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Principaux modèles basés sur une approche descendante

Études sur le bien-être subjectif à l’écoleRecherche sur la mesure

2. Bien-être subjectif et construction du choix d’orientation d’orientation

2.4. Principaux modèles basés sur une approche descendante

Organisation de la partie. Nous avons choisi dans un premier temps de présenter les

approches centrées sur la prise de décision. Elles seront particulièrement éclairantes pour comprendre les modèles suivants. De la même manière que dans la partie précédente, lorsque les modèles présentés ne seront pas initialement en lien avec l’orientation scolaire et professionnelle et notamment l’indécision vocationnelle, nous présenterons un argument permettant de les connecter avec ce champ d’étude.

2.4.1. Approches centrées sur la prise de décision

2.4.1.1. Définition des relations entre bien-être subjectif et prise de décision

Principaux travaux. Les relations entre le bien-être subjectif et la prise de décision

ont été étudiées en s’intéressant plus particulièrement aux composants affectifs du bien-être subjectif (émotions négatives et positives), amenant un relatif consensus sur l’implication significative des émotions dans les prises de décision (Angie, Connelly, Waples, & Kligyte, 2011 ; Bandyopadhyay, Pammi, & Srinivasan, 2013 ; Isen, 2001 ; Isen, 2008 ; Loewenstein & Lerner, 2003 ; Lyubomirsky, King, & Diener, 2005). Ainsi, dans la méta-analyse réalisée par Lyubomirsky et al. (2005), il est démontré que la plupart des études soulignent le rôle positif des émotions positives sur les processus de choix et de prise de décision. Paradoxalement, il existe assez peu de travaux portant sur le rôle des affects négatifs et de la satisfaction de vie dans la prise de décision (Raghunathan & Pham, 1999).

2.4.1.2. Principaux effets observés des affects sur les processus cognitifs

Une disctinction dans les effets des émotions positives et négatives. Isen (2008)

dresse une revue de littérature sur les principaux effets bénéfiques des affects positifs sur les processus cognitifs dans la prise de décision. Elle souligne notamment une augmentation de la flexibilité dans la pensée qui exerce, en retour, un effet sur les capacités de résolution de problèmes, sur la créativité et sur l’innovation dans la prise de décision. Elle situe également l’impact des émotions positives sur les stratégies d’adaptation et de résilience de l’individu, sur la prise en compte de conditions extérieures dans les processus décisionnels, sur les

compétences sociales ou encore sur les processus mémoriels impliqués dans la prise de décision. En revanche, il existe assez peu de travaux portant sur les affects négatifs. Une étude réalisée par Raghunathan et Pham (1999) suggère de distinguer les effets de certains composants des affects négatifs sur la prise de décision comme l’anxiété et la tristesse. Ainsi, l’anxiété favorise des processus centrés sur la réduction de l’incertitude tandis que la tristesse favorise des processus centrés sur le remplacement de la récompense dans la prise de décision. Clore et Huntsinger (2007) formulent la distinction dans les effets des affects positifs et négatifs, affirmant que les affects positifs ont un rôle facilitateur tandis que les affects négatifs ont un rôle inhibiteur dans la prise de décision.

Vers une approche neuropsychologique. L’approche descendante du rôle des affects

sur les processus cognitifs est également soutenue par une théorie neuropsychologique qui postule une implication de la dopamine (Ashby, Isen, & Turken, 1999). Plus spécifiquement, s’appuyant sur les recherches précédentes, cette théorie suggère que les affects positifs auraient tendance à augmenter la production de dopamine, notamment dans l’aire frontale et dans le cortex préfrontal, ce qui aurait pour conséquence de faciliter les processus cognitifs impliqués dans la prise de décision (Isen, 2008). Si le postulat de l’implication de la dopamine dans le processus de décision d’un choix d’orientation scolaire et professionnelle peut sembler curieux pour les théoriciens et les praticiens de ce champ disciplinaire, une publication traitant de cette problématique fut présentée dans Journal of Vocational Behavior par Krieshok, Black et McKay (2009). Cependant, cette hypothèse n’est étayée par aucune étude empirique à ce jour.

2.4.1.3. Vers un élargissement des modèles à la prise de décision vocationnelle

Vers une approche neuropsychologique de l’indécision vocationnelle ?

