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Réduire l’accès aux objets tranchants

Dans le document les faits (Page 83-86)

blanches et pesticides

3. Réduire l’accès aux objets tranchants

ENCADRÉ 4

Objets tranchants : Faits et chiffres

L Les objets tranchants sont des armes communément utilisées dans les homicides en Malaisie (les objets tranchants sont utilisés dans 41 % des homicides à Kuala Lumpur) (76), en Écosse (couteaux, 47 %) (77), au Nigeria (couteaux, 40 %) (78) et en Australie (couteaux, 34 %) (79).

L Près d’un garçon israélien sur dix (de la 7e à la 11e année) a déclaré avoir porté un couteau à l’école le mois dernier (80).

L En Angleterre et au Pays de Galles, 6 % de tous les actes violents contre les adultes ont été commis à l’aide de couteaux, et 4 % à l’aide de morceaux de verre ou de bouteille comme armes (81).

L En général, les objets tranchants ne sont utilisés que pour une minorité de suicides, par exemple 2,5 % au Japon (82) et 2 % en Australie (4).

L Une étude menée auprès des jeunes de 15 et 16 ans a révélé que les coupures auto-infligées constituaient la forme la plus courante d’atteinte à soi-même dans la plupart des pays participants (Australie, Belgique, Angleterre, Irlande, Pays-Bas, Norvège). La prévalence des cas d’atteinte à soimême au cours de la dernière année variait de 1,6 % à 4,2 % chez les hommes et de 3,6 % à 11,7 % chez les femmes (83).

La recherche scientifique sur les mesures de res-triction de l’accès aux objets tranchants est bien moins avancée que celle concernant les armes à feu, et la plupart des données recueillies pro-viennent du Royaume-Uni où la violence au cou-teau, particulièrement chez les jeunes, constitue une grave préoccupation sociale et politique (84).

Contrairement aux armes à feu et aux pesticides, les objets tranchants ne sont pas des moyens utili-sés couramment dans les cas de suicide; toutefois, on y a recours fréquemment dans les cas d’atteinte à soimême non suicidaire (p. ex., automutilation) (83), une question qui déborde le cadre du présent exposé. Les couteaux et autres objets tranchants sont des outils courants dans les ménages et les lieux de travail, et leur très grande disponibilité ainsi que leur vaste utilisation compliquent les me-sures de contrôle.

Ainsi donc, des stratégies plus vastes de réduc-tion des facteurs de risque individuels, relaréduc-tion-

relation-nels, communautaires et sociaux sont nécessaires pour prévenir les actes violents par objet tranchant.

Jusqu’à présent, les mesures destinées à prévenir l’accès aux objets tranchants à des fins d’utilisa-tion violente sont toutefois semblables, de manière générale, à celles utilisées pour les armes à feu.

Le présent exposé porte essentiellement sur les réformes législatives, l’application de la loi et les programmes d’amnistie concernant les armes.

3.1 Mesures législatives

Comme dans le cas des armes à feu, la législa-tion dans de nombreux pays vise à restreindre l’accès aux couteaux et autres objets tranchants.

Au Royaume-Uni par exemple, c’est une infrac-tion criminelle de porter un couteau ou un autre objet tranchant en public sans raison valable, et de nombreux types de couteaux (couteaux à cran d’arrêt) et autres armes offensives sont interdits.

Il est illégal de fabriquer, de vendre, de louer, de

posséder ou d’exposer à des fins de vente, de prê-ter ou de donner à une autre personne des armes interdites (85). Depuis 2006, les changements lé-gislatifs ont fait passer de 16 à 18 ans l’âge minimal requis pour acheter un couteau, fait passer de deux à quatre ans la peine d’emprisonnement maximal pour possession de couteau, conféré à la police des pouvoirs plus étendus pour fouiller les gens à la re-cherche de couteaux, donné aux enseignants des pouvoirs de fouiller les élèves dans le même but et entraîné l’ajout des répliques de sabres de samou-raï à la liste des armes interdites.1 En Écosse, on procède à la mise en œuvre d’un système d’octroi de permis en vertu duquel il est imposé à tout com-merce de couteaux et de lames pour utilisation ex-térieure l’obligation d’avoir un permis. Cependant, l’impact de ces changements législatifs sur l’accès aux couteaux ou sur la violence au Royaume-Uni n’a pas encore été mesuré.

À l’échelon local, les autorités de certains pays ont adopté des mesures législatives pour réduire les crimes graves commis à l’aide de verres et de bouteilles cassés comme armes. Contrairement aux autres objets tranchants, tels que les couteaux, qui sont sciemment obtenus et portés par les gens, les verres et bouteilles sont habituellement utilisés au gré des circonstances pendant des bagarres dans les débits de boissons. Au Royaume-Uni, où tous les établissements servant de l’alcool sont tenus d’avoir un permis, plusieurs autorités locales res-ponsables de l’octroi des permis ont assorti celui-ci de conditions imposant aux débits de boissons as-sociés à la violence d’utiliser des contenants faits d’autres matériaux que le verre (p. ex., en polycar-bonate2). Bien qu’il y ait peu de données factuelles concernant les effets de telles interdictions sur la violence, les premières études ont révélé que l’uti-lisation de contenants en polycarbonate3 renforce la perception de sécurité du consommateur (86).

