mal à dire pour ma femme parce que c’était une bonne femme. C’était une femme que je pouvais avoir confiance. J’ai jamais eu de misère avec ma femme dans ma vie (Bob)

Toutefois, il est possible de constater au fil du récit que ces relations ne fonctionnaient pas réellement :

Physiquement ma femme elle m’a battu parce que, quand moi je travaille, je suis fatigué, je veux me reposer, mais elle elle dit : « on va au casino ». Je lui dis : « laisse moi me reposer quelques heures ». Elle pogne mes cheveux, les tire comme ça et dit : « tu viens ou tu viens pas ? ». J’ai pas le choix. Je dis : « OK ». C’est comme ça qu’elle était avec moi… c’est toujours ma faute, n’importe quoi, c’est toujours ma faute. Elle me dit de faire de quoi pis, si ça va mal, c’est toujours ma faute. (Nick)

A l’avait des sérieux problèmes de consommation, c’était la dope, l’alcool, tout ça. Était fine quant a consommait pas, mais sur la coke pis l’alcool c’était absolument l’enfer. (Vincent)

Moi je travaillais pendant des heures de fou. Je partais à 4h00 du matin et des fois c’était tard le soir quand j’arrivais. Pas toujours, mais au moins cinq jours par semaine. Trois quarts du temps, je travaillais le samedi aussi. On avait tout le temps quelqu’un chez nous. La maison était tout le temps plein comme ça. On l’a gardé (la mère de sa femme atteinte d’Alzeimer) pendant un an et demi, et ça changé note vie entre moi et ma femme… parce qu'on avait pas d’intimité. C’est pas mal dur. Je dirais que la dernière année c’était pas mal dur. Je peux dire que c’était frustrant parce on était pas tout seuls. C’est comme, il y a quelqu’un d’autre dans ta vie. C’est pas pareil quand t’as quelqu’un dans la maison ,tu peux pas vivre pareil. (Bob)

Ce qui est frappant dans ces récits, c’est que la majorité des hommes attribue le fait que leur couple ne fonctionnait pas à des comportements et attitudes de leur conjointe. Peu d’hommes s’identifient comme étant la cause du non-fonctionnement ou en font leur affaire autant que l’affaire de leur conjointe.