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Recherches actuelles sur le bien-être subjectif

Première partie Contexte théorique

1. Le bien-être subjectif

1.2. Recherches actuelles sur le bien-être subjectif

Selon Diener et Napa Scollon (2014), le bien-être subjectif génère annuellement plus de 10 000 publications scientifiques depuis quelques années constituant un objet d’étude très florissant. Il semble vain de dresser un bilan exhaustif des recherches actuelles sur quelques pages se centrant à la fois sur la définition du concept, sa mesure et sa variabilité interindividuelles. Ainsi, nous évoquerons, présentemment, les recherches actuelles sur le bien-être subjectif sous l’angle de sa relation avec les différentes sphères de vie, les caractéristiques individuelles et les différences interculturelles.

1.2.1. Bien-être subjectif et sphères de vie

Pour rédiger cette partie, nous nous sommes partiellement appuyés sur l’ouvrage de Diener et Biswas-Diener (2008) qui présente une revue du concept en proposant un découpage en différentes sphères de vie. Une revue de la littérature enrichie nous a permis de sélectionner quelques études scientifiques complémentaires qui permettent de mettre en relief tout l’intérêt et tout le potentiel que recèlent les études sur le bien-être subjectif. Les différences sphères de vie sélectionnées sont celles qui peuvent plus particulièrement se mettre en lien avec le bien-être étudiant bien que nous ne prétendons pas à l’exhaustivité.

1.2.1.1. La santé

Une influence positive sur la santé. De nombreux chercheurs se sont intéressés à

l’influence du bien-être subjectif sur la santé, donnant lieu à des résultats consensuels quant à leurs bénéfices sur celle-ci (Diener & Chan, 2011). Deux études scientifiques seront évoquées pour illustrer les liens entre ces deux variables. La première, une recherche menée par Cohen,

Doyle, Turner, Alper et Skoner (2003), a été conduite auprès de 334 adultes étatsuniens en bonne santé dans le but de tester de manière empirique les effets du bien-être subjectif sur l’adaptation à une maladie. Ainsi, chaque participant reçut un rhinovirus inoffensif dont l’une des conséquences est le développement d’un rhume. Les chercheurs ont pris en compte à la fois des symptômes objectifs (indicateurs physiologiques) et subjectifs (perception par le sujet de sa maladie) mettant en évidence que les individus ayant le niveau de bien-être subjectif le plus élevé initialement sont ceux qui développent le moins de symptômes. Ces effets se retrouvent aussi bien pour les symptômes objectifs que subjectifs. Ensuite, une recherche s’inscrivant dans le décryptage des effets des émotions ressenties durant un évènement sportif majeur sur la santé fut réalisée par Berthier et Boulay (2003). Ces auteurs ont mis en évidence que la victoire des Bleus lors de la finale de la Coupe du Monde de football en 1998 s’est accompagnée d’une réduction significative du nombre de décès liés à un infarctus du myocarde chez une population masculine française. Witte, Bots, Hoes et Grobbee (2000) mirent en évidence l’effet inverse auprès d’une population masculine néerlandaise lorsque l’Ajax d’Amsterdam perdit face la Juventus de Turin lors de la finale de Ligue des Champions de l’UEFA de 1995-1996. Nous pouvons souligner que dans les deux études, aucune différence significative n’a été observée auprès des populations féminines. Dans cette perspective, nous pourrions nous interroger sur l’effet de la suprenante défaite du Brésil face à l’Allemagne sur la santé des supporters brésiliens pendant la Coupe du Monde de football de 2014.

Bénéfices et limites. Dans leur revue sur les effets positifs du bien-être subjectif sur la

santé, Diener et Biswas-Diener (2008) ont identifié huit bénéfices potentiels : 1) une plus grande tolérance à la douleur, par opposition au fait d’exagérer la perception d’un symptôme, 2) le développement d’une bonne hygiène de vie, 3) un meilleur fonctionnement du système immunitaire, 4) des problèmes cardiovasculaires moindres, 5) une guérison plus rapide d’une maladie ou d’une blessure, 6) une meilleure gestion du stress, 7) un meilleur fonctionnement hormonal, et 8) un soutien social plus important. Pour ce dernier point, Diener et Biswas-Diener (2008) évoquent qu’une personne ayant un bien-être subjectif élevé développe des relations sociales positives contribuant conjointement à une meilleure santé. Diener et Chan (2011) relèvent néanmoins une taille des effets assez hétérogène et des difficultés à trouver des résultats directement comparables. Par exemple, Lett et al. (2004) montrent qu’une personne dépressive a presque deux fois plus de chance d’avoir des problèmes cardiovasculaires qu’une personne jugée saine (ratio de 1.5 à 2.00) alors que Chida et Steptoe

