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Rappel des résultats obtenus sur les coupes disponibles dans le Haut Atlas Central

Entre 25 et 20 Ma, une partie du domaine ALKAPECA se détache et se fragmente : les Kabylies dérivent vers le Sud à la faveur de l’ouverture du bassin Algérien (Rehault et al.,

III. Le raccourcissement crustal, deuxième mécanisme générateur de relief

III.3 Les valeurs du raccourcissement : état des lieux

III.3.2. Rappel des résultats obtenus sur les coupes disponibles dans le Haut Atlas Central

Pour comparer les résultats obtenus sur les autres coupes, nous avons donc cherché à homogénéiser et rassembler les résultats des auteurs suivants : Brede, 1992, Zouine, 1993, Gómez et al., 1998, Beauchamp et al., 1999, Morel et al., 1999, Bennami et al., 2002, Teixell et al., 2003, Arboleya et al., 2004.

Les résultats de cette analyse sont présentés sur la figure III.8. et dans le tableau III.9.

Fig. III.8. Compilation des valeurs du raccourcissement suivant différents auteurs (voir références tableau III.9. et dans le texte.) converties ici en kilomètres. Fond de carte issu de Teixell et al., 2003.

Les autres références consultées sont :

- pour la région de Midelt : Morel et al., 1993 et Beauchamp et al., 1996. - pour la région de Demnate : Jenny, 1988, Rolley, 1978.

- pour la nappe de Toundout : Laville, 1980.

- pour le front sud entre Boulmane et Errachidia : Jacobshagen et al., 1988 et Saint Bezar et al., 1998.

Il est important de noter que ces valeurs sont obtenues grâce à des méthodes différentes : - les valeurs fournie par Brede., 1992, ne sont malheureusement pas documentées.

- Zouine (1993) et Morel (1999) effectuent un calcul de surface en excès à partir d’une paléo-surface d’âge supposé Plio-Villafranchienne et considérée comme horizontale à l’origine.

- Beauchamp et al., 1999 et Gómez et al., 1998 procèdent en calculant la longueur des couches crétacées.

- les résultats sur le front Nord des Jebilet proviennent directement de l’analyse de profils sismiques (Hafid, 1999).

- Teixell et al., 2003, et Arboleya et al., 2004, procèdent par calcul des longueurs des niveaux Jurassique post-rift.

Ces valeurs de raccourcissement ont été très peu discutées à l’échelle du Haut Atlas Central. Benammi et al., 2001, ont compilé les données existantes mais essentiellement dans le but de comparer les valeurs sur les fronts Nord et Sud. Teixell et al., 2003, se sont basés sur les trois coupes proposées dans leur article (reproduites Fig. III.4., III.5. et III.6.) pour suggérer que le raccourcissement décroît depuis l’Est vers l’Ouest, allant ainsi dans le sens d’une proposition déjà faite par Brede et al. en 1992. Cependant, pour démontrer cette décroissance, les auteurs s’appuient uniquement sur les taux de raccourcissement en pourcentage. Si ces derniers sont bien

Tableau III.9. Principales références concernant des coupes complètes, utilisées pour la compilation des valeurs du raccourcissement. La variabilité des données, y compris le long d’un même transect, est très forte, montrant la difficulté de contraindre ce paramètre.

montrent donc des taux de raccourcissement sensiblement équivalents, alors que la coupe la plus occidentale est sensiblement moins déformée. Nous reviendrons sur ce résultat par la suite.

Dans l’analyse faite par ces auteurs, ni le Moyen Atlas pour la coupe la plus à l’Est, ni le front Nord des Jebilet pour la coupe Demnate / Ouarzazate, ne sont inclus. La coupe centrale passant par Imilchil intègre elle le front Nord de la chaîne, qui correspond pourtant latéralement à ces structures. La décroissance de la valeur du raccourcissement de part et d’autre de la coupe centrale pourrait donc être due à la non-intégration du raccourcissement dans le Moyen Atlas à l’Est et du front Nord des Jebilet à l’Ouest. La même remarque peut être faite pour les valeurs calculées par Zouine et al. (1993) ou Brede et al. (1992), dans le Haut Atlas de Marrakech et dans la région de Midelt.

Fig. III.10. Synthèse des valeurs du raccourcissement le long de coupes à travers l’ensemble de la chaîne du Haut Atlas Central. La majorité des résultats est comprise entre 10 et 20 km. Aucune variation significative ne peut être identifiée.

Ainsi, nous avons ajouté aux profils concernés les valeurs « manquantes », de manière à pouvoir comparer des transects recoupant à priori toutes les structures atlasiques et leurs équivalents latéraux. Le résultat est présenté figure III.10.

Il apparaît alors que 10 des 13 valeurs sont comprises entre 11 et 21 km. Les trois autres valeurs sont nettement plus importantes et dépassent 30 km.

La valeur de 36 km obtenue par Beauchamp et al., 1999, est la plus élevée. Deux explications peuvent la justifier :

- soit cette valeur est surestimée en raison de difficulté à déterminer la position exacte des cut-offs sur les profils sismiques du front de la chaîne, comme suggéré par Teixell et al., 2003.

- soit cette valeur est correcte, mais inclut en réalité la nappe de Toundout, dont une partie du glissement est d’origine gravitaire (Frizon de Lamotte et al., 2000). Cette nappe correspondrait au décoiffement des parties hautes de la chaîne qui ont ensuite glissé passivement vers les fronts. Un tel processus provoque le redoublement des séries sur les bordures de la chaîne, et donc une surestimation du raccourcissement tectonique.

Les valeurs de l’ordre de 30 kilomètres obtenues par Teixell et al., 2003, sont aussi très élevées. Elles pourraient refléter une accentuation de la déformation vers l’Est. Cependant, sur le même tracé entre Errachidia et Midelt, Benammi obtient une valeur sensiblement plus faible de 21 km (en incluant le Moyen-Atlas), similaire aux observations dans le reste de la chaîne. La différence entre ces deux coupes tient en réalité essentiellement à l’interprétation faite des structures au cœur de la chaîne. En effet, si les structures au front sont relativement bien contraintes, il n’en est pas de même pour le reste du tracé où les pendages des failles et les rejets sont beaucoup plus difficiles à estimer.

Nous retiendrons de cette synthèse que l’inversion des bassins mésozoïques atlasiques est

finalement très modérée, même en tenant compte de la difficulté à la quantifier. Le

raccourcissement sur des transects complets des Atlas marocains semble relativement constant, de l’ordre de la vingtaine de kilomètres. Il est distribué sur des structures variées (Jebilet,