• Aucun résultat trouvé

2   Méthode

2.4   Mesures et Instruments

Comme expliqué précédemment, nous avons cherché à mesurer la prévalence et l’impact de la fatigue reliée au cancer (FRC) dans une population de soins de support oncologiques. Nous avons utilisé pour cela trois instruments de mesure : le BFI (Brief Fatigue Inventory ) et la sous-échelle de la fatigue de l’EORTC QLQ C30 qui ont déjà fait l’objet d’une validation au niveau international, ainsi qu’un questionnaire de 5 questions que nous avons développé selon les recommandations

23 usuelles de prise en charge des symptômes des patients cancéreux et que nous avons appelé « Questionnaire Fatigue Structuré ».

Nous avons également recueilli différentes données biomédicales afin d’examiner s’il existait une éventuelle corrélation entre celles-ci, la FRC et son degré d’intensité. Nous avons notamment ciblé notre démarche sur l’un des facteurs associé les plus fréquemment cité comme cause responsable de FRC : l’anémie reflétée par le taux d’hémoglobine. Nous avons également évalué s’il existait une relation linéaire entre le taux d’hémoglobine et le degré de fatigue.

2.4.1 Données biomédicales

Les données biomédicales ont été extraites du dossier médical des patients dans les 48 heures suivant l’admission des patients de l’unité. Les différentes valeurs ont été récoltées par une infirmière chargée de la base de données.

Comme mentionné auparavant, nous avons mesuré différents paramètres validés comme causes possibles de fatigue chronique selon les différentes recommandations spécialisées1,14:

- L’anémie ;

- Les troubles électrolytiques ;

- Les troubles des fonctions rénales et hépatiques ; - L’état nutritionnel ;

- La fonction thyroïdienne ;

- La prescription des différents traitements pouvant influencer l’état de fatigue ;

- Les traitements oncologiques en cours ou précédemment reçus ; - Les comorbidités.

Concernant l’anémie, les valeurs de l’hémoglobine à l’admission dans l’unité de soins de support ont été recueillies d'après les résultats de laboratoires sanguins afin

24 d'évaluer la prévalence et le degré d'anémie des patients. La prescription d'un traitement de l'anémie sous forme d'un soutien transfusionnel ou d'injection d’érythropoïétine au cours des six dernières semaines a également été recherchée.

Ces données étaient récoltées sous forme de « présence » (1) ou « absence »(0) d'un traitement de l'anémie au cours des six dernières semaines, sans faire de distinction sur la forme de ce traitement.

Les autres valeurs biomédicales suivantes ont été recueillies à l’admission dans l’unité de soins de support:

- Les taux de Sodium, Potassium et Calcium sanguins pour explorer d’éventuels troubles électrolytiques ;

- Un mesure de l’INR afin d’investiguer la fonction hépatique globale ; - Les taux sanguins de créatinine reflétaient la fonction rénale ;

- L’état nutritionnel des patients était évalué par la mesure de la CRP et de l’albumine ;

- La fonction thyroïdienne était évaluée par la mesure de la TSH.

Différents autres paramètres ou conditions pouvant influencer l’état de fatigue ont également été relevés. Nous les décrivons brièvement ci-dessous :

- La prescription de différents traitements tels que les antalgiques, classés selon les paliers de l'OMS, les psychotropes, ou d’autres médicaments (corticoïdes, antiépileptiques, antiémétiques) pouvant influencer l’état de fatigue a été recueillie d'après les dossiers médicaux.

- Les traitements oncologiques (chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie, chirurgie) actuellement prescrits ou précédemment reçus lors des trois derniers mois.

- « L’Index de Comorbidité selon Charlson » a été calculé chez tous les patients afin d'évaluer la présence et la sévérité des comorbidités. Ce score a été développé en 1987 par Charlson et al. dans le but de calculer le pronostic

25 de survie des patients en fonction de leur âge et de leurs co-morbidités. Sa fiabilité a été largement démontrée dans différentes études129,130.

- La mesure de la détresse psychologique des patients a été évaluée avec l'échelle hospitalière de l'anxiété et de la dépression (en anglais « The Hospital Anxiety And Depression Scale; HADS »)131,132. Le score global concernant l'anxiété ou la dépression varie de 0 à 21. L'échelle HADS a été largement validée au niveau international pour les patients hospitalisés.

