Les infirmiers :
1- Soins Ils interviennent dans les services, auprès des patients ayant des problèmes d'alcool sur demande des équipes soignantes, après évaluation médicale par le service.
- Passage biquotidien, 7 jours sur 7, au service d'accueil des urgences et à l'unité d'hospitalisation de courte durée (SAU).
- Passage sur demande dans les autres services du CHU.
Lors d'un entretien individuel (= intervention thérapeutique brève), ils évaluent la situation au plan alcoologique du patient, la demande et les motivations ; ils lui donnent des informations générales, sur sa situation par rapport à l'alcool et sur les possibilités de soin ; ils lui transmettent les coordonnées des structures de prise en charge. En cas de demande spécifique, ils se réfèrent au PH ou au psychologue, qui peut voir le patient dans un second temps.
2-Sensibilisation et de formation des équipes soignantes paramédicales.Il s'agit de donner des informations sur les problèmes d'alcool, en insistant sur le
repérage précoce et l'abord du patient. Les infirmières discutent à propos des patients qu'elles rencontrent avec les équipes médicales et paramédicales, essayent de les sensibiliser. Elles organisent avec les cadres et les équipes des interventions auprès des soignants sous des modes variés, en s'adaptant aux modalités de travail des différents services. Elles participent à la formation en intervenant à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers et en accueillant des élèves infirmières en stage de Santé Publique.
3-Lien avec les autres acteurs de soin. Les infirmiers de liaison connaissent les acteurs majeurs du département en matière d'addictologie, pour pouvoir les présenter aux patients. Au sein du CHU, ils ont des liens avec l'unité
d'alcoologie, susceptible d'accueillir des patients rapidement, la consultation de liaison en toxicomanie, l'unité de tabacologie et l'unité de psychiatrie de liaison. Depuis fin 2003, elles envoient systématiquement, si accord du patient, une lettre signalant leur intervention au médecin traitant du patient.
4- Recueil des informations et évaluation. Les infirmiers utilisent pour chaque entretien une fiche de recueil de données auto-dupliquante, permettant de laisser une trace dans le dossier du patient et de faire le lien avec le médecin traitant, et servant de base au recueil de données précises sur les populations rencontrées.
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Le psychologue :
1-Assurer la supervision des infirmières : celles ci travaillent le plus souvent en solo. Le psychologue les rencontre une matinée par semaine pour assurer un suivi des interventions qu'elles ont menées et les assiste dans une ou deux rencontres afin de commenter leur mode d'intervention.
2-Animer des réunions d'alcoologie destinées aux patients hospitalisés, à leur famille et au personnel. Ces réunions hebdomadaires s'adressent à un public hétérogène au plan du mode de consommation et du retentissement de l'alcool, et vont de l'information simple à la sensibilisation, voire à la motivation.
3-Assurer des prises en charge brèves en psychothérapie. Ce mode de prise en charge a été développé récemment. Il s'adresse à des patients jeunes, dont la consommation d'alcool souvent massive n'est pas encore inscrite dans une dépendance, mais se fait en réponse à des difficultés psychologiques susceptibles de recevoir un éclairage par une prise en charge brève.
Le praticien hospitalier :
1-Organisation Il a un rôle de coordination et d'animation de l'équipe, en collaboration étroite avec le cadre infirmier de l'unité "Alcoologie et Hépatologie Générale".
2-Rôle de soins Il peut intervenir tous les jours de la semaine auprès des patients à la demande des infirmiers pour une évaluation complémentaire et des
décisions thérapeutiques. Un tour a été organisé par les différents médecins alcoologues du service.
3-Rôle de sensibilisation et de formation des équipes médicales. Il prépare et organise des sessions courtes de sensibilisation au repérage des conduites à risque de consommation d'alcool auprès de toutes les équipes médicales du CHU, adaptées aux différentes spécialités.
4-Lien avec les autres acteurs de soin . Il est également responsable de l'UF
"Alcoologie et Hépatologie générale", et fait le lien entre la liaison et l'hospitalisation, ainsi qu'avec les autres acteurs de soin au niveau local.
5-Recueil des informations et évaluation
En collaboration avec l'équipe infirmière, il prépare le rapport annuel d'activité, ainsi que les statistiques de fonctionnement. Il organise les modalités d'évaluation des actions menées.
ACTIVITE
Les infirmières réalisent entre 1200 et 1300 interventions auprès de patients par an, dont les 2/3 au SAU*. Il est malheureusement difficile de voir des patients précocement, l'équipe étant le plus souvent sollicitée pour des patients sévèrement dépendants, qui nécessitent des soins importants et non une simple intervention. Celle-ci a cependant le mérite de redire au patient sa problématique et de lui donner des coordonnées de structures de soin. Dans certains cas, l'intervention débouche sur une prise en charge plus construite par la suite.
La comparaison de deux années différentes a permis de constater une augmentation de la part des patients non dépendants dans les interventions, mais ils restent minoritaires.
Il est difficile de mobiliser les équipes au repérage précoce, et encore plus à l'abord. On se heurte à des résistances d'ordre organisationnel (trop de charge de travail) mais aussi culturel et personnel ("vous n'allez tout de même pas aller embêter ce petit jeune à 3 g, vous ne faites donc jamais la fête"). Dans le même temps, les équipes ont l'impression que la liaison ne sert pas à grand chose, elle n'apporte pas en tout cas de solutions pour le devenir à court terme du patient.
Les perspectives :
- aborder le sujet du cannabis de façon systématique, et une réunion a permis de préciser le message à délivrer.
-Se centrer sur certains services, une première expérience sur l'ORL, service dans lequel les infirmières passent maintenant de façon systématique s'avère positive. Il est projeté de se centrer prochainement sur les maternités.
-Continuer à rencontrer les équipes pour mieux les sensibiliser.
Texte : Docteur Romain MOIRAND, responsable de l'Unité Fonctionnelle d'Alcoologie de liaison du CHU de Rennes.
*Service d’Accueil et d’Urgences