Recherches futures

En regard des résultats du présent mémoire, des questions demeurent et mériteraient d’être soulevées et étudiées éventuellement. En premier lieu, il appert que la perception des professionnels et des enfants qui prennent part à cette modalité revêt de l’importance et aiderait à articuler une meilleure compréhension de la modalité et de ses effets selon différentes perceptions. Il persiste une confusion chez les parents concernant les distinctions entre les différentes utilisations récréatives ou thérapeutiques du cheval (Mainville et coll., 2014) et une minimisation des risques (Léveillé et coll., 2017). Considérant cela, l’avis des professionnels qui effectuent la démarche réflexive les menant à considérer l’hippothérapie pour certains enfants serait intéressant à documenter et représenterait un ajout à la littérature

scientifique actuelle. Aussi, notre projet a mis de l’avant une association entre l’hippothérapie et les catégories d’habitudes de vie des enfants de l’œil de leur principal aidant naturel. Néanmoins, il ne peut pas être écarté que la perception des enfants permettrait de faire des nuances supplémentaires. Seul l’enfant réalisant ses habitudes de vie peut stipuler hors de tout doute qu’une activité est réellement plus facile à réaliser qu’auparavant, s’il a les capacités cognitives et communicationnelles appropriées. Chez les enfants ayant un suivi de réadaptation sur de longues périodes, s’enquérir de leur plaisir et de leur motivation en thérapie est également un facteur important pouvant influencer leur conciliation au traitement (Léveillé et coll., 2017). En ce sens, questionner les enfants dans leur perception des approches variées qu’ils ont expérimentées, dont l’hippothérapie, et des progrès qu’ils ont réalisés apporterait des informations pertinentes à intégrer au processus de prise en charge des enfants et à la réflexion des thérapeutes.

En second lieu, l’utilisation de devis quasi-expérimentaux et expérimentaux (p. ex. : pré- post) apparaît primordiale dans le développement de conclusions solides quant aux effets de l’hippothérapie sur les habitudes de vie des enfants. Il serait cependant nécessaire d’établir des critères d’exclusion spécifiques réduisant l’impact des variables confondantes tel le fait de recevoir simultanément d’autres services ou traitements. Un protocole de traitement permettrait également d’uniformiser des interventions reçues. Tel que mentionné au chapitre 1, l’hippothérapie ne présente pas un protocole fixe et le choix des activités réalisées relève entièrement des connaissances et de l’aisance du professionnel. Il a donc été constaté, lors de la revue systématique, que les interventions en hippothérapie variaient entre les études et parfois au sein d’une même étude. En outre, l’utilisation de devis quasi-expérimentaux et expérimentaux impliquant différents professionnels permettrait de déterminer l’association entre le type d’interventions et les retombées observées. Parallèlement, des outils reconnus et standardisés pourraient également être utilisés pour mesurer les effets de l’hippothérapie. Par ailleurs, deux outils, l’un centré sur la réalisation des habitudes de vie, la MHAVIE (Réseau international sur le Processus de production du handicap, 2018), l’autre sur la réalisation d’activités quotidiennes significatives, la Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel (Law et al., 1998), seraient des options intéressantes pour tirer des conclusions en regard de certaines habitudes de vie ou de la participation sociale dans des activités

précises. Tous ces éléments contribueraient alors à l’établissement de conclusions solides quant aux effets de la modalité HPOT sur la participation sociale et auraient certainement un impact sur les recommandations de prise en charge en regard des problématiques initiales des clients.

Finalement, la perception des parents mériterait d’être davantage détaillée par le biais de devis qualitatifs. La littérature scientifique actuelle fait état de la perception des parents dans le contexte de services en hippothérapie auprès de peu de parents à la fois et se centre davantage sur les bienfaits et les risques perçus. Les effets sur les habitudes de vie ne sont donc pas explorés via ce médium, alors que cela permettrait d’élargir notre compréhension des effets de l’hippothérapie. Notamment, réaliser un focus group auprès d’un plus grand nombre de parents permettrait d’obtenir des détails d’importance sur des aspects spécifiques de la réalisation des habitudes de vie de leur enfant suite à l’hippothérapie. De surcroît, il serait possible de documenter le niveau d’aide requise et si, par exemple, les améliorations perçues se situent au niveau d’activités réalisées initialement par le jeune ou si l’hippothérapie a permis d’intégrer au quotidien de nouvelles activités et habitudes de vie.

5.4 Conclusion

Ce mémoire a rendu possible la documentation de l’opinion de parents quant aux impacts de l’hippothérapie sur la réalisation des habitudes de vie de leur enfant. Pour y parvenir, une revue systématique a d’abord été réalisée afin de dresser un portrait des connaissances actuelles sur les effets de l’hippothérapie sur les habitudes de vie d’enfants aux diverses incapacités. Il a alors été constaté que la réalisation des habitudes de vie qui la composent est une variable peu explorée dans la littérature scientifique s’attardant aux impacts de l’hippothérapie sur une clientèle pédiatrique. Face au manque de données probantes constatées, une enquête a été réalisée pour documenter les effets de cette modalité sur la réalisation des habitudes de vie d’enfants québécois atteints de déficience motrice ou de trouble neurodéveloppemental, de l’avis de leur parent. Il a alors été possible de déterminer que les parents attribuent à l’hippothérapie un impact positif sur la majorité des catégories d’habitudes de vie. La proportion d’impact positif est statistiquement significative (p=0,00) pour 10 des 12 catégories d’habitudes de vie. Les catégories jugées plus importantes sont : Communication (73,1%), Éducation (50,0%), Relations interpersonnelles (42,3%), Déplacements (34,6%) et Condition corporelle (19,2%). Cette étude a également mis de l’avant les raisons variées menant les parents à considérer et accepter l’hippothérapie comme modalité auprès de leur enfant. De plus, des facilitateurs et obstacles à l’hippothérapie ont été identifiés et constituent un ajout à la littérature scientifique en plus de favoriser une meilleure vue d’ensemble de la modalité et de la compréhension des parents concernant l’hippothérapie. Les résultats obtenus par l’intermédiaire de ce projet permettent d’envisager un effet positif de l’hippothérapie sur la réalisation des habitudes de vie chez une clientèle de 18 ans et moins présentant une déficience motrice ou un trouble neurodéveloppemental. Certains éléments restent à préciser concernant cette modalité et les habitudes de vie. La perception des autres acteurs impliqués dans la modalité (professionnels et enfants) mériterait d’être documentée via des études qualitatives pour dresser un portrait plus fidèle de l’expérience de l’hippothérapie. Aussi, la part d’impact appartenant réellement à l’hippothérapie et les habitudes de vie qui bénéficient davantage de la modalité nécessiteraient que l’on s’y attarde ainsi que l’association entre le type de professionnels utilisant la modalité et les effets sur les différentes habitudes de vie. L’utilisation de devis

expérimentaux par les prochaines études sera alors nécessaire pour tirer des conclusions solides sur les effets de l’hippothérapie sur le quotidien des enfants.

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