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Caractérisation des géostructures thermiques

I.3. Détermination de la conductivité thermique

I.3.2. Relations analytiques

Afin de compléter la gamme d’outils à disposition pour la détermination des paramètres thermiques des matériaux, des relations analytiques ont été développées. Ces modèles sont notamment basés sur la composition minéralogique des terrains, leur densité et leur teneur en eau. Les résultats présentés ci-après concernent les sols.

De manière pratique, les formations géologiques de type sol sont généralement classées par grandes familles granulométriques avec d’un côté les sols fins (argiles et limons) et de l’autre côté les sols grossiers (sables et graviers). Cela permet notamment d’obtenir une gamme de valeurs pour leurs propriétés (Reiffsteck et al, 2014). Le Tableau I - 4 répertorie ainsi les valeurs

de conductivités thermiques et de capacité thermique volumique de ces familles en fonction de leur degré de saturation.

Tableau I - 4 : Exemples de caractéristiques thermiques pour différents types de sols saturés et non saturés (Fromentin et Pahud, 1997)

Type de sol

Conductivité Thermique λ (W/m.K) Capacité thermique volumique Cv (MJ/m3.K)

Sol sec Sol saturé Sol sec Sol saturé

Argile 0,2 – 0,3 1,1 – 1,6 0,3 – 0,6 2,1 – 3,2

Limon 0,2 – 0,3 1,2 – 2,5 0,6 – 1,0 2,1 – 2,4

Sable 0,3 – 0,4 1,7 – 3,2 1,0 – 1,3 2,2 – 2,4

Gravier 0,3 – 0,4 1,8 – 3,3 1,2 – 1,6 2,2 – 2,4

Ces gammes de valeurs basées sur l’ensemble des essais réalisés sur les différents types de sols permettent de borner les résultats obtenus à l’aide des différentes relations analytiques présentées ci-après.

Modèle de Kersten

Le premier modèle à avoir été développé est celui de Kersten (Kersten, 1949). Ce dernier a effectué des tests systématiques de conductivité thermique sur toutes les formations qu’il a rencontrées. Cela lui a permis, notamment, de proposer des formules empiriques pour les sols non gelés fins (Eq.60) et grossiers (Eq.61).

𝜆𝑎𝑟𝑔𝑖𝑙𝑒,𝑙𝑖𝑚𝑜𝑛𝐾𝑒𝑟 = 0,1442 × (0,9 × log(𝑤) − 0,2) × 100,6243×𝜌𝑑 (60) 𝜆𝑠𝑎𝑏𝑙𝑒𝐾𝑒𝑟 = 0,1442 × (0,7 × log(𝑤) + 0,4) × 100,6243×𝜌𝑑 (61) où 𝜆𝐾𝑒𝑟𝑎𝑟𝑔𝑖𝑙𝑒,𝑙𝑖𝑚𝑜𝑛 et 𝜆𝑠𝑎𝑏𝑙𝑒𝐾𝑒𝑟 sont respectivement les conductivités thermiques selon Kersten pour

les sols fins et les sols grossiers (W/m.K), 𝑤 la teneur en eau (-) et 𝜌𝑑 la masse volumique sèche

du sol (kg/m3). Ces relations permettent de tracer les courbes suivantes (Figure I - 53) :

Figure I - 53 : Conductivité thermique en fonction de la teneur en eau selon le modèle de Kersten : cas a) limons et argiles, cas b) sables

Ces courbes permettent d’obtenir rapidement une estimation de la conductivité thermique des sols en fonction de leurs paramètres géotechniques de base. Il convient de noter que pour les faibles teneurs en eau, les pentes sont importantes. Cela signifie qu’une faible variation de

teneur en eau a une influence notable sur la conductivité thermique. Cela signifie également qu’une erreur dans l’estimation de celle-ci conduit à une erreur importante sur l’estimation de la conductivité thermique.

Modèle de De Vries

Le deuxième modèle développé est celui de De Vries (De Vries, 1963). Celui-ci est basé sur la théorie des potentiels. En effet, le sol est considéré comme un milieu continu d’eau ou d’air, selon la saturation, dans lequel les grains sont dispersés. Dans ce cas de figure, la conductivité thermique devient la moyenne pondérée des différents composants (Eq.62).

