Mais
pourrait-onnous demander
: Dites-nousdonc quand
a eu lieu la faillitedu
Collège industriel deM.
Tano-uav, et s'il y a eu sohttion decontinuitéentre les
deux maisons
?Nous
répondrons : toujours des questions, toujours des questions. Ilnous
sembleque
les pages précé-dentes contiennentles réponsesàvosdemandes. Tout
demême,
pour vous satisfaire,au
risque denous
ré-péter, nous dirons :La
solution decontinuité entre lesdeux maisons
est impossible, dans le cas présent, quantaux
éléments : professeurs et élèves.De même,
elle étaitégalement
impossible en 1855, quantaux
professeurs et élèves, entre l'écoledu
village et le Collège industriel,puis-que
professeurs et élèves de la dite écoledu
village étaient identiquement dans le collège naissant lesmêmes
professeurs et lesmêmes
élèves. Et pourtant, sur ce point, personne ne veut contester la fondation de 1855.Pourquoi
donc, à cemême
point de vue, contester celle de 1862 ?Ici
on
pourrait citerun
fait qui n'est pas sans ana-logie avec la question présente. Et le voici:Dieu
créaAdam. Et
pour former soncorps, il prit desélé-ments
qui préexistaientlongtemps
auparavant durant—
Gl—
des années et peut-être des siècles.
Donc
cesélé-ments
préexistants continuaient à exister sousune
autre formedans
le corpsd'Adam
: il n'v avait pas de solution de continuité. Et cette forme nouxelle, c'estl'œuvre de
Dieu
: il en estlecréateur(le fondateur). Et pourtant, encoreune
fois, dans le corpsd'Adam,
il n'y a pas eu de solution de continuité quant à lama-tière préexistante.
Dans
ce fait,on
peut trouver plusieurs similitudes avec la fondationdu
Séminaire classique en 1862.Cette forme extérieure
d'Adam
est informée par laforme essentielle, l'âme, qui estdecréation postérieure
aux
éléments matériels du corps. Et pourtant l'âme, c'estbienl'essence principale de l'homme. Ici on peut le dire, la forme a été crééelongtemps
après lama-tière : analogie frappante avec la fondation
du
Sémi-naire deRimouski
en 1862.En
effet, la permission obtenue, dit-on, en 1854 deMgr Turgeon
d'avoir l'ancienne églisecomme
futur localdu
Collège industriel n'estqu'une simple permis-sion qui n'a pas eu de suite immédiate, permission qu'on ne retrouve pasà Québec, écritle ler mai 1900, le secrétaire de l'archevêché,M.
Arsenault. Est-ceque
cette permission ne serait pasmême
officielle ?Est-ce
que Mgr Turgeon
aurait considéré lade-mande comme un
simple projet?Dans
lesdocuments
de l'archevêché, il n'est nullement mention d'im col-lège àRimouski
avant l'année 1862.M.
Pot\in a dû, le 12 janvier 1862,demander
àM.
Lapointe, curé de Rimouski,une
résolution des marguilliers permettant pour les classes l'usage de l'ancienne sacristie. Il a fallu le 17 juillet 1862 une résolution des francs-tenanciers et des marguilliersde-—
02—
mandant
à l'autorité religieuse l'usage de l'ancienne église et de la sacristie pourune
niaixo?i dU'ducation supérieure.M. Tanguay
désirait dansl'avenirl'ancienne église pour son organisation d'études qui afailli ; etM.
Pot-vin a désiré et obtenu,moyennant
lesmesures
re-quises, cette ancienne églisepour
son Séminaire qu'il a organisé,—
et qui s'est développé et affermi avecplein succès.
Au
reste, fournir le local, ce n'est point fonderune maison
d'éducation ;—
il est vrai, lelocal, c'estun
élé-ment
matériel nécessaire qui peut existerlongtemps
d'avance ;—
mais la fondation d'unemaison
d'éduca-tion, c'est l'organisation et le maintien et des profes-seurs qui enseignent, et des élèves qui étudient selon
un programme
prévu et arrêté. Tel est le trav^ail deM.
Potvin dans son Séminaire classique,quand
bienmême
les éléments auraient servi dansune
organisa-tion précédente.
Quant
à ces éléments, professeurs et élèves, ils ne peuvent avoir dans la question présente, de solution de continuité, c'est évident ;—
mais ils ont été orga-nisés sousune
autre forme, la forme d'un vrai collègeou
d'un séminaire classique. Et cette nouvelle orga-nisation est vraiment partie essentielle ou sinéqiiânon de la fondationdu
séminaire.Il n'y a pas eu de solution decontinuité, quant
aux
éléments précités,nous
le répétons, et cependant ilfautadmettre
deux
existences distinctes.Pour
éclair-cir cette pensée, on pourrait citer la légendeou mieux
le fait suivant, attribué à
un homme
instruit et très intelligent. C'est le projetd'un chaland à construire, dit-on, sur le bord de la rivière deRimouski.
