• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

3.1 La vie jusqu’au moment du meurtre

3.1.5 Le contexte précédant le meurtre

Nous définissons ici le contexte comme les moments précédant d’assez près la commission du meurtre. En fait, le couple vivait bien souvent une crise avant que le meurtre n’arrive. D’ailleurs si l’on regarde les principaux mobiles attribués aux homicides conjugaux commis entre 1994 et 2003 soit l’intensification d'une querelle (41 %), la jalousie (21 %) et la frustration (19 %) (Beattie, 2005), cela démontre bien le possible contexte chaotique des relations dans les temps précédant le meurtre.

Il importe de bien identifier ces contextes afin de saisir la dynamique du couple dans les moments précédant le meurtre. C’est en plaçant ensuite l’élément déclencheur dans ce contexte que celui-ci prend tout son sens.

Le contexte diffère de l’élément déclencheur référant à un ensemble de situations ou d’événements plutôt qu’à un élément précis. À la lumière des entrevues effectuées, il est possible de regrouper les récits en deux grandes catégories de contexte : une première qui réfère à une séparation et une deuxième à des contextes différents.

3.1.5.1 Contexte de séparation

Plusieurs couples étaient séparés ou allaient se séparer lorsque l’homme a assassiné sa conjointe. Dans certaines séparations, c’est la conjointe qui a décidé de quitter le conjoint. L’élément de surprise à l’annonce de la séparation semble dominer comme réaction chez les hommes confrontés à la situation, comme Mathieu et Bob :

J’m’attendais pas à ça… franchement… absolument pas, tsé. Je savais qu’a s’éloignait. J’me sentais rejeté. Elle était moins affective, pis j’sentais qu’était moins amoureuse, Mais j’m’attendais pas qu’elle s’en aille là tsé. (Mathieu)

Quand est partie, c’était comme plus une surprise. Ça m’a fait vraiment du mal. Je l’aimais beaucoup, c’était dur. Ça m’a touché beaucoup, c’est sûr. J’étais fâché, comme. J’étais surpris. C’est arrivé de même. (Bob)

Dans d’autres situations, pour Jean et Vincent notamment, ce sont les hommes qui ont demandé à leur conjointe de quitter le domicile :

Là, je lui ai dis : « c’est ben de valeur c’est fini ». Après, elle est revenue. Je m’étais un peu calmé et tout ça, et puis on a reparlé ensemble. Là je lui ai dit encore une fois : « ça marche pus, c’est ben de valeur. Faque, finalement, je l’ai mis dehors. (Jean)

J’trouvais qu’a faisait pitié… J’l’avais sacrée dehors un moment donné de la place où je louais. J’l’avais sacrée dehors, après ça est revenue en pleurant. A dit : « j’couche dans mon char », et tout ça . J’ai dit : « voyons donc, qu’est-ce qui se passe là ». Ça faisait quelques semaines que je lui avait dit « trouve toi une place, tu peux rester ici, mais trouve toi une place », A disait qu’a trouvait pas, qu’il y avait rien. C’est un autre affaire qui me trottait dans tête : « regarde tu peux te trouver une place… tout le monde est capable de se trouver une place à rester ». Pourquoi qu’elle partait pas pour trouver autre chose ? Pourquoi qu’a voulait rester là ? « Les raisons que tu restes icitte… on a pu de raisons. Trouve toi une place, trouve toi quelqu’un… trouve toi une place, vas-t-en ». (Vincent)

Les hommes qui demandent à leur conjointe de partir disent vivre des situations qu’ils ne sont plus capables de tolérer. Ceci devient la motivation qui les pousse à demander à leur conjointe de quitter.

Toujours dans un contexte de séparation, Nick soutient avoir de lui-même décidé de partir pour laisser sa conjointe vivre avec un autre homme, croyant que celui-ci serait plus en mesure de s’occuper de sa famille :

J’ai dis : « si c’est quelqu’un que tu es entre bonnes mains, je fais tout pour toi je t’aime. Avec les enfants, je fais tout pour vous. Si c’est une bonne personne… ». Elle dit : « oui, c’est une bonne personne ». J’ai dit : « je n’arrive pas à te rendre heureuse. Je t’aime beaucoup. Mais tout ce que… tout ce que tu peux être heureuse avec les enfants, je suis prêt pour te laisser… si je le fais c’est parce que je t’aime ». (Nick)

Dans plus de la moitié des couples vivant une séparation, la victime avait un autre homme dans sa vie. Dans tous les cas, l’homme connaissait l’existence de cette relation et plusieurs, comme Jean et Francis, le savaient même au moment de la séparation :

Un moment donné a s’est mis à sortir avec un des employés. Un moment donné, a m’a dit qu’elle était fatiguée a dit : « faut que je prenne une journée de congé par semaine ». Pis eh… il y avait déjà quelque chose qui se passait entre un de mes employés pis elle tsé. Je le voyais. (Jean)

Pourquoi que j’ai complètement été déstabilisé quand a m’a dit : « je t’ai trompé plusieurs fois », quand les gestes sont arrivés c’est eh… Moi j’me suis dit : « bon, c’est une autre petite chicane, ça va passer… faut pas capoter avec ça. Sauf que là, le fait qu’à me dise : « je t’ai trompé, t’es un criss de cave, tu t’en es pas rendu compte ». (Francis)

Dans cinq situations sur les sept impliquant une séparation, une période de deux semaines à deux mois s’est écoulée entre la séparation et le meurtre. Dans quatre de ces cinq situations, l’homme n’habitait plus avec la victime au moment du meurtre. Toutefois, ces quatre hommes ont eu l’occasion de revoir la victime au moins une fois avant l’événement fatal. Pour trois hommes, c’est la victime qui est revenue vers eux, alors qu’un des interviewés est retourné voir sa conjointe à son domicile.

Enfin, pour un homme, le manque d’information ne nous permet pas de savoir depuis combien de temps le couple était séparé au moment où le meurtre a été commis.

3.1.5.2 Des cas particuliers

Trois cas diffèrent en raison de leur configuration particulière. Dans le premier, l’homme dit souhaiter que sa femme meure pour pouvoir vivre sa relation avec sa maîtresse. Dans le deuxième cas, il s’agit d’un homme qui a tué une amie. Enfin, dans le troisième cas, l’interviewé soutient que le meurtre est arrivé de façon accidentelle.