1.3 Détermination des échauements dans les jeux de barres
1.3.4 Les récentes avancées
1.3.4.1 Simulation numérique
Les transferts thermiques dans les appareils électriques ont été beaucoup étudiés ces trois
dernières années, en particulier à l'aide d'outils numériques. L'accent a été mis sur la
mo-délisation, souvent complexe, des échanges thermiques dans les appareils. Les phénomènes
électromagnétiques, lorsqu'ils sont pris en compte, sont obtenus par résolution des équations
de Maxwell à l'aide d'un outil utilisant la méthode des éléments nis.
Comme il a été évoqué précédemment, des échanges convectif et radiatif sont observés
dans un jeu de barres, entre le (ou les) conducteur et la cuve, ainsi qu'à l'extérieur de la
cuve avec l'air ambiant. Dans l'aluminium composant le conducteur et la cuve, les transferts
thermiques se font par conduction.
Jusque dans les années 90, l'inuence du rayonnement solaire et du vent sur les transferts
thermiques à l'extérieur de la cuve a été prise en compte. Depuis, ces phénomènes sont négligés
car les normes IEC [9] imposent des températures maximales à ne pas dépasser lors d'essais
de qualication réalisés à l'abri du vent et du rayonnement solaire. Ceci s'explique également
par le fait que les GIS sont principalement utilisés en intérieur.
Diérentes modélisations des échanges thermiques dans un jeu de barres monophasé [37,
63,64] et triphasé [8,6569] ont été proposées dans la littérature.
1.3.4.1.1 Convection turbulente Dans toutes ces études, un code CFD est utilisé pour
résoudre la convection naturelle entre le (ou les) conducteur et la cuve. Seuls Novak et Koller
[8,65], Kaufmann et al. [37] et Paul et al. [63] considèrent le régime de convection turbulente.
Dans le GIS, Paul et al. estiment le nombre de Rayleigh de l'ordre de10
8et Kaufmann et al.
l'estiment égal à1.5 10
9. En ce qui concerne les modèles de turbulence, Novak et Koller [65]
optent pour un modèlek−, Kaufmann et al. pour un modèle SST (Shear Stress Transport)
et Paul et al. choisissent un modèle SSTk−ω.
Le maillage des couches limites en régime turbulent est un point important, caractérisé
par la distance adimensionnée à la paroi y
+. Elle permet de caractériser la couche limite
turbulente et sert notamment à dénir des lois pariétales utilisées pour calculer la vitesse de
l'écoulement. Ce paramètre est également utile pour caractériser les dimensions du maillage
de la couche limite turbulente. Il est calculé de la manière suivante [28] :
y
+= y
cu
∗ν avec u
∗=
r
τ
pρ et τ
p=µ
∂u
∂y
y=0(1.76)
Avecu
∗la vitesse de friction,τ
pla contrainte de cisaillement à la paroi,ν,µetρla viscosité
cinématique, dynamique et la masse volumique du uide et y la coordonnée perpendiculaire
à la paroi. Le paramètrey
ccorrespond à la distance entre la paroi et le centre de la première
maille. Dans les simulations de Paul et al. ce paramètre vaut environ 1. Kaufmann et al. le
xent strictement inférieur à1.
1.3.4.1.2 Convection extérieure La température de la cuve est inuencée par les échanges
de chaleur à l'extérieur de la cuve. L'échange convectif entre la cuve et l'air ambiant n'est pas
modélisé de la même manière selon les auteurs. Novak et Koller [8, 65], Sohn et al. [66], Wu
et al. [64, 68, 69] considèrent un volume d'air ambiant autour du jeu de barres et résolvent
les équations de Navier-Stokes dans ce volume. Les équipes de Paul [63], Qiu [67] et
Kauf-mann [37] préfèrent appliquer une condition limite à la surface de la cuve : une température
xée [63] ou une valeur du coecient de convection [67].
1.3.4.1.3 Rayonnement En ce qui concerne le rayonnement à l'intérieur et à l'extérieur
de la cuve, tous le prennent en compte dans leur simulation à l'aide d'une condition aux
limites. En revanche, aucun d'eux n'utilise de modèle pour résoudre le rayonnement.
L'émissivité des surfaces du GIS inuence les températures calculées [65]. Aussi le choix des
valeurs d'émissivité appliquées aux surfaces dans les simulations est important. Ce paramètre
caractérise l'état de surface et dépend notamment de la température [70], mais aussi de
l'humidité et peut varier au cours du temps [71,72].
Dans le cas du jeu de barres haute tension, les conducteurs et la cuve sont généralement
composés d'un alliage d'aluminium. Les conducteur sont polis et la cuve peut être peinte. Dans
la littérature, des mesures d'émissivité de diérentes surfaces ont été eectuées [37,44,70]. Les
valeurs obtenues dans le cas d'une surface en aluminium sont comprises entre 0,04 et 0,19
selon l'état de surface. Les valeurs d'émissivité d'une couche de peinture varient entre0,87et
0,97 pour les laques et entre 0,27 et0,67pour les peintures en aluminium.
