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Chapitre 5 – Discussion

5.1 Atteinte de l’objectif général et des objectifs spécifiques de recherche

Ce mémoire a atteint son objectif général en documentant l’opinion des parents en regard de l’impact des services d’hippothérapie sur les habitudes de vie d’enfants atteints de déficience motrice ou d’un trouble neurodéveloppemental. Les résultats concernent la réalisation des habitudes de vie qui est un enjeu de réadaptation, en abordant l’hippothérapie comme une solution relativement nouvelle au Québec et présentement utilisée auprès d’une variété de clientèles. Tous les objectifs spécifiques et questions de recherche ont été répondus. Dans les articles scientifiques, une des deux hypothèses a pu être confirmée.

L’objectif 1 « Documenter, grâce à la littérature scientifique existante, les effets de l’hippothérapie sur la réalisation des habitudes de vie d’enfants aux incapacités diverses » a été atteint. Il avait pour variables principales les catégories d’habitudes de vie. C’est la première étude en hippothérapie allant au-delà d’observer l’effet sur quelques facteurs personnels de l’individu ou habitudes de vie seulement. Cette revue systématique de la littérature scientifique a permis de mettre en lumière 20 études abordant la réalisation de catégories d’habitudes de vie mesurées à la suite d’interventions en hippothérapie. Il a été constaté que la réalisation des habitudes de vie est peu investiguée dans son ensemble et que plusieurs habitudes de vie sont négligées (Potvin-Bélanger et coll., à soumettre). La majorité des habitudes de vie présentes dans les études recensées (soit 8 des 12 catégories considérées dans le PPH) étaient évaluées via des activités relatives à ces habitudes de vie de façon indépendante et isolée. Les catégories d’habitudes de vie les plus documentées concernaient la communication, les relations interpersonnelles et les déplacements. Les résultats des études trouvées appuient la présence d’un effet positif de l’hippothérapie sur ces trois catégories d’habitudes de vie. Les résultats de la revue systématique sur l’hippothérapie

appuient surtout la catégorie « déplacements », ce qui est cohérent avec beaucoup d’études documentant des facteurs personnels de la personne, fréquemment investigués avec l’hippothérapie. Par exemple, plusieurs auteurs ont validé les effets de l’hippothérapie sur l’équilibre (Kang, Jung et Yu, 2012), la musculature du tronc et des membres inférieurs (Benda, McGibbon et Grant, 2003) et le patron de marche (Mutoh et coll., 2018); des éléments déterminants pour cette catégorie. L’exploration de la littérature scientifique existante a également mis de l’avant des résultats non concluants pour les neuf autres catégories d’habitudes de vie, celles-ci étant ciblées que dans une seule étude ou non évaluées. Il s’avère donc vrai que la réalisation de l’ensemble des habitudes de vie est peu étudiée; aucune étude abordant les effets de l’hippothérapie sur les 12 catégories n’a été répertoriée. À cet égard, l’hypothèse théorique selon laquelle l’impact sur l’ensemble des habitudes de vie est peu étudié en relation avec l’hippothérapie chez une clientèle pédiatrique, mais que certaines catégories d’habitudes de vie seront individuellement documentées » a été confirmée.

Les objectifs 2 à 5 du mémoire ont également été atteints grâce à l’enquête mise sur pied dans le cadre de ce mémoire. L’objectif 2 a été répondu en « Documentant l’impact de l’hippothérapie sur les habitudes de vie des enfants, selon l’opinion de leur parent ». Les résultats sont originaux tel qu’établi par la revue systématique sur les habitudes de vie et l’hippothérapie réalisée à l’objectif 1 (Potvin-Bélanger et coll., à soumettre). Il appert que les catégories d’habitudes de vie sont positivement influencées par l’hippothérapie, à l’exception du travail et de la vie communautaire (réponse à la question de recherche QR1). Les catégories d’habitudes de vie les plus importantes pour les parents sont : communication, éducation, relations interpersonnelles, déplacements et condition corporelle (réponse à QR2). Il n’a pas été possible d’établir d’association entre le type de HPOT (ergothérapie, physiothérapie, orthophonie) et les habitudes de vie, vu la taille de l’échantillon obtenue (QR3 non répondue). Est aussi partiellement confirmée l’hypothèse que certaines catégories d’habitudes de vie (communication, déplacement, loisir, relations interpersonnelles) seront plus fortement positivement associées à l’hippothérapie selon l’impact perçu par les parents. Les quatre catégories sont associées à HPOT au premier abord, mais il n’y en aurait que deux si le test de proportion est repris en excluant les options de réponses centrales, considérées

comme les options neutres de l’échelle à 6 niveaux. L’hypothèse est donc partiellement vraie, i.e. vraie, mais pour deux catégories sur quatre, soient les relations interpersonnelles et les déplacements. Ceci corrobore l’avis des parents concernant l’hippothérapie obtenu par d’autres auteurs (Debuse et coll., 2009; Léveillé et coll., 2017). Debuse et collègues (2009) révèlent que l’un des éléments identifiés, sous la catégorie des bienfaits physiques, est l’amélioration de l’habilité à marcher et à monter les escaliers, deux tâches cohérentes avec l’habitude de vie de déplacement. Léveillé et collègues (2017) ont quant à eux établi que les parents perçoivent la relation enfant-cheval issue des séances d’hippothérapie comme un bienfait important; l’hippothérapie agirait donc positivement sur les relations interpersonnelles de l’enfant. Ces mêmes auteurs ont également noté que les parents envisagent peu les bienfais de l’hippothérapie sur les soins personnels de leur enfant, alors que dans l’enquête de ce mémoire, un impact positif a été relevé.

