III. Modèle de réseau de maintenance
4. Réseau de maintenance de l’équipement en fonction de la proximité des acteurs
Il y a une forte concentration d'acteurs (fabricants, maintenanciers, vendeurs) de la
maintenance dans les grandes villes des PAO. Cette répartition est inégale au niveau du pays,
handicape les transformateurs de céréales ou de coton situés loin des grandes villes (100 à 500
km). En effet, selon les témoignages des équipementiers, maintenanciers et vendeurs, ces
utilisateurs sont souvent obligés de parcourir la distance jusqu'à la ville la plus proche avec la
pièce défectueuse puis de rester en ville le temps nécessaire pour récupérer la nouvelle pièce
ou celle réparée. Certains, pour éviter ces coûts de déplacement vont jusqu'à accepter le
bricolage de certains « réparateurs » à proximité. La représentation de la composante spatiale
dans le réseau est indispensable pour permettre au concepteur d’en tenir compte dans ses
prévisions. La représentation se fera en ajoutant en complément sur le modèle de réseau de
maintenance générique un « cercle en gris » pour la représentation spatiale (Tabl. 3.13).
Tabl. 3.13 : Présentation de la dimension spatiale
Le concepteur doit tenir compte des contraintes des futurs utilisateurs, situés en zone
rurale. Cette représentation permettra de la prendre en compte dans les réseaux qui seront
établis à l'avenir.
5. Discussion
Dans le réseau de maintenance de la presse, l’utilisateur est le principal intervenant
direct sur l’équipement tandis que dans celui du décortiqueur, l’intervention est partagée avec
le soudeur (membre du réseau). L’intervention (opérations) est donc centralisée dans le cas de
la presse et partagée pour le décortiqueur. Cette différence se justifie en fonction des
capacitésinternes de réalisation des opérations de maintenance des petites unités (Tabl. 3.14) :
Tabl. 3.14 : Capacité interne de réalisation des opérations de maintenance en fonction de la
structure de l’entreprise
Entreprise
Moyens internes
PE (transformateurs
de céréale)
ME (transformateurs de graine de coton)
Moyens spécifiques de
maintenance
4/13 TPE possèdent
un poste à souder
100 % des ME possèdent un poste à souder
et 9 % des machines outils
Formation du personnel Formation sur le tas 52 % ME ont des opérateurs qui ont reçu une
formation spécialisée en soudure
Management de la
maintenance
Pas de management
structuré, pratique
de la maintenance
curative
Pas de management structuré, pratique de la
maintenance curative
Stock pièce de rechange Pas de stock Pas souvent de stock
Capacités internes de
réalisation des opérations de
maintenance.
faible Plus forte
Accès à la ressource Désignation Illustration
au delà de la journée
Les PE ont une faible capacité interne de maintenance, raison pour laquelle les
interventions d’entretien reposent sur les acteurs du réseau alors que les interventions
d’entretiens reposent plus sur l’utilisateur dans les ME car ont une plus forte capacité en
maintenance. Les concepteurs dans l’application des outils d’intégration de la maintenance
que nous allons développer doivent tenir compte de cette différence entre les types
d’entreprises. Les TPE et PE dépendent fortement (approvisionnement, interventions) du (ou
des) réseau de maintenance existant. Les ME en dépendent moins : leur dépendance au
réseau est partielle.
Le réseau est un outil de représentation et d’analyse d’un environnement de prise en
charge de la maintenance d’un équipement par les acteurs. Cette représentation donne des
renseignements qui peuvent aider les concepteurs dans un processus de conception pour
prendre en compte l’environnement de la maintenance. Une analyse sociotechnique de la
structure du réseau de maintenance fournit les informations sur le rôle des acteurs et leur
importance dans le système organisationnel concernant :
- Le positionnement des acteurs
- Le lien entre les acteurs
- Le type de réseau : fermé ou ouvert
Le modèle de réseau de maintenance d’un équipement offre aux concepteurs, des
informations concernant l’environnement de la maintenance existant sur le terrain:
- Les nœuds permettent d’avoir la structure globale de l’ensemble des acteurs à prendre
en compte dans la conception : savoir faire, rôles, etc…
- Les liens permettent de savoir avec quel acteur l’utilisateur est en relation. Ils
permettent également de voir quels sont les acteurs qui opèrent sur un équipement.
- La visibilité des circuits d’approvisionnement de pièces de rechange de matière
d’œuvre et des intervenants de la réparation donne une connaissance sur les habitudes
de l’utilisateur qui tiennent compte du contexte (faible pouvoir d’achat)
- La visibilité sur les acteurs éloignés de l’utilisateur permet au concepteur de tenir
compte de la proximité dans le choix des solutions.
- Le réseau permet le partage de la représentation, sa discussion, et son utilisation par
d’autres personnes que celles ayant fait l’étude. C’est une représentation persistante.
Les inconvénients de la représentation sont les suivants. Le modèle est fastidieux à
construire même si la représentation est faite puis adaptée au fur et à mesure que des
informations sont capitalisées. Mais surtout, ce réseau n’existe que quand l’équipement est
déjà conçu fabriqué et utilisé ce qui est loin d'être le cas lorsqu’on conçoit un produit. La
question se pose donc de l’utilité de ce modèle en phase amont de conception.
Le concepteur doit faire des choix de conception en songeant à la maintenance avec un
réseau fermé quant il s’agit d’une technologie nouvelle : c'est-à-dire quand la fabrication et la
maintenance sont réalisées exclusivement par un acteur en pensant à terme à une évolution en
réseau ouvert si la technologie réussie (ou pour qu'elle réussisse), si elle est maîtrisée par un
grand nombre d’acteurs. Par exemple, l’ouverture d’un réseau fermé existant peut être
favorisée en faisant des choix de conception. L’ouverture du réseau peut aussi être une source
de motivation puisque chaque fabricant voudra offrir le meilleur produit sur le marché.
Le modèle à lui seul ne permet pas de capitaliser les données techniques, il faudra pour
cela proposer des outils annexes au réseau.
IV. Caractérisation des pratiques de maintenance de