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3.1 Inclusion des patients

Deux cent vingt-huit patients ont été enrôlés durant la période de l’étude. Soixante-huit patients n’ont pas donné de consentement éclairé ou ont été exclus de l’étude (maîtrise insuffisante de Français [N=16] ; troubles cognitifs [N=14] ; refus de participer [N=38]).

Cent soixante patients ont été inclus dans l’étude. Les femmes représentaient 40%

[N=64] des patients. L’âge médian était de 66 ans allant de 21 à 91 ans. La table 1 présente les caractéristiques des patients.

3.2 Caractéristiques cliniques des patients

Les diagnostics oncologiques représentés étaient d'une grande variété avec une majorité de cancers pulmonaires et gastro-intestinaux; 28 patients (17,5%) souffraient d’une maladie primaire localisée, 65 (40%) présentaient une récidive locale et 67 (42,5%) une maladie métastatique. Le temps moyen depuis le diagnostic était de 18 mois avec des limites variant de 0-12 ans. Ces caractéristiques sont présentées dans la table 1.

Le score moyen de l’index de comorbidités de Charlson était élevé à 7,5 en moyenne (DS=1,9).

Les patients avaient bénéficié de traitements oncologiques variés durant les 3 mois précédant l'admission: la chimiothérapie (45%) représentait la majorité de ces traitements suivie de la radiothérapie (30%), de la chirurgie (28%), de l'hormonothérapie (15%) et de l'immunothérapie (4%).

L’utilisation de médicaments à l’admission était élevée, spécialement pour les analgésiques avec plus de la moitié des patients [N=88] bénéficiant d'un traitement d'opioïdes forts (palier III selon OMS). Les benzodiazépines étaient prescrites chez 80% [N=129] des patients sans pouvoir préciser si ce traitement était à visée

29 hypnotique ou anxiolytique. Cent vingt-cinq (80%) patients bénéficiaient d'un traitement de corticostéroïdes et 71 (44%) patients étaient sous traitement anti-émétique. Un traitement anti-dépresseur ne concernait que 14% [N=23] des patients.

La majorité des patients (> 80%) présentait des limitations fonctionnelles mesurées selon le « ECOG-Performance Status » (score supérieur à 2). Selon les résultats d'auto-évaluation observés par les échelles fonctionnelles de l' « EORTC-QLQ C30 », l'impact de ces limitations fonctionnelles concernaient la qualité de vie d'une façon globale ainsi que tous les aspects mesurés (physique, émotionnel, social, cognitif et capacité à tenir un rôle).

Environ un tiers des patients montrait des signes de morbidité psychiatrique sur l’échelle hospitalière de la dépression et de l’anxiété (HADS).

3.3 Prévalence et impact de la fatigue

Concernant la fatigue, les résultats du BFI montraient une prévalence très importante. Très peu de patients ne rapportaient pas de fatigue (N=19 ; 11,9%) ou une fatigue légère (N=19 ; 11.9%) alors qu’une fatigue modérée (N=70; 43.8%) ou sévère (N=52; 32,5%) était relevée chez plus de deux tiers des patients.

Les patients étaient interrogés à l'admission sur leurs symptômes invalidants principaux au travers du « Questionnaire Fatigue Structuré » que nous avons développé. Les résultats montraient une moyenne de 3,8 réponses par patient (DS = 1,8) avec une fréquence particulièrement élevée concernant la fatigue (N=140;

87.5%). La douleur (N=72; 45%), la perte d’appétit (N=62; 38.8%), la tristesse ou l’anxiété (N=61; 38.1%), et la dyspnée (N=57; 35.6%) étaient également fréquemment rapportés. Parmi ces différents symptômes, la fatigue avait clairement le plus gros impact sur la qualité de vie des patients. En effet, toujours selon le

« Questionnaire Fatigue Structuré » et d'après sa sous-échelle numérique allant de 0 à 10 mesurant l'impact des différents symptômes, la fatigue ressortait comme le symptôme le plus invalidant avec un score moyen de 5,8 (DS=3).

L'impact de la fatigue était fortement corrélé avec le degré de fatigue mesuré d'après le « BIF » (Pearson r=0.923; p<0.0001).

