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TROISIEME PARTIE: ÉTUDES EN CONTEXTE Chapitre 6.

Article 13: Droit à la liberté d’expression)

5) Enfin, dans la dernière partie, nous proposons une série de questions visant à définir la situation sociale, économique, culturelle et religieuse des sujets.

8.3. RÉSULTATS: LES DROITS DE L’HOMME

Nous allons, dans cette partie, présenter les résultats issus de l’analyse des données concernant les droits de l’homme; ceux relatifs aux droits de l’enfant seront présentés par la suite.

8.3.1. Le champ commun

Afin de dégager l’organisation de la connaissance partagée des droits de l’homme, en tenant compte, à la fois, des destinataires et des contextes sociaux évoqués, une première analyse de classification hiérarchique* (méthode de Ward, distances euclidiennes élevées au carré) a été réalisée sur l’ensemble des réponses des sujets concernant l’évaluation de l’importance et du respect des six droits proposés pour les trois destinataires (hommes, femmes et enfants) et par rapport aux deux milieux d’existence considérés (société, famille).

Les résultats obtenus par cette analyse sont présentés à la figure 8.1. D’emblée, on observe une première division du dendrogramme qui oppose, de façon très nette, l’ensemble des items ayant trait à l’évaluation de l’importance des droits à ceux concernant l’évaluation de leur respect. Ce premier résultat, un peu trivial, rend compte d’une organisation de la connaissance qui distingue systématiquement les conceptualisations des droits au niveau abstrait (importance = ce qui devrait être) de celles qui se situent au niveau concret (le respect = ce qui est). Cependant, ces deux regroupements semblent se structurer suivant des principes différents de catégorisation; nous allons donc décrire leurs caractéristiques particulières. Parmi le regroupement qui réunit les échelles relatives à l’évaluation de l’importance, les embranchements successifs permettent de distinguer trois classes de droits: l’interdiction de la violence est associée à la liberté d’opinion et d’expression; les devoirs à l’égard de la communauté au droit à la participation politique; les droits juridiques au droit à la vie privée. De toute évidence, ces trois classes ne correspondent pas de façon stricte à celles définies par Cassin (Agi, 1980) ou à celles rencontrées par Doise et al. (1994, 1999). La première rassemble des droits qui appartiennent à la classe des droits de la personne (interdiction de la violence) et des libertés publiques (liberté d’opinion); la seconde réunit la classe de l’ordre social (devoirs) à celle des libertés publiques (parti politique); la troisième associe des droits

* Pour cette analyse de classification, ainsi que pour les suivantes, nous svons utilisé la «méthode de ward». Cette méthode, basée sur la proximité moyenne des items, vise à maximiser l’homogéneité des groupes (Doise et al., 1992 ; Lorenzi-Cioldi, 1996).

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classés dans la classe des droits de la personne (droits juridiques) à celle des droits interpersonnels (vie privée).

Ainsi, l’organisation de la connaissance semblerait ne pas correspondre aux critères qui ont guidé le discours expert et suggèrerait une objectivation tributaire des caractéristiques culturelles du contexte de la recherche. Mais une telle conclusion se fonderait sur une lecture strictement taxonomique du discours officiel sans tenir compte des principes fondamentaux qui en sont à l’origine. Il convient effectivement de rappeler que cette taxonomie se fonde essentiellement sur les implications relationnelles des droits sanctionnés: relations entre les individus, relations entre les individus et les États, relations entre les États. Ces relations sont, en outre, à l’origine de la classification en termes de "droits de la première génération", où l’on trouve les limites de l’État et les libertés fondamentales, et "droits de la seconde génération" qui regardent lesdevoirs de l'État et de la communauté afin de subvenir aux besoins fondamentaux des individus (Domenach, 1989; Weston, 1992).

Ainsi, une lecture de nos résultats qui tienne compte de ces principes (ainsi que du nombre limité d’articles présentés dans le questionnaire), conduit à des considérations sensiblement différentes que l'on peut plus aisément ramener aux problématiques générales qui ont accompagné la rédaction de la DHDH.

L’interdiction de la violence et le droit à la liberté d’opinion et d’expression assurent l’intégrité physique et intellectuelle de l’individu. Dans ce sens, on peut raisonnablement se demander la raison pour laquelle le droit d’opinion-expression n’est pas considéré, dans la taxonomie officielle, comme un droit fondamental. Par ailleurs, lorsque ces droits sont envisagés sur le plan de leur violation, l’histoire en général, mais également les résultats obtenus de l’analyse de la presse, témoigne d’un lien quasi inéluctable, aussi bien dans les domaines publics que privés de l’existence, entre le droit à s’exprimer librement et l’exercice de la violence: qu’il s’agisse des États ou des familles, la limitation du premier, exercée par les groupes ou les sujets dominants, s’accompagne souvent de pratiques répressives qui comportent "des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants" (art.5) qui, bien souvent, peuvent aller jusqu’à la torture.