(2008) mettent en évidence qu’une personne ayant un faible bien-être psychologique présente un risque de mortalité légèrement plus élevé (ratio de 1.22). Diener et Chan (2011) évoquent également que les relations entre le bien-être subjectif et la santé sont encore en débat, soulignant l’effet potentiel d’un biais de publication ou de l’orientation des résultats par les chercheurs. Ils citent notamment l’étude de Bjornskov (2008) qui montre que les dépenses de santé dans les pays les plus heureux ne sont pas significativement plus faibles que celles engagées dans les pays les moins heureux. De même, il y aurait un risque pour une personne ayant un bien-être subjectif trop élevé de négliger ses troubles de la santé pensant qu’elle va facilement s’en remettre. Enfin, ces études n’excluent pas le fait qu’une bonne santé contribue également de manière significative au bien-être subjectif (Deaton, 2008).

1.2.1.2. L’argent et le matérialisme

Nous avons pu précédemment évoquer le paradoxe d’Easterlin (1974) pour montrer que l’augmentation du niveau de vie ne contribuait pas nécessairement à celle du bien-être subjectif. Nous allons maintenant étayer la nature des relations entre l’argent et le bien-être subjectif essentiellement sous l’angle d’une approche ascendante.

Un lien modeste mais significatif. De nombreuses études ont exploré les liens

éventuels entre le niveau de revenu et le niveau de bien-être subjectif mettant en évidence un lien modeste mais significatif entre les deux variables à l’intérieur d’un pays (Boyce, Brown, & Moore, 2010 ; Lawless & Lucas, 2011 ; Levin et al., 2011 ; Lucas & Schimmack, 2009 ; Luhmann et al., 2011) avec tout de même l’observation d’un certain plafond où le niveau de revenu ne contribue plus autant au bien-être subjectif (Mentzakis & Moro, 2009). De même, ces résultats sont observés entre les pays (Diener & Biswas-Diener, 2008 ; Diener, Ng, Harter, & Arora, 2010 ; Diener, Tay, & Oishi, 2013 ; Tay & Diener, 2011) avec là encore un effet différencié où le lien est plus intense dans les pays pauvres que dans les pays riches (Oishi, Diener, Lucas, & Suh, 1999). Néanmoins, ces résultats corrélationnels ne permettent pas d’apprécier pleinement la nature des relations entre ces deux variables.

Pauvreté et bien-être subjectif. Ainsi, le fameux « Indiana Jones de la psychologie

positive » est allé à la rencontre de populations extrêmement pauvres comme des prostitués à Calcutta (Biswas-Diener & Diener, 2001), des personnes sans domicile fixe en Inde et aux États-Unis (Biwas-Diener & Diener, 2006) ou des individus vivant dans un contexte dénué de

tout matérialisme comme les communautés amishs, les communautés inuits ou encore les communautés maasais (Biswas-Diener, Vittersø, & Diener, 2005) mettant en évidence que l’ensemble des individus interrogés présentaient un niveau de bien-être subjectif relativement moyen. Diener et Biswas-Diener (2008) proposent alors de concevoir la contribution de l’argent au bien-être subjectif comme le différentiel entre ce que l’individu dispose et ce qu’il attend. Cependant, une replication de l’étude de Biswas-Diener et Diener (2001) auprès de différentes classes sociales au Nicaragua montre que les travailleurs les plus pauvres ont un niveau de bien-être subjectif dramatiquement faible comparativement aux populations appartenant aux classes sociales les plus élevés (Cox, 2012).

Richesse et bien-être subjectif. Parallèlement, plusieurs travaux ont également été

conduits auprès de personnes riches ou devenues riches. Tout d’abord, Diener, Horwitz et Emmons (1985) ont conduit une étude auprès de cent personnes figurant dans le classement des personnalités les plus riches des États-Unis afin d’évaluer leur niveau de bien-être subjectif. Cette étude met en évidence des scores plus faibles que ceux observés parmi un groupe d’individus représentatifs de la population nationale. Ensuite, en Grande-Bretagne, une étude longitudinale, menée auprès de gagnants du loto, met en évidence une augmentation du bien-être subjectif lors de la remise des gains mais il s’avère que deux ans plus tard, le bien-être subjectif est revenu à son niveau initial (Gardner & Oswald, 2007). Ces éléments permettent ainsi de relativiser l’influence de l’argent sur le bien-être subjectif auprès des personnes riches.

