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Chapitre 8. Conclusion

8.2 Recommandations

Aux acteurs concernés par le verdissement à l’échelle de l’agglomération, nous pourrions adresser les recommandations suivantes. D’abord, il importe qu’un véritable examen des vulnérabilités territoriales soit effectué, en prenant aussi compte des vulnérabilités sociales. Elles ne devraient pas se limiter aux vulnérabilités en lien avec les ICU et la GEP, mais aussi à la résilience de toutes les infrastructures, des risques d’inondations, du verglas, etc. Nous souhaitons ardemment que le Plan d’adaptation au changement climatique en cours d’élaboration avec la collaboration d’Ouranos dresse un portrait étayé de ces vulnérabilités territoriales.

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Au niveau du PPA, il était impératif que le SADAM incorpore des mesures de verdissement visant l’ACC pour que les différents arrondissements amorcent une réflexion sur l’enjeu. Toutefois, le SADAM ne fournit pas de seuil à respecter par les paliers inférieurs. La typologie des mesures ici est très importante, en ce que l’absence de seuils minimaux permet aisément aux paliers inférieurs de fixer des objectifs peu ambitieux. Dans un contexte où la volonté des élus d’agir dans le sens de l’ACC est très hétérogène, il conviendrait que le SADAM oblige la Ville de Montréal à intégrer dans son prochain plan d’urbanisme des chapitres d’arrondissement qui fixeront des seuils en fonction des particularités d’aménagement de chaque arrondissement et qui seront incorporés dans la réglementation.

Au niveau de l’APA, un rôle crucial est joué par les acteurs privés. La recherche insiste sur l’importance que ces acteurs soient intégrés dans le processus. Ce faisant, la Ville décuple sa capacité d’intervention auprès des propriétaires fonciers non municipaux. Il est probablement trop tôt dans le cycle de la politique pour déterminer si d’autres acteurs gagneraient à être intégrés dans l’APA. Il faudra attendre quelques années avant qu’on puisse procéder à l’évaluation de la politique et revoir, si nécessaire, sa composition. En fonction des besoins, de nombreuses options s’ouvriraient à la Ville de Montréal, notamment la création d’une nouvelle unité administrative responsable de l’ACC. À notre avis, la création d’un Bureau du changement climatique pourrait permettre une meilleure coordination de l’ensemble des actions visant à adapter le territoire montréalais au CC et cette même entité pourrait servir de « guichet unique » pour les partenaires extramunicipaux impliqués dans les initiatives visant à contrer les effets néfastes du CC, que ce soit par la lutte aux ICU et à la pollution atmosphérique, la GEP, etc. S’il n’y a pas de nouvelle unité, la redéfinition des responsabilités de certains services (par exemple le SGPVMR) pour y intégrer la coordination des activités de verdissement en lien avec l’ACC peut être pertinente. Tant que les enjeux principaux de l’ACC sont vus comme étant les ICU et la GEP, le SGPVMR demeure un acteur incontournable de la mise en œuvre de l’ACC. Finalement, la Ville pourrait opter pour la mise sur pied d’une instance de concertation formelle entre les services impliqués et les acteurs privés.

C’est au niveau de la mise en œuvre que nous avons noté les lacunes les plus importantes. Si le PAC est un outil ambitieux légitimé par un examen minutieux de l’aménagement de la ville, il présente une faiblesse majeure : l’absence de garanties de financement pour le domaine privé. En effet, l’intervention auprès des propriétaires privés pour les inciter à planter des arbres sur leur terrain est déjà difficile à coordonner. En garantissant un financement aux propriétaires pour l’achat des arbres, la Ville pourrait améliorer nettement le rendement des équipes dépêchées sur le terrain. Heureusement, la Ville peut compter sur la grande implication des organismes regroupés sous l’ombrelle de l’Alliance forêt urbaine qui

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réussissent à trouver des sources de financement pour faciliter l’opération de verdissement. De plus, la Ville doit impérativement tenir compte du nouveau défi que pose l’agrile du frêne dans l’atteinte des objectifs du PAC. En effet, les faits montrent que pour les quelques premières années de mise en œuvre du PAC, il y a un déficit de plantation d’arbres sur le domaine public à cause des abattages reliés à la présence de l’insecte ravageur (Bennesaieh, 2014). Les autorités publiques ont un rôle essentiel à jouer et doivent servir d’exemple à suivre. En revoyant dès maintenant les objectifs de verdissement, en prévoyant les budgets nécessaires pour le remplacement des arbres abattus et les nouvelles plantations dans le Plan triennal d’immobilisation (PTI), il sera possible d’accélérer le rythme actuel de plantation et atteindre les objectifs d’accroissement de la canopée d’ici 2025. Et comme on le mentionne dans le PAC, le temps est un allié précieux vu l’accroissement de la couronne foliaire des arbres avec les années. Plus tôt ce sera repensé et planifié, plus le rendement sera au rendez-vous.

Pour conclure, la révision des plans d’action devrait se traduire non seulement par une mise en œuvre plus efficace, mais aussi par le choix d’indicateurs de suivi et de succès. Or, le concept d’ACC est fort complexe, et il s’avère difficile de choisir des indicateurs de suivi qui pourront témoigner de l’efficacité des mesures prises. C’est pourquoi nous croyons qu’en dépit des lacunes qu’il représente, le choix de l’indice de canopée comme indicateur de succès de la politique de verdissement est l’un des meilleurs que la Ville de Montréal peut utiliser pour le moment, en attendant que la recherche académique fournisse de nouveaux éléments d’analyse. Un indicateur fort précieux serait le coefficient d’imperméabilisation du sol dans l’agglomération montréalaise. En effet, un sol peut être à 100 % perméable sans nécessairement être surmonté d’une couronne foliaire. Il est possible que de futurs instruments de cartographie permettent de déterminer un tel indice. Dans ce cas, cet indice devrait être couplé avec celui de canopée pour créer un indice mixte.

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