L’élargissement des modèles centrés sur la prise de décision à la prise de décision vocationnelle semble s’assimiler davantage à une contextualisation de ces modèles au domaine de l’orientation scolaire et professionnelle. Cependant, il s’avère que le champ de l’orientation scolaire et professionnelle a également investi celui de la prise de décision. Nous verrons ainsi que la prise en compte des affects dans les modèles de l’indécision vocationnelle est de plus en plus présente. Une analyse bibliométrique souligne néanmoins un rapprochement récent des modèles centrés sur le rôle des affects dans la prise de décision vers le champ de l’orientation scolaire et professionnelle. Ainsi, nous avons pu identifier un total

de 12 études scientifiques publiés entre 2003 et 2012 s’inscrivant des problématiques liées aux choix d’orientation et citant la professeure feue Alice M. Isen dont les travaux constituent une contribution significative à la compréhension du rôle des affects dans la prise de décision. La publication de Krieshok et al. (2009) fut, quant à elle, citée dans approximativement 41 articles et ouvrages issus de la psychologie de l’orientation scolaire et professionnelle traitant notamment des processus décisionnels (34%), des approches constructivistes (20%), des approches narratives (15%) ou encore des nouvelles perspectives dans ce champ disciplinaire (10%).

2.4.2. Théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan (1985)

2.4.2.1. Présentation du modèle théorique

Théorie de l’autodétermination et bien-être. La théorie de l’autodétermination

(self-determination theory) a été développée par Deci et Ryan (1985, 1991 ; Ryan & Deci, 2000) et

se définit comme une approche de la motivation intrinsèque et de la personnalité. Elle fait notamment la distinction entre la conception intrinsèque et extrinsèque de la motivation humaine, plaçant cette première comme essentielle dans la satisfaction et le bien-être de l’individu. Cette théorie se base sur l’inclusion de trois besoins psychologiques élémentaires qui sont le sentiment de compétence, la relation aux autres et l’autonomie. Selon Ryan et Deci (2001), ces mêmes éléments sont déterminants dans le fonctionnement de l’être humain à la fois dans son développement psychologique, son bien-être, son intégrité social, ses expériences vitales et la congruence de soi. Ces auteurs soulignent également l’importance des facteurs contextuels, culturels et développementaux dans la variabilité interindividuelle observée vis-à-vis de la validité et la compréhension de l’effet de ces besoins psychologiques élémentaires sur le bien-être (Deci & Ryan, 2012). Ainsi, par définition, l’approche de Deci et Ryan (1985) se base sur une conception eudémoniste du bien-être (Ryan & Deci, 2001). Néanmoins, ils évoquent que la satisfaction d’un besoin psychologique fondamental contribue autant au bien-être subjectif qu’au bien-être psychologique. Dans une étude réalisée par Reis, Sheldon, Gable, Roscoe et Ryan (2000) auprès de 76 étudiants étatsuniens, ces chercheurs ont mis en évidence que le bien-être subjectif au quotidien était fortement influencé par le sentiment de compétence, la relation aux autres et l’autonomie.

2.4.2.2. Principaux résultats

Une expansion du modèle. Depuis les premiers travaux réalisés par Deci et Ryan

(1985, 1991), la théorie de l’autodétermination a connu une forte expansion dans la recherche scientifique (voir figure 2.3). Elle a pu être appliquée dans de nombreux domaines comme l’éducation, la santé, les relations humaines, les contextes organisationnels, le sport, le bien-être, les buts, l’environnement ou encore les approches psychothérapeutiques amenant une littérature considérable dans chacun de ces domaines (Deci & Ryan, 2008).

Figure 2.3. Représentation du mot-clé « théorie de l’auto-détermination » dans les

publications scientifiques en sciences psychologiques entre 1991 et 2012.

Note. Les publications ont été identifiées à l’aide de la base de données PsycInfo© en prenant en compte uniquement les revues avec comité de lecture et en sélectionnant uniquement les publications comportant

self-determination theory comme mots-clés.

Les limites de la théorie de l’autodétermination dans le champ de l’éducation.

Plus spécifiquement, dans le domaine de l’éducation, la revue de littérature réalisée par Guay, Ratelle et Chanal (2008) met en évidence le rôle essentiel des parents et des enseignants dans le développement de la motivation chez l’élève et l’étudiant. Néanmoins, cinq limites sont identifiées concernant l’application de la théorie de l’autodétermination dans le champ de l’éducation :

- Le faible nombre de méta-analyses sur les effets quantitatifs observés ; - Le faible nombre d’études longitudinales sur les effets observés ;

- Le faible nombre d’études sur la prise en compte du rôle des amis (la plupart des études se basent sur la prise du rôle des parents et des enseignants) ;

- Le faible nombre d’études sur la nature proactive de la motivation ;

- Le faible nombre d’études se basant sur l’application concrète du modèle théorique de l’autodétermination.

