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Matériel biologique : le Santal de Nouvelle-Calédonie

1.4. Le bois de Santal, un parfum très prisé

1.4.3. Répartition et potentiel d’exploitation

Le positionnement des peuplements de Santal est connu par les locaux. C’est à partir de leurs connaissances, mais aussi des prospections menées par l’équipe de l’Institut Agronomique Calédonien (IAC) de Nouvelle-Calédonie que les populations de Santal sont actuellement connues en Nouvelle-Calédonie.

Sur Grande Terre, les populations ne sont présentes qu’à l’état de reliques sauf dans la population du parc de Ouen Toro, près de Nouméa, qui compte plus de 600 individus (Tassin, comm. pers.). Les autres populations comptent moins d’une centaine d’individus.

Les principaux peuplements se trouvent sur les trois îles Loyauté et à l’île des Pins, c’est donc sur ces îles qu’ont été menés les premiers inventaires par le Centre Forestier Tropical (aujourd'hui CIRAD-Forêt) : sur les îles Loyauté en 1987, et à l’île des Pins en 1988. Les résultats sont rapportés dans le rapport de Quémin (1988).

Un second inventaire a été mené sur l’île des Pins en 1994 afin de réactualiser les données et analyser l’évolution des populations de Santal, dans l’optique de déterminer un niveau d’exploitation correct. Ce second recensement a permis de conclure à une augmentation significative de la régénération à l'intérieur des secteurs inventoriés en 1988 et 1994 (Tassin et

al., 2005).

L’ensemble de ces inventaires a aussi montré que 30 à 45 tonnes de bois de cœur pouvaient être prélevées par an aux Loyautés et à l’île des Pins sans affecter les peuplements. Les critères d'exploitabilité ont alors été fixés ainsi : (i) un périmètre de tronc (la mesure étant faite à 20 centimètres dessus du niveau du sol) de plus de 70 cm et une largeur d'aubier

Encadré 1.1

Principaux arrêtés législatifs applicables à l’exploitation du Santal

Arrêté 610 du 19 Juillet 1926 :

« Toute exploitation de souches et racines de Santal sur un Territoire indigène ne peut être permise qu’avec l’accord du Chef intéressé ».

Arrêté 707 du 4 Juillet 1936 :

« Les autochtones de l’île des Pins créant des plantations de Santal auront droit à des permis de coupe individuels ; ces permis porteront chaque année sur un poids de Santal en rapport avec le nombre de pieds plantés dans l’année et repris.

Le permis sera accordé sur la base de 100 kilogrammes de Santal à couper et à vendre par 50 pieds plantés et repris.

Le permis ne sera délivré que si les manquants constatés dans les plantations des années précédentes ont été remplacés par les pieds ayant repris.

Un registre sera ouvert au Service des Eaux et Forêts portant la situation annuelle des plantations de chaque autochtone et les permis de coupe délivrés ».

Arrêté 309 du 26 Janvier 1968

« Pour assurer à la fois la protection et la conservation des bois et forêts se trouvant sur les terrains des Réserves et leur exploitation rationnelle au bénéfice même des habitants des Réserves, le Service des Eaux et Forêts est chargé de la gestion de ces bois et forêts en accord avec les Autorités coutumières locales. L’exploitation des bois et forêts se trouvant sur toute l’étendue de la Réserve ne peut se faire qu’avec l’accord des Autorités coutumières locales.

Les habitants des Réserves ont priorité pour l’exploitation des bois se trouvant sur la Réserve.

Les habitants des Réserves sont autorisés à couper sans payement de taxe, pour leurs besoins personnels et dans les limites de leur Réserve, les bois nécessaires à leurs cultures, à la construction de leurs barrières, habitation et pirogues, ainsi que le bois de chauffage ?

Les habitants des Réserves peuvent obtenir des permis de coupe ordinaires et commercialiser le bois ainsi exploité.

Le montant des taxes de coupe et droits perçus à l’exploitation du bois d’une Réserve seront obligatoirement réutilisés à des travaux de reboisement ou d’enrichissement de forêt, à effectuer sur cette Réserve suivant un programme établi conjointement par le Service Forestier et les Autorités coutumières.

Les terrains de Réserve ayant fait l’objet d’un reboisement continuent à faire partie de la Réserve et ne peuvent être désaffectés de cette Réserve.

La détermination des terrains à reboiser ainsi que la définition des travaux de reboisements à effectuer sur le périmètre de la Réserve seront faites en accord avec les Autorités coutumières de la Réserve et seront précédées d’une consultation de toutes les personnes intéressées.

dessous de 3 cm, (ii) tous les arbres avec un périmètre supérieur à 100 centimètres peuvent être coupés.

Les récents inventaires de 2003 et 2004 ont suivi un nouveau cadre méthodologique (découpage plus fin des zones d’inventaire et unités d’échantillonnage moins étalées) déterminé par l’IAC (Tassin, 2003b ; Tassin, 2005a ; Tassin et al., 2005). Ces inventaires ont porté sur les îles Loyauté, Maré en 2003 (Brinkert, 2003), et Lifou et Ouvéa en 2004 (Steierer, 2004). L’objectif principal était d’empêcher la surexploitation de la ressource en vérifiant que la limite de 45 tonnes par an de bois de cœur prélevé était toujours valable et que la démographie des populations n’avait pas été altérée depuis le dernier inventaire (c’est-à-dire avec un niveau admissible de régénération et une distribution harmonieuse des tailles d'arbre). Cette deuxième vague d’inventaires était d’autant plus intéressante que, s’agissant de l’exploitation, chacune des îles avait vécu un passé récent très spécifique. En effet, depuis le précédent recensement, pratiquement aucune exploitation n’avait eu lieu sur Ouvéa (sauf une coupe de 10 tonnes en 1996) (Steierer, 2004), alors qu’elle avait continué sur Lifou de manière irrégulière et mal répartie (Steierer, 2004), ainsi que sur Maré (Brinkert, 2003). Les résultats de ces inventaires ont permis de dresser plusieurs observations :

- A Maré, il n’y avait pas de différence significative des densités des peuplements de Santal entre 1987 et 2003 (figure 1.16), excepté pour la classe 10-20 cm qui était réduite en 2003 pour une raison encore inexpliquée. A Lifou et Ouvéa, les classes de faible diamètre et de régénération sont actuellement importantes, signant un bon état démographique des peuplements de ces îles.

- Les quotas annuels de récolte de bois de cœur ont été surestimés par Quémin en 1988, et devaient être revus à la baisse soit 29.2 tonnes au lieu de 45 tonnes (10 tonnes sur Maré soit 200-250 arbres, 11.5 tonnes sur Lifou soit 257 arbres, et 7.7 tonnes sur Ouvéa soit 171 arbres). Heureusement, cette surestimation des quotas durant les 15 années précédentes n’a pas eu de conséquence majeure sur la ressource. Une autre recommandation émerge de cette analyse des inventaires : celle de ne procéder aux prélèvements que sur 60% des territoires recouverts par le Santal.

La répartition actuelle est la suivante : 242 000 individus à Maré (Brinkert, 2003), 100 000 à Ouvéa (Steierer, 2004), et 127 000 à Lifou (Steierer, 2004). Sur l’île des Pins on ne dispose que des données de 1988 où le nombre d’individus estimés est d’environ 61 000 (Quémin, 1988).

Figure 1.17: Localisation de l’échantillonnage en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu. Les chiffres correspondent aux effectifs prélevés entre 1998 et 2003. N: Nord, S: Sud, E: Est, O: Ouest, C: Centre.