E N AMONT DES GRANDES ÉCOLES : LES CLASSES PRÉPARATOIRES
5.2 Le recrutement des CPGE comparé à celui des autres filières du premier cycle universitaire
5.2.1 Le recrutement social des filières du premier cycle du supérieur
Composition sociale des filières du premier cycle. La composition sociale des différentes filières de niveau bac+1 et bac+2 est très clivée (voir figure 5.13). Les écoles post-bac sont les plus sélectives socialement, avec 66 % d’étudiants issus de PCS très favorisées (contre 35 % parmi l’ensemble des étudiants de niveau bac+1 et bac+2) et seulement 7 % d’étudiants issus de de PCS défavorisées (contre 26 % parmi les étudiants de niveau bac+1 et bac+2). Ce phénomène peut s’expliquer non seulement par le fait que ces écoles tendent à sélectionner des élèves per-formants – cette caractéristique étant fortement corrélée avec le capital scolaire familial – mais également par le fait que de nombreuses écoles post-bac sont des formations coûteuses, en particulier les écoles de commerce qui recrutent directe-ment après le baccalauréat.
Bien que quasi gratuites, les CPGE sont le deuxième type de formations les plus sélectives socialement, avec 58 % d’étudiants issus de PCS très favorisées. Dans le paysage de l’enseignement supérieur français, seules les STS se distinguent par une sous-représentation des étudiants d’origine sociale très favorisée (18 % contre 35 % parmi l’ensemble des étudiants de niveau bac+1 et bac+2) et par une sur-représentation des étudiants de PCS moyennes ou défavorisées (68 % contre 52 % parmi l’ensemble des étudiants de niveau bac+1 et bac+2). Même dans les IUT et les formations universitaires plus classiques, les étudiants de PCS favorisées ou très favorisées tendent à être surreprésentés (et ce, un peu plus dans les IUT que dans les licences, qui sont généralement non sélectives).
FIGURE 5.13 – Composition sociale des filières de l’enseignement supérieur (niveaux bac+1 et bac+2), 2016-2017
36%
bac+1/2 STS IUT Université CPGE École
post-bac
Filière (bac+1 et bac+2) PCS défavorisées PCS moyennes PCS favorisées PCS très favorisées
Lecture :Parmi les étudiants des écoles post-bac en 2016-2017, 66 % étaient issus de PCS très favorisées, 9 % de PCS favorisées, 18 % de PCS moyennes et 7 % de PCS défavorisées.
Notes :La composition sociale de la population (colonne « cohorte ») est estimée à partir des données SCOLARITÉ en utilisant la PCS du responsable légal des élèves des cohortes concernées lorsqu’ils étaient inscrits dans l’enseignement secondaire (toutes classes confondues) à l’âge de 14 ans.
Champ :Étudiants français inscrits dans les deux premières années de l’enseignement supérieur en 2016-2017, hors forma-tions paramédicales et sociales, écoles d’architecture, de journalisme et écoles artistiques et culturelles.
Sources :Données SISE (MESRI-SIES), STS/CPGE et SCOLARITÉ (MENJS-DEPP).
Composition sociale en fonction du niveau de sélectivité des filières. Pour toutes les filières de niveau bac+1 à bac+2 hormis les écoles post-bac, plus les for-mations sont sélectives scolairement, plus elles le sont socialement (voir figure 5.14).
La différence de représentation des catégories sociales favorisées et défavorisées en fonction du niveau de sélectivité des formations est cependant plus marquée pour les formations universitaires et pour les CPGE. Les écoles post-bac recrutent toutes une majorité d’étudiants issus de PCS très favorisées, quel que soit leur niveau de sélectivité.
Si certaines filières universitaires comme les études de médecine ou de phar-macie sont plus sélectives socialement que d’autres (comme les lettres et sciences humaines ou l’économie-gestion), la composition sociale de toutes les formations universitaires tend à s’éloigner de plus en plus de celle de la population à mesure
FIGURE 5.14 – Composition sociale des filières d’enseignement supérieur de niveau bac+1/2 en fonction de leur niveau de sélectivité, 2016-2017
(a) Université
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(b) IUT
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(c) STS
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(d) CPGE
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(e) Écoles post-bac
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
Lecture :En 2016-2017, 52 % des étudiants inscrits dans les 10 % des écoles post-bac les moins sélectives étaient issus de PCS très favorisées, 15 % de PCS favorisées, 21 % de PCS moyennes et 13 % de PCS défavorisées.
