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Regarder l’autre autrement : Woolf et le discours colonial

Partie II. D’un soi divisé à une unification conciliatrice

Chapitre 2. Regarder l’autre autrement : Woolf et le discours colonial

Ce chapitre se penche sur la nouvelle intitulée « Pearls and Swine » que Leonard Woolf a écrite peu après son retour en Angleterre299. Elle a été publiée en 1921 dans la collection de nouvelle Stories of the East. Cette nouvelle qui est tirée du vécu de l’auteur est, selon Elleke Boehmer, la plus aboutie des nouvelles de Woolf300. En effet, Woolf a été nommé superintendant à la pêche de perles à Ceylon Pearl Fishery. Le titre de la nouvelle est une référence directe à Matthew 7 : 6 : « Neither cast ye your pearls before swine ». « Pearls and Swine », comme l’indique Shirley Chew, est une histoire exemplaire portant sur l’impérialisme anglais301. Dans ce récit, Woolf met en évidence les contradictions qui caractérisent le système colonial et démontre l’ambivalence qui se cache derrière l’idéologie coloniale. Si « A Tale Told by Moonlight » laisse le lecteur non averti perplexe quant à la position de Leonard Woolf vis-à-vis de l’empire, dans « Pearls and Swine » l’auteur affiche, avec plus d’assurance, son attitude anti-impérialiste. Selon Elleke Boehmer, cette nouvelle est une fiction anticoloniale inspirée des nouvelles de Conrad302. Comme le note Christine Froula, « Pearls and Swine » tente de remettre en question la supériorité de la race blanche : « ‘Pearls and Swine’ dramatizes the imperialist conviction of the self described superior race through the armchair commentators and counters them with Anglo-Indian’s story of the ancient Pearl fishery [...] »303.

Sur le plan narratif, la nouvelle « Pearls and Swine » ressemble, à bien des égards, à « A Tale Told by Moonlight ». Tout comme cette dernière, « Pearls and Swine » est racontée par le biais du dispositif d’encadrement qui permet d’introduire une certaine ambiguïté au moyen de deux narrateurs distincts, livrant tour à tour leurs récits. Le premier narrateur est un responsable de district qui vient tout juste de rentrer des colonies où il a servi pendant quinze ans. Le colonel qui l’a accueilli à son arrivée l’introduit dans un cercle d’amis qui s’adonne à un débat passionné au sujet de l’empire britannique : « I suppose they had started

299 Pour plus d’informations concernant la date de composition de la nouvelle, consultez les ouvrages suivans :

Letters of Leonard Woolf, op. cit., p. xxx et Jr. WILLIS, Leonard and Virginia Woolf as Publishers:The Hogarth Press 1917-1941, Charlottesville, Presses Universitaires de Virginie, 1992, p. 57.

300 Voir Elleke BOEHMER, Empire, the National, and the Postcolonial, 1890-1920: Resistance in Interaction,

op. cit., p. 185.

301 Shirley CHEW, « Leonard Woolf’s Exemplary Tale ‘Pearls and Swine’ », The Journal of Commonwealth Literature, 1978 (June), pp. 44–49.

302 Elleke BOEHMER, Empire, the National, and the Postcolonial, 1890-1920: Resistance in Interaction, op. cit., p. 185.

303 Christine FROULA, « Dangerous Thoughts in Bloomsbury: Ethical Aestheticism and Imperial Fictions », in Reconnecting Aestheticism and Modernism: Continuities, Revisions, Speculations, eds., Bénédicte COSTE, Catherine DELYFER et Christine REYNIER, New York, Routledge, 2017, pp. 120–135; p. 125.

