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6. ANALYSE CRITIQUE DE LA REVUE DE LITTÉRATURE

6.2. Analyse critique des articles

6.2.7. Résumé de l’article 7

Nilsson, C. & Lundgren, I. (2007). Women’s lived experience of fear of childbirth.

Midwifery, 25 (2), 1-9

6.2.7.1. Description de l’article

L’objectif de l’étude est de décrire l'expérience vécue des femmes qui souffrent de la peur de l'accouchement.

Cadre de l’étude : L’étude s’est déroulée en 2003 au Sahlgrenska University Hospital, à Göteborg, en Suède.

Les participantes : 8 femmes enceintes (24-37 SA), dont deux primipares, cherchant de l'aide au sein d’une clinique spécialisée pour les femmes qui souffrent de la peur d’accoucher.

Résultats : Quatre thèmes ont été identifiés caractérisant la peur de l’accouchement : Un sentiment de mise en danger où les femmes se sentent menacées; le sentiment d’être prise au piège ; le sentiment d’être une mère inférieure ; ne compter que sur soi.

6.2.7.2. Présentation des résultats

La structure essentielle de l’expérience vécue des peurs de l’accouchement est exprimée en deux thèmes : Se perdre en tant que femme dans la solitude et la solitude elle-même.

Quatre thèmes sont par la suite présentés dans les résultats.

Se perdre en tant que femme dans la solitude : Pour les primipares cela signifie une peur d’être jugées dans leurs comportements pendant l’accouchement. Si elles n’arrivent pas à prouver qu’elles sont capables, elles se sentent en échec et inférieures aux autres. Le sentiment de culpabilité et de honte ne fait que renforcer leur vulnérabilité. Pour les multipares, l’expérience antérieure de l’accouchement semble être déterminante dans l’altération de la confiance en leur capacité à accoucher. L’accouchement traumatique est principalement lié à la douleur et au mauvais contact avec le personnel de la maternité, les femmes expriment clairement qu’elles ne se sont pas senties considérées dans leur individualité.

La solitude : Les primipares se retrouvent face à l’accouchement ressenti comme une étape inéluctable qu’elles sont obligées de traverser seules. Pour les multipares, la solitude

s’exprime plutôt par le caractère totalement incertain de l’issue de l’accouchement. Cela fait peur aux femmes et altère leur capacité à accoucher. Ces peurs ne sont souvent pas reconnues par l’entourage ce qui entraîne de la culpabilité et de la honte chez ces femmes qui ont le sentiment d’être anormales.

a. Un sentiment de danger qui menace et qui appelle

Les femmes ressentent l’accouchement comme un danger qui se rapproche tous les jours un peu plus. Cette menace imminente se manifeste par des symptômes physiques (douleur d’estomac, tachycardie, insomnies). Les femmes trouvent des stratégies d’évitement leur permettant de supporter cette souffrance : ne pas penser à l’accouchement précédent, ne pas discuter de la peur avec l’entourage, penser à l’option de la césarienne.

b. L’appel du danger

Il réside dans le fait que les femmes désirent paradoxalement accoucher normalement.

Elles décrivent une force intérieure étrange et unique centrée sur ce souhait. Pour les multipares l’appel du danger signifie qu’elles désirent en quelque sorte se venger de la première expérience négative de l’accouchement. La peur obligerait les femmes à agir malgré le fait que la situation semble intolérable. Pour cela, elles cherchent à savoir de quelle nature est la peur en essayant de lui faire face et en l’accompagnant, afin de la rendre plus supportable. Elles décrivent la prise en charge sage-femme (spécialisée dans le travail autour des peurs de l’accouchement) comme une ressource indispensable.

c. Le sentiment d’être prise au piège

Les femmes ressentent une impression d’emprisonnement dans le fait qu’elles n’ont pas d’autres choix que d’accoucher et de donner naissance à leur bébé. Elles se sentent prises au piège par le temps : d’une certaine manière elles se réjouissent d’avoir un bébé mais de l’autre, plus l’accouchement approche et plus elles souhaiteraient arrêter le temps. Elles se sentent aussi piégées dans une ambivalence lorsqu’elles doivent choisir le mode d’accouchement (voie basse ou césarienne).

d. Manque accru de confiance en sa capacité à devenir mère

Elles ne se reconnaissent pas dans leurs sentiments et réactions et se blâment elles-mêmes en imaginant le pire, ce qui les amène à croire qu’elles sont de moins bonnes mères que les autres. Ces sentiments ne sont pas dirigés vers le personnel soignant mais plutôt contre elles-mêmes. Pour les multipares, un sentiment d’échec et de déception persiste.

L’expérience négative du premier accouchement donne lieu à un sentiment de culpabilité vis à vis de leur enfant.

e. Ne compter que sur soi

Les femmes n’arrivent pas à communiquer leur peur car elles se sentent bizarres et anormales par rapport aux autres femmes. La société ne respecte pas le fait qu’une femme puisse avoir peur d’accoucher, créant ainsi un sentiment d’insécurité, une diminution de l’estime de soi et de la capacité à devenir mère. Le personnel soignant offre également un soutien minime à ce sujet et reste très froid envers l’expression des peurs de l’accouchement. Les femmes craignent aussi de revivre la douloureuse solitude qu’elles ont vécue lors du précédent accouchement. Le conjoint ne représente pas non plus une ressource, par son manque de compréhension et le fait qu’il a tendance à éviter de parler du précédent accouchement. Cependant la présence du conjoint ou d’autres personnes proches permet aux femmes de ventiler. Il est important que le conjoint n’ait pas peur lui-même.

6.2.7.3. Critique générale de l’article

L’importance du sujet de l’étude est bien démontrée et l’approche qualitative choisie est tout à fait pertinente en regard du phénomène étudié. Le contexte de l’étude et l’échantillon sont définis. Cependant, il aurait été intéressant de connaître les modes d’accouchement des multipares dans la partie « description de l’échantillon » ; ce point est décrit mais uniquement dans la fin de la discussion, il aurait été cependant intéressant de connaître cet élément avant. Les participantes ont été soumises à des critères d’inclusion et d’exclusion.

Les perspectives des chercheurs sont bien décrites ainsi que la méthode de recueil de données qui est minutieusement explicitée. Les principes éthiques ont été pris en compte et respectés. Les résultats sont scrupuleusement étayés et l’on comprend bien le déroulement de la démarche, qui est suffisamment poussée. Ils sont pertinents et semblent fiables.

Cependant, l’organisation des résultats reste peu claire, la numérotation des différents thèmes aurait permis de mieux les différencier. La partie de la discussion renforce l’importance de la problématique et remet en question la prise en charge des professionnels. Les conclusions sont pertinentes et reprennent bien les différentes variables identifiées à travers l’étude : la peur de l'accouchement affecte les femmes de telle manière qu'elles doutent d’elles et perdent leurs capacités à accoucher. Les antécédents d’accouchements précédents sont au cœur des préoccupations des multipares. Elles décrivent leurs expériences et leur souffrance en regard des soins reçus pendant l’accouchement. Cette étude est importante pour la pratique puisqu’elle est le reflet du

vécu profond des femmes (multipares ou primipares). Elle apporte des éléments de compréhension sur les origines des peurs, sur les conséquences de celles-ci ainsi que sur l’implication pour la pratique et la prise en charge des sages-femmes dans la nécessité d’améliorer la qualité de l’accompagnement.