2.4.2.3. Place du modèle théorique dans le champ de l’orientation

Principaux travaux. Les apports de la théorie de l’auto-détermination en tant que

modèle théorique à la psychologie de l’orientation scolaire et professionnelle restent relativement récents et notamment dans le champ de l’indécision vocationnelle (Guay et al., 2003 ; Guay, Ratelle, Senécal, Larose, & Deschênes, 2006 ; Hagiwara & Sakurai, 2008). Guay et al. (2003), dans une recherche auprès de 834 étudiants canadiens francophones, mettent en évidence la validité de la théorie de l’auto-détermination dans la prédiction de l’indécision vocationnelle, incluant différentes variables comme le sentiment d’efficacité vocationnelle, l’autonomie dans la prise de décision d’orientation scolaire et professionnelle ainsi que le soutien et l’encouragement des amis et des parents. Cette approche témoigne d’une conception descendante du bien-être dans la mesure où les composants de leur modèle sont placés comme des antécédents à l’indécision vocationnelle. Bien que certains construits, pouvant s’assimiler à des éléments de la théorie de l’auto-détermination, ont déjà fait l’objet de recherches relativement vastes dans le champ de l’indécision vocationnelle (exemple : le sentiment d’efficacité personnelle, voir partie 2.1.2), d’autres aspects restaient relativement peu explorés comme le rôle du soutien social et de l’autonomie. Néanmoins, l’implication de ces mêmes variables ont fait l’objet de nombreux débats dans la littérature scientifique antérieure concernant le rôle des parents dans le développement vocationnel de leurs enfants (Cohen, Chartrand &, Jowdy, 1995 ; Dietrich & Kracke, 2009 ; Eigen, Hartman, & Hartman, 1987 ; Ferry, Fouad, & Smith, 2000 ; Hargrove, Creagh, & Burgess, 2002 ; Kinnier, Brigman, & Noble, 1990 ; Lopez & Andrews, 1987 ; Sovet & Metz, 2014 ; Whiston, 1996). Ainsi, ces recherches concluent de manière consensuelle aux effets positifs du soutien social et l’encouragement à l’autonomie des parents sur le développement vocationnel. Cependant, la validité interculturelle de ce modèle théorique reste encore à explorer. Dans une recherche menée par Sovet et Metz (2014) auprès de 575 lycéens français et 613 lycéens coréens, un fort encouragement à l’autonomie de la part des parents est associé à une faible indécision vocationnelle (r = -0.17, p < 0.01) pour le premier groupe tandis qu’un fort encouragement à

l’autonomie est associé à une forte indécision vocationnelle (r = 0.25, p < 0.01) dans le deuxième groupe. Ces différences interculturelles peuvent notamment s’expliquer par une conception collective ou individuelle de la prise de décision d’un choix d’orientation dans sa relation au groupe familial selon la culture considérée.

2.4.3. Modèles taxonomiques de l’indécision vocationnelle

Dans cette partie, nous ne reprendrons pas les travaux portant sur la relation entre le bien-être subjectif et l’indécision vocationnelle abordés et développées dans la partie 2.1.1.3. En revanche, nous allons explorer davantage la place des composants du bien-être subjectif dans les modèles taxonomiques de l’indécision vocationnelle.

2.4.3.1. Présentation et caractéristiques des principaux modèles

Analyse bibliométrique des modèles de l’indécision vocationnelle. Lors de notre

analyse de la littérature scientifique, nous avons pu identifier un total de quinze modèles de l’indécision vocationnelle dont trois méta-modèles qui ont été élaborés entre 1964 et 2012 avec un nombre de facteurs ou dimensions variant de 1 à 12 (voir tableau 2.1). Ces modèles proviennent majoritairement des États-Unis représentants plus de 70% des modèles identifiés et 80% de ces modèles sont accompagnés d’un instrument psychométrique permettant de mesurer l’indécision vocationnelle ou un construit relatif à l’indécision vocationnelle. Une analyse bibliométrique indique que l’Échelle de Décision Vocationnelle (Career Decision

Scale, Osipow et al., 1976) et le Questionnaire des Difficultés dans la Prise de Décision

Vocationnelle (Career Decision-making Difficulties Questionnaire, Gati et al., 1996) avec respectivement 2 et 10 dimensions sont les instruments psychométriques les plus cités dans la littérature scientifique avec des indices h atteignant une valeur de 7. Plus spécifiquement, quatre modèles intègrent des dimensions relatives au bien-être subjectif comme l’anxiété ou l’affectivité1 (Brown et al., 2012 ; Callanan & Greenhaus, 1990 ; Chartrand et al., 1990 ; Saka Saka & Gati, 2007). Les deux derniers sont particulièrement pertinents dans le cadre de notre étude.