𝜆𝑔𝑉𝑟𝑖𝑒𝑠 =𝑛𝑖=1𝜆𝑖×𝐹𝑖×𝑥𝑖

𝑛𝑖=1𝑥𝑖 (62)

où 𝜆𝑔𝑉𝑟𝑖𝑒𝑠 est la conductivité thermique du terrain selon De Vries (W/m.K), 𝜆𝑖 la conductivité

thermique de chaque composant (W/m.K), 𝐹𝑖 le facteur de De Vries (-) et 𝑥𝑖 la fraction

volumique de chaque composant (-).

Or 𝐹𝑖 = 13∑ [1 + (𝜆𝑖

𝜆0− 1) × 𝑔𝑖]−1

𝑛

𝑖=1 (63)

où 𝜆0 est la conductivité thermique de la matière organique (W/m.K) et 𝑔𝑖 un facteur de forme

permettant un calage empirique (-). Les valeurs et expressions des différents paramètres de De Vries sont données dans le tableau suivant (Tableau I - 5) :

Tableau I - 5 : Paramètres du modèle de De Vries

Paramètres Matériaux Unité Expression/valeur

𝛌𝐪𝐳 Quartz W/m.K 9,103 - 0,028 x T* soit 8,5 à 20°C

𝛌𝐦 Autres minéraux W/m.K 2,93

𝛌𝐨 Matière organique W/m.K 0,251

𝛌𝐰 Eau W/m.K 0,552 + 2,34.10−3 x T−1 - 1,1.10−5 x T2

𝛌𝐚 Air W/m.K 0,0237 + 0,000064 x T

𝛌𝐚𝐩𝐩 Air humide W/m.K λapp = λa + hair x λv*

* T : température ; λv : conductivité thermique de la vapeur d’eau ; hair : hygrométrie de l’air

Ce modèle a tendance à sous-estimer les valeurs de conductivité thermiques pour les sols à faible teneur en eau. Pour contrebalancer cela, il est conseillé de majorer les valeurs de 25% pour les sols secs (Evett et al, 2012).

D’autres modèles basés sur la composition minéralogiques sont apparus par la suite et reprenant le principe des différentes phases (Brigaud et Vasseur, 1989 ; Vasseur et al, 1995). Le matériau est ainsi constitué d’une phase solide, le sol, et de deux phases fluides, l’air et l’eau. La conductivité thermique est alors (Eq.64) :

 = 𝑤𝜃 ×𝑎𝑛−𝜃 ×𝑠1−𝑛

où 𝜆𝑤, 𝜆𝑎 et 𝜆𝑠 sont respectivement la conductivité thermique de l’eau, de l’air et du solide (W/m.K), 𝜃 la teneur en eau volumique (-) et 𝑛 la porosité.

Or 𝜆𝑠 = ∏ 𝜆𝑖𝑥𝑖

𝑖 (65)

Cette méthode est également applicable à la détermination de la diffusivité thermique (Goto et Matsubayashi, 2009). Le tableau suivant répertorie les valeurs de conductivité thermique et de chaleur spécifique pour les principaux minéraux rencontrés dans les formations géologiques ainsi que quelques matériaux utilisés en géotechnique (Tableau I - 6).

Tableau I - 6 : Exemples de valeurs de caractéristiques thermiques des principaux minéraux et matériaux rencontrés en géotechnique à 20 °C (Brigaud et Vasseur, 1989 ; Vasseur et al, 1995 ; Fromentin et al, 1997 ;

Goto et Matsubayashi, 2009) Phase Conductivité thermique  (W/m.K) Diffusivité thermique α (10-6 m2/s) Masse volumique  (103 kg/m3) Capacité thermique massique 𝑐𝑝 (J/kg.K) Quartz 7,70 3,92 2,65 740 Calcite 3,59 1,62 2,71 820 Albite 2,20 1,08 2,62 776 Anorthite 1,68 0,82 2,76 745 Orthoclase 2,32 1,28 2,57 707 Muscovite 2,32 1,03 2,831 796 Smectite, illite 1,50 - 1,80 0,80 - 1,10 2,10 - 2,70 780 - 800 Sol (moyen) 1,70 0,85 2,00 1000 Béton 1,70 0,77 2,50 880 Acier 50,20 12,90 7,80 500 Eau 0,60 0,13 1,00 4185 Glace 2,10 1,11 0,92 2060 Air (sec) 0,024 19,9 0,0012 1005 Modèle de Johansen

Le troisième modèle développé par Johansen (Johansen, 1975) propose de calculer une conductivité thermique normalisée à partir des conductivités thermiques à l’état sec, humide et à un degré de saturation donné (Eq.66).

