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CHAPITRE 2 ÉTAT DE LA QUESTION ET PROBLÉMATIQUE

2.2 L ES FACTEURS D ’ ATTRACTION , D ’ INTEGRATION ET DE RETENTION DANS LA

2.2.1 L’accès à l’emploi

« L’employabilité est la capacité d’un individu à s’insérer en emploi. » (Gazier, 2008, cité dans Bernier, Vatz Laaroussi, 2013, en ligne) L’emploi est le facteur de rétention le plus important (Boulet, 2016; CIM, 2014; Vatz Laaroussi, Guilbert, Bezzi, 2010 ; Dion, 2010) chez les immigrants qui s’établissent dans les régions hors des grands centres, alors que le chemin pour y arriver se révèle souvent sinueux. Les données recueillies et analysées par l’Institut de la statistique du Québec, en 2009, illustrent ce constat.

- Au Québec, le taux de chômage des immigrants (13,7%) est presque le double de celui des natifs (7,6%).

- Le taux de chômage des immigrants est plus élevé au Québec (13,7%) qu’en Ontario (10,7%) et au Canada (10,0%).

- Chez les immigrants, le taux d’activité (61,7%) et le taux d’emploi (53,2%) sont plus faibles que chez les personnes nées au Canada (65,8% et 60,8%)

- Plus la durée de résidence des immigrants au Canada s’allonge (10 ans et plus), plus leur taux de chômage diminue

- Les immigrants qui ont obtenu un diplôme canadien ont un meilleur taux d’activité (77,6%) et d’emploi (71,0%) ainsi qu’un plus petit taux de chômage (8,5%) que les immigrants qui ont réussi des études à l’étranger

- Le taux de chômage varie selon le niveau de scolarité

Cinq ans plus tard, en 2014, le constat est le même, malgré une légère baisse du taux de chômage autant chez les natifs (7,1%) que chez les personnes immigrantes (11,1%). Les immigrants qui résident au Québec depuis plus de 10 ans ont des taux d’activité et d’emploi plus élevés que ceux qui sont établis depuis moins de 10 ans, mais leur taux de chômage est supérieur à ceux qui résident au Québec depuis 5 à 10 ans (MIDI, 2015, en ligne). La proportion des personnes immigrantes qui occupent un emploi permanent se compare à l’ensemble de la population. La durée de résidence influence aussi le statut de l’emploi des immigrants ; plus la personne est installée depuis longtemps (10 ans et plus), plus son emploi a un statut permanent. Le salaire moyen des immigrants (756,60$) est inférieur à celui de l’ensemble de la population (814,40$) et encore une fois, plus la durée de résidence est longue, meilleur est le salaire (MIDI, 2015, en ligne). Les immigrants sont aussi plus scolarisés que les natifs.

Il existe des disparités entre les hommes et les femmes chez les personnes immigrantes. Les difficultés rencontrées par les personnes immigrantes sur le marché du travail sont encore plus grandes pour les femmes immigrantes qui composent avec des enfants en bas âge, qui ont des difficultés d’accès aux garderies et qui vivent des inégalités au sein même de leur foyer (Chicha, 2009, p.19). Leur salaire demeure plus bas que celui des hommes et elles sont plus affectées que les hommes par la déqualification (Galarneau et Morissette, 2008, cités dans Boulet, 2016, en ligne).

Les principales difficultés rencontrées par les immigrants lorsqu’ils abordent le marché de l’emploi québécois ou canadien sont la méconnaissance du français et de l’anglais, la non-reconnaissance de leurs diplômes et de leurs expériences de travail passées, les préjugés, la discrimination, l’absence d’expériences canadiennes du marché du travail ainsi que des réseaux sociaux et professionnels peu élaborés (Drudi, 2006; Jean, 2007 ; Gauthier, 2013).

Les possibilités d’emploi, la diversité des emplois et des emplois liés au domaine d’étude et de connaissance de l’immigrant ou d’un des membres de sa famille sont déterminants autant dans le processus d’intégration que dans le choix de rester ou non au lieu de résidence, que la ville soit de petite ou moyenne taille. Les conditions liées à l’emploi occupé sont aussi importantes, comme un emploi lié aux compétences, stable et bien rémunéré (Boulet, 2016, en ligne). La participation des immigrants au marché du travail est influencée par le niveau de scolarité, par le lieu d’obtention du diplôme et par le nombre d’années de résidence dans un même lieu, alors que paradoxalement l’emploi est un facteur de rétention. (ISQ, 2011, en ligne) Les immigrants vivotent davantage sur le marché du travail au cours des cinq premières années suivant leur arrivée. Comparativement aux natifs, les immigrants se tournent davantage vers le travail autonome et ils sont plus souvent surqualifiés pour les postes qu’ils occupent et ils sont en général moins rémunérés (Boulet, 2016, en ligne).

L’accès à un emploi permet aux personnes immigrantes de contribuer à la vie économique de leur communauté d’accueil et ainsi de développer un attachement au nouveau lieu de résidence (Boudarbat, Grenier, 2014, cités dans Boulet, 2016). L’employabilité est à la fois collective et individuelle (Bernier, Vatz Laaroussi, 2013, p.96).

L’employabilité collective (Bernier et Vatz Laaroussi, 2013, p.96) se réfère au potentiel socio-économique de la région choisie par les immigrants. Il se mesure par l’état du marché du travail, le taux d’activité, le taux d’emploi, le taux de chômage, les secteurs

d’activités économiques ainsi que les prévisions de besoin de main-d’œuvre (Bernier, Vatz Laaroussi, 2013, p.100). Les politiques et les programmes qui favorisent l’accès aux emplois ainsi que l’ouverture des employeurs et de la communauté en général contribuent à améliorer l’accès au marché du travail pour les personnes immigrantes.

Les immigrants sont choisis par les pays d’accueil selon des critères précis, notamment des critères liés à l’employabilité comme une expertise professionnelle ou des diplômes dans des secteurs d’activités en demandent. Ils s’insèrent aussi dans certains programmes d’immigration, comme les étudiants internationaux qui choisissent de recevoir une formation au Québec ou au Canada avec l’objectif de travailler dans leur société d’accueil. Afin de démontrer une certaine cohérence avec les politiques de recrutement des immigrants, les employeurs doivent faire preuve d’ouverture, doivent adopter et promouvoir des pratiques de gestion liées à la diversité (Boulet, 2016, en ligne).

L’employabilité individuelle (Bernier et Vatz Laaroussi, 2013, p.96) correspond aux facteurs qui appartiennent à l’individu et sur lesquels il a le pouvoir d’agir. Le réseau social, les caractéristiques personnelles et le capital humain en font partie. La personne immigrante doit connaître le fonctionnement du marché du travail de sa communauté d’accueil ainsi que les normes culturelles qui y sont rattachées (Boulet, 2016, en ligne). Ces normes varient légèrement d’une région à l’autre au Québec, mais elles sont similaires dans l’ensemble.