II. La conception orientée maintenance pour les pays d’Afrique de l’Ouest
3. Mise en oeuvre de la démarche de conception orientée maintenance
L’identification du réseau de maintenance, la mise en œuvre des règles de conception
et les séances de confrontation de solutions orientées maintenance constituent les principaux
points de la démarche pour intégrer la maintenance.
3.1. Identification du réseau de maintenance : CESAM phase 2
Une équipe de concepteurs de préférence un binôme avec des compétences
complémentaires (génie mécanique et sociologie ou génie mécanique et technologue) se rend
sur le terrain avec des fiches d’enquêtes semi structurées (Annexe C) pour interviewer les
utilisateurs potentiels retenus. Ensuite, elle interviewera tous les autres acteurs qui participent
à la maintenance (chapitre III § II. 2).
Cette enquête se fera lors de l’enquête sur les attentes des utilisateurs à la phase 2 de
CESAM pour réduire les frais. Les enquêteurs pourront si besoin s’entretenir avec des
personnes ressources et consulter des documents qui vont aider à comprendre les relations
entre les acteurs du réseau. La collaboration avec des structures de recherche ou de formation
sur place sera précieuse pour collecter les informations non disponibles sur le terrain comme
par exemple l’historique ou les données de suivi de la maintenance des équipements existant.
Toutes ces informations recueillies permettront de représenter le (les) réseau de maintenance
et de commencer la capitalisation des données techniques (CdCDT_R) et économiques. Ces
résultats feront l’objet d’un échange dans une équipe pluridisciplinaire entre concepteurs pour
retenir le modèle de réseau de maintenance. A ce niveau du processus de conception, on pose
des jalons pour l’intéressement et l’enrôlement des acteurs qui participeront aux séances de
confrontation des solutions filtrées ou définies orientées maintenance (phase 4 et phase 5 de la
méthode CESAM), en cultivant des relations de confiance.
A la fin de la phase 2, un cahier des charges fonctionnel sera issu de l’analyse du
besoin. Le réseau de maintenance et le CdCDT_R complètent le dossier « bilans sur les
équipements et technologie ».
Ce travail d’identification du réseau de maintenance en un lieu donné, pour un type
d’utilisateur donné, est lourd la 1
erefois mais trouve tout son intérêt lors de nouvelles
conceptions dans un contexte similaire. Par ailleurs il est probable que les réseaux soient
semblables et leur description pourra être déclinée.
3.2. Mise en ouvre des règles de conception : phase 3, 4, 5 de CESAM
Les règles portent en elles des champs disciplinaires comme la fabrication, la
maintenance, la conception et concerne une large gamme de compétences dans la composition
de l’équipe de conception. Elles sont utilisées par les concepteurs lors des activités de
conception ou en équipe restreinte chargée de proposer des solutions (principe, solutions
techniques, définition) (Fig. 4.4).
Fig. 4.4 : Mise en ouvre des règles de conception
Parallèlement, deux séances de confrontation des solutions proposées au regard des
règles orientées maintenance sont programmées dans le processus de conception avec des
acteurs du réseau. La première séance vise à valider la solution filtrée et la deuxième, la
solution définie orientée maintenance. Ce découpage évite une remise en cause de la solution
filtrée à la phase 5. L’objectif de ces séances étant d’élargir l’équipe aux compétences
Règles pour intégrer la maintenance Ph. 7 : validation et diffusion Ph. 1 : Lancement du projet Ph 3 : Recherche de principes Ph. 5 : Définition de l’équipement Ph. 6 : Fabrication de l’équipement Ph. 2 : Analyse du besoin & Etat de l’art
Ph. 4 : Définition de sol. Tech. Démarche de conception collaborative :
CESAM Réseau de maintenance CdCDT_R 1 2, 3 4, 5, 6, 7, 8
nécessaires, disponibles dans le réseau de maintenance comme les vendeurs de pièces ou de
matière d’oeuvre.