on the Durbar and the King’s visit. They had got on Indian unrest, to our position in India, its duties, responsibilities, to the problem of the East and West » (« PS », 18). Précisons que cette assemblée comprend le colonel, le narrateur, un courtier en bourse, un archidiacre et le second narrateur qui est lui-même un responsable de district très expérimenté. Le grossiste est décrit comme étant gros et à l’aise (« plump and comfortable ») et l’archidiacre comme étant dénué de toute humanité. Le premier narrateur relate le discours du grossiste ainsi que celui de tous ceux qui relèvent de l’Église sur les bienfaits du colonialisme avant de laisser la parole au deuxième narrateur qui raconte une histoire « exceptionnelle » tirée de son expérience vécue. Contrairement au premier narrateur, qui se décrit comme étant sentimental, le deuxième prétend se fonder sur des faits, des détails et des expériences vécues. Au fil de son récit, il dévoile une version brutale de la réalité dans les colonies qui contraste en tous points avec les théories libérales de l’archidiacre. L’histoire concerne un administrateur colonial responsable de la pêche de perles. Sa mission consiste à superviser la pêche et collecter la part du gouvernement tout en maintenant l’ordre. Afin de mener à bien sa mission, l’administrateur est accompagné d’un jeune assistant nommé Robson, tout droit sorti d’une école privée anglaise. Un dénommé White les rejoint au cours de cette mission. Comme son pseudonyme l’indique, White est issu de la race supérieure et, tout comme l’archidiacre, il en appelle à une plus grande fermeté à l’égard de la race inférieure. Cependant, sa conduite est loin d’être un exemple pour le peuple colonisé et le situe au plus bas de l’échelle des valeurs humaines. Atteint de Delirium Tremens (D. T.), White se met à parler de son passé et révèle au grand jour les horreurs qu’il a commises durant son séjour dans les colonies. La fin presque kurtzienne de White contraste avec la dignité avec laquelle l’un des pêcheurs embrasse la mort.

La réaction de l’assemblée à l’histoire racontée par le second narrateur laisse cependant le lecteur perplexe quant à la légitimité du narrateur au vu des circonstances dites « exceptionnelles » du récit. La remarque de l’archidiacre avant de quitter la salle indique qu’il n’est pas convaincu par le récit en raison de ses circonstances hors du commun : « Don’t you think you’ve chosen rather exceptional circumstances, out of the ordinary case » ? (« PS », 35). La réaction d’autres personnes présentes est aussi décevante. Le narrateur nous apprend que le colonel s’est endormi avant la fin de l’histoire et que le grossiste s’efforce d’avoir l’air ennuyé. Quant à l’archidiacre, il est tout simplement déçu. La dernière phrase qu’il prononce est ambivalente dans la mesure où nous ne savons pas à quelles circonstances exceptionnelles il fait référence : « ‘Don’t you think you’ve chosen rather exceptional circumstances, out of ordinary case ?’ » (« PS », 35). Fait-il référence aux circonstances de

la pêche ou devrions-nous comprendre que les personnages dont l’histoire a été relatée sont extraordinaires ou atypiques ? Les personnages blancs ne sont-ils pas censés, selon les dires de l’archidiacre, servir d’exemples aux indigènes même dans des circonstances exceptionnelles ? L’archidiacre a-t-il l’intention de mettre le comportement indigne de White sur le compte des circonstances exceptionnelles et de sa maladie ? En effet, cette dernière phrase, aussi ambiguë qu’elle puisse paraître, met en doute la fiabilité du narrateur et celle de son récit.

Nous pensons que l’approche narrative choisie par Woolf dans « Pearls and Swine » ainsi que son choix des circonstances exceptionnelles témoignent de son ambivalence quant à la légitimité de l’impérialisme et de la mission civilisatrice anglaise. Comme Elleke Boehmer le note, Woolf était très préoccupé par l’altérité culturelle dont il avait lui-même fait l’expérience. Woolf semble non seulement questionner la légitimité des personnes telles que l’archidiacre ou le grossiste à se positionner au sujet de l’empire, mais également sa propre légitimité à raconter une histoire en lien avec son vécu colonial. Choisissant un premier narrateur qui se dit sentimental et un deuxième qui prétend s’appuyer sur les faits et les détails de sa propre expérience, l’écrivain s’interroge sur la fiabilité de sa propre narration. La remarque finale de l’archidiacre soulève de façon pertinente la question de la prétendue objectivité du second narrateur. Dans ce récit, Woolf refuse de prendre la parole directement. Confiant ainsi la tâche de raconter son vécu aux personnages fictifs calqués sur sa propre personnalité, il fait le choix de prendre de la distance par rapport à son propre texte. Woolf s’efforce, comme nous tenterons de le montrer ci-dessous, de dissoudre sa subjectivité dans l’ensemble du texte, à travers une technique narrative qui ne privilégie aucun point de vue.

