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II. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 1

1. R ESULTATS

Notre questionnaire nous a permis de dégager les résultats ci-après explicités. Nous avons mesuré la variation du niveau d’estime de soi avant et après l’exposition aux photographies de nourriture et aux reproductions des logiques d’action et de réaction propres à Instagram.

Pour rappel, nous avons posé les cinq mêmes questions à deux reprises en proposant une échelle de réponse allant 1 à 5. Ainsi, pour cet échantillon, un score de 25 correspond à un niveau d’estime de soi maximal tandis que 5 indique un niveau d’estime de soi minimal.

Variation du niveau d’estime de soi Score moyen de l’estime de soi :

Avant Après Variation

18,13 18,11 -0,01

Figure 23 : Variation du niveau d'estime de soi

Nous constatons donc une infime variation du niveau d’estime de soi. Le score moyen d’estime de soi mesuré en début de questionnaire est de 18,13 (sur 25). A la fin du questionnaire, nous avons mesuré un score de 18,11. La variation entre les deux scores moyens est donc de -0,01. La différence est infime.

Nous avons procédé à une comparaison détaillée des scores d’estime de soi de nos 156 répondantes. Pour réaliser cette comparaison, nous avons effectué l’opération suivante :

Score de l’estime de soi après (moins) Score de l’estime de soi avant

Figure 24 : Représentation graphique de l'intervalle de variation du score d'estime de soi de notre échantillon

Tous les intervalles qui se trouvent en-dessous de zéro correspondent aux répondantes dont le niveau d’estime de soi est plus bas à la fin du questionnaire qu’au début. Réciproquement, les intervalles s’élevant au-dessus de zéro indiquent les répondantes dont le niveau d’estime de soi est plus haut à la fin qu’au début du questionnaire.

Nous avons défini 5% comme étant un intervalle significatif de variation, ce qui correspond à 1,25 sur 25. En observant notre échantillon, 119 de nos répondantes présentent une variation du score d’estime de soi de moins de 5%. Les 37 répondantes dont le score varie de plus de 5% se répartissent comme indiqué sur le graphique ci-dessus.

Entre le début et la fin du questionnaire, ce chiffre peut varier plus ou moins fortement, de -7 à +5 précisément.

Les intervalles les plus extrêmes se situent à -7 et à +5 et ne concernent que 3 répondantes.

Afin de comprendre ces chiffres, nous nous sommes donc penchés sur les réponses des enquêtées correspondant aux pics de variation d’estime de soi les plus importants.

Commentaires sur les pics les plus importants

Le pic inférieur le plus important est de -7 et concerne la répondante n°35. Cette

INTERVALLE DE VARIATION DU SCORE D'ESTIME DE SOI

répondu « Ni d’accord ni pas d’accord », soit 3, aux cinq questions. Une telle baisse du niveau d’estime de soi est peu plausible. Ainsi, nous supposons que la répondante n°35 s’est sentie lassée par notre questionnaire et a choisi d’indiquer des réponses neutres à ce volet de questions.

Le pic supérieur le plus important se situe à +5 et concerne deux répondantes : n°17 et n°120.

Tout d’abord, la répondante n°17 présente un score de 18 en début de questionnaire, soit un bon niveau d’estime de soi. En fin de questionnaire, ce score augmente à 23, soit un très bon niveau. En observant les réponses fournies par cette personne, nous remarquons que ses attitudes face à la nourriture saine sont très favorables (entre 23 et 30 sur 30). De plus, la répondante a indiqué plusieurs fois que si les plats sains présentés apparaissent dans son fil d’actualité Instagram, elle serait susceptible de leur donner un « like » ou de publier un commentaire ; et une fois que l’image représentait le type de photo qu’elle souhaiterait publier sur son propre compte.

L’autre répondante présentant une variation du score d’estime de soi de +5 est la n°120. En début de questionnaire, cette personne obtient un score de de 16, soit un assez bon niveau d’estime de soi. En fin de questionnaire, son score augmente à 21.

En observant les réponses données par cette personne, nous remarquons qu’à la question « Je suis capable de faire les choses aussi bien que la majorité des gens », elle a indiqué « Pas du tout d’accord » la première fois puis « Tout à fait d’accord » la seconde. Le score total grimpe donc significativement au vu de ce changement de réponse. En nous penchant sur les réponses données par cette personne au reste du questionnaire, nous remarquons que ses attitudes envers les images de nourriture saine (20 et 21) sont sensiblement similaires, voire légèrement moins favorables qu’envers les images de nourriture non saine (18 et 23). Le changement positif observé dans le niveau d’estime de soi est donc difficilement explicable.

Un autre pic inférieur important est situé à -5 et concerne une seule personne. Nous avons donc décidé d’examiner son cas également. Il s’agit de la répondante n°14. En début de questionnaire, son score est de 24, soit un niveau d’estime de soi quasiment maximal. En fin de questionnaire, ce score s’est abaissé à 19, soit un niveau qui peut encore être qualifié de bon.

