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8 RÉALISATION DE DISPOSITIFS DE CONTRÔLE

8.1 Contexte

Nous avons tenté d'élaborer des dispositifs de contrôle sur les sites identifiés et jugés prioritaires lors des étapes d'inventaire et de caractérisation. De fait, chacun des 272 barrages a été évalué pour connaître les dommages potentiels pouvant survenir au réseau routier, aux frayères, etc. La présente activité avait pour but de mettre en place quelques techniques d'intervention aux digues pouvant porter préjudices aux infrastructures.

Des solutions plus radicales sont disponibles et représentent également des moyens de contrôle. L'éradication, par arme à feu ou par piégeage, est possible. Cependant, cette solution comporte des désavantages d'ordre écologique ainsi que moraux et ne peut pas être appliquée dans tous les cas.

De façon moins drastique, le démantèlement du barrage est parfois réalisé. Cependant, le castor est très attaché à son site et rebâtit généralement son barrage dans la nuit suivant l'intervention. Cette technique, peu efficace, demande beaucoup de temps/homme, les barrages doivent être visités à chaque jour. Le castor s'acharne à réparer et à reconstruire son barrage au même endroit, la création d'un étang d'eau lui étant vitale. Parfois, le castor abandonne son site suite à un dérangement régulier. Par contre, si le milieu est favorable à l'établissement des castors (pente, courant, nourriture), le secteur sera rapidement recolonisé par une nouvelle famille de castors.

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Ainsi, les dispositifs de contrôle représentent des avenues intéressantes en ce sens ou ils permettent un contrôle sur le niveau d'eau tout en gardant la population de castors en place pour une saine gestion du piégeage. Le but principal de cette activité était de trouver une façon de tirer profit des bénéfices apportés par la présence du castor, mais de limiter les inconvénients qu'il peut provoquer. Dans le cadre de cet essai, l'amorce de barrage, la mise en place de clôture ainsi que l'utilisation du drain agricole ont été testés en tant que techniques d'intervention.

8.2 Amorce de barrage en enrochement

Le castor construit habituellement sa digue à l'endroit le plus étroit d'un cours d'eau. Il est donc attiré par les embouchures des ponceaux. Le but de ce dispositif est d'inciter le castor à réaliser son barrage à quelques mètres en amont du ponceau. Ainsi, la structure n'est plus obstruée, l'eau peut circuler dans le ponceau et le castor peut rester en permanence dans son habitat.

Nous avons réalisé des pré-barrages sur deux sites, soit les ponceaux doubles # 16 et

# 91. Ainsi, les barrages ont été graduellement démantelés pour baisser le niveau d'eau au minimum. Par la suite, des roches de 0,3 à 1 m de diamètre ont été placées en arc devant les ponceaux à l'aide de machinerie lourde. Le pré-barrage du pont # 16 a été réalisé avec des roches plus grosses (environ 1 m de diamètre) et avec des espacements de 3 pieds entre les roches. À l'opposé, le pré-barrage du pont # 91 a été réalisé avec des roches plus petites (environ 0,3 m de diamètre) et avec des espacements de 1 pied entre les roches. Dans les deux cas, nous avons placé des matériaux de l'ancien barrage sur les roches, pour inciter le castor à réaliser son nouveau barrage sur les roches, faciliter son travail et imprégner les roches de son odeur.

À plusieurs reprises, nous avons été dans l'obligation de modifier le système car les castors avaient contré nos efforts aux deux ponceaux doubles. De fait, même avec un amorce de barrage en roches, c'était toujours plus simple de bloquer l'entrée du ponceau pour les castors, étant donné que le ponceau crée un rétrécissement du cours d'eau. Ainsi, comme seconde étape, une clôture (carrelage de 1 pouce carré) empêchant l'accès au ponceau a été installée. Elle a été placée de façon à constituer un nouveau point d'appui où le castor pourrait refaire son barrage (figure 7).

Les castors se sont montrés très tenaces et très patients à la suite de nos interventions.

Ils ont déjoué plusieurs fois les dispositifs malgré les modifications apportées après chaque échec. Les castors ont réussi à passer sous le grillage et à obstruer de nouveau les deux tuyaux du ponceau. Nous avons placé plusieurs fois des clôtures grillagées afin d'empêcher les castors de venir obstruer de nouveau l'entrée de ces conduites et de passer outre l'amorce de barrage fait en roches. Nos efforts ont été vains, les fortes

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Figure 7 : Réalisation du pré-barrage en roches et de la clôture grillagée au pont

# 16 de la ZEC

Figure 8 : Amorce de barrage en clôture grillagée avec le cylindre de protection sur le barrage du lac Hier

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pluies de l'automne ont emporté toutes les clôtures, libérant ainsi la voie vers les embouchures des ponceaux. La saison de trappe était alors débutée, la surveillance a été confiée au trappeur de ce territoire.

Les insuccès des amorces de barrages résident dans un problème de conception. De fait, même après les interventions, il était toujours plus facile et moins astreignant pour le castor de faire le barrage dans les tuyaux des ponceaux. De fait, les tuyaux étaient moins profonds que le lit naturel de la rivière et l'ouvrage du castor était réduit considérablement en largeur en utilisant les ponceaux.