Notes :Les formations sont classées par décile de sélectivité en fonction du rang percentile moyen de leurs étudiants au baccalauréat général (calculé séparément par série et année de l’examen).
Champ :Étudiants français inscrits dans les deux premières années de l’enseignement supérieur en 2016-2017, hors forma-tions paramédicales et sociales, écoles d’architecture, de journalisme et écoles artistiques et culturelles.
Sources :Données SISE (MESRI-SIES), STS/CPGE, SCOLARITÉ et OCEAN (MENJS-DEPP).
FIGURE 5.15 – Composition sociale des formations universitaires de niveau bac+1/2, par discipline et niveau de sélectivité, 2016-2017
(a) Droit
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(b) Économie/Gestion
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(c) Lettres et sciences humaines
28%
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(d) Sciences et STAPS
22%
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
(e) Médecine et pharmacie
20%
Décile de sélectivité (par ordre croissant)
Lecture :En 2016-2017, 68 % des étudiants inscrits dans les 10 % des licences de sciences et STAPS les plus sélectives étaient issus de PCS très favorisées, 10 % de PCS favorisées, 16 % de PCS moyennes et 7 % de PCS défavorisées.
Notes :Les formations sont classées par décile de sélectivité en fonction du rang percentile moyen de leurs étudiants au baccalauréat général (calculé séparément par série et année de l’examen).
Champ :Étudiants français inscrits à l’université (niveaux bac+1 et bac+2) en 2016-2017.
Sources :Données SISE (MESRI-SIES), SCOLARITÉ et OCEAN (MENJS-DEPP).
que leur niveau de sélectivité augmente (voir figure 5.15) : mis à part en STS, les étudiants d’origine sociale favorisée ou très favorisée représentent la majorité des effectifs dans les 10 % de formations universitaires les plus sélectives, toutes disciplines confondues.
FIGURE 5.16 – Composition sociale des filières d’enseignement supérieur en première et deuxième années d’études post-bac, 2016-2017
(a) Université
Lecture :En première année d’études post-bac (niveau bac+1), 33 % des étudiants inscrits à l’université en 2016-2017 étaient issus de PCS très favorisées ; en deuxième année d’études (niveau bac+2), cette proportion s’élevait à 38 %.
Champ :Étudiants français inscrits dans les deux premières années de l’enseignement supérieur en 2016-2017, hors forma-tions paramédicales et sociales, écoles d’architecture, de journalisme et écoles artistiques et culturelles.
Sources :Données SISE (MESRI-SIES), STS/CPGE et OCEAN (MENJS-DEPP).
Composition sociale en fonction du degré d’études. Les différences de compo-sition sociale entre les CPGE et les écoles post-bac, d’une part, et les formations
uni-versitaires de premier cycle, d’autre part, se réduisent légèrement entre la première et la deuxième année d’études supérieures (voir figure 5.16). Au niveau bac+1, 57 % des étudiants de CPGE et 66 % des étudiants des écoles post-bac étaient issus de PCS très favorisées en 2016-2017, contre 24 % des étudiants de STS ou d’IUT et 33 % des étudiants inscrits à l’université (niveau L1). Au niveau bac+2, la com-position sociale des CPGE et des écoles post-bac était comparable à celle observée au niveau bac+1, alors que la proportion d’étudiants de PCS très favorisées aug-mentait sensiblement dans les formations universitaires (passant de 33 % en L1 à 38 % en L2). Ce phénomène s’explique par le fait que les CPGE, bien que beaucoup plus sélectives socialement, sont moins exposées à la « sélection par l’échec » que les formations de licence, phénomène qui pèse plus lourdement sur les étudiants de milieux défavorisés.