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CHAPITRE III : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

3.2 Quelques éléments de compréhension du délit plus ou moins antérieurs à celui-ci

3.2.5 Ce qui aurait pu être fait

En fin d’entrevue, nous avons posé une question précise à chaque participant. Nous voulions voir, avec chacun d’eux, si quelque chose aurait pu être fait pour éviter le meurtre.

Seul Léo a dit que rien n’aurait pu être vraiment fait pour éviter le drame :

J’penserais pas… Tsé ça serait trop facile de dire : « si ma sœur serait venue me chercher », « si j’aurais été ailleurs »… La seule aide qui aurait pu avoir, m’a te dire ben franchement, c’est si j’me serais réveillé avant. Y aurait fallu qu’on me pogne pis qu’on me mette en retrait, si tu veux là… pis prendre la prise de conscience là. (Léo)

Plus généralement, les hommes ont mentionné qu’avoir reçu de l’aide extérieure aurait pu aider à éviter le meurtre. C’est ce qu’indiquent notamment Bob, Francis et Mathieu :

Si j’avais été voir quelqu’un pour avoir l’aide quand on me l’a proposé c’est sûr, quand j’étais… après la mort de ma mère, j’avais besoin. J’étais pas capable de travailler, pas capable de dormir, j’étais comme un zombi. C’est là… pis j’ai pas été. Comme j’ai dit j’avais besoin [] (Bob)

Si j’aurais pu parler un peu de mes émotions, si j’aurais insisté pour aller chercher de l’aide. (Francis)

J’aurais dû dire au psychiatre les pensées que j’avais. Malgré que, j’y ai dit, mais quand que je voyais que ça m’habitait encore j’aurais dû encore y aller.(Mathieu)

D’autres, comme Vincent et Martin, mentionnent qu’avoir mis fin à la relation aurait pu contribuer à éviter le drame :

La chose principale qu’il y aurait fallu, c’est que je m’en aille de là… (Jean)

La première fois de toutes les insultes et tout ça… la première fois j’aurais dû partir de là. J’avais pas encore perdu ma maison pis tout ça… c’est là qui aurait fallu que ça finisse. Tsé, j’aurais dû reconnaître l’instabilité de (sa conjointe).Parce qu’était instable. A l’a peut-être vécu ben des affaires quand était jeune, pis a l’a commencé à m’en parler un moment donné, mais… mais peu importe, c’est pas une bonne dynamique d’être dedans,… du tout du tout du tout. (Vincent)

Il y a deux choses qui auraient pu être faites… Au tout début, quand ça s’est mis à mal aller, partir tout de suite, en courant. Mais une fois que c’est enclenché, une fois que je vois qu’il y a des problèmes majeurs, consulter un professionnel… pour le couple. (Martin)

Francis souligne l’éducation ou l’information qu’il aurait voulu avoir dans son enfance face à la violence conjugale et familiale. Puisqu’il en était victime et qu’il voyait son père violenter sa mère, il croit qu’avoir reçu de l’information sur le sujet l’aurait aidé :

Je sais pertinemment bien que si tout ça m’avait été enseigné, au secondaire, ou avant ou quelque chose comme ça… j’aurais eu moins de chance que j’me rende là, dans cette situation-là. Pis probablement que ça serait pas arrivé. (Francis)

Dans un même ordre d’idée, Paul estime que s’il avait été accusé pour violence dans ses relations antérieures, cela aurait aidé à changer sa vision des choses :

J’pense que, à quelque part, que lorsque cette blonde-là a levé les charges contre moi, si les autorités... même si ma blonde dans ce temps-là a décidé de laisser tomber, si les autorités auraient, eux, décidé de garder les charges, peut- être que la victime serait pas morte. Je le crois sincèrement. Ça m’aurait amené en prison et à faire des programmes et avoir une autre vision de la vie parce que … ben c’est comme si je gagnais à chaque fois.… Là encore, j’avais gagné, car ma blonde elle a levé les charges... (Paul)

Jean considère, quant à lui que le fait de ne pas s’être retrouvé plus ou moins seul, au moment de la rupture d’avec sa conjointe l’aurait aidé :

Quand qu’il y avait quelqu’un avec moi, c’était moins pire. Quand je tombais tout seul… Le jour là, mon garçon était à l’université, y avait pu personne quasiment sur le camping, peut-être deux ou trois travailleurs forestiers qui étaient encore campés là .J’avais de l’ouvrage en masse à faire, mais j’avais pas le cœur à le faire. Si il y avait eu des campeurs, beaucoup de campeurs, ben j’aurais été obligé de travailler, ça aurait été différent. (Jean)

Enfin Mathieu et Pierre avancent que la consommation de drogues ou d’alcool a contribué au passage à l’acte. Ils sont convaincus que s’ils n’avaient pas été intoxiqués au moment du drame, ils n’auraient pas tués leur ex-conjointe :

Plus sombrer dans consommation de drogues quand tu sais que tu es déjà fragile au niveau des émotions. Ça, c’est le genre de chose qui a fait que j’ai passé à l’acte… les problèmes étaient déjà là, mais je suis sûr que si j’avais pas consommé j’aurais pas passé à l’acte. (Mathieu)

J’étais encore en boisson… la boisson à l’aide pas ben ben le jugement là tsé… moi quand je prends un verre moi mon jugement il est altéré, mais pas à peu près… j’ai comme un dédoublement de personnalité moi là là chu pu le même gars pantoute pantoute. (Pierre)

La grande majorité des interviewés sont donc d’avis, et surtout conscients, que certaines actions prises par eux auraient pu contribuer à éviter le meurtre de leur conjointe.