L’effacement de la personnalité de l’auteur est opéré par le biais d’un procédé que Boehmer appelle « interaccomodation » et qui consiste à prendre en compte la présence d’autrui en introduisant des subjectivités différentes à l’intérieur du récit304. Selon lui, il s’agit d’un procédé bakhtinien qui passe d’abord par l’expression du doute au sujet de ses missions coloniales pour ensuite procéder à une lecture des différences culturelles du point de vue du sujet colonial.

1. Un récit ambigu

Pour commencer, la structure du récit mérite notre attention. Nous pensons que la structure narrative du récit cultive l’ambivalence et contribue à créer de l’ambiguïté. « Pearls and Swine » se compose de deux récits distincts, l’un emboîté à l’intérieur de l’autre. En effet, le dispositif d’encadrement permet la mise en place de deux récits qui, tout en étant indépendants, communiquent entre eux. Le deuxième récit répond à tous les préjugés et idées reçues concernant l’Orient et son peuple exprimés dans le premier récit. Ce procédé de mise en abyme est plus que significatif dans la mesure où les deux récits sont complémentaires, comme si le deuxième narrateur avait l’intention de répondre point par point aux arguments pro-coloniaux exposés dans la première partie de la nouvelle. Cette complémentarité est perceptible aussi bien dans la manière dont les deux récits sont organisés que dans l’attitude des deux narrateurs. Si l’attitude du premier narrateur semble ambivalente à l’égard du groupe, le deuxième narrateur se présente comme étant objectif dans la mesure où il se fie aux détails et à sa propre expérience. Tout comme dans « A Tale Told by Moonlight », le dispositif d’encadrement permet à Woolf d’exposer des points de vue différents tout en se tenant à l’écart du texte. Il va sans dire que les deux narrateurs sont tous deux administrateurs coloniaux. En effet, tous deux ressemblent, à bien des égards, à Woolf lui-même. Si le premier narrateur se montre méfiant vis-à-vis de l’empire britannique, le deuxième, plus expérimenté, semble adopter une attitude plus objective en s’appuyant sur les faits. À l’instar de Woolf, ce deuxième narrateur a été chargé de la supervision de la pêche de la perle. Les deux narrateurs sont donc calqués sur le personnage de Leonard Woolf lui-même. Tandis que le narrateur le moins expérimenté représente Woolf à son retour de Ceylan, l’agent colonial plus expérimenté ressemble à un Woolf qui n’avait pas démissionné de ses fonctions en 1912 après sept ans d’expérience. En effet, le deuxième narrateur prend du recul par rapport à sa mission coloniale et commence à s’interroger sur le bien-fondé de l’empire. Il correspond à l’image de Woolf dans sa période de maturité, quand il s’est activement engagé dans la lutte contre l’impérialisme anglais. Son récit reprend, de manière discrète, les arguments avancés par les colonialistes de salon et en démontre leur absurdité. L’ambivalence qui émane du texte est à la fois liée à la structure narrative qui permet une polyphonie interne ainsi qu’aux discours des deux narrateurs qui sont émaillés de contradictions. C’est comme si l’auteur hésitait à se positionner clairement vis-à-vis de ses convictions antérieures ou qu’il souhaitait faire entendre des points de vue différents.