Différents travaux ont également démontré une bonne fiabilité chez des patients ambulatoires133,134.

- Nous avons également mesuré les limitations fonctionnelles expérimentées par les patients cancéreux de notre étude durant leur séjour. Pour ce faire, nous avons utilisé le Status de Performance de l’ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group). Cet instrument permet une mesure globale du status fonctionnel des patients. Il est rempli par les soignants et est composé d’une échelle sur cinq points de zéro à quatre basée sur le niveau d’interférence des symptômes avec l’activité normal et sur le nombre d’heures passées au lit en étant éveillé. Les valeurs les plus élevées correspondent à une altération plus marquée du status fonctionnel122. Cet outil a fait l’objet de nombreuses validations et est également utilisé comme facteur pronostic dans de nombreux types de cancer, notamment pulmonaires135,136,137

.

2.4.2 Choix des instruments de mesure de la fatigue

Nous avons ensuite choisi deux instruments de mesure de la fatigue, faciles d’utilisation et précédemment validés au niveau international :

- Le « Brief Fatigue Inventory » (BFI): étant donné son excellente validation chez des patients oncologiques, sa facilité d'utilisation et la bonne acceptabilité lors d'une phase pilote chez nos patients, nous avons choisi d'utiliser cet instrument.

- La sous-échelle de la fatigue de l’EORTC QLQ C30 (Annexe 3): nous avons remis aux patients le questionnaire concernant la Qualité de Vie développé par l’Organisation Européenne pour la Recherche et le Traitement du Cancer

26 (en anglais : « EORTC QLQ C30 ») visant à évaluer leur qualité de vie.

Comme nous le décrivons ci-dessous, une sous-échelle de ce questionnaire permet également une mesure de la fatigue. Ce questionnaire a été développé en 1986 par l’EORTC dans le but de développer un programme de recherche concernant la qualité de vie des patients cancéreux138. Cet outil multidimensionnel de trente questions à choix multiples comporte neuf échelles: cinq échelles fonctionnelles évaluant les aspects physique, cognitif, émotionnel, social et l'aptitude au travail ou aux tâches ménagères; trois échelles mesurant des symptômes (douleur, fatigue, nausée et vomissements) ; et une échelle concernant la santé globale et la qualité de vie en générale. Sa fiabilité et sa validité ont été largement démontrées au niveau international132.

Concernant la sous sous-échelle « fatigue » de l’EORTC QLQ C30, deux grandes études avec des collectifs importants de patients ont montré une excellente validation comme instrument indépendant de mesure de la fatigue chez les patients cancéreux139,140,141

. Certains auteurs avancent cependant que son extrême brièveté et son nombre limité de catégories de réponse la rend moins sensible à la détection de changements du symptôme et est également moins apte à mesurer des différences de fatigue entre plusieurs groupes142.

Nous avons également développé un questionnaire de cinq items basé sur les différentes recommandations du réseau national américain du cancer (NCCN) concernant la prise en charge des patients oncologiques106. Nous décrirons ci-dessous ce questionnaire, que nous avons appelé « Questionnaire Fatigue Structuré » (Annexe 4) :

- Le « Questionnaire Fatigue Structuré » : cet instrument visait d’une part à explorer les symptômes invalidants principaux des patients et leur impact et d’autre part à évaluer le point de vue des patients concernant leur prise en charge.

27 La première question consistait à évaluer les principaux symptômes invalidants dans une liste de 11 items comprenant entre autre la fatigue, la douleur, la tristesse ou l’anxiété et d’évaluer leur impact sur la vie quotidienne sur une échelle numérique de zéro à dix.

Les questions 2 et 3 visaient à évaluer la présence et le type de problème relatif à la notification de la fatigue des patients auprès du médecin.

Les 4e et 5e items consistaient à explorer le point de vue des patients à l’aide de questions à choix multiples quant aux causes principales et aux traitements de la fatigue en les comparant aux recommandations usuelles concernant la fatigue reliée au cancer.

Documents relatifs