Hêtraies-sapinières ligures ①②
RATTACHEMENT PHYTOSOCIOLOGIQUE Forêts feuillues, xéroclines à xérophiles
Classe : Quercetea pubescentis
… chênaies pubescentes ou sessiliflores, acidiphiles à calcaricoles, xérothermophiles…
Ordre : Quercetalia pubescenti-petraeae
… chênaies pubescentes supraméditerranéennes ou collinéennes, acidiclines à calcaricoles
Alliance : Quercion pubescenti-petraeae
①, ②… supraméditerranéen.
Sous-alliance : Buxo sempervirentis-Quercenion pubescentis
③… influence médioeuropéenne.
Sous-alliance : Sorbo ariae-Quercenion pubescentis
CORRESPONDANCES AVEC LES CLASSIFICATIONS D’HABITATS EUROPÉENNES IGN EUNIS CORINE Biotope Cahiers d’habitats Natura
2000 Chênaies pubescentes neutrophiles à calcicoles
Fiche 3A PHYSIONOMIE
Strate arborescentedominée par le chêne pubescent (Quercus pubescens) dans les 3 types.
Dans les types ② et ③, le chêne sessile (Quercus petraea) peut être présent ainsi que les hybrides (Quercus x streimii). Dans le type ③, le couvert n’est pas completemment fermé, et les espèces de pelouse sont présentes. Dans tous les types, les érables, les alisiers, ainsi que le pin sylvestre (Pinus sylvestris) accompagnent souvent les chênes, dans les phases dynamiques.
Strate arbustivedense dans les 3 types avec l’amélanchier (Amelanchier ovalis) ou le cytise à feuilles sessiles (Cytisophyllum sessilifolium). Le buis (Buxus sempervirens) et le genêt cendré (Genista cinerea) sont souvent dominants dans les types ① et ②. A l’inverse, ils sont totalement absents du type ③.
Strate herbacée très diversifiée. Plus la strate arbustive sera dense, moins la strate herbacée sera importante.
Strate muscinale peut être présente dans les types ① et ②, dans les situations d’ubacs plus mésophiles.
CARACTÉRISTIQUES FLORISTIQUES
La chênaie pubescente des Alpes internes se distingue principalement par l’absence d’espèces des Alpes externes et intermédiaires que sont le buis et le genêt cendré.
Flore commune aux 3 types Arbres : Quercus pubescens, Sorbus aria, Acer opalus
Espèces subméditerranénnes : Amelanchier ovalis, Cytisophyllum sessilifolium
Especes calcicoles : Cornus sanguinea, Helleborus foetidus, Ligustrum vulgare, Saponaria ocymoides, Teucrium chamaedrys
① Buxo-Quercetum ② Querco-Aceretum ③ Campanulo-Quercetum Espèces supraméditerranéennes : Aphyllanthes
monspeliensis, Asparagus tenuifolius, Genista cinerea Espèces xérophiles : Buxus sempervirens, Rubia peregrina
Arbre : Quercus petraea
Espèces intra-alpines : Astragalus vesicarius, Juniperus sabina, Arbres : Fagus sylvatica, Quercus petraea
Fiche 3A CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES
① Buxo-Quercetum ② Querco-Aceretum ③ Campanulo-Quercetum
Climat
Contexte méridional Contexte médioeuropéen et méridional Alpes externes et intermédiaires Alpes internes Mésoméditerranéen
supérieur, supramediterranéen
Supraméditerranéen supérieur, montagnard
inférieur
Supraméditerranéen/
collinéen
Situation Toutes expositions Principalement en adret
Géologie Roches calcaires Roches calcaires ou
schisteux Sol Sol souvent superficiel. Rendzine à sol brun calcique (rendosol à calcisol).
Humus Mésomull à mull carbonaté
Niveau
trophique Neutrocline à calcicole
Niveau
hydrique Mésophile à xérophile Xérophile
Fiche 3A
ÉVOLUTION DYNAMIQUE
Ces associations constituent le stade climacique du sommet du mésoméditerranéen à la base du montagnard sur substrat calcaire. Ces forêts ont été largement défrichées pour le pâturage depuis plusieurs siècles. Avec la déprise agricole, ces terrains sont abandonnés et après une phase arbustive, les pinèdes de pins sylvestres ou de pins noirs, constituent souvent une phase dynamique. C’est pourquoi nombre de chênaies pubescentes sont encore dominées par des pins.
DISTRIBUTION SPATIALE
Les types ① et ② sont très répandus dans les massifs calcaires sur le pourtour méditerranéen : les Pyrénées-Orientales, le sud du Massif-Central et les Alpes.
Le type ③ est présent uniquement dans les Alpes internes méridionales, mais aussi médioeuropéennes jusqu’en Suisse.
Fiche 3A
Distribution des chênaies pubescentes neutrophiles à calcicoles dans les Alpes du Sud (et au niveau national) des relevés IGN (2016-2019).