Au premier abord, le premier agent colonial ne semble pas être entièrement d’accord avec ses collègues londoniens. Ses paroles véhiculent une certaine ironie à leur égard : « I listened to their fat, full-fed, assured voices in that heavy room which smelt of solidity, safety, horsehair furniture, tobacco smoke, and the faint civilized aroma of whisky and soda » (« PS », 17). En effet, il tente de se distinguer des autres personnes présentes en mettant l’accent sur le fait qu’il ne connaît personne sauf le colonel : « I did not know them, hadn’t spoken to them or indeed to anyone except the Colonel in the large gaudy uncomfortably comfortable hotel » (« PS », 17). Malgré cette prise de position de la part du premier narrateur, le deuxième narrateur se dit objectif et ne révèle que ce qu’il appelle « facts, details ». Qui plus est, comme l’indique le grand archidiacre à la toute fin de la nouvelle, le récit aborde des circonstances exceptionnelles, ce qui laisse entendre une certaine amplification des faits narrés par le second narrateur.

L’ambivalence du premier narrateur se fait sentir à travers ses remarques sur l’atmosphère ultra civilisée de l’hôtel qui, selon lui, n’est pas en harmonie avec les réalités du terrain colonial dont il est question dans la discussion : « It doesn’t seem to go with solidity, safety, horsehair furniture, tobacco smoke, and the faint civilized aroma of whisky and soda. It came as a shock to me in that atmosphere that they were discussing India and the East: it does you know every now and again » (« PS », 17). Ce manque de cohérence est également sensible chez les personnages présents dans l’assemblée dont le comportement ne correspond pas à la bienveillance dont les représentants de l’empire doivent faire preuve. À titre d’exemple, le colonel, en dépit de ses hautes fonctions dans l’empire, ne semble pas s’intéresser à la vie du peuple indigène :

I had only arrived the day before, but the Colonel (retired) a jolly tubby little man – with white moustaches like two S’s lying side by side on the top of his stupid red lips and his kind choleric eyes bulging out on a life which he was quite content never for a moment to understand – made it a point, my dear Sir, to know every new arrival within one hour after he arrived ». (« PS », 17)

Comme le note le premier narrateur, le colonel est un homme affable dont la vie se résume à ses responsabilités militaires. Cette remarque du narrateur, quoiqu’anodine, indique une certaine incompétence, voire de l’indifférence, de la part du colonel qui de toute évidence a été chargé de maintenir l’ordre sur les confins de l’empire. Le colonel s’endort même avant la fin de l’histoire. Quant à l’archidiacre, la description donnée par le narrateur est tout sauf positive. En effet, le premier narrateur de « Pearls and Swine » se dit méfiant vis-à-vis des pasteurs d’autant plus qu’ils sont vêtus de noir :

In any case I mistrust them even more than the black trousers: they seem to close the last door for anything human to get in through the black clothes. The dog collar closes up the armour above, and below, as long as they were trousers, at any rate some whiff of humanity might have eddied up the legs of them and touched bare flesh. But the gaiters button them up finally, irremediably, for ever. (« PS », 184)

Dans le passage cité, le sentiment d’inconfort et d’enfermement qu’évoquent les habits du clergé est associé à une incapacité à s’ouvrir à l’autre. L’emploi des adverbes tels que « for ever » et « irremediably » ainsi que le verbe « close » témoigne de l’impossibilité de l’échange entre le colonisateur et le sujet colonial. Qui plus est, la couleur noire renvoie à une attitude austère et inflexible. Le costume de l’archidiacre, symbole de la civilisation occidentale, est donc plus qu’étouffant et cache, derrière son air de bienveillance, une intolérance absolue envers autrui. La même méfiance est exprimée à l’égard du grossiste qui est décrit ainsi : « a stock-jobber, plump and comfortable with a greasy forehead and a high colour in his cheeks, smooth shiny brown hair and a carefully grown small moustache : a good dealer in the market : sharp and confident, with a loud voice and shifty eyes » (« PS », 18). Ce premier narrateur est en effet dubitatif à l’égard de la légitimité de cette assemblée à prendre la parole. L’emploi d’adjectifs dépréciatifs tels que « fat », « full-fed » et « assured » met en évidence l’attitude négative du narrateur vis-à-vis des personnes présentes dans la salle. Qui plus est, l’atmosphère civilisée, mais lourde de la salle, décrite avec des termes tels que « solidity », « safety », « horsehair furniture », « tobacco », est en parfaite harmonie avec les voix assurées des défenseurs de l’empire dont ils traduisent le caractère immuable. En outre, les différentes variantes du mot « comfortable » employées à plusieurs reprises dans le texte mettent en relief le sentiment d’inconfort que le narrateur ressent à l’égard de l’empire et de sa mission civilisatrice. À titre d’exemple, l’hôtel dans lequel la conversation a lieu est décrit comme étant inconfortable : « the large gaudy uncomfortably comfortable hotel » (« PS », 17). Cette incongruité entre, le confort dont disposent les personnages de la nouvelle et la sensation d’inconfort exprimée par le premier narrateur renvoie au manque de cohérence du discours colonial.