Le secret du riche heureux. Diener et Biswas-Diener (2008) évoquent une variable

médiatrice importante en soulignant que le secret du bonheur des personnalités les plus riches de la planète comme Bill Gates, Warren Buffet ou encore Paul Allen est celui de redistribuer une partie de leur richesse dans différentes actions caritatives. Plusieurs études tendent à confirmer la pertinence de ce processus (Aknin et al., 2013 ; Aknin, Sandstrom, Dunn, & Norton, 2011 ; Dunn, & Aknin, & Norton, 2008 ; Greenen, Hohelüchter, Langholf, & Walther, 2014 ; Liu & Aaker, 2008) bien que d’autres variables comme les traits de la personnalité peuvent aussi intervenir dans cette relation (Soto & Luhmann, 2013). Cette conclusion peut s’illustrer par le roman de Charles Dickens intitulé « Un chant de Noël » (1843) où Ebenezer Scrooge, un vieil homme avare se rend compte au fil de l’histoire que son argent peut contribuer au bien-être de son entourage et lui apporter en retour une plus grande satisfaction et un sens à sa vie.

Le bien-être subjectif influence le revenu futur. À l’opposé, certains travaux

indiquent qu’un haut niveau de bien-être subjectif est prédicteur du revenu futur. Ils mettent en avant comme explication que les personnes heureuses connaissent une ascension sociale plus importante compativement aux personnes qui paraissent malheureuses (Diener & Biswas-Diener, 2009 ; Lyubomirsky, Tucker, & Kasri, 2001). Ces éléments soulignent la difficulté d’établir avec certitude les relations causales entre l’argent et le bien-être subjectif.

Le matérialisme nuit au bien-être subjectif. De nombreuses études soulignent

également l’impact négatif du matérialisme sur le bien-être subjectif (Froh, Emmons, Card, Bono, & Wilson, 2011 ; Tsang, Carpenter, Roberts, Frisch, & Carlisle, 2014). Ainsi, Solberg, Diener et Robinson (2004) expliquent que le faible niveau de bien-être subjectif observé chez les personnes matérialistes est lié au fait que ces personnes développent des attentes très fortes envers l’objet qu’elles souhaitent acquérir et s’imaginent déjà les émotions positives comme la gratitude qu’elles ressentiront. Or, une fois l’objet obtenu, les émotions ont tendance à rapidement diminuer pour retourner à leur stade antérieur voire en-dessous. Dans l’étude de Cockrill (2012), les effets bénéfiques de la détention d’un iPod sur le bien-être subjectif ne peut être envisagé qu’à court terme. De même, le haut niveau de matérialisme observé en Corée du Sud est mis en avant pour expliquer le faible bien-être subjectif de la population sud-coréenne (Diener & Oishi, 2000). Dans une culture dite collectiviste comme la Corée du Sud mettant beaucoup l’accent sur la comparaison sociale dans l’évaluation du bien-être subjectif (Srivastava, Locke, & Bartol, 2001 ; Suh, 2007), ce phénomène aurait ainsi tendance à amplifier les conséquences négatives du matérialisme sur le bien-être subjectif de la population sud-coréenne (Diener, Suh, Kim-Prieto, Biswas-Diener, & Tay, 2010).

1.2.1.3. Les relations sociales

Le besoin d’interactions sociales. Les relations sociales constituent un thème très

large et transversal à d’autres sphères de vie indiquant, suivant l’idée d’Aristote, que l’individu est avant tout un être social18 et que ces premières sont les meilleures prédictrices du bien-être subjectif (Diener & Seligman, 2002 ; Leung, Kier, Fung, Fung, & Sproule, 2013 ; Park, Peterson, & Seligman, 2004). De même, les émotions les plus fortes dans la vie d’un

individu impliquent, généralement, une interaction sociale (Diener & Seligman, 2009 ; Hammen & Brennan, 2002).

Une causalité non définie. Des modèles descendants et ascendants existent pour

caractériser les liens entre le bien-être subjectif et les relations sociales rendant la causalité particulièrement complexe à établir et suggérant l’existence d’une relation réciproque (Diener & Biswas-Diener, 2008 ; Diener & Seligman, 2009). L’approche descendante du bien-être subjectif est notamment étayée par les travaux de Stutzer et Frey (2006) qui démontrent que les personnes heureuses ont une probabilité plus grande de se marier. De même, le niveau de bien-être subjectif d’un membre d’un groupe familial a tendance à influencer le niveau de bien-être subjectif des autres membres indépendamment de leur parenté génétique (Matteson, McGue, & Iacono, 2013). Enfin, une étude expérimentale met en évidence des liens réciproques entre le bien-être subjectif et les relations sociales où une personne plutôt heureuse se connecte facilement à l’autre et qui en retour permet d’augmenter son propre niveau de bien-être sujectif (Maus et al., 2011).