En détaillant ses réponses, nous observons que ses attitudes envers les images de nourriture saine sont aussi variées (30 et 19) qu’envers celles de nourriture non saine (16 et 21). Ces réponses expliquent difficilement un tel changement dans le score d’estime de soi.

Nous remarquons que pour la question « J’aimerais avoir plus de respect pour moi-même », cette répondante a coché « Plutôt pas d’accord » la première fois et « Tout à fait d’accord » la deuxième fois. Ceci a pour conséquence de faire nettement varier le score d’estime de soi. Cette question est orientée négativement dans une optique de contrôle. En effet, l’échelle étant ici inversée, l’enquêtée doit réfléchir avant de fournir une réponse et ne peut pas cocher les mêmes cases que celles sélectionnées pour les trois questions précédentes.

Dans la partie IV du questionnaire, nous observons que l’enquêtée a répondu « Plutôt pas d’accord » à toutes les questions concernant le Post 1, « Plutôt d’accord » à celles au sujet du Post 2, et « Tout à fait d’accord » pour le Post 3. Ceci nous amène à supposer que la répondante peut avoir souhaité accélérer le processus de réponse et ainsi avoir répondu de manière systématique à ces dernières questions. Il est donc

possible qu’elle ait également répondu aux questions sur l’estime de soi sans être entièrement attentive et n’ait pas prêté garde à l’échelle inversée.

Néanmoins, nous notons qu’à la seconde question présentant une échelle inversée

« Parfois je me sens vraiment inutile », notre enquêtée n°14 a fourni la même réponse deux fois (Pas du tout d’accord). Ainsi, les deux explications que nous avons avancées sont vraisemblables : le changement de réponse de cette personne peut s’expliquer par un véritable changement d’opinion tout comme il peut être justifié par une erreur due à l’inattention.

Rôle des variables démographiques

Pour compléter nos analyses, nous avons décidé d’observer les scores d’estime de soi moyens à l’aune de nos variables démographiques. L’âge, le niveau de formation et la catégorie socio-professionnelle ont-ils une quelconque influence sur le niveau d’estime de soi de nos répondantes et sur la variation de celui-ci au fil de notre questionnaire ?

Remarque : les zones grisées correspondent à des chiffres représentant 3% et moins de notre échantillon. Ceux-ci doivent donc être pris avec précaution.

L’âge

Age Score avant Score après Variation

16 12,00 13,00 1,00

17 15,33 15,00 -0,33

18 16,67 17,33 0,67

19 16,80 18,20 1,40

20 18,11 18,33 0,22

21 18,00 16,78 -1,22

22 17,75 17,88 0,13

23 17,50 17,57 0,07

24 19,89 19,28 -0,61

25 18,23 17,89 -0,34

26 18,72 19,24 0,52

27 17,57 17,57 0,00

28 18,13 18,75 0,63

29 17,55 17,55 0,00

Figure 25 : Tableau récapitulatif des scores d'estime de soi moyen en début et fin de questionnaire et la variation moyenne de ce score selon l'âge des répondantes.

Le tableau ci-dessus récapitule les scores d’estime de soi moyens en début et fin de questionnaire pour chacun des âges représentés au sein de notre échantillon.

En observant le tableau, nous remarquons que les scores d’estime de soi les plus bas relevés en début de questionnaire sont ceux des répondantes âgées de 16 ans (12), 17 ans (15,33), 18 ans (16,67) et 19 ans (16,8). Il semble donc que l’âge ait un lien avec le niveau d’estime de soi. Ces jeunes femmes sont les plus jeunes de notre échantillon et peuvent être qualifiées d’adolescentes. Cette période est connue pour être assez voire très difficile à vivre pour certains individus : ils font face à beaucoup de changements personnels et environnementaux et construisent leur identité. Il n’est donc pas particulièrement surprenant que les personnes de cette tranche d’âge indiquent un niveau d’estime de soi plus bas que la moyenne. Il est toutefois important de noter que dans notre échantillon, seules 12 personnes sont âgées de 16 à 19 ans.

Nos observations ne peuvent donc pas être généralisées.

Les scores les plus bas relevés en fin de questionnaire sont ceux des répondantes âgées de 16 ans (13), 17 ans (15) et 21 ans (16,78). Nous remarquons que les plus jeunes restent celles qui indiquent un bas niveau d’estime de soi.

Le score le plus haut a été obtenu par les personnes de notre échantillon âgées de 24 ans (19,89).

De manière générale, nous relevons que le niveau d’estime de soi n’évolue pas forcément avec l’âge de nos répondantes. Si les personnes de notre échantillon âgées de 24 à 29 ans présentent des scores moyens d’estime de soi relativement proches de la moyenne (18,13 et 18,11), ces chiffres n’augmentent pas régulièrement avec les années.

Enfin, en observant la variation de l’estime de soi de notre échantillon au cours du questionnaire, nous remarquons que les plus importantes sont attribuées aux personnes âgées de 16 ans (+1,02), 19 ans (+1,42) et 21 ans (-1,20). Il est à noter que cette observation ne concerne que 15 de nos répondantes. Les autres groupes n’affichent qu’une très faible variation (moins de +/- 0,7).

