• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II : Recension des écrits

2.2. Effets de la violence sexuelle sur la santé des victimes

2.2.2. Exposition à la violence sexuelle et la santé reproductive

2.2.2.2. Relation entre violence sexuelle et ITS/Comportements de santé

a. Infections Sexuellement Transmissibles

Les actes de violence sexuelle subis pendant l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte exposent directement les femmes aux ITS (incluant le VIH) et aux grossesses indésirables (adolescentes et adultes), principalement à cause de la difficulté à exiger l’utilisation de méthodes contraceptives (Folch-Lyon, de la Macorra et al. 1981, Beitchman, Zucker et al. 1991, Boyer and Fine 1992, Ezeh 1993, Bawah, Akweongo et al. 1999, Dietz, Spitz et al. 1999, McMahon, Goodwin et al. 2000, Campbell, Jones et al. 2002, WHO 2002, Garcia-Moreno, Heise et al.

31

2005, Salam, Alim et al. 2006, Rafat and Adeel 2008). Ces conclusions sont valables pour les actes de violence sexuelle perpétrés par un partenaire ou encore par un inconnu.

Une étude effectuée au Swaziland (Reza, Breiding et al. 2009), a montré que les femmes de 13 à 24 ans qui ont subi des agressions sexuelles ont jusqu’à quatre (4) fois plus de probabilité d’avoir des ITS, une augmentation qui est statistiquement significative. Selon la même étude, la probabilité d’avoir une grossesse non désirée est trois (3) fois plus élevée dans le groupe des femmes qui ont subi des violences sexuelles. Une étude similaire effectuée chez les 15-19 ans en Ouganda montre que les femmes dont les premiers rapports sexuels ont été forcés ont plus de probabilité de ne pas utiliser les moyens de contraception modernes – OR=2.12, p<0.05 – et donc de rapporter leur actuelle grossesse comme non désirée – OR=2.06, p<0.05 – (Koenig, Zablotska et al. 2004). Par ailleurs, une étude conduite au Pérou rapporte que 65% des femmes victimes de violence sexuelle dans leur couple ont déclaré que leur grossesse était non désirée (Cripe, Sanchez et al. 2008). Aussi, lorsqu’elles sont comparées aux femmes qui déclarent ne jamais avoir été agressées, celles qui le sont physiquement et sexuellement ont trois (3) fois plus de probabilité de déclarer que leur grossesse était non désirée (Cripe, Sanchez et al. 2008).

Quelques études ont également évalué la prévalence d’ITS chez les femmes dans un contexte de conflit armé pendant lequel des actes de violence sexuelle ont été perpétrés. La première rapporte un pourcentage de séroprévalence de syphilis de 12% chez les femmes déplacées pendant la guerre civile dans une zone rurale du Mozambique (Cossa, Gloyd et al. 1994). Une

32

autre qui a étudié la santé des déplacées internes8 en RDC (Kim, Malele et al. 2009) a montré que les femmes de ce groupe comparées aux riveraines rapportaient plus souvent avoir été victimes de violence sexuelle (11.1% vs 1%). Aussi, la prévalence du VIH dans le groupe des déplacées était deux (2) fois supérieure à celle des femmes riveraines, avec des proportions respectives de 7.6% et 3.1% (Kim, Malele et al. 2009). Cette étude a permis d’établir une relation entre la prévalence de VIH et l’exposition à la VSLC, même si certains auteurs, utilisant des modèles de projection, remettent en cause cette relation (Anema, Joffres et al. 2008). Deux études rétrospectives hospitalières effectuées à Goma et à Bukavu (Est-RDC) ont également rapporté des proportions élevées (entre 3 et 18%) de femmes victimes de VSLC qui ont des ITS incluant : le trichomonas vaginal, la syphilis et le VIH (Longombe, Claude et al. 2008, Mukwege and Nangini 2009). Pour finir, une étude effectuée dans le Nord de l’Ouganda auprès de femmes qui ont subi des actes de VSLC a observé des proportions très élevées de diverses ITS incluant la gonorrhée (60%), la syphilis (52%) et l’herpès génital (29%) (Amone- P'Olak 2005).

b. Comportements de santé

L’effet négatif de l’exposition à la violence sexuelle sur les comportements de santé a été rapporté dans la plupart des cas chez des femmes qui ont été agressées à un jeune âge. Les victimes d’abus sexuel pendant l’enfance, auraient plus de probabilité d’avoir des partenaires multiples ou d’avoir des rapports sexuels avec des partenaires dont elles ne connaissent pas le parcours (Lang, Rodgers et al. 2003); de se prostituer et d’avoir des relations avec des partenaires à risque de VIH (Cunningham, Stiffman et al. 1994, Wingood and DiClemente

8

Citoyens des pays en conflit qui ont quitté leurs villes ou provinces en raison des affrontements liés à la guerre mais qui sont restés à l’intérieur du pays

33

1998); et d’adopter divers comportements à risque pour la santé (Beitchman, Zucker et al. 1991, Boyer and Fine 1992, Dietz, Spitz et al. 1999, McMahon, Goodwin et al. 2000, Rodgers, Lang et al. 2003, Gass, Stein et al. 2010). Chez les femmes ougandaises de 15 à 19 ans dont les premiers rapports sexuels ont été forcés, après ajustement pour les différentes variables sociodémographiques, les probabilités de n’avoir pas utilisé de condom au cours du dernier rapport sexuel et de ne pas utiliser de condom de façon régulière sont respectivement quatre (4) et cinq (5) fois plus élevées (Koenig, Zablotska et al. 2004). Une étude similaire conduite chez les 14-24 ans en Afrique du Sud a constaté que les femmes dont le premier rapport sexuel était forcé étaient plus nombreuses à rapporter n’avoir pas utilisé de préservatif pendant le dernier rapport sexuel et avoir plus que deux (2) partenaires sexuels (Maharaj and Munthree 2007). Aux États-Unis, les collégiennes dont le premier rapport sexuel a été forcé ont plus de probabilité de conduire sous l’influence de l’alcool (OR=1.5), de fumer (OR=2.1), de consommer de grandes quantités d’alcool épisodiquement (OR=1.6) et de consommer de la marijuana (OR=2.0) (Brener, McMahon et al. 1999). Elles ont également plus de probabilité d’avoir consommé de l’alcool ou de la drogue avant le dernier rapport sexuel (OR=2.1) et d’avoir deux (2) partenaires sexuels ou plus au moment de l’étude (Brener, McMahon et al. 1999). Pour finir, Weisman et coll. rapportent que les femmes victimes de violence sexuelle ont environ deux (2) fois plus de probabilité de faire des douches vaginales, comportement qui augmente les risques d’ITS, d’infections génitales et d’issues négatives de grossesse (Weisman, Grimley et al. 2007).

Documents relatifs