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Une recherche dans la continuité des travaux du laboratoire PAEDI

Chapitre 1 La pertinence de s’intéresser aux questions de santé à l’école

5. Une recherche dans la continuité des travaux du laboratoire PAEDI

51 Les études précédentes

D. Jourdan et P. Victor (1998) ont montré, en s’appuyant sur l’analyse des plans de formation des enseignants du premier degré, qu'il existait une prise en compte réelle de l'éducation à la santé en formation initiale même si celle-ci restait modeste et variable selon les IUFM. Cependant se pose la question de l'impact de ces formations sur les pratiques des stagiaires. Les auteurs se demandent si ces formations prennent suffisamment en compte le stagiaire en tant qu'individu pour lui permettre de prendre du recul par rapport à son vécu, par rapport aux valeurs et aux normes et à la diversité des finalités assignées à l'éducation à la santé.

Une autre étude (Jourdan et al., 2004) a montré que les formateurs impliqués dans les actions d’éducation à la santé étaient principalement des formateurs SVT même si les autres disciplines étaient malgré tout représentées. Les auteurs soulignent que cela peut correspondre à une évolution d’une approche physiologique et hygiéniste vers une approche plus globale. De plus, cette étude a mis en évidence dans la formation à l’IUFM, l'opposition entre conception globale de la santé et de la prévention (plutôt destinées aux enseignants du 1er degré) et juxtaposition d'actions thématiques (plutôt à destination du second degré). Elle montre aussi l'importance du partenariat dans les formations même s'il est difficile de déterminer la nature de celui-ci qui pourrait être de type « prestation de

service »

L’importance de la formation sur les pratiques a été mise en évidence dans une recherche centrée sur les pratiques et les représentations d’enseignants français du premier degré, en éducation à la santé (Jourdan et al., 2002). Cette étude faisait état de pratiques majoritairement thématiques (alimentation, sommeil….) en référence à une approche hygiéniste. Seul un tiers des enseignants s’inscrivait dans une approche plus large prenant en compte la globalité de la santé des élèves. Les analyses conduites ont montré que deux déterminants semblaient jouer un rôle central : le fait d’appartenir à une zone d’éducation prioritaire ou à un

regroupement pédagogique intercommunal et le fait d’avoir bénéficié d’une formation dans ce domaine. Le fait d’avoir reçu une formation a un impact significatif sur la mise en œuvre d’un travail en éducation à la santé.

Une autre étude a été conduite auprès de professeurs d’éducation physique et sportive (EPS) du second degré (Jourdan et al., 2003) : elle montre que leur identité professionnelle constitue un prisme à travers lequel ils se construisent leurs propres représentations de l’éducation à la santé et de leur rôle dans ce domaine. Ils ont une conception de l’éducation à la santé qui est en lien avec la fonction cardiaque, l’effort et l’endurance. Pour ces professeurs d’EPS, être en bonne santé, c’est être un sujet « énergétiquement » en action.

52 La mise en place du réseau des IUFM

C’est sous l’impulsion de Didier Jourdan, Professeur des Universités à l’IUFM d’Auvergne et membre du laboratoire PAEDI que s’est mis en place fin 2005 le réseau des IUFM « éducation à la santé et prévention des conduites addictives » (UNIRéS) avec le soutien de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) et l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES). Un partenariat a également été établi avec la MGEN. Le rôle du réseau est de soutenir les IUFM dans leur mission de formation sur les questions d’éducation à la santé et de prévention des conduites addictives. « Sa finalité est de leur donner les moyens d’une action pertinente

dans ce domaine complexe. Il s’agit de valoriser le travail déjà réalisé, de soutenir le développement des formations initiales et continues, de développer une meilleure articulation avec les partenaires institutionnels à l’échelle régionale et nationale »13

Les objectifs de ce réseau (figure 4) se déclinent selon quatre axes :

− Permettre la communication entre les formateurs de l’ensemble des IUFM, mutualiser les ressources et créer du lien avec les partenaires, sur les questions d’éducation à la santé et de prévention des conduites addictives − Développer les formations de formateurs au niveau national

− Produire des outils destinés aux formateurs des 1er et 2nd degrés

− Organiser des colloques dynamisant l'implication des IUFM dans ces champs.

Figure 4 : les axes du réseau « éducation à la santé et prévention des conduites addictives »

Synthèse du chapitre 1

La France est le pays où l'espérance de vie est la plus élevée mais présente deux points faibles : une mortalité prématurée élevée à cause de cinq facteurs de risques (tabac, alcool, facteurs nutritionnels, suicide et accidents de la circulation) et des inégalités de santé selon les régions, les sexes ou les catégories socioprofessionnelles.

Cela s’explique d’une part, par le fait que les personnes sous-estiment certains risques qu'ils prennent volontairement (accidents de la route, nocivité du tabac...) et qu’ils considèrent comme contrôlables, et au contraire en surestiment d'autres (accidents nucléaires, prion de la vache folle...) qu’ils attribuent à l'environnement et qu’ils considèrent comme échappant à tout contrôle.

L’âge peut aussi être un facteur influençant la prise de risques notamment à l’adolescence, qui est une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte et qui peut se traduire par des conduites d'opposition menant aux conduites à risque et aux comportements extrêmes.

De plus, les comportements, s’ils ont une grande importance en matière de santé, ne relèvent pas de la seule responsabilité des individus mais sont influencés par des déterminants de la santé, en particulier l’environnement dans lequel les personnes évoluent.

C’est dans ce contexte que l’école a un rôle important à jouer, à travers l’éducation à la santé qui ne consiste pas à rendre les individus conformes à une norme mais à donner aux élèves des outils afin de leur permettre d'avoir des comportements responsables et de pouvoir faire des choix éclairés. Pour cela, les actions d’éducation à la santé peuvent s’organiser suivant quatre axes :

- la prise en compte des conceptions des élèves et leurs pratiques sociales de référence ;

- le développement des compétences psychosociales (estime de soi, rapport au corps, relations aux autres, etc.) ;

- une réflexion éthique afin d’éviter toute démarche culpabilisante ou moralisatrice mais au contraire respecter la liberté de choix de l’élève ;

- le travail en partenariat avec des membres de la communauté éducative, des intervenants extérieurs, ainsi que les parents.

Cependant, l’éducation à la santé s’inscrit dans un cadre plus vaste que celui de l’école à travers la promotion de la santé qui regroupe des activités et une réglementation qui visent l'amélioration du niveau de santé des individus et des communautés en se centrant sur les personnes et sur leur environnement.

Les études précédentes au sein du laboratoire PAEDI ont montré, en ce qui concerne la formation, qu'il existait une prise en compte réelle de l'éducation à la santé en formation initiale même si celle-ci restait modeste et variable selon les IUFM. Ce sont surtout les formateurs SVT qui sont impliquées dans les actions d’éducation à la santé, même si la place des autres disciplines est malgré tout significative. De plus, le fait pour les enseignants d’avoir reçu une formation a un impact significatif sur la mise en œuvre d’un travail en éducation à la santé.

Chapitre 2 La formation des enseignants en éducation à