L’utilisation de verre trempé (conçu pour que la ré-sistance aux chocs soit supérieure à celle du verre normal) a également été encouragée dans les dé-bits de boissons. Toutefois, une étude de l’effet du

verre trempé a révélé des problèmes de contrôle de la qualité dans la fabrication de ce produit; le verre trempé ayant fait l’objet d’essais avait en fait une résistance inférieure aux chocs et son utilisation a mené à davantage de blessures chez le personnel des bars (87). L’amélioration de la résistance aux chocs des contenants à boire utilisés dans les dé-bits de boissons est donc essentielle dans la pré-vention des blessures.

Des interdictions empêchant la consommation d’alcool ou le transport de contenants d’alcool ou-verts dans des lieux publics désignés ont égale-ment été adoptées à l’échelon local dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni (88) et la Nouvelle- Zélande (89). De telles interdictions peuvent réduire la présence de verres et de bouteilles dans les rues, où ils peuvent être accessibles et utilisés comme armes. On dispose également de peu de données factuelles sur les effets de ces interdictions, bien que l’on pense que leur adoption en Nouvelle- Zélande aurait contribué à réduire les troubles et les actes violents ainsi que l’abandon de verres cassés dangereux dans les lieux publics (89).

3.2 Application de la loi

L’application de la loi sur les armes à feu joue un rôle important dans la restriction de l’accès à par la police au Royaume-Uni pour fouiller les indi-vidus soupçonnés de porter des armes offensives, mais l’efficacité de telles méthodes est remise en question. En Angleterre et au Pays de Galles, ces tactiques (appliquées en prévision de la violence) ont été utilisées à l’endroit de 18 900 personnes en 2001–2002. Toutefois, de ce nombre, 1 367 (7 %) auraient porté un instrument offensif ou dange-reux et, parmi ceuxci, à peine 203 (15 %) ont été arrêtées pour possession d’arme (90). De plus, le recours disproportionné (réel ou apparent) de tels pouvoirs contre des groupes de population parti-culiers (p. ex., jeunes hommes noirs) peut susciter du ressentiment et de la méfiance à l’égard de la police, et ainsi porter préjudice aux relations entre les communautés et la police (91).

1. À l’exception des couteaux pliants (couteaux de poche) ayant des lames de moins de trois pouces.

2. La consommation d’alcool est un facteur de risque connu de participation à la violence et elle est régulièrement reconnue comme un élément contribuant aux homicides et aux sui-cides. Un autre exposé de la série analyse les mesures visant à réduire la disponibilité et la consommation nocive de l’al-cool.

3. Le polycarbonate est une forme de plastique qui ressemble, par l’apparence et le toucher, au verre, mais qui est virtuelle-ment incassable.

3.3 Programmes d’amnistie concernant les armes blanches

Les programmes d’amnistie concernant les armes blanches sont aussi utilisés habituellement pour interdire la possession en public d’objets tran-chants, tels que des couteaux. Les programmes d’amnistie concernant les armes blanches sont fréquemment mis en œuvre au Royaume-Uni;

ils produisent des niveaux de rendement élevés même s’ils n’ont que très peu d’efficacité à long terme. En 2006, par exemple, un programme na-tional d’amnistie concernant les armes blanches mené en Angleterre et au Pays de Galles a permis de recueillir 89 864 couteaux sur une période d’en-viron deux mois. À Londres, le Metropolitan Police Service a signalé une réduction des infractions au couteau cinq semaines après le début de l’amnistie.

Cependant, cette réduction n’a duré que huit se-maines, puis les infractions ont remonté au niveau d’avant l’amnistie (92). À Strathclyde (Écosse), une initiative dirigée par la police visant à prévenir les actes criminels commis au couteau, Operation Blade, combinait un programme d’amnistie

concer-nant les armes blanches ainsi qu’une campagne médiatique de grande envergure, des mesures accrues de sécurité dans les débits de boissons et la communication avec les détaillants d’armes blanches et les jeunes. L’intervention a été suivie d’une réduction des crimes au couteau signalés par la police et des agressions à l’arme blanche traitées au service des accidents et des urgences.

Toutefois, les effets n’ont pas persisté un an après l’intervention (93).

3.4 Diminution de la demande d’objets tranchants

Bon nombre des facteurs de risque liés à l’acces-sibilité et à l’utilisation des objets tranchants à des fins violentes sont les mêmes que ceux qui touchent les armes à feu. Bien que l’analyse dé-taillée de ces facteurs de risque déborde le cadre du présent exposé, l’encadré 3 met en évidence trois facteurs clés qui devraient être pris en compte si l’on veut réduire les risques liés à l’accessibilité et à l’utilisation des objets tranchants.

4. Réduire l’accès

Dans le document les faits (Page 83-86)