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Le marché des équipements reste étroit, ce qui freine la conception locale et la

diffusion de nouveaux équipements. La quasi-totalité des entreprises de transformation

agroalimentaire sont dans le secteur informel, il leur est donc difficile d’obtenir des

financements. Il n’y a pas de prévision budgétaire, indispensable pour asseoir une politique de

maintenance. Leurs moyens sont limités et les contraintes économiques sont d’autant plus

fortes qu’ils doivent fournir des produits alimentaires bon marché.

La diversité des équipements importés ne facilite pas leur maintenance car le nombre

d’exemplaires par modèle est faible. Il n’est pas possible d’assurer des stocks pour

l’approvisionnement en pièces détachées. Depuis une ou deux décennies, beaucoup de ces

modèles importés ont été copiés pour être adaptés aux conditions locales. C’est la base du

développement du secteur équipementier.

• Aux pratiques de maintenance traditionnelles (maintenance corrective, révisions)

car les conditions d'utilisation et de maintien sont sévères ;

• A la disponibilité des composants et à la préférence des utilisateurs pour les pièces

bon marché car le faible pouvoir d’achat des utilisateurs est fortement limitant ;

• Aux pièces fabriquées par des machines outils conventionnelles, chaudronnerie,

usinage et parfois fonderie par moulage. Les moyens de fabrication et les

savoir-faire sont peu diversifiés et ne permettent pas l'utilisation d’une grande diversité de

modes de fabrication comme dans les pays du Nord ;

• Aux matériaux de récupération dont la qualité et la fiabilité ne sont pas connues.

La fiabilité des pièces de récupération et leur résistance à l’usure sont aléatoires

mais cette utilisation de matériaux est souvent la seule « économiquement »

possible car permettant la fourniture de pièces bon marché.

Cette fabrication locale ne contribue pas à la standardisation des pièces et des

composants. Chaque pays, chaque équipementier développe son propre modèle et même, les

pièces d’un modèle d’un même fabricant ne sont le plus souvent pas interchangeables.

Les solutions techniques utilisées pour la fabrication des équipements évoluent en

fonction de la maintenance dans cet environnement mais elles sont, le plus souvent, effectuées

sans étude au préalable et cela détériore les performances techniques (rendements, qualité des

produits alimentaires) des équipements. La durée de vie des composant s'en trouve réduite.

Enfin, la réparation d’un équipement et l’approvisionnement en pièces de rechange

sont effectués par de nombreux acteurs : transformateurs, fabricants, soudeurs, vendeurs,

forgerons, commerçants. La prise en compte de la maintenance dans la conception

d’équipement impose de prendre en compte tous les acteurs impliqués dans sa future

maintenance.

Ces pratiques de la maintenance des équipements donnent un aperçu de

l’environnement de la maintenance. Avant de caractériser l’environnement de la maintenance

et de présenter ces spécificités dans le chapitre III, nous allons d’abord présenter dans le

chapitre II les bases bibliographiques de la maintenance et voir en quoi elles sont pertinentes

dans le contexte des Pays d’Afrique de l’Ouest, en étudiant en particulier :

- les principaux concepts développés en maintenance et l'intégration de la maintenance

dans la conception,

- le concept de réseau d’acteurs pour mieux comprendre la prise en compte de la

maintenance par les acteurs dans cet environnement.

Ces concepts seront développés et analysés afin de dégager a priori leur pertinence

dans un contexte sociotechnique radicalement différent de celui des pays industrialisés.

L’objectif de la thèse consistera alors à proposer des outils d’aide aux équipes locales de

conception pour intégrer dés leur conception la maintenance des équipements.

CHAPITRE II

LA MAINTENANCE ET SON INTÉGRATION

DANS LA CONCEPTION

I. Introduction

Le concept actuel de maintenance dans une entreprise de biens de consommation est

l’aboutissement d’une longue évolution des services d'entretien traditionnel qui commença

après la seconde guerre mondiale. Jusqu’alors considéré comme une sous fonction de la

production dans l’entreprise, le service d’entretien était souvent excentré et ne reposait que

sur les métiers du dépannage : mécaniciens, dépanneurs électriciens, graisseurs et régleurs.

Cette vision des choses n’était pas sans conséquences : conflit entre agents d'entretien et

agents de production parce que les uns réparent et les autres sont là pour « détruire ».

L’entretien consistait principalement à dépanner et à repérer après la défaillance, avec comme

objectif la remise en état rapide de la machine. Les seules actions de prévention concernaient

la lubrification et les rondes de surveillance (Monchy, 2000).

Mais l’enjeu des années 70 et 80, marqué par une production massive de produits de

grande consommation (automobile, électronique grand public, téléphonie, etc.), une évolution

rapide des techniques, un objectif de forte rentabilité, impose une nouvelle façon d’organiser

l’entretien au niveau de l’entreprise : les pertes liées aux défaillances sont désormais chiffrées

et analysées. La connaissance du coût de la panne et de ses conséquences économiques sur le

chiffre d'affaire de l'entreprise est désormais intégrée dans la gestion globale. L’émergence de

nouveaux concepts de management et d’intégration de la maintenance dans l’entreprise se

développe. L’objectif principal est de maîtriser le coût de la défaillance en l’anticipant dés la

conception et pendant l’utilisation de l’équipement.

Plusieurs concepts sur la maintenance et son intégration dans la conception en réponse

aux effets de la mondialisation sont de nos jours utilisés. Ces effets sont entre autres le respect

de normes de qualité internationales, la concurrence au niveau de la commercialisation des

produits, etc.…

Les PAO, qui paraissaient jusqu'à maintenant en marge des effets de cette

mondialisation, ont besoin d’outils spécifiques, adaptés au contexte de petites entreprises qui

ne s'inscrivent pas dans le triangle "coût-délai-qualité" imposé par une concurrence très forte

sur les marchés des pays industrialisés. Il faut rappeler que ces petites entreprises, qu'elles

soient dans le secteur formel ou dans le secteur informel, constituent la base du tissu

économique des PAO. Dans ce chapitre, les principaux concepts de maintenance et

d’intégration de la maintenance dans la conception seront présentés par rapport à la

problématique de la maintenance dans le contexte des PAO. Seul l’aspect maintenance de

systèmes réparables est concerné. Le concept de réseau sociotechnique sera présenté en

réponse à la possibilité d’intégration de la maintenance des équipements au sein d’un réseau,

car la très grande majorité des petites entreprises agroalimentaires ne sont pas autonomes en

matière de maintenance et doivent avoir recours à un réseau de prestataires.