N'ayant pas de valeur d'émissivité pour leurs simulations, Novak et Koller [65] proposent
une méthode approchée permettant d'obtenir un ordre de grandeur de ces valeurs. Leur
géomé-trie est composée d'un conducteur en alliage d'aluminium placé dans une cuve peinte, remplie
deSF
6. Ils réalisent des simulations électromagnétiques couplées à des simulations thermiques
pour calculer les températures atteintes suite au passage du courant dans le conducteur. Ils
testent diérentes émissivités de la surface du conducteur(
i= 0; 0,1; 0,3)et de la surface de
la cuve (
o= 0; 0,3; 0,6; 0,85). Ils comparent les températures obtenues par simulations aux
températures mesurées expérimentalement et choisissent le couple (
i,
o) permettantd'ob-tenir les températures les plus proches des températures expérimentales. Ces valeurs sont
i= 0,1 et
o= 0,85.
1.3.4.1.4 Couplage électro-thermique Lorsque les phénomènes électromagnétiques sont
pris en compte dans les simulations, les puissances dissipées par eet Joule obtenues sont
utili-sées comme terme source dans le calcul des échanges thermiques. Plusieurs auteurs proposent
même de déterminer ces puissances par itérations [8,6466,69]. En eet, puisqu'ils prennent en
considération la dépendance de la conductivité électrique des matériaux à la température, ils
cherchent à observer la variation des puissances dissipées lorsque la température varie. Aussi,
un premier calcul des puissances dissipées est réalisé à une température initiale donnée. A
partir de ces puissances, un calcul des échanges thermiques est eectué et permet d'obtenir
les températures nales. Ces températures sont alors réutilisées pour calculer les puissances
dissipées par eet Joule. Plusieurs itérations sont ainsi réalisées jusqu'à ce que les
tempéra-tures initiales et nales soient très proches. Cette méthode de couplage est bien représentée
par l'organigramme de la Fig.1.18 [73].
Novak et Koller [8,65] étudient l'inuence de la prise en compte ou non de la variation de
température dans l'évaluation des puissances dissipées par eet Joule. Ils nomment méthode
"bidirectionnelle" celle consistant à calculer les puissances en plusieurs itérations dépendant
Figure 1.18 Couplage entre le calcul des puissances dissipées par eet Joule et celui des
échanges thermiques [73]
de la température calculée par la CFD, et "unidirectionnelle" la méthode ne prenant pas en
compte la variation de température. Ils observent une variation de température comprise entre
2K et 3K selon la méthode utilisée.
Bedkowski et al. [74] ont également étudié l'inuence du couplage sur les températures
calculées dans un appareil électrique basse tension. Comme Novak et Koller ils constatent
que les températures calculées à partir d'un couplage unidirectionnel sont moins ables que
celle obtenues à l'aide du couplage bidirectionnel. En revanche, l'erreur peut être réduite en
appliquant dans le calcul électromagnétique une température initiale la plus proche possible
de la température réelle.
1.3.4.1.5 Prise en compte des contacts Lors de la modélisation en trois dimensions
d'un appareil électrique, une nouvelle diculté apparaît : il s'agit de la modélisation des
contacts [68,75]. En eet, les appareils ne sont pas composés d'une pièce unique dans laquelle
circule le courant, mais d'un assemblage d'éléments. Lorsqu'il circule, le courant passe donc
plusieurs fois d'un élément conducteur à un autre. Cependant, comme le montre Holm [76]
ou encore Braunovic [77], le contact entre deux pièces conductrices n'est pas parfait et l'aire
conductrice de contact dépend des aspérités à la surface des matériaux [76,77] (Fig.1.19). La
surface de passage du courant est réduite ce qui engendre une densité de courant plus élevée
et donc d'importantes augmentations de température au voisinage de ce contact.
Parmi les nombreux travaux réalisés sur la modélisation des contacts, l'équipe de Wu
[68, 69] propose de modéliser des doigts de contact par une résistance (Fig.1.20), mais ne
détaille pas la méthode appliquée pour la modélisation. La valeur de la résistance de contact
Figure 1.19 Imperfection du contact entre deux pièces conductrices [77]
Figure 1.20 Modélisation de doigts de contact par une résistance proposée par l'équipe de
Wu [68,69]
1.3.4.2 Approche analytique
Dans le but de réduire les coûts dus aux expériences et de trouver une méthode plus simple
et plus rapide que les méthodes numériques, Sun et al. [78] ont proposé très récemment (n
2013) une méthode analytique plus précise que les méthodes précédentes. Elle permet de
calculer les températures et les ux de chaleurs échangés suite au passage du courant dans un
jeu de barre monophasé en deux dimensions. Cette méthode est proche de celle développée au
Chapitre 3, où une comparaison entre les résultats obtenus et ceux de Sun et al. sera proposée.
Dans le document
Etude des phénomènes électro-thermiques dans l'appareillage haute tension
(Page 50-53)