L’objectif 3 du mémoire « Décrire les facteurs personnels des enfants bénéficiant de séances d’hippothérapie » a également été atteint. Plusieurs diagnostics étaient représentés, dont la paralysie cérébrale qui, contrairement à la littérature scientifique, n’était pas en majorité. Les diagnostics les plus nombreux correspondaient plutôt à ceux plus maigrement étudiés dans les études portant sur l’hippothérapie, par exemple, le TDAH, le TSA et le retard de développement. De plus, plusieurs troubles étaient répertoriés par les parents et n’ont fait l’objet d’aucune étude sur l’hippothérapie par le passé. Parmi ceux-ci se trouvent des maladies génétiques, tels le syndrome de Prader-Willi, et le trouble d’opposition. Bien qu’il ne soit pas possible ici d’analyser efficacement les résultats individuels reliés à ces diagnostics, il demeure intéressant de constater l’étendue de facteurs personnels justifiants ou compatibles avec l’emploi de l’hippothérapie au Québec. L’utilisation d’aides techniques, d’adaptations du domicile et d’autres services a également été documentée pour pouvoir nuancer les conclusions de ce mémoire. Compte tenu du grand nombre d’enfants en bénéficiant et de leurs impacts possibles sur la réalisation des habitudes de vie, il ne peut être exclu que les réponses des parents représentent également l’impact de ces aides et services sur le quotidien de l’enfant.

L’objectif 4 du mémoire « Documenter les raisons des parents les ayant motivés à essayer l’hippothérapie » a été atteint. Il s’agit des premiers résultats sur les raisons de participer à

des séances d’hippothérapie. Plusieurs facteurs personnels ont été choisis par les parents comme ayant motivé leur choix d’avoir accepté les séances d’hippothérapie. Ceux-ci sont majoritairement relatifs aux incapacités (aptitudes) de leur enfant. Pour leur part, les facteurs environnementaux sélectionnés correspondent aux caractéristiques de l’hippothérapie, soit que la modalité a été recommandée par un proche ou un professionnel de la santé. Une autre raison a été sélectionnée par les parents : le fait que cette modalité offre un loisir adapté. Pourtant l’hippothérapie est une modalité d’intervention thérapeutique qui doit être considérée comme telle et pas comme une forme de loisirs pour les enfants à besoins particuliers qui ne poursuit pas les mêmes objectifs. Cet élément soulève donc un questionnement déjà relevé par Mainville et collègues (2014). Ces auteurs mentionnent en effet qu’il persiste au Québec une incompréhension et une confusion des différences entre les types d’activités incluant le cheval, récréatives ou thérapeutiques. Cependant, le fait que cette modalité puisse constituer une activité significative pour l’enfant, tel que le signifient les réponses des parents, s’avère cohérent avec la profession d’ergothérapie et ses construits.

Enfin, l’objectif 5 « Documenter les facilitateurs et obstacles identifiés par les parents justifiant la recommandation ou non de l’HPOT à d’autres parents » est atteint. Plusieurs facteurs de risques, personnels et environnementaux entravant ou facilitant l’utilisation de l’hippothérapie auprès de leur enfant sont ressortis et corroborent les résultats de Léveillé et collègues (2017) et Debuse et collègues (2009). Des facilitateurs, non identifiés par ces auteurs, ont cependant été mis de l’avant dans notre enquête : la diminution de comportements inadéquats chez l’enfant, le contact avec la nature, les responsabilités prises par l’enfant lors de l’hippothérapie, la stimulation sensorielle offerte par cette modalité et le fait que l’hippothérapie diffère des thérapies traditionnelles et peut être perçue comme un loisir. En ce sens, les facilitateurs identifiés via l’enquête sont complémentaires à ceux des études existantes. L’identification par les parents d’obstacles (facteurs environnementaux, personnels ou de risque) à l’hippothérapie est un résultat novateur, parce que peu documenté dans la littérature scientifique. Léveillé et collègues (2017) mentionnent en ce sens que les parents tendent à minimiser les risques relatifs à la modalité d’hippothérapie, ce qui est cohérent avec un de nos résultats : neuf parents sur 26 indiquent qu’ils ne voient pas de raison de ne pas recommander l’hippothérapie à d’autres. La proportion de facilitateurs et

d’obstacles identifiés (2 pour 1) dans l’enquête du mémoire supporte également cette minimisation des risques. Le risque de chutes et de morsures, ainsi que certaines conditions médicales contre-indiquées telles les allergies ont été soulevées par Léveillé et collègues (2017) et par le présent projet de maîtrise. L’enquête a toutefois permis d’identifier trois obstacles rapportés par les parents et n’ayant pas été relevé par ces auteurs : les difficultés d’habiletés sociales de l’enfant, la gestion des émotions de l’enfant et les coûts de l’HPOT.

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