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3.4 Anémie

Concernant l'hémoglobine, le taux moyen mesuré à l'admission était de 11 g/dl (DS=1,6). La médiane des valeurs d'hémoglobine se situait à 10,8 g/dl et 20% des patients présentaient des taux de moins de 10g/dl d'hémoglobine. Une très grande majorité (80%) des patients avait cependant bénéficié d'un traitement pour l'anémie au cours des six dernières semaines; soit sous la forme d'un soutien transfusionnel, soit sous la forme d'injection d'érythropoïétine.

3.5 Corrélations

Nous avons testé différentes corrélations entre les résultats obtenus et la fatigue des patients mesurée selon le score du « BIF ». Ces résultats sont détaillés dans la table 2.

- Tout d'abord, il apparaissait que la rubrique de notre « Questionnaire Fatigue Structuré » concernant la fatigue possédait une très bonne corrélation avec la sous-échelle de l' « EORTC QLQ-C30 ») ainsi qu’avec le « BIF », 2 échelles largement reconnues et validées.

3.5.1 Corrélation entre la fatigue et la qualité de vie

En ce qui concerne la qualité de vie globale, elle se montrait clairement corrélée avec la fatigue (Pearson r=0.219; p<0.05). Différentes altérations fonctionnelles plus spécifiques, notamment physique, sociale et de capacité à tenir un rôle (rapportées par les patients dans l' « EORTC QLQ-C30 ») faisaient ressortir également une corrélation significative avec la fatigue. En revanche, l'altération fonctionnelle mesurée par les soignants (ECOG-Performance Status) n'était pas corrélée avec la fatigue.

3.5.2 Corrélation entre la fatigue et les données biomédicales

Nous avons ensuite recherché une éventuelle corrélation entre le degré de fatigue mesuré d'après le « BIF » et les caractéristiques cliniques, et en particulier les différentes données biomédicales récoltées:

31 - Aucune des données biomédicales mesurées n’apparaissaient corrélées avec la

fatigue, notamment pas la présence d’éventuels troubles électrolytiques, de troubles de la fonction rénale ou hépatique, d’une dysfonction thyroïdienne ou d’un mauvais état nutritionnel. La présence et la sévérité des différentes comorbidités des patients mesurées d’après « l’Index de Comorbidité selon Charlson » ne mettait pas non plus en évidence de relation avec la fatigue.

- La prise d'antalgiques, notamment de type opioïdes forts, n'était pas corrélée avec la fatigue. La prise de corticoïdes ne montrait pas non plus de relation significative avec la fatigue. La prise d'antidépresseurs semblait corrélée avec les résultats du « BIF », ce résultat étant cependant probablement biaisé par la relation entre la dépression et la fatigue.

- Les différents traitements oncologiques administrés (chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie ou chirurgie ou leurs combinaisons) au cours des douze dernières semaines n'étaient pas non plus corrélés avec la fatigue.

- Les autres symptômes principaux relatés par les patients tels que la douleur, la perte d'appétit ou la dyspnée ne s'avéraient pas corrélés avec la fatigue.

3.5.3 Corrélation entre la fatigue et l’anémie

Au niveau de l'anémie, les taux d'hémoglobine mesurés dans les 24 heures de la passation des questionnaires ne montraient pas de corrélation avec la fatigue.

Différentes sous-analyses confirmaient également ces résultats, dont les détails sont présentés dans les tables 3 à 8 :

- On ne mettait pas en évidence de corrélation entre l'appartenance au sous-groupe de patients présentant des taux d'hémoglobine inférieurs à 10g/dl et la fatigue.

Les patients peu ou pas anémiques (Hb > 12g/dl) ne présentaient pas moins de fatigue que les patients anémiques.

- L'analyse du sous-groupe de patients ayant reçu un soutien transfusionnel dans les 6 semaines précédant l'admission ne montrait pas de différence au niveau de la prévalence de la fatigue. L'administration d'un soutien transfusionnel dans les 6 semaines précédant l'admission n'était pas non plus corrélée avec une diminution

32 du degré de fatigue (mesuré selon le « Questionnaire Fatigue Structuré » et selon le « BIF »).

Pour terminer, seules l'anxiété et la dépression, prises séparément ou ensembles, étaient significativement corrélées à la fatigue (pour le score total de HADS:

Pearson r=0.266; p<0.01).

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