1 Suivi les travaux de Diener et al. (1999), l’anxiété et l’affectivité peuvent être considérées comme des composants du bien-être subjectif.

2.4.3.2. Modèle de Saka et Gati (2007)

Figure 2.4. Modèle taxonomique de l’indécision de Saka et Gati (2007)

Note. Traduction libre adaptée de la figure 1 (p. 343) de [Saka, N., & Gati, I. (2007). Emotional and personality-related aspects of persistent career decision-making difficulties. Journal of Vocational Behavior, 71, 340-358.]. Reproduite avec permission de l’auteur. Tous droits réservés.

Définition du modèle. Le modèle de l’indécision vocationnelle de Saka et Gati (2007)

se décompose en trois clusters (visions pessimistes, anxiété, et identité de soi) qui se subdivisent eux-mêmes en un total de onze sous-dimensions (voir la figure 2.4). Le premier cluster relatif aux visions pessimistes se définit comme les tendances d’un individu à se centrer sur les aspects négatifs d’une situation et à développer des pensées négatives (Saka et

al., 2008). Ce cluster inclut des visions pessimistes vis-à-vis de son environnement proximal

comme distal et en particulier le monde du travail, qui peuvent se traduire par une incapacité de l’individu à prendre globalement des décisions, notamment celles liées aux choix d’orientation scolaire et professionnelle. Il inclut également des visions pessimistes à l’égard des capacités de l’individu aussi bien dans son sentiment d’efficacité vocationnelle que dans le contrôle de soi et de son environnement. Le deuxième cluster relatif à l’anxiété mesure plusieurs effets possibles de l’anxiété sur la prise de décision d’un choix vocationnel comme l’anxiété relative au processus lui-même, celle relative à l’incertitude, celle relative à la réalisation et celle liée à l’implication future du choix. Enfin, le dernier cluster relatif au

concept de soi et à l’identité mesure les aspects développementaux et personnologiques de l’individu incluant l’anxiété en tant que trait, l’estime de soi, l’identité non cristallisée et l’attachement et la séparation avec la famille.

Construction et validation du modèle théorique. Ce modèle a été construit en se

basant sur une analyse de la littérature rassemblant tous les travaux connectant l’indécision vocationnelle à des aspects émotionnels et personnologiques (Saka & Gati, 2007; Saka et al., 2008). Un outil intitulé « Échelle des Difficultés Vocationnelles liées à des Facteurs Émotionnels et Personnologiques » (Emotional and Personality Career Difficulties Scale) a été élaboré par Saka et Gati (2007). Une étude menée auprès de 1 119 participants israéliens indique une forte convergente du modèle théorique avec la personnalité, le locus of control, la procrastination, le besoin de clarification1, le perfectionnisme et le sentiment d’efficacité vocationnelle (Gati et al., 2011). L’outil présente une stabilité temporelle variable selon la dimension considérée où le cluster relatif à l’anxiété apparait comme le plus stable et le cluster lié à des visions pessimistes comme le plus instable (Gati, Asulin-Peretz, & Fisher, 2012). Cet outil commence également à faire l’objet d’adaptations culturelles comme en Turquie (Oztemel, 2013) et en Corée du Sud (Jin, Nam, Joo, & Yang, 2014 ; Min, 2012).

Relation du modèle au bien-être subjectif. Dans le modèle proposé par Saka et Gati

(2007), le composant le plus proche du bien-être subjectif peut être le cluster relatif à l’anxiété. Néanmoins, nous pouvons également voir que des composants relatifs au bien-être psychologique comme l’estime de soi se trouvent également intégrés dans cette taxonomie.

2.4.3.3. Modèle de Brown et al. (2012)

Deux méta-modèles de l’indécision vocationnelle. Le modèle présenté par Brown et

al. (2012) s’appuie directement sur les facteurs identifiés dans les deux méta-modèles

élaborés par Brown et Krane (2000) et Brown et Rector (2008). Ces deux méta-modèles seront donc présentés dans un premier temps pour mieux comprendre la structure taxonomique du modèle de l’indécision vocationnelle de Brown et al. (2012).

1 Ce terme renvoie en anglais à need for cognitive closure ce qui signifie, dans sa définition psychologique, le besoin d’un individu d’obtenir des informations lui permettant de lever une ambiguïté ou une incertitude (Webster & Kruglanski, 1994). Le terme de besoin de clarification peut être une traduction appropriée du concept exprimé.