Les règles sont énoncées en équipe de conception par le chef de projet ou l’animateur
autour d’objets intermédiaires de conception : maquette fonctionnelle, plan, maquette
numérique. Les actions correctives sont apportées sur la base du consensus.
La règle 1 intervient en fin de la phase 3 pour simplifier une fonction de service en
éliminant les fonctions techniques qui peuvent se révéler complexes. Un compromis doit être
trouvé entre les attentes des utilisateurs et les contraintes de maintenance si la simplification
par les fonctions techniques remet en cause une fonction de service qui se doit d’être simple et
adapté au type d’entreprise.
La règle 2 filtre les solutions techniques retenues en phase 4 des mécanismes
complexes en fonction de la qualification des opérateurs intervenant dans la réparation de
l’équipement disponible dans le réseau. On pourra associer des (ou un) acteurs du réseau
intervenants directement dans la réparation des équipements : opérateurs, équipementier, mais
à condition qu’ils soient à mesure de comprendre un schéma technologique. Leurs expertises
sont souvent nécessaires.
La règle 3 filtre la solution proposée à la phase 4, cotes fonctionnelles et procédé de
fabrication de pièce par rapport au réseau de maintenance (CdCDT_R). Les concepteurs
pourront associer des acteurs du réseau comme pour la règle la précédente.
Les règles 4, 5, 6, 7, 8 s’appliqueront à la phase 5 de la méthode CESAM pendant la
définition de l’équipement en se référant au modèle de réseau de maintenance et à son
CdCDT_R : intégrer les approvisionnements disponibles dans le réseau, intégrer la fabrication
et intégrer les pratiques de maintenance de l’utilisateur. Pour ces règles comme pour la
précédente, l’équipe peut se déplacer sur le terrain pour choisir des composants ou matière
d’œuvre et en profiter pour compléter le CdCDT_R.
3.3. Séances de confrontation des solutions orientées maintenance avec
des acteurs du réseau de maintenance
Dans un processus de conception collaborative il est prescrit qu’à un niveau donné
d’avancement du projet, on réunisse les concepteurs et les acteurs du réseau de maintenance
pour des séances de confrontation. L’expérimentation de la méthode AMDEC montre qu’il
est possible de faire collaborer une équipe de conception et des acteurs d’un réseau de
maintenance. Cette méthode n’a pas été retenue car elle est lourde, fastidieuse, très analytique
et n’est pas très adaptée pour des acteurs appartenant à des structures différentes et qui ne
travaillent pas vraiment sur le même équipement. En effet, l’AMDEC est conçue au départ
pour un cadre où utilisateurs et maintenanciers travaillent sur le même outil de production de
façon quasi synchrone (unité de temps et de lieu), ce qui n’est pas le cas des TPE, PE ou ME
dans les PAO. Il est évident que la criticité n’a pas le même sens pour un acteur du réseau de
maintenance et pour l’utilisateur.
Nous proposons deux séances de confrontation entre concepteurs et acteurs de la
maintenance. Il s’agit d’analyser, d’évaluer et de valider les solutions proposées au regard
des règles orientées maintenance. La confrontation consiste à mettre les concepteurs et les
acteurs du réseau en présence, pour examiner en même temps l’intégration de la maintenance,
dans les solutions préalablement retenues par les concepteurs. En cas de conflit de points de
vue, le dernier mot revient à l’initiateur du projet de conception qui est l’animateur. Par
rapport aux phases de la méthode CESAM (Fig. 4.1) : une première séance de confrontation
est recommandée à la fin de la phase 3 et une deuxième séance a lieu à la fin de la phase 5
correspondant aux trois dernières étapes (Fig. 4.5).
Fig. 4.5 : Les quatre étapes pour intégrer la maintenance des équipements dans la conception
Séance 1 : fin phase 4
Séance 2 : fin phase 5
Filtration des principes de fonctionnement et solutions techniques (règles 1, 2, 3)
Intégration des réseaux d’approvisionnement (règle 4)
Intégration de la fabrication (règle 5)
Intégration des pratiques de maintenance de l’utilisateur (règles 6, 7, 8)