8.3 L'amorce de barrage en clôture grillagée

Suite à l'insuccès du pré-barrage en roches, nous avons décidé de réaliser l'amorce de barrage uniquement en clôture grillagée. Cette technique a été réalisée sur quatre ponceaux (# 103, # 190, barrage du lac Hier, barrage du lac des îles). Nous avions planifié de couper la clôture dès que le barrage aurait débuté, dans le but d'augmenter la qualité visuelle de l'opération et de permettre la libre circulation de la faune. À chaque endroit, un cylindre grillagé était également mis en place devant l'embouchure du tuyau pour s'assurer que si la clôture principale était déjouée, le castor n'irait pas damer dans le ponceau.

C'est effectivement ce qui c'est produit sur le barrage du lac Hier, le castor a déjoué notre clôture principale, qui faisait l'amorce de barrage, pour réaliser son barrage sur le cylindre de protection du ponceau (figure 8). Nous n'avons pas fait d'autres démarches, nous étudierons l'effet de proximité pour l'évacuation de l'eau au printemps.

Un des désavantages de cette technique réside dans le fait qu'elle nuit à l'activité de piégeage. En effet, certains trappeurs nous ont mentionné qu'il était par la suite difficile de réaliser une brèche dans le barrage pour le piégeage de l'animal.

8.4 Le drain agricole

Lorsque le barrage était haut (plus de 1 m), que le bassin de rétention d'eau était très élevé et que la route principale était à proximité, l'usage de tuyaux abaissant le niveau d'eau a été préconisé. Ainsi, le tuyau évacue le trop-plein d'eau jusqu'à la hauteur désirée (Banville, 1984). Toutefois, il ne faut pas abaisser le niveau d'eau au point d'empêcher les castors de survivre en hiver (Fortin et al., 2001). L'usage du drain agricole était d'ailleurs recommandé par Major et al. (1980) et compte parmi les meilleurs dispositifs.

Une brèche a été réalisée dans le barrage pour y placer un tuyau de drainage de 20 cm de diamètre muni de perforations d'une longueur de 15 pieds. L'extrémité du tuyau placée en amont a été entourée de broche fixée à l'aide d'armature d'acier. Ce cylindre joue une double fonction soit de niveler le tuyau à la hauteur de l'eau désirée et d'empêcher le castor de boucher l'entrée du tuyau.

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Ce dispositif a été testé au pont # 99 (figure 9). La hauteur du barrage avant l'intervention était de 1,4 m et le drain agricole a permis d'abaisser le niveau de l'eau de 0,5 m. Le système a bien fonctionné, et ce, du premier coup. Il est d'ailleurs toujours en fonction. Nous pourrons valider son efficacité au gel au printemps prochain.

Parmi les avantages, on compte la facilité de se procurer les matériaux, il se transporte facilement, l'aisance de travailler avec un tuyau de drain (poids, pliable, etc.), la rapidité à installer le système, il ne nécessite pas de machinerie lourde et les coûts sont peu élevés. Le rat musqué et le castor peuvent ronger le tuyau de drain (Fortin et al.. 2001).

Cependant, cela ne s'est pas produit sur ce site.

8.5 Autres interventions

Deux autres types d'intervention ont été réalisés sur le territoire. En effet, le barrage du lac Charlie (barrage # 6) était de hauteur appréciable (2,6 m) et le bassin de rétention d'eau était élevé. Étant donné que ce barrage était non entretenu et qu'il était en place depuis 37 ans selon le trappeur du territoire, il a été jugé préférable d'abaisser le niveau de l'eau de quelques pieds pour des raisons de sécurité (figure 10).

Dans un second temps, des interventions ont eu lieu pour démanteler un barrage de castor présent sur une frayère connue au lac du Bouleau. Ce lac est très valorisé par les gestionnaires et les utilisateurs de la ZEC des Nymphes puisqu'il est un lac à omble de fontaine indigène allopatrique 1. Ainsi, le trappeur de ce territoire a piégé les castors présents durant la période estivale, et le démantèlement du barrage ainsi que le nettoyage des débris ont été réalisés pour permettre la libre circulation des poissons sur cette frayère. Cette intervention était prioritaire pour rendre la frayère de nouveau accessible aux géniteurs.

8.6 Discussion

De façon générale, mentionnons que les interventions sur les barrages de castors ne sont pas faciles, il n'y a pas de généralité. Ainsi, chaque barrage est unique et les interventions à réaliser sont toujours du cas par cas. Il n'a pas été facile de réaliser des interventions sur les barrages de castor, la ténacité de ces derniers avait été sous estimée. La patience et l'astuce sont de mises.

Il sera important de suivre et d'évaluer l'efficacité des interventions réalisées durant l'été 2001. De fait, le suivi nous permettra de connaître les coûts associés, d'évaluer l'efficacité à long terme et la pertinence des interventions réalisées. L'utilisation d'une ou de plusieurs techniques d'intervention sur un site peuvent être documentées au fil du temps et il devient alors facile de comptabiliser les efforts requis pour les maintenir (Fortin et a/., 2001).

1 Plan d'eau où l'omble de fontaine est la seule espèce de poisson connue

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Figure 9 Utilisation du drain agricole sur le barrage # 99

Figure 10 : Démantèlement d'un barrage dangereux dû à son âge et à sa hauteur, barrage # 6 de la ZEC

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