Le modèle tripartite de l’indécision vocationnelle. Tout d’abord, le méta-modèle de

Brown et Krane (2000) se définit comme un modèle tripartite de l’indécision vocationnelle intégrant l’affectivité négative, l’identité vocationnelle et le besoin d’information comme facteurs principaux. Ces auteurs soulignent que l’affectivité négative peut recouvrir différents construits comme l’anxiété, les affects négatifs et la peur de l’engagement. Ils suggèrent que les difficultés rencontrées par certaines personnes sont relatives à une tendance à éprouver des émotions négatives et à se focaliser sur des aspects négatifs de leur choix d’orientation scolaire et/ou professionnelle. L’identité vocationnelle, inspirée des travaux de Super (1970), est présentée par Guichard et Huteau (2006) comme « la possession d’une vue claire et stable de ses buts, intérêts et talents » (p. 176). Dans la littérature scientifique, le concept d’identité vocationnelle peut être appréhendée à travers plusieurs concepts cités par Brown et Ryan-Krane (2000) comme l’identité vocationnelle1, le sentiment d’efficacité vocationnelle, la maturité vocationnelle, l’évaluation de la résolution de problèmes ou encore la stabilité des buts. Enfin, la troisième dimension fait référence au besoin d’information relative au choix d’orientation scolaire et professionnelle et peuvent se traduire notamment par un besoin d’expérience scolaire ou professionnelle supplémentaire, par un besoin de rencontrer quelqu’un (par exemple : un conseiller d’orientation) et par un besoin d’information sur les débouchés et les pré-requis concernant une profession ou un groupe de professions.

Études empiriques sur le modèle tripartite de l’indécision vocationnelle. Le

modèle tripartite de l’indécision vocationnelle de Brown et Ryan-Krane (2000) fut empiriquement testé auprès d’une population de 171 étudiants afro-américains par Hammond, Lockman et Boling (2010) incluant également les affects positifs et l’intelligence émotionnelle à partir d’une analyse factorielle. Les résultats de cette étude mettent en évidence un modèle en cinq facteurs composés des dimensions suivantes : 1) le sentiment d’efficacité vocationnelle, 2) maturité émotionnelle relative à l’orientation scolaire et professionnelle (incluant les affects positifs), 3) le besoin d’information, 4) l’identité vocationnelle (incluant les affects négatifs) et 5) le statut du choix d’orientation.

1 Il ne s’agit pas d’une répétition. L’identité vocationnelle fait ici référence au modèle de Holland, Daiger et Power (1980).

D’un modèle tripartite à un modèle quadripartite de l’indécision vocationnelle.

Le méta-modèle de Brown et Rector (2008) a été construit en rassemblant les matrices de corrélations présentées dans 24 études étatsuniennes incluant au moins deux variables manifestes du modèle tripartite de l’indécision vocationnelle de Brown et Ryan-Krane (2000). Ensuite, une analyse factorielle a été menée à partir de toutes les corrélations observées permettant ainsi d’identifier quatre facteurs avec des saturations factorielles significatives. Le premier facteur est l’affectivité négative se rattachant à l’indécisivité. Le deuxième facteur est le manque d’information qui porte sur plusieurs aspects comme les informations sur les métiers, sur soi ou encore sur la procédure à suivre. Le troisième facteur porte sur les barrières et les conflits interpersonnels comprenant les désaccords avec autrui, la perception de barrières ou encore les contraintes environnementales. Le dernier facteur pourrait se nommer le manque de préparation. Bien qu’il s’apparente à l’identité vocationnelle dans le modèle tripartite de l’indécision vocationnelle de Brown et Ryan-Krane (2000), ce facteur, plus large, inclut une attitude vocationnelle immature, des représentations erronées, un manque de clarté de soi, un manque de motivation à prendre une décision, ou encore une identité encore instable. Brown et al. (2012) soulignent que le méta-modèle de Brown et Rector (2008) offre des perspectives intéressantes dans la compréhension de l’indécision vocationnelle, néanmoins, ce modèle doit également faire l’objet de réplication afin de pouvoir être validé.

Validation du modèle quadripartite de l’indécision vocationnelle En conséquent,

Brown et al. (2012) ont tenté de vérifier la validité du méta-modèle de Brown et Rector (2008) ont mis en place un inventaire intitulé Career Indecision Profile incluant 167 items et permettant de mesurer différents construits se rattachant à au moins un des facteurs identifiés