Au final, les adolescentes semblent les plus concernées par un bas niveau d’estime de soi. Une fois cette période passée, les scores ne sont plus forcément à rapporter avec l’âge des répondantes.

Niveau de formation

Niveau de formation Score avant Score après Variation

Ecole obligatoire 17,40 18,20 0,80

Apprentissage 16,60 17,40 0,80

Maturité / Baccalauréat 17,71 17,71 0,00

Universités et Hautes Ecoles 18,41 18,32 -0,08

Autre 15,50 15,25 -0,25

Figure 26 : Tableau récapitulatif des scores d'estime de soi moyen en début et fin de questionnaire et la variation moyenne de ce score selon le niveau de formation des répondantes.

Ce tableau récapitule les scores d’estime de soi moyens de notre échantillon en fonction de leur niveau de formation.

Ici, nous constatons que les scores moyens les plus bas relevés en début de questionnaire sont ceux des personnes ayant obtenu un apprentissage (16,60) et celles ayant indiqué la catégorie « Autre » (15,50). Le score le plus haut est celui des répondantes ayant étudié ou étudiant au niveau universitaire (18,41).

Pour ce qui est des scores relevés en fin de questionnaire, les plus bas sont également ceux des catégories « Apprentissage » (17,40) et « Autre » (15,25). Ce sont à nouveaux les « universitaires » qui totalisent le score moyen le plus élevé (18,32).

La variation moyenne du niveau d’estime de soi au fil du questionnaire est plus importante pour les groupes « Ecole obligatoire » et « Apprentissage » (0,80).

En fin de compte, pour notre échantillon, il est difficile à établir si le niveau de formation joue un rôle dans l’estime de soi de nos répondantes. Certes, les catégories les moins éduquées (Ecole obligatoire et apprentissage) présentent des scores moyens légèrement plus bas que la moyenne. Elles ne correspondent cependant qu’à un total de 10 personnes, soit 6% de notre échantillon. Quant à la catégorie « Autre », nous sommes dans l’incapacité de la relier avec un niveau d’éducation précis.

Catégorie socio-professionnelle (CSP)

Catégorie socio-professionnelle Score

avant Score

après Variation

1. Dirigeante 16,50 19,00 2,50

2. Professions libérales et assimilées 19,17 19,17 0,00

3. Autres indépendantes 20,20 20,60 0,40

4. Professions intellectuelles et

d'encadrement 18,80 18,40 -0,40

5. Professions intermédiaires 20,50 19,50 -1,00

6. Employée 17,81 17,69 -0,13

7. Ouvrière 18,00 17,00 -1,00

8. Travailleuse non qualifiée 13,00 11,00 -2,00

9. Apprentie 24,00 24,00 0,00

10. Sans emploi 18,00 19,00 1,00

11. En formation 18,07 18,04 -0,03

12. Au foyer 20,00 19,00 -1,00

13. Autre 17,78 17,89 0,11

Figure 27 : Tableau récapitulatif des scores d'estime de soi moyen en début et fin de questionnaire et la variation moyenne de ce score selon le CSP des répondantes.

Le tableau ci-dessus est un recensement des scores moyens d’estime de soi obtenus par nos répondantes en fonction de leur catégorie socio-professionnelle (CSP).

Les scores les plus bas mesurés en début et fin de questionnaire sont ceux de la catégorie « Travailleuse non-qualifiée » (respectivement 13 et 11). Ces chiffres sont largement en-dessous de la moyenne de notre échantillon. Il est à noter que cette catégorie ne compte qu’une personne.

Les scores les plus élevés en début et fin de questionnaire sont ceux de la catégorie

« Apprentie » (24 et 24). Ici, ces chiffres sont bien plus hauts que la moyenne. A nouveau, ils ne concernent qu’une seule personne.

Pour le reste de notre échantillon, en début de questionnaire, les catégories supérieures semblent présenter un score d’estime de soi plus ou moins supérieur que la moyenne : entre +0,66 et +2,37 pour les catégories n°2 à 5. Seule la catégorie

« Dirigeante » présente un score plus bas que la moyenne. Elle ne compte qu’une seule personne.

Les catégories 6 à 13 correspondent à des CSP moins élevées. Leur score d’estime de soi est dans l’ensemble plus ou moins inférieur à la moyenne (entre – 0,07 et -5,14). Seule la catégorie « Apprentie » obtient un score plus élevé que le moyenne, le plus haut de l’échantillon comme mentionné au-dessus.

En début de questionnaire, il semble que le niveau d’estime de soi soit plus ou moins liée au CSP de nos répondantes.

En observant la variation moyenne du niveau d’estime de soi au fil du questionnaire, nous constatons que les plus importantes sont celles des groupes « Dirigeante » (+2,5) et « Travailleuse non qualifiée » (-1,98). Comme dit précédemment, ces catégories ne représentent qu’une personne chacune.

A l’exception de ces quelques répondantes, le score d’estime de soi de notre échantillon semble varier plutôt faiblement et sans clair lien avec le CSP.