CONFUSIONS POSSIBLES
• Au mésoméditerranéen, le Buxo-Quercetum ① est remplacé par le Lathyro latifoliae-Quercetum pubescentis (non présent dans les Alpes, mais dans la GRECO Méditerranée), où les espèces de chênaies vertes sont présentes : le smilax (Smilax aspera), la viorne-tin (Viburnum tinus), ou la lavande à feuilles larges (L. latifolia).
• Au montagnard, le type ② est remplacé par la hêtraie à buis (Buxo sempervirentis-fagetum sylvaticae, Fiche 1C), où le hêtre est dominant et les espèces méditerranéennes ont quasiment disparues.
• En limite d’aire vers le nord, notamment vers le Valgaudemard, les types ① et ② sont remplacées par la chênaie pubescente médioeuropéenne (Quercetum pubescenti-petraeae, non décrit dans ce guide), où les espèces méridionales comme le cytise à feuilles sessiles ou le genêt cendré sont absentes.
• Sur substrat acide, les chênaies pubescentes calcicoles sont remplacées par la chênaie pubescente acidiphile (Fiche 3B), où les acidiclines comme la fougère aigle (Pteridium aquilinum) ou les acidiphiles, telles que la germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia) et la canche flexueuse (Avenella flexuosa) sont présentes.
Fiche 3A
• Dans le secteur des Alpes maritimes, il ne faut pas confondre avec les chênaies pubescentes « ligures » où les espèces sud-est européennes comme le charme houblon (Ostrya carpinifolia), ou la seslérie argentée (Sesleria argentea) peuvent être présentes (non décrit dans ce guide)
ENJEU PATRIMONIAL
Les chênaies pubescentes calcicoles sont bien présentes dans les Alpes du Sud. A l’étage supraméditerranéen, c’est l’un des habitats forestiers les mieux représentés, à des expositions variées selon la situation (altitude, latitude…).
Ces chênaies abritent une flore et une faune très diversifiées. Le couvert léger que procure le chêne pubescent permet la présence d’une flore herbacée riche en espèces à tendance héliophile que l’on retrouve souvent dans les pelouses sèches voisines. Les peuplements vieillissants ou abritant de vieux arbres accueillent de très nombreux dendromicrohabitats particulièrement favorables à la faune saproxylique.
Parmi la riche faune des chênaies pubescentes, citons par exemple des insectes saproxyliques (Pique-prune Osmoderma eremita, Grand Capricorne Cerambyx cerdo, …) et des chauves-souris (murin de Bechstein Myotis Bechsteinii, barbastelle d’Europe Barbastella barbastellus, …). Pour la flore, citons la gesse de Vénètie (Lathyrus venetus), et pour les lisières et clairières, la pivoine officinale (Paeonia officinalis) et la fraxinelle (Dictamnus albus).
ÉTATS DE CONSERVATION - SYLVOFACIÈS
Généralement exploitées pour le bois de chauffage, ces chênaies font souvent l’objet de traitements en taillis avec des rotations assez courtes. Il en résulte une dominance des jeunes voire très jeunes peuplements peu favorables à la biodiversité. Les surfaces parfois conséquentes des unités exploitées peuvent par ailleurs conduire à des ruptures au moins temporaires dans la continuité de la trame forestière lors des coupes de taillis.
Les chênaies calcicoles font également parfois l’objet de pratiques sylvopastorales qui influent sur la composition du sous-étage et du tapis herbacé.
Enfin dans une bonne partie de son aire, cet habitat a été substitué par des plantations d’essences allochtones, en particulier le pin noir et le cèdre, constituant des habitats de substitution d’un intérêt biologique très inférieur à celui des chênaies.
A noter tout de même qu’il existe de nombreuses chênaies situées dans des fortes pentes d’accès difficile, qui bien qu’ayant été fortement exploitées par le passé, peuvent préfigurer un réservoir de peuplements matures voire vieillissants.
BONNES PRATIQUES ET PRECAUTIONS
En tant qu’un des habitats forestiers les plus anthropisés des Alpes du Sud, les chênaies calcicoles méritent une attention particulière dans leur gestion.
Fiche 3A Quelques actions pouvant être mises en œuvre dans ces milieux :
• Privilégier les traitements permettant la présence des stades matures et sénescents du cycle sylvicole ;
• Privilégier le balivage et la conversion des peuplements les plus fertiles, notamment vis-à-vis de l’enjeu du changement climatique (le taillis interdit les processus d’adaptations génétiques) ;
• Développer un réseau d’arbres (isolés, en bouquets, îlots ou corridors) conservés pour créer des trames de vieux bois au sein de peuplements souvent trop jeunes ;
• Veiller à réduire les surfaces de coupes et à adapter leur emplacement ou leur forme pour maintenir la continuité écologique de la trame forestière ;
• En cas de sylvopastoralisme, veiller à une charge pastorale adaptée à la ressource et à la présence des équipements pastoraux évitant les concentrations d’animaux ;
• Suivre l’évolution de léquilibres sylvo-cynégétique ;
• Accompagner le retour du chêne et des essences accompagnatrices dans les peuplements de substitution (pin noir, cèdre) exploitables.
MESURES DE GESTION SPECIFIQUES POUR LA FAUNE ET LA FLORE REMARQUABLES