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Les statistiques descriptives sont présentées dans le Tableau 1. Très peu de pères rapportent des niveaux significatifs de symptômes dépressifs. Les fréquences révèlent que 8.4% des pères rapportent des symptômes dépressifs significatifs (score > 14). Quatre pères présenteraient une dépression légère (score entre 14-19), deux une dépression modérée (score entre 20-28) et un seul une dépression sévère (score >29). Quant aux mères de l’échantillon, les résultats suggèrent qu’elles seraient en moyenne légèrement plus déprimées que les pères. Cinq d’entre elles présenteraient une dépression légère, quatre une dépression modérée, puis une seule une dépression sévère. La faible prévalence de scores de dépression atteignant le seuil clinique est cohérente avec le fait qu’il s’agit d’un échantillon normatif (issu de la communauté). Une faible proportion de trouble dépressif est attendue dans la population générale. La prévalence est cohérente avec celle attendue (9%) dans la population masculine selon Statistique Canada (2012). La prévalence est toutefois en deçà de celle attendue chez les pères durant la première année de vie de l’enfant, soit de 13% selon des travaux nord- américains (Cameron et al., 2016). Ces travaux incluent toutefois des études provenant des États-Unis, pays pour lequel la prévalence est généralement plus élevée (Paulson & Bazemore, 2010). Comme mentionné précédemment, les scores de problèmes socioaffectifs de l’enfant tels que rapportés par le père et la mère ont été combinés en un score moyen. On observe que les scores rapportés par les pères et mères sont fortement corrélés (r = .52, p < .00), ce qui suggère que les deux parents s’entendent globalement dans leur évaluation des difficultés de leur enfant.

II. Analyses corrélationnelles préliminaires

Afin d’identifier des covariables pertinentes à considérer dans les analyses principales, des analyses corrélationnelles ont d’abord été effectuées entre les variables sociodémographiques (revenu et scolarité du père et de la mère, sexe de l’enfant et âge des parents) et les variables principales, soit la dépression maternelle et paternelle, la sensibilité parentale et les problèmes intériorisés et extériorisés de l’enfant. Les résultats de ces analyses indiquent qu’il n’y a pas d’association entre les variables sociodémographiques et les

variables à l’étude. Ainsi, les variables sociodémographiques n’ont pas été considérées dans les analyses subséquentes.

Des analyses corrélationnelles bivariées ont ensuite été effectuées afin d’examiner les relations entre les symptômes dépressifs et la sensibilité des pères et des mères et les problèmes socioaffectifs des enfants. Les résultats de ces corrélations sont présentés dans le Tableau 2. Ils révèlent une absence de relation significative entre les symptômes dépressifs du père et la sensibilité paternelle. Ainsi, les pères qui rapportent plus de symptômes dépressifs ne sont pas moins sensibles que les pères qui en rapportent moins. Les résultats révèlent toutefois une relation significative et négative entre la sensibilité paternelle et les problèmes socioaffectifs de l’enfant (r = -.27, p < .05), ce qui suggère que plus les pères sont sensibles, moins les enfants présentent de problèmes socioaffectifs. Une relation significative et positive est également observée entre les symptômes dépressifs des pères et les problèmes socioaffectifs des enfants (r = .29, p < .01). Plus les pères rapportent de symptômes dépressifs, plus les enfants présentent des problèmes socioaffectifs. Ainsi, bien que la sensibilité et les symptômes dépressifs ne soient pas associés entre eux, les deux sont associés aux problèmes socioaffectifs chez l’enfant.

Chez les mères, les symptômes dépressifs ne sont pas associés à leur degré de sensibilité. Également, les résultats révèlent une absence de relation entre la sensibilité des mères et les problèmes socioaffectifs des enfants. Toutefois, une corrélation significative et positive indique que les symptômes dépressifs des mères sont associés aux problèmes socioaffectifs des enfants (r = .34, p < .01). Ainsi, plus les mères sont déprimées, plus les enfants présentent des problèmes socioaffectifs.

Par ailleurs, les analyses corrélationnelles révèlent l’absence de relation entre la sensibilité du père et celle de la mère (r = .02, p = .83). Ainsi, les comportements de sensibilité des parents divergent. Les moyennes révèlent d’ailleurs que les mères (M = .65) sont légèrement plus sensibles que les pères (M = .49). Dans le même ordre d’idée, il n’y a pas de relation entre les symptômes dépressifs des pères et ceux des mères (r = .18, p = .14). Ces

résultats soulignent l’importance de considérer les facteurs propres aux mères et aux pères distinctement et leur contribution unique dans la prédiction des problèmes socioaffectifs de l’enfant.

III. Analyses de régression

Dans un premier temps, afin de répondre à l’objectif principal qui était d’examiner le

rôle de la sensibilité et des symptômes dépressifs des pères dans le développement des problèmes intériorisés et extériorisés à la petite enfance, des analyses de régression ont été effectuées. Les résultats de ces régressions sont présentés dans le Tableau 3. Ces résultats indiquent que la sensibilité et les symptômes dépressifs des pères expliquent 19% de la variance dans les problèmes socioaffectifs de l’enfant. Les résultats indiquent que les symptômes dépressifs paternels (β = .32, p < .05) et la sensibilité paternelle (β = -.29, p < .05) contribuent de façon significative et unique à l’explication de la variance dans les problèmes socioaffectifs de l’enfant. Plus les pères rapportent de symptômes dépressifs, plus les enfants présentent des problèmes intériorisés et extériorisés. Par ailleurs, plus les pères sont sensibles, moins les enfants présentent de problèmes intériorisés et extériorisés. Les résultats révèlent que la dépression paternelle demeure associée aux problèmes socioaffectifs de l’enfant lorsque la sensibilité paternelle est prise en compte, ce qui suggère que la sensibilité ne joue pas un rôle de médiateur dans cette relation.

Dans un second temps, les symptômes dépressifs et la sensibilité des mères ont été ajoutés au modèle de régression, afin d’examiner la contribution unique des facteurs paternels au-delà de ceux-ci. Les résultats sont présentés dans le Tableau 3. Le modèle final incluant tous les prédicteurs paternels et maternels explique 22% de la variance dans les problèmes socioaffectifs de l’enfant.

En somme, les symptômes dépressifs et la sensibilité des pères joueraient un rôle unique dans la prédiction des problèmes intériorisés et extériorisés des enfants à l’âge d’un an, et ce, au-delà de la dépression et de la sensibilité maternelle. Par ailleurs, la sensibilité ne

jouerait pas un rôle de médiateur dans la relation entre la dépression paternelle et les problèmes socioaffectifs de l’enfant lors de la petite enfance.

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