𝐾𝑒 = 𝜆𝑔𝐽𝑜ℎ𝑎𝑛𝑠𝑒𝑛−𝜆𝑑𝑟𝑦

𝜆𝑠𝑎𝑡−𝜆𝑑𝑟𝑦 (66)

où 𝐾𝑒 est la conductivité normalisée (-) et 𝜆𝑠𝑎𝑡, 𝜆𝑑𝑟𝑦 et 𝜆𝑔𝐽𝑜ℎ𝑎𝑛𝑠𝑒𝑛 sont respectivement les

conductivités thermiques à saturation, à l’état sec et à un degré de saturation donné (W/m.K). Johansen propose également des relations pour le calcul de la conductivité normalisée (Eq.67) et de la conductivité thermique à l’état sec (Eq.69) et humide (Eq.70).

𝐾𝑒 = 1 + 𝛼𝑗𝑜ℎ𝑎𝑛𝑠𝑒𝑛× log(𝑆𝑟) (67)

Où 𝛼𝑗𝑜ℎ𝑎𝑛𝑠𝑒𝑛 est le facteur de Johansen égal à 0,7 pour les sols grossiers et 1 pour les sols fins

(-) et 𝑆𝑟 la saturation (-). Il convient de noter que la saturation peut être déterminée à partir de

la relation suivante (Eq.68) :

𝑆𝑟 = 𝜌𝑑×𝑤

𝜌𝑤×(1−𝜌𝑑

𝜌𝑠) (68)

où 𝑤 est la teneur en eau massique (-) et 𝜌𝑑, 𝜌𝑤 et 𝜌𝑠 sont respectivement les masses volumiques

sèches de l’eau et des grains (kg/m3).

𝜆𝑑𝑟𝑦 = 𝜆𝑎×𝜌𝑠+𝜌𝑑×[𝑘𝑠×(𝜆𝑠⁄ )−1]𝜆𝑎

𝜌𝑠+𝜌𝑑×(𝑘𝑠−1) (69)

où 𝜆𝑎 et 𝜆𝑠 sont respectivement les conductivités thermiques de l’air et des grains (W/m.K) et

𝑘𝑠 un paramètre de forme égal à 0,053 (-).

𝜆𝑠𝑎𝑡 = 𝜆𝑤𝑛 × 𝜆1−𝑛𝑠 (70)

Où 𝜆𝑤est la conductivité thermique de l’eau (W/m.K) et 𝑛 la porosité (-).

Pour des faibles teneurs en eau, ce modèle propose des conductivités thermiques normalisées négatives, ce qui est physiquement impossible. Son domaine de validité ne comprend donc pas les sols secs. De plus, il considère les grains comme un milieu homogène, sans prendre en compte leur composition minéralogique.

Modèle de Johansen modifié par Tarnawski

Le modèle de Johansen a été remis en cause par Tarnawski (Tarnawski et Leong, 2000 ; Tarnawski et al, 2009) pour son absence de considération de la masse de quartz du sol qui est le minéral le plus moteur dans les phénomènes de conduction et qui est très présent dans les sols, mais également pour la présence de valeurs négatives de conductivité thermique normalisée pour les faibles teneurs en eau. Il propose ainsi de calculer la conductivité thermique des grains en fonction de la teneur en quartz du sol (Eq.71) et de considérer que la conductivité thermique normalisée est nulle.

𝜆𝑠 = 𝜆𝑞𝑧%𝑞𝑧× 𝜆𝑚1−%𝑞𝑧 (71)

Où 𝜆𝑠 et 𝜆𝑠 sont respectivement les conductivités thermiques du quartz et des autres constituants

du sol (Tableau I - 6) (W/m.K) et %𝑞𝑧 la teneur en quartz du sol (-).

Cependant, pour le calcul de la conductivité thermique normalisée, une solution a été proposée par Côté et Konrad (Côté et Konrad, 2005) afin de ne pas la considérer nulle initialement (Eq.72).

𝐾𝑒 = 𝜅×𝑆𝑟

1+(𝜅−1)×𝑆𝑟 (72) où 𝜅 est le facteur de Côté et Konrad égal à 4,60 pour les sables grossiers avec graviers, 3,55 pour les sables grossiers et 1,90 pour les sols fins (-).