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CHAPITRE 2 ÉTAT DE LA QUESTION ET PROBLÉMATIQUE

2.2 L ES FACTEURS D ’ ATTRACTION , D ’ INTEGRATION ET DE RETENTION DANS LA

2.2.2 Le réseau social

Le réseau social est « un ensemble d’unités sociales et de relations que ces unités sociales entretiennent les unes avec les autres » (Merklé, 2004, p.4). Le réseau peut être organisé ou non et les relations à l’intérieur des réseaux sont diversifiées. Il y a trois

dimensions de relations dans les réseaux sociaux : l’appartenance, l’appropriation et la gouverne (Lemieux, 1999, p.11). « Les réseaux sont des systèmes d’acteurs sociaux qui, pour des fins de mise en commun de la variété de l’environnement interne, propagent la transmission de ressources en des structures fortement connexes » (Lemieux, 1999, p.11).

Dans les réseaux, il y a les liens forts et les liens faibles (Granovetter, 1973, 1983). Les liens forts, ou serrés, sont formés des membres de la famille et des amis. Les liens faibles, ou lâches, sont formés de la parenté plus éloignée, des voisins, d’anciens collègues d’école. Dans les réseaux constitués de liens forts, comparativement aux liens faibles, les relations sont plus fréquentes, plus intimes, il y a plus d’intensité émotionnelle et il y a plus de services rendus réciproquement (Lemieux, Ouimet, 2004, p.44).

Les réseaux sociaux sont incontournables dans la trajectoire, l’installation et l’intégration des immigrants (Vatz Laaroussi, 2008, en ligne). Les réseaux des immigrants se forment dès leur arrivée, lors des premiers contacts avec les résidents de la collectivité d’accueil et avec les organismes d’accueil ainsi que tout au long de leur parcours d’immigrant. Ces réseaux sont constitués de cinq groupes : la famille, les amis, le parrain, l’hôte et les nouveaux amis du même groupe culturel (Jean, 2007).

Les réseaux aident les immigrants à obtenir de l’information sur la société d’accueil, à trouver un logement, à accéder au marché de l’emploi et ils deviennent un soutien psychologique, financier et matériel (Hily et al., 2004; Laaroussi, 2008). L’enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada menée par Statistiques Canada entre 2003 et 2007 démontre que la famille est le premier réseau d’aide des immigrants, suivi des amis et des organisations. Selon cette étude, 80% des immigrants ont un réseau à l’arrivée alors que 78% d’entre eux en ont un en cours d’établissement (Jean, 2007). Les réseaux aident les immigrants à surmonter un bon nombre de difficultés à leur arrivée ainsi qu’au long de leur période d’adaptation et d’installation.

Le réseau social des immigrants est un important facteur de rétention et il a un impact sur l’entrée des immigrants sur le marché du travail (Bernier et Vatz Laaroussi, 2013; Forsé et Langlois, 1997; Granovetter, 1973). Les offres d’emplois peuvent être connues en contactant l’employeur, en consultant des organismes d’aide à l’emploi et les annonces dans les journaux ou les sites web ainsi que dans les réseaux sociaux où un bon nombre d’occasions d’emploi circulent de manière informelle. « Certains auteurs affirment que l’information découlant des réseaux sociaux est d’ailleurs à l’origine d’un plus grand nombre d’embauches de travailleurs, en particulier des immigrants » (Granovetter, 1995; Portes, 1995; Montgomery, 1992, cités dans Jean, 2007, p.4). Le réseau social dépasse l’emploi, dans certains cas, comme critère d’attraction et de rétention.

Par ailleurs, plus l’immigrant est scolarisé, plus il a de chances de développer de nouveaux réseaux au cours de son établissement. Les plus jeunes (15-35 ans) ont davantage de réseaux d’amis alors que les plus âgés (40 ans et plus) se tournent davantage vers la famille (Jean, 2007).

Les réseaux jouent un rôle dans la mobilité des migrants. « En effet, la plupart des études (Abu Laban, 2000; Simich, 2003) démontrent que si les immigrants s’installent en région pour l’emploi, ils en repartent souvent pour rejoindre des membres de la communauté […] installés ailleurs » (Vatz Laaroussi, 2008, p.91). Au Canada, le réseau de la famille représente un incitatif important d’installation des réfugiés et des immigrants, dans une proportion de plus de 50% pour les immigrants indépendants (Bergeron, Potter, 2006). Ces réseaux familiaux sont particulièrement importants puisqu’ils « remplissent tout au long de la trajectoire migratoire des fonctions de soutien tant quotidiennes qu’exceptionnelles, mais aussi de lien entre le pays d’origine » (Vatz Laaroussi, 2009, p.86)

Dans les petites localités, l’idée du noyau ethnique pour attirer des immigrants de la même origine est l’une des avenues abordées dans les orientations de régionalisation. (Vatz Laaroussi, 2008, p.91) De plus, les immigrants qui s’installent en région n’excluent pas de

déménager et de choisir un autre territoire, car ils n’ont généralement pas d’attache (de réseaux) et ils ont l'habitude de se déplacer pour améliorer leur sort (Arsenault, 2009).

Les immigrants, à leur arrivée « adoptent une approche stratégique liée à leurs intérêts immédiats, économiques et sociaux : ce territoire est l’espace qu’ils occupent pour se faire une place socioéconomique et en vue de leur promotion sociale » (Vatz Laaroussi, 2008, p.86). Les activités socioculturelles et familiales permettent aux immigrants de faire des interactions et de construire leur réseau (Lukasa, 2010, en ligne). L'immigrant qui choisit une région n'a pas de racine sur place, il doit les créer, entre autres par les réseaux, sinon, il risque de ne pas s'y installer.

Les réseaux des immigrants sont à la fois internationaux et locaux. Internationaux, puisque leur famille et leurs premiers amis résident dans leur pays d’origine ainsi que locaux, puisqu’ils créent des liens dès leur arrivée. Toutefois, le premier réseau de l’immigrant, celui qu’il possède avant de s’installer dans sa nouvelle communauté n’est généralement pas considéré par la communauté d’accueil alors que l’accent est mis sur la création d’un nouveau réseau local (Vatz Laaroussi, 2008). En écartant les réseaux déjà constitués des immigrants, les communautés locales se privent d’un bagage culturel, d’occasions d’affaires et de la possibilité d’attirer des immigrants de la même ethnie. Les réseaux constituent une part importante de l’histoire et des récits de vie des immigrants. C’est aussi le réseau qui influence en partie le choix des immigrants de demeurer dans un grand centre ou de choisir de vivre en région hors métropole (Vatz Laaroussi, 2009, en ligne). Les réseaux aident les immigrants à tracer leur chemin. Leurs parcours sont souvent façonnés par les réseaux familiaux, par les réseaux d’amis et autres réseaux qui les entraînent d’un territoire à l’autre.

Les réseaux de parrain et d’hôte existent dans une proportion beaucoup plus faible que les réseaux des membres de la famille et des amis. Ces réseaux servent à donner de

l’information aux immigrants, à leur donner du soutien de façon générale et à les orienter dans leur recherche d’un emploi et d’un logement (Jean, 2007).