2. « Knowledge is Power » : Le cas de « Pearls and Swine »

« Pearls and Swine » met au premier plan le manque de cohérence du discours colonial par le biais d’une comparaison entre les théories émises par les colonialistes de salon et la mise en pratique de ces mêmes théories. Le premier narrateur souligne le parallèle dressé par l’assemblée entre la connaissance et le pouvoir :

I suppose they had started on the Durbar and the King’s visit. They had got on to the Indian unrest, to our position in India, its duties, responsibilities, to the problem of the East and West. They hadn’t been there of course, they hadn’t even seen the brothel and café chantant at Port Said suddenly open out into the pink and blue desert that leads you through Africa and Asia into the heart of the East. But they knew all about it, they had solved, with their fat voices and in their fat heads, riddles, older than the Sphinx, of peoples remote and ancient and mysterious whom they had never seen and could never understand. (« PS », 184) Ici, Woolf met en scène et dénonce la situation des hommes placés en position de suprématie vis-à-vis des peuples d’Orient. Ces personnes pensent qu’ils connaissent mieux que quiconque les énigmes qui entourent les peuples « anciens et mystérieux ». De même, dans L’Orientalisme, Saïd note que les colonialistes justifient leur mission impériale par leur connaissance des pays et des peuples colonisés. Rappelant les paroles de Balfour en faveur de l’impérialisme britannique en Orient – « Nous connaissons mieux la civilisation égyptienne que celle de tout autre pays, nous la connaissons de manière plus intime ; nous en savons plus sur elle305 » – Edward Saïd fait ressortir les deux grands thèmes baconiens qui sous-tendent la logique coloniale, c’est-à-dire, le savoir et le pouvoir306. Aux yeux du colonisateur, cette connaissance justifie sa présence sur le territoire colonial. Comme l’indique Chinua Acehbe dans « Colonialist Criticism », il est extrêmement important de pouvoir prétendre de bien connaître ses sujets ; ceci implique deux choses : premièrement que le sujet colonial est dépourvu de toute complexité intellectuelle et psychologique et, deuxièmement, qu’il est facile de le comprendre et de le contrôler307. Dans son célèbre discours de juin 1910, à la Chambre des communes, Arthur James Balfour, ancien premier ministre de la Grande-Bretagne, maintient que les nations occidentales, dès leur émergence

305 Edward W. SAID, L’Orientalisme : l’Orient crée par l’Occident, trad., Catherine MALAMOUD, Paris, Seuil, 2003, p. 47.

306Ibid., p. 46.

307 Chinua ACHEBE, « Colonialist Criticism », The Post-colonial Studies Reader, eds., Bill ASHCROFT, Gareth GRIFFITHS et Helen TIFFIN, London, Routledge, 1995, pp. 57–61.

dans l’histoire, ont fait preuve de capacités d’auto-gouvernance (« self-government »), et ce, grâce à leur mérite, tandis que les Orientaux ont toujours été assujettis aux gouvernements absolus308. Le discours trouve un écho dans les propos tenus par le grossiste qui se dit favorable à plus de fermeté à l’égard du peuple colonisé : « They want a strong hand ». Cela justifie, selon eux, la fermeté du pouvoir britannique à l’égard du peuple colonisé :