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Les règles de la méthode

Dans le document Cours de philosophie Séries technologiques (Page 47-51)

7. La raison

7.3 Les règles de la méthode

Le problème se pose cependant de savoir comment définir les règles de la méthode, la raison étant la faculté de penser de manière cohérente et de distinguer le vrai du faux, il convient, pour

que la raison devienne son propre guide qu'elle réfléchisse sur elle-même afin qu'elle mette en évidence les principes de son propre fonctionnement, de sa propre cohérence.

7.3.1 Les règles de la méthode chez Descartes

``

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle; c'est-à-dire, d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.

Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.

Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.``

Descartes, Discours de la méthode , 2° partie.

La raison nous invite donc à une interrogation et à un travail rigoureux d'argumentation pour tenter de répondre aux questions que l'on se pose.

7.3.1.1 En quoi consiste cette rigueur ?

Cette question concerne celle des fondements de la méthode.

En effet si la rigueur réside dans le respect de règles, elle n'est pas la rigidité, il est nécessaire de justifier, de fonder ces règles, il importe également de savoir les appliquer ce qui nécessite des qualités de jugement.

Il importe donc de distinguer en premier lieu entre règle et convention.

Les règles de la méthode ne sont pas de simples conventions décidées de manière arbitraire et aléatoire, ces règles sont le produit d'une réflexion philosophique et sont elles-mêmes fondées en raison, c'est ce que nous allons voir avec la conception cartésienne de la méthode.

7.3.1.2 Pourquoi une méthode ?

Pour échapper au hasard (ex. de l'homme perdu dans une forêt).

Pour éviter de se perdre d'errer (de commettre des erreurs), de se tromper.

Il serait donc contradictoire de fixer des règles méthodologiques qui seraient des conventions choisies au hasard. Ces règles sont le produit d'une raison qui cherche à se conduire en accord avec elle-même et qui veut connaître ses propres principes.

7.3.1.3 Analyse et commentaire des quatre préceptes du Discours de la Méthode

Quatre règles :

1. Évidence 2. Analyse 3. Ordre

4. Dénombrement

7.3.1.4 La règle d'évidence

"...ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle; ...

"

ÉVIDENCE

: Littéralement = ce qui se voit.

Évidence intellectuelle = saisie immédiate et certaine d'une vérité à laquelle l'esprit donne naturellement son assentiment.

Évidence cartésienne = intuition intellectuelle de l'idée claire et distincte.

Il ne faut pas confondre l'évidence rationnelle avec les fausses évidences que véhicule l'opinion commune.

L'idée claire est une idée dont le contenu est présent à l'esprit attentif. La notion de clarté s'oppose ici à celle d'obscurité.

L'idée distincte est une idée qui ne peut se confondre avec aucune autre. La notion de distinc-tion s'oppose à celle de confusion.

Une idée claire et distincte peut donc être parfaitement définie, elle n'a donc rien à voir avec les pseudo-évidences auxquelles on donne trop rapidement son accord sans réfléchir auparavant.

"...éviter soigneusement la précipitation et la prévention..."

PRÉCIPITATION

: Défaut consistant à juger trop vite avant que l'entendement ne soit parvenu à une complète évidence.

PRÉVENTION

: Défaut consistant à se fier aux fausses évidences et à admettre sans examen de nombreux préjugés.

Comment ?

Par le doute, l'évident est identique à l'indubitable.

"...que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute."

DOUTE : état d'incertitude de l'esprit qui ne peut rien nier ou affirmer . Descartes choisit de suspendre son jugement afin d'établir la vérité.

Descartes décide donc de ne jamais rien affirmer de certain et de définitif tant qu'il aura une seule raison d'en douter, il s'agit de ne pas confondre le probable et le certain.

7.3.1.5 La règle d'analyse

"diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre."

ANALYSER

: diviser, décomposer, résoudre, réduire en ses éléments simple un tout.

ANALYSE

: processus de décomposition d'un tout en ses éléments constitutifs.

Ex : Dans le traitement d'un sujet de dissertation il faut commencer par analyser les termes de la question afin de les définir précisément et de comprendre comment ils sont reliés les uns aux autres.

7.3.1.6 La règle d'ordre :

"...de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés,..."

Par ordre il faut entendre ici une succession de termes satisfaisante pour la raison, il s'agit donc d'aller du simple au complexe, après l'analyse des éléments simples du problème il convient de les réunir de façon cohérente.

Ex : Pour le traitement d'un sujet de dissertation après avoir analysé la question posée et défini les termes la composant on va la recomposer pour la reformuler et en préciser le sens.

Ainsi on suivra un ordre logique comparable à celui auquel on se conforme