Buphtalmum salicifolium 4- Sesleria argentea

5- Euphorbia canuti 6- Carpinus betulus

Fiche

3C

Ostryaies

Fiche 3C

①OSTRYAIE SUPRAMÉDITERRANÉENNE XÉROCLINE : Leucanthemo virgati-Ostryetum carpinifoliae

Forêt de charme houblon (Ostrya carpinifolia), orientale, du supraméditerrannéen, neutrocline à calcicole, xérocline à xérophile. Nous incluons dans cet habitat les faciès en limite du montagnard. Le Campanulo persicaefoliae-Ostryetum carpinifoliae, ne serait pas présent en France.

②OSTRYAIE SUPRAMÉDITERRANÉENNE MÉSOPHILE À BUIS

Buxo sempervirenti-Ostryetum carpinifoliae prov. : Forêt de charme houblon, orientale, du supraméditerranéen, neutrocline à calcicole, mésophile, de fond de vallon.

RATTACHEMENT PHYTOSOCIOLOGIQUE

Forêts feuillues, xéroclines à xérophiles...

Classe : Quercetea pubescentis

… thermophiles, du sud-est, à charme houblon…

Ordre : Cotino coggygriae-Fraxinetalia orni

… du continent (hors Corse et Sardaigne) : Alliance : Carpinion orientalis

① ostryaies supraméditerranéenne xéroclines

Sous-alliance : Campanulo mediae-Ostryenion carpinifoliae

② ostryaies supraméditerranéenne mésophiles

Sous-alliance : Laburno anagyroidis-Ostryenion carpinifoliae

CORRESPONDANCES AVEC LES CLASSIFICATIONS D’HABITATS EUROPÉENNES IGN EUNIS CORINE Biotope Cahiers d’habitats Natura

2000

① 41.81B

T1-9B12 41.812 -

② 41.812A -

PHYSIONOMIE

Strate arborescente fermée, dominée par le taillis de charme houblon, pouvant être accompagné de chêne pubescent (Quercus pubescens), ou de sapin (Abies alba) dans le type ②.

Strate arbustive assez dense surtout pour le type ②, souvent dominée par le buis (Buxus sempervirens).

Fiche 3C Strate herbacée très recouvrante pour les deux types : dans le type ①, la seslérie argentée (Sesleria argentea) et le brachypode penné (Brachypodium pinnatum) peuvent se développer en nappe. Dans le type ②, la strate herbacée est composée d’un mélange d’espèces mésophiles neutrocalcicoles.

CARACTÉRISTIQUES FLORISTIQUES

Type ① : est assez varié, du bas du supraméditerranéen, jusqu’à la base du montagnard où des espèces des hêtraies sapinières apparaissent comme le sapin (Abies alba), ou la digitale jaune (Digitalis lutea).

Type ② : Dans les vallons du supraméditerranéen, on peut retrouver des espèces du montagnard.

Flore commune aux 2 types

Arbres : Corylus avellana, Ostrya carpinifolia, Quercus pubescens, (Abies alba) Orophyte sud-européenne : Sesleria argentea

① Leucanthemo-Ostryetum ② Buxo-Ostryetum

Arbre : Acer opalus

Orophytes sud-européennes : Euphorbia canuti,

Leucanthemun virgatum

Mésoxérophiles à xérophiles : Aristolochia pallida, Brachypodium pinnatum, Cytisophyllum sessilifolium, Cotinus coggygria, Genista cinerea, Hypericum montanum

Thermophiles : Buphthalmum salicifolium, Hippocrepis emerus

Arbres : Acer opalus, Carpinus betulus, Ilex aquifolium, Quercus cerris

Hygroclines à mésophiles : Carex digitata, Geranium nodosum, Melica uniflora, Salvia glutinosa, Sanicula europaea, Trochiscanthes nodiflora

Neutrophiles à calcicoles : Buxus sempervirens, Mercurialis perennis

CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES

① Leucanthemo-Ostryetum ② Buxo-Ostryetum Climat Contexte méridional, secteur « Alpes maritimes »

Alpes externes et intermédiaires Étages supraméditerranéen et sub-montagnard

Situation Toutes expositions Fond de vallon

Géologie Variés (calcaire ou acide)

Sol Sols plus ou moins épais, bien

souvent calcaires (Calcosol) Sol colluvial, brun calcaire (Colluviosol à calcocsol)

Humus Humus peu épais, Mull

Niveau

trophique Neutrocline à calcicole

Niveau

hydrique Xérocline à xérophile Hygrocline à mésophile

Fiche 3C

ÉVOLUTION DYNAMIQUE

L’évolution dynamique des ces peuplements est très mal connue. Néanmoins, beaucoup d’ostryaies du type ① ont un sylvofaciès de pinède à pin sylvestre. Elles peuvent elles-memes être issues de landes à genêt cendré (Genista cinerea) ou de fourrés à cytise à feuilles sessiles (Cytisophyllum sessilifolius).