Le difficile équilibre des relations sociales. Parmi les différents travaux portant sur

les relations sociales, nous pourrions nous intéresser plus particulièrement à la relation de couple. Lucas, Clark, Georgellis et Diener (2004) évoquent ainsi que la vie conjugale conduit à une augmentation du bien-être subjectif dont le pic est atteint au même moment du mariage, notant ensuite une diminution progressive du bien-être subjectif sur les deux années suivantes qui peut, dans les meilleurs des cas, être légèrement supérieur à son niveau initial ou, dans le pire des cas, inférieur à ce dernier. Ces auteurs suggèrent également l’existence de plusieurs variables modératrices comme les conditions de vie ou la personnalité des conjoints. Cette courbe en cloche du bien-être subjectif est assez caractéristique de son évolution face à différents évènements de vie où, passer le stade de la nouveauté, le bien-être subjectif tend à retourner à son niveau initial (Diener & Biswas-Diener, 2008). Néanmoins, une étude longitudinale – conduite auprès d’une population représentative étatsunienne – ne confirme pas l’hypothèse de ce déclin du bien-être subjectif juste après le mariage soulignant la nécessité de poursuivre les recherches pour mieux comprendre et évaluer le bonheur conjugal (Waite, Luo, & Lewin, 2009). Enfin, les travaux de Gottman (1994) cités également par Diener et Biswas-Diener (2008) montrent l’importance d’un équilibre entre les interactions positives et les interactions négatives au sein du couple, suggérant un ratio davantage en faveur des interactions positives. Le ratio de Gottman recommande ainsi une interaction

négative pour cinq interactions positives avec sa ou son partenaire et une interaction négative pour mille interactions positives avec sa belle-mère. De même, les conflits à l’intérieur et les violences domestiques nuisent au bien-être subjectif de l’ensemble du groupe familial (Brown, Trangsrud, & Linnemeyer, 2009).

Des effets constrastés avec réseaux sociaux. L’impact des réseaux sociaux comme

Facebook sur le bien-être subjectif commence à être explorer par la cyberpsychologie, montrant que la raison première des usagers est avant tout celle de se connecter à l’autre ce qui traduit un besoin fort de liens sociaux (Manago, Taylor, & Greenfield, 2012 ; Nadkarni & Hofman, 2012). Les études restent très contrastées quant à l’effet des réseaux sociaux (Chan, 2014 ; Huang, 2010 ; Kross et al., 2013 ; Litwin & Shiovitz-Ezra, 2011 ; Valenzuela, Park, & Kee, 2009). Plus spécifiquement, parmi les variables contribuant positivement au bien-être subjectif se retrouvent les communications actives avec d’autres usagers ou amis (Chan, 2013), les révélations de soi (Ko & Kuo, 2009 ; Lee, Lee, & Kwon, 2011) ou encore le nombre d’amis sur les différents réseaux (Kalpidou, Costin, & Morris, 2011 ; Manago et al., 2012). Néanmoins, les réseaux sociaux peuvent aussi avoir une influence négative sur le bien-être subjectif (Moreno et al., 2011) s’expliquant potentiellement par la comparaison sociale où l’usager perçoit les autres comme étant plus heureux que lui (Chou & Edge, 2012).

Donner vaut mieux que recevoir. Enfin, plusieurs travaux scientifiques démontrent

qu’apporter son soutien à l’autre contribue davantage au bien-être subjectif que de recevoir du soutien social (Brown, Nesse, Vinokur, & Smith, 2003 ; Diener & Biswas-Diener, 2008 ; Liang, Krause, & Bennett, 2001 ; Thomas, 2010). De même, s’engager dans des activités de volontariat tend à augmenter le bien-être subjectif des individus (Dulin, Gavala, Stephens, Kostick, & McDonald, 2012 ; Frey, 2008 ; Morrow-Howell, Hinterlong, Rozario, & Tang, 2003)

1.2.1.4. L’alimentation

Une facette pertinente du bien-être subjectif. Dans le dessin animé « Astérix et

Cléopâtre » (1968) inspiré de la bande dessinée du même nom créée par René Goscinny et Albert Uderzo (1963), Obélix entonna une chanson à la gloire de l’hédonisme intitulée « Quand l’appétit va, tout va ! ». Ainsi, des travaux scientifiques tendent à confirmer l’affirmation de ce personnage, mettant en évidence une forte convergence entre la

satisfaction avec la nourriture et la satisfaction générale de vie (Dean, Grunert, Raats, Nielsen, & Lumbers, 2008 ; Grunert, Dean, Raats, Nielsen, & Lumbers, 2007 ; Schnettler et al., 2012 ; Schnettler et al., 2013 ; Seo, Cho, Kim, & Ahn, 2013). Ces données suggèrent ainsi de considérer la satisfaction avec la nourriture comme une sphère non négligeable de la satisfaction générale de vie et plus largement du bien-être subjectif.