La classe constituée par les droits à la participation politique et les devoirs à l’égard de la société peut être interprétée à l’aune du débat sur les liens entre les devoirs et les droits du citoyen. Comme le rappelle Doise (2001,14), ce débat a des ancrages historiques profonds qui remontent, notamment, aux travaux préalables à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’Assemblée française (Gauchet, 1989), et renvoie aux conditions essentielles d’une organisation politique fondée sur des principes démocratiques.

Enfin, le lien entre les droits juridiques et le droit à la vie privée unit des articles qui relèvent d’une même problématique. Il s’agit en effet de droits, foncièrement individuels, qui posent la reconnaissance de chaque personne, homme, femme ou enfant, comme un individu à part entière aussi bien dans le milieu public (la justice) que privé (vie privée) de l’existence.

Mais le résultat le plus important, qui rend compte d’une évaluation de l’importance des droits fondée davantage sur le type de droit que sur les conditions spécifiques de son application (destinataire et milieu d’existence), apparaît lorsque l’on observe l’axe des ordonnées du dendrogramme: les échelles se référant à un même droit sont toutes rigoureusement juxtaposées et constituent des regroupements spécifiques. L’influence des destinataires et des milieux d’existence évoqués ne peut donc s’observer qu’à l’intérieur de ces regroupements. On note ainsi que les échelles relatives à l’interdiction de la violence, aux devoirs à l’égard de la société, aux droits juridiques et au droit à la vie privée se regroupent en fonction des milieux d’existence (famille et société). Ce n’est que par rapport au droit à la liberté d’opinion et d’expression et, en particulier, à celui proclamant la participation politique que l’on trouve une organisation qui met en cause les destinataires: les destinataires enfants sont regroupés séparément des destinataires adultes (femmes et hommes).

D’une manière générale, les échelles portant sur l’évaluation du respect, qui constituent le deuxième embranchement principal du dendrogramme, se groupent, ici aussi, en fonction de l’article proposé. Toutefois, leur organisation présente quelques différences par rapport à celle que nous venons de décrire. En particulier, nous trouvons, dans ce cas, deux classes de droits: la première comprend, comme précédemment, le droit à la liberté d’opinion et l’interdiction de violence, mais ces droits sont associés au droit à la vie privée adressé uniquement aux destinataires hommes; la seconde classe regroupe le droit à la participation politique et les devoirs à l’égard de la société auxquels s’ajoutent les droits juridiques et le droit à la vie privée mais, ce dernier, adressé, cette fois, aux femmes et aux enfants.

121 Distances 0 5 10 15 20 25 +---+---+---+---+---+ Imp.Int.violence Femmes F. òø Imp.Int.violence Hommes F. òôòòòòòø Imp.Int.violence Enfants F. ò÷ ùòòòòòòòø Imp.Int.violence Femmes S. òø ó ó Imp.Int.violence Hommes S. òôòòòòò÷ ùòø Imp.Int.violence Enfants S. ò÷ ó ó Imp.Lib.Opinion Enfants S. òûòø ó ó Imp.Lib.Opinion Enfants F. ò÷ ùòòòòòòòòòòò÷ ó Imp.Lib.Opinion Femmes F. òûòú ó Imp.Lib.Opinion Hommes F. ò÷ ó ó Imp.Lib.Opinion Femmes S. òûò÷ ó Imp.Lib.Opinion Hommes S. ò÷ ó Imp.Devoirs Femmes S. òø ó Imp.Devoirs Hommes S. òôòòòø ùòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòòø Imp.Devoirs Enfants S. ò÷ ùòòòø ó ó Imp.Devoirs Femmes F. òø ó ó ó ó Imp.Devoirs Hommes F. òôòòò÷ ùòòòø ó ó Imp.Devoirs Enfants F. ò÷ ó ó ó ó Imp.Part. politique Enfants S. òûòòòø ó ó ó ó Imp.Part. politique Enfants F. ò÷ ùòòò÷ ó ó ó Imp.Part. politique Femmes S. òûòø ó ó ó ó Imp.Part. politique Hommes S. ò÷ ùò÷ ó ó ó Imp.Part. politique Femmes F. òûò÷ ùòòò÷ ó Imp.Part. politique Hommes F. ò÷ ó ó Imp.D. Juridiques Femmes F. òø ó ó Imp.D. Juridiques Enfants F. òôòòòø ó ó Imp.D. Juridiques Hommes F. ò÷ ùòòòòòø ó ó Imp.D. Juridiques Femmes S. òø ó ó ó ó Imp.D. Juridiques Hommes S. òôòòò÷ ó ó ó Imp.D. Juridiques Enfants S. ò÷ ùò÷ ó Imp.D.V. Privée Femmes S. òø ó ó Imp.D.V. Privée Hommes S. òôòòòòòø ó ó Imp.D.V. Privée Enfants S. ò÷ ùòòò÷ ó Imp.D.V. Privée Femmes F. òø ó ó Imp.D.V. Privée Hommes F. òôòòòòò÷ ó Imp.D.V. Privée Enfants F. ò÷ ó

Fig.8.1. Echa

ntillon total: dendrogramme représentant la structure des articles de la

Déclaration Universelle (évaluation de l’importance et du respect)

Intégrité de l’individu

EVALUATION DE