DISTRIBUTION SPATIALE

Les types ① et ② sont présents uniquement dans les Alpes maritimes surtout entre les vallées de la Vésubie et la Roya, ainsi que dans les vallées du Loup et de l’Esteron. Le type ① est connu aussi en Italie.

Fiche 3C

Distribution des ostryaies dans les Alpes du Sud (et au niveau national) des relevés IGN (2016-2019).

CONFUSIONS POSSIBLES

• ① Au montagnard, dans les conditions sèches, lorsque le sapin est dominant, la sapinière à seslérie (Seslerio argentea-Abietetum albae prov. Fiche 1E) prend le relais.

• ② Au montagnard, dans les conditions fraîches c’est la sapinière à trochiscante (Trochiscantho nodiflorae-Abietetum albae Fiche 1F) qui succède en altitude.

• Lorsque le chêne pubescent est dominant, l’association correspondante est la chênaie pubescente supraméditerranéenne ligure à frêne à fleurs (Fraxino orni-Quercetum pubescentis, non décrit dans ce document).

ENJEU PATRIMONIAL

Les ostryaies supraméditerranéennes xéroclines et mésophiles ne sont présentes au sein des Alpes du Sud que dans les Alpes-Maritimes où elles arrivent en limite de leur aire occidentale de répartition. Elles y sont bien représentées et y couvrent de vastes surfaces.

Fiche 3C Parmi les essences arborées constitutives de ces milieux, le charme-houblon (Ostrya carpinifolia) est une espèce sud-est européenne abondante dans les Alpes-Maritimes, où il structure des formations boisées en accompagnement du chêne vert à l’étage mésoméditerranéen ou du chêne pubescents à l’étage supraméditerranéen. Le charme-houblon est parfois accompagné dans ces boisements, notamment en fonds de vallon ou bas de versant, par le frêne-à-fleurs (Fraxinus ornus), autre essence orientale arrivant en limite d’aire de répartition en Provence.

Les ostryaies xérophiles et mésophiles se caractérisent par la présence dans leur cortège floristique d’espèces à aires centrées sur les Alpes sud-occidentales telles la seslérie argentée (Sesleria argentea), l’euphorbe de Canut (Euphorbia canutii) et la marguerite en forme de disque (Leucanthemum virgatum), endémique de l’extrémité sud des Alpes franco-italiennes.

ÉTATS DE CONSERVATION - SYLVOFACIÈS

Ces forêts à charme houblon se présentent le plus souvent sous forme de taillis notamment pour les ostryaies supraméditerranéennes xéroclines mais aussi de futaies pour les ostryaies mésophiles. Ces ostryaies peuvent présenter des sylvofaciès à pin sylvestre ou à chêne pubescent.

Ces taillis étaient autrefois exploités pour la production de bois de chauffage avec des rotations relativement courtes. Leur exploitation se poursuit actuellement lorsque la desserte le permet. De vastes secteurs ne sont toutefois plus exploités en raison notamment de la faible valeur des bois et de leur situation : fortes pentes d’adret, ou d’exposition intermédiaire pour les ostryaies xéroclines, ou fonds de vallon pour les ostryaies mésophiles.

Il s’agit de forêts relativement jeunes dites de reconquête après la déprise pastorale. Elles comportent rarement des bois sénescents ou matures mis-à-part les arbres conservés dans les pâturages pour faire de l’ombre aux troupeaux.

BONNES PRATIQUES ET PRECAUTIONS

Pour les ostryaies supraméditerranéennes exploitées en taillis, certaines préconisations peuvent être avancées pour préserver ces habitats originaux :

• Augmenter la durée de rotation du taillis au vu de la faible productivité biologique de ces peuplements ;

• Développer un réseau d’arbres (isolés ou en bouquets ou en îlots ou corridors) conservés pour créer des trames de vieux bois au sein de peuplements souvent trop jeunes ;

• En cas de sylvopastoralisme, veiller à une charge pastorale adaptée à la ressource et des équipements pastoraux évitant les concentrations d’animaux ;

• Privilégier le balivage et la conversion de certains peuplements, notamment vis-à-vis de l’enjeu du changement climatique (le taillis interdit les processus d’adaptation génétique).

Fiche 3C MESURES DE GESTION SPECIFIQUES POUR LA FAUNE ET LA FLORE REMARQUABLES Certaines espèces végétales protégées ou menacées devront nécessiter une attention particulière lors des coupes et travaux : repérage et délimitation physique des populations à enjeux ; adaptation des dates de coupes et travaux, maintien de bouquets d’arbres, conservation d’un réseau d’arbres gîtes, etc.

La conservation des peuplements et arbres remarquables, des arbres morts, sénescents et à dendromicrohabitats (souvent par ailleurs de valeur économique faible ou nulle) est particulièrement favorable pour la faune, la fonge (épiphyte et saproxylique) et une partie de la flore.

BIBLIOGRAPHIE