Un effet positif sur le bien-être subjectif. Ensuite, plusieurs études ont pu mettre en

évidence un modèle ascendant dans la relation entre une alimentation saine et le bien-être subjectif, suggérant une influence de la première variable sur la seconde (Blanchflower, Oswald, & Stewart-Brown, 2013 ; Carr, Bozonet, Pullar, & Vissers, 2013 ; Rooney, McKinley, & Woodside, 2013 ; Tillisch et al., 2013 ; Tsai, Chang, & Chi, 2011 ; White, Horwath, & Conner, 2013). Par exemple, White et al. (2013) montrent un effet significatif de la consommation de huit fruits et légumes sur le bien-être subjectif. Tsai et al. (2011) soulignent que la consommation de légumes contribue à diminuer les symptômes dépressifs chez les personnes âgées tandis que des effets similaires sont trouvés avec une consommation quotidienne de kiwis (Carr et al., 2014). Tillisch et al. (2013) expliquent la consommation de produits laitiers impacte le fonctionnement du cerveau impliqué dans la gestion des émotions positives et négatives. Néanmoins, Blanchflower et al. (2013) soulignent le manque de données pour établir avec certitude la causalité entre la consommation d’aliments sains et le bien-être subjectif. De même, Diener et Chan (2011) évoquent qu’une personne présentant un niveau de bien-être subjectif élevé a tendance à s’engager davantage dans des comportements sains. Ces travaux sont à mettre en relation avec les mauvais comportements alimentaires régulièrement dénoncés dans la littérature scientifique autant chez les élèves relevant de l’enseignement primaire et secondaire (Her, 2013 ; Park et al., 2013) que chez les étudiants (Arts, Fernandez, & Lofgren, 2014).

1.2.1.5. La religion

Un effet positif universel sur le bien-être subjectif. Les études sur les relations entre

la religion et le bien-être subjectif sont plétoriques depuis de nombreuses décennies, aboutissant au constat que les personnes religieuses ont tendance à présenter un bien-être subjectif plus élevé que les personnes athées quelque soit la culture et les caractéristiques sociodémographiques (Diener & Biswas-Diener, 2008 ; Diener, Tay, & Myers, 2011 ; Elliott & Hayward, 2009 ; Hadaway, 1978 ; Kelley & Miller, 2007 ; Kesebir & Diener, 2009 ;

Kim-Prieto & Diener, 2009 ; Okulicz-Kozaryn, 2011 ; Snoep, 2008 ; Wilson, 1967). Bien entendu, les plus septiques pourront dénoncer le caractère illusoire de la religion à l’image de Karl Marx (1818-1883) qui la définissait comme l’opium du peuple19 mais il n’en reconnut pas moins son caractère nécessaire pour accéder au vrai bonheur (McMahon, 2006). Il existe des différences notables entre la religiosité et la spiritualité, renvoyant à deux éléments indépendants avec soit la possibilité d’avoir une pratique religieuse dépourvue de spiritualité ou soit d’avoir une pratique spirituelle dépourvue de religiosité, bien que leur contribution respective au bien-être subjectif semble relativement proche (Zullig, Ward, & Horn, 2006). Néanmoins, pour éviter toute confusion, seule la relation entre la religion et le bien-être subjectif sera abordée ici.

Les mécanismes explicatifs. Bien que ces études démontrent de manière consensuelle

les relations positives entre les croyances religieuses et le bien-être subjectif, il est possible de s’interroger sur les mécanismes sous-jacents expliquant ces relations. Diener et Biswas-Diener (2008) évoquent plusieurs « ingrédients actifs » potentiels (p. 117) comme notamment les croyances réconfortantes, permettant de trouver une explication à beaucoup d’évènements négatifs, d’épreuves et d’incertitudes que l’individu peut rencontrer au cours de sa vie. De même, le sentiment d’appartenir à une communauté, de prier ensemble, d’être soutenu par ses