Notre—
63—
homme commença
cette construction, mais chan^j^eant de plan, ilen fit un navire à troisquillesetà troismâts.Telleest l'origine
amusante du
célèbrebâtiment àtrois quilles, et dont les journalistes de l'époque faisaientun
usag^e si piquant. Félix, si je suis bien informé, cette construction remarquable, c'estprécisément votre oeuvre. Et alorspour
vous, rien de plus facile à sai-sir Ique
dans cette construction, la forme seconde absorbe les éléments de la forme première ; 2^que
l'on distingue
deux
existences, l'une, celle d'un cha-landcommencé,
et l'autre, celle d'un navire à trois quilles. Félix, enfin,vous
devezcomprendre
main-tenantcomment
il sefait qu'avec les élémentsdu
Col-lège industriel,M.
Potvin en adoptantun
autre plan etune
autre organisation, a fondé le Séminaire deRimouski,
sans solution de continuité dans cesélé-ments
préexistants.Et la fondation de 1855?
En
quoidonc
consiste-t-elle ? Elle consiste surtout dansun nouveau
pro-gramme
d'études sous l'administration deM. Tan-guav comme
supérieur;—
et de ceprogramme
onex-cluaitformellementlecoursclassique.
«Ce
qucM.Tan-«
guay
avait en vue,—
écrivaitM.
Potvin le 17mars
« 1870,
—
n'était pasabsolument une
écolecommer-« ciale, mais bien
une
école de tous les arts etmé-« tiers, carj'ai possédé
longtemps
sonprogramme où
M j'ai constaté le prodigieux de sesplans, puis en
se-«
cond
lieu qu'il vaurait impossibilité de les réaliser.»On
voulait enseignerlesarts mécaniques, l'agricul-ture, préparer les élèvesau commerce
et à lanaviga-tion.
Du
reste, l'enseignement des artsmécaniques
et de l'agriculture n'y a jamais eu lieu : la fondation
n'\' était pas
même
à demi.—
64—
En
quoi consiste la fondation de 1862 ?Elle consiste également dans
un nouveau pro-gramme,
les matières partagées en détail, classepar
classe,
année
parannée
: et ces matièresy
ont été fidèlement enseignées avec grands progrèscomme
préliminaire
du
cours latin ouvert en 1863 et quiy
est
devenu
complet avecenseignement
de la rhéto-rique, philosophie, mathématiques, théologie, etc.Cette fondation consiste
dans un nouveau
règlement qui distribuait letemps
des élèves en récréation, étu-des et classes"—
règlement qui a été observéponctuel-lement,
même
avec crainte, sous lamain
ferme,nous
dirons, très rigide de
M.
Potvin qui faisait tout son possible,malgré
lesobstacles, pourréaliser son projet:formerdes prêtres.
Il
y
a eudeux
organisations distinctes l'unede
l'autreet
deux
buts différents ;— donc deux
maisons.—
Dites-nous enfin, vers queltemps
afailli le Col-lège fondé en 1855 ?Quand
lamaison
classique acommencé,
laforme
collégiale
ou
plutôt l'ébauche n'existait plusdans
l'é-coledu
village dite Collège industriel. Et depuisquand
?On
peut direque
l'agonie de la forme acom-mencé
en 1859 après le départ deM. Tanguay
etmême
avant. Cetteébauche
de forme allait en s'éva-nouissant jusqu'à sa disparition complète,—
jusqu'àdevenir simple école
modèle où
les élèves'sans distri-bution de temps, avec absences multipliées, n'appre-naient presque jamais leurs leçons, ne faisaient point de progrès, c'est évident,—
mais perdaient leurtemps
et l'argent de leurs parents. Et en
novembre ou
dé-cembre
1861 les classes furent fermées : ce systèmemourant
avait expiré.—
65—
DaTis
une
lettre deM.
Potvindu
17mars
1870, oTi lit :«Ce
qu'il y a de certain, c'est que, si l'école (le« Collègue industriel) a proi^ressé
dans
lescommence-« ments, en 1861 elle avait perdu son prestige, car,
« au dire de
M.
Lapointe, elle ne valait pas plus'< qu'une école des concessions ou
du
^e rang.y>Le
24 février 1871,M.
Forf:^ues écrivant àM.
Bu-teau, supérieurdu
Collège de Sainte-Anne, dit en parlant deM.
Potvin : << C'est lui qui a ouvert cette«
maison
d'éducation ; elle n'existait pas avant lui, le«
nom
seulement existait. »On
le sait,M.
F'orgues avait remplacé en 1859 Aï.Tanguay comme
curé deRimouski.
Un
témoin oculaire,M.
Potvin, va encore plus loin.Comme
on l'a vu plus haut,page
48, il écri-vait :«A mon
arrivée àRimouski
en 1859, et plus« tard en 1860 et 1861, jamais je n'ai vu fonctionner
« à
Rimouski
d'institution portantlenom
decollège.»Donc,
rien d'étonnant si les commissaires d'écolesde Saint-Germain
deRimouski
affirmentavec convic-tiondans
leur résolution dejuillet 1864que
le collègefondé par M. Tanguay
afailli.Donc
avant 1862, lamaison
JeM. Tanguay
a\'aitfailli et vraiment failli.
DKRNIKRK OrKSTION
Ici,
nous
entendons encore Félix qui nousdemande:
— Mais
vostémoignages
en faveur deM.
Potvincomme
fondateurdu
Séminaire deRimouski,
faites-nous
lesdonc
voir. \"oilà plusieurs foisque vous
en parlez, et vous ne les avez pas encore produits.Enfin montrez-nous les ces