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6. ANALYSE CRITIQUE DE LA REVUE DE LITTÉRATURE

6.2. Analyse critique des articles

6.2.2. Résumé de l’article 2

Geissbuehler, V. & Eberhard, J. (2002). Fear of chilbirth during pregnancy : a study of more 8000 pregnant women. Journal of psychosomatic obstetrics and gynaecology, 23(4), 229-235

6.2.2.1. Description de l’article

L’objectif principal de cette étude quantitative est de savoir si les femmes ont encore actuellement (dans notre contexte de soins moderne où la mortalité maternelle est infantile est à son taux le plus bas) des peurs liées à l’accouchement et si oui, de quelle peurs s’agit-il ? L’objectif secondaire de l’étude est d’examiner si les cours de préparation à la naissance ont une influence sur les peurs de l’accouchement. Des données spécifiques ont été récoltées auprès de plus de 8000 femmes entre les années 1991 et 1999 dans une clinique Suisse qui utilise à la fois les pratiques modernes de l’obstétrique et des méthodes plus alternatives. Les résultats montrent que les femmes ont principalement peur pour la santé de leur bébé (~ 40%). Les peurs d’un accouchement instrumenté, l’anesthésie (générale, péridurale), le fait d’être à la merci du personnel soignant s’élèvent à ~ 12%.

Concernant l’influence des cours de préparation à la naissance, il est difficile d’établir un lien avec la diminution des peurs de l’accouchement.

6.2.2.2. Présentation des résultats

Les résultats sont représentés en trois parties.

a. L’intensité des peurs de l’accouchement

Sur les 8528 femmes 5,3 % d’entre elles présentent des peurs intenses de l’accouchement contre 29,9 % qui n’ont pas peur. 57, 5 % d’entre elles présentent de légères peurs. 7,3%

de femmes n’ont pas répondu à cette question. Les questions sur les peurs (pas de peur, légère peur, peur intense) ont été mises en relation avec la parité. Ce qui ressort particulièrement, c’est que plus la parité augmente et plus les peurs diminuent. Cet élément est statistiquement significatif puisque p ≤ 0,0001 pour les primipares et les deuxièmepares et p = 0,0028 pour les multipares.

b. Type de peurs

Sur les 8528 femmes inclues à l’étude, la réponse la plus fréquente est la peur pour la santé du bébé (49, 6 %). La deuxième réponse la plus importante concerne la peur de la douleur (39,8%). A la troisième place se trouve les réponses concernant les autres types de peurs qui ne sont pas proposés dans le questionnaire (15,4%) : peur de l’inconnu, peur de ne pas avoir la force, peur d’être seule, peur de perdre le contrôle de soi-même, peur d’échouer, peur de paraître stupide. Entre 11% et 13% des femmes ont exprimé la peur de la césarienne, d’un accouchement instrumenté, de l’anesthésie générale, de la péridurale, du fait d’être impuissant et dépendant des autres, de ne pas pouvoir influencer la situation. 6,3% des femmes ont peur de l’hémorragie.

Comme tendance générale, avec l’augmentation de la parité, la fréquence des différentes catégories de peur diminue.

c. L’impact de la préparation à la naissance

Sur les 8528 femmes, les auteurs ont comparés le niveau de peur (pas de peur, légère peur, peur intense) sur les femmes ayant suivi des cours de préparation à la naissance en comparaison avec les femmes qui n’avaient pas suivi de cours. Les catégories pas de peur et peur intense étaient plus élevées chez les femmes qui avaient suivi des cours de préparation à la naissance (p = 0,0087). Un autre tableau examine les mêmes éléments mais cette fois chez les primipares uniquement. Selon les analyses statistique la catégorie pas de peur ne montre pas de différence entre les deux groupes. Par contre, la catégorie peur intense est plus élevée dans le groupe ayant suivi des cours de préparation à la

naissance (< p = 0,0437). Cette étude ne permet pas d’étudier l’impact des cours de PANP sur la diminution des peurs de l’accouchement en raison d’une méthodologie peu adaptée.

Pour connaître l’impact de la PANP sur les peurs, il aurait fallut mener cette étude en deux temps, avant les cours de PANP et après ces mêmes cours.

6.2.2.3. Critique générale de l’article

Les motivations des auteurs à entreprendre l’étude sont clairement décrites, et les objectifs de l’étude sont bien explicités. Le choix d’entreprendre une étude quantitative prospective de type observationnelle est pertinent en regard des questions posées. La méthodologie est très succinctement décrite mais le protocole utilisé semble approprié au domaine de la recherche. La population étudiée est brièvement décrite, certaines caractéristiques socioculturelles ou psychologiques auraient été intéressantes à connaître, au regard du sujet traité. Les caractéristiques du centre où se déroulait l’étude sont bien décrites ainsi que la durée de l’étude. Les critères d’inclusion ou d’exclusion n’ont pas été décrits et auraient pu faire l’objet d’une explication spécifique. Concernant les modalités du recueil de données, le questionnaire utilisé auraient pu être joints à l’étude afin d’avoir une vue d’ensemble des différentes questions posées. Les modalités de recueil de données concernent la mesure de la variable principale et de la variable secondaire. Les méthodes statistiques sont bien présentées ainsi que la signification statistique. L’étude semble en effet statistiquement significative au regard de p qui est égal à 0,05 malgré le fait que les auteurs ne présentent pas les biais et les facteurs de confusion. Les résultats sont intéressants et semblent vérifiables à partir des données brutes. L’étude n’a pas été soumise ou validée par un comité d’éthique ; le consentement n’a pas été présenté ni les modalités concernant la confidentialité et l’anonymat. Les auteurs semblent faire preuve d’intégrité par rapport au thème traité et leur langage reste nuancé. Les conclusions reprennent bien les résultats : malgré une obstétrique moderne et utilisant une approche alternative, les femmes présentent encore des peurs liées à l’accouchement. Les peurs principales étant la peur pour la santé du bébé (∼ 50 %) et la peur de la douleur (∼ 40 %). Les peurs concernant l’accouchement instrumenté, la péridurale, le fait d’être à la merci du monde médical s’élèvent à 12 %. L’étude ne démontre pas l’impact des cours de préparation à la naissance sur la diminution des peurs, cependant, il est probable qu’ils contribuent tout de même à les réduire. Globalement l’étude est plutôt bien menée même si elle comporte certains manques. Les résultats répondent et étayent notre question principale de recherche à savoir les différents types de peur d’accouchement des femmes.