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L'ALCOOL DANS LE MONDE DE LA NUIT

Dans le document 20 ème anniversaire (Page 85-89)

Intervenant : Corinne Guérin * Modérateur : Dr Patrick Gilbert**

Les consommations de substances psychotropes sont aussi vieilles que l’humanité ! (psycho : âme sensible ,esprit et tropos : mouvement, transformation) et ce à des fins diverses:

remède médical,

moyen de communiquer avec d'autres dimensions, moyen d’établir un lien social,

moyen pour influencer l'humeur

moyen d'augmenter les performances, la résistance à la fatigue moyen de s'abstraire du monde ou au contraire de lui faire face.

L’histoire de l' alcool et de l'ivresse commence avec la civilisation .Peut-être cela donne t-il à réfléchir?

Pourquoi s’alarmer de ces débordements contemporains quand on sait que I’humanité a survécu à tant de folles ivresses?

Seulement dans les temps anciens, il y avait des règles, des limites (tout le monde n’avait pas le droit de boire, l'alcool était réservé aux fêtes , aux prêtres pour les cérémonies religieuses...) Il y avait un cadre.

C’est la découverte des procédés de distillation permettant de conserver les boissons beaucoup plus longtemps, de les produire industriellement , d'en réduire le coût qui fut responsable de l’extension des consommations et des problèmes qu’elle entraîna.(monde ouvrier, absinthe).

En matière de prévention on, on distingue trois périodes :

De 1870 à 1950 - la prévention visait à combattre le produit ,qui rendait violent, « dégénéré », « taré », produit qui entraînait le buveur dans la « déchéance »

De 1950 à 1980 la prévention vise à défendre la société, avec l’apparition de la notion de maladie L’excès et la dépendance sont ciblés et donc on prône donc la modération.

Depuis 1980, l’approche n’est plus centré sur la consommation de produits, mais sur le comportement, prenant donc en compte des notions d’usage à risque, d’usage nocif et des notions de dépendance.

Aujourd’hui, on travaille dans le champ de 1’addictologie.

*animatrice ANPA56, Vannes

**, médecin du travail Groupe PSA La Janais, Rennes

Pour le sujet qui nous concerne, en l'occurrence le monde de la nuit, on parle de consommations de substances psychoactives où les consommations sont plutôt des polyconsommations (l’alcool est majoritairement consommé, avec d'autres produits).

L’objectif dans ce monde de la nuit étant de « s’éclater», les consommations de produits psychoactîfs sont largement légitimées, elles ont un sens.

De plus l’effet de groupe, d’appartenance de stimulation collective n’est pas négligeable puisque pour « s’éclater » il faut rester dans le « mouv’ », être identifié par le groupe.

Dans le monde de ta nuit on peut repérer différentes façon de consommer, de prendre un risque : Ie risque est nié, le risque est non perçu. On consomme des produits psychoactifs pour rechercher une excitation, une effervescence qui oblige au dépassement de soi en aiguisant les perceptions. Les consommations participent à l’intégration sociale, facilite le contact avec I’aufre, permettent d’établir un lien. Les substances psychoactives sont synonymes de « fête ».

le risque est perçu, au moment de la fête. Il se traduit par un sentiment de peur. La volonté de maîtriser dirige l’usage des substances psychoactives.

Le risque est recherché pour éprouver des sensations, faire monter l’adrénaline : utiliser un nouveau produit réputé dangereux, modifier sa façon de le consommer.

Le risque est évalué ( maladies. normes sociales etc..) et Ià on entre dans une gestion du risque

Paradoxalement, I’alcool n’est pas toujours repéré comme produit psychoactif et,en même temps, l’alcool est classé par le monde de la nuit comme faisant partie des produits dangereux au même titre que I’héroïne et la cocaïne.(Le cannabis étant placé en dernier).

Dans le monde des consommateurs de substances psychoactives, on distingue plusieurs niveaux:

1- la découverte : vécu euphorique des consommations de produits (la question du risque n’est jus évoquée).

2- l’observation : on s’interroge sur ses pratiques, on regarde les autres, on a peut-être vécu quelque chose de marquant.

3- la phase de sortie : soit on quitte le milieu du monde de la nuit (un moyen de réduire ses consommations) soit on en arrive à un renforcement de ses pratiques et matière de consommation de substances psychoactives. (Les pratiques amènent vers l’isolement, vers une anesthésie à travers une consommation massive).

En terme de réduction des risques (pratiques de prévention dans le monde de la nuit) on apporte,

dune part une réponse pratique dans le « comment consommer en prenant le moins de risques possibles» (flyers, kit, testing),

et on apporte d’autre part une réponse sur le fond dans le «pourquoi » ça fait sens pour moi de consommer, lors des échanges sous formes d’entretiens individuels avec les consommateurs,et quels risques je prends à avoir telles ou telles pratiques .

Ces échanges sur le « comment » et le « pourquoi » débouchent de temps en temps sur une orientation vers un centre de soins.

Il est vrai, que, sur l’instant, le bénéfice de la stratégie plaisirs et risques, gains et pertes, coûts et bénéfices, ainsi que la connaissance rationnelle des dangers, l’ensemble s’efface devant le plaisir pris dans l’action, la présence des autres, la recherche de la transgression, et le sentiment d’être le plus fort.

Dans une démarche amenant vers la prise de conscience des consommateurs de produits psychoactîfs, chaque marche compte et chaque pratique de prévention est à même d’apporter sa pierre à l’édifice.

Corinne Guérin

LES CONSULTATIONS PRE-SENTENCIELLES AU C.C.A.A. DE RENNES SUITE A DES CONDUITES DELICTUELLES

Intervenants : J. Chauvin Modérateur: D. Richard

Jusqu’à présent. Nous connaissions les condamnations pour des conduites délictuelles avec obligation de soins. Elles avaient une durée de 18 mois. 2 ans ou 3 ans. Les consultations pré-sentencielles se situent en amont. Elles ont une visée préventive et sont une alternative à la sanction pénale.

Présentation

Il s’agit d’une convention entre la Justice et le C.C.A.A.(Centre de Cure Ambulatoire en Alcoologie) de Rennes. Le financement provient de la M.I.L.D.T.(Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et la Toxicomanie) ; il est annuel et reconductible trois fois. Un médecin (à mi-temps) et une psychologue (à mi-temps) ont été recrutés pour assurer ces consultations.

Ces dernières s’adressent à des personnes ayant commis un délit avec prise de produit (cf: drogue, alcool...).

Les consultations pré-sentencielles ont pour objectif la prévention des risques et sont, pour certains, une occasion d’entrer dans une démarche de soins.

Le « contrat » passé entre le délégué de parquet et la personne ayant commis le délit est d’aller à 2 entretiens à 3 mois d’intervalles (attestation à l’appui) au C.C.A.A de Rennes.

Dans le document 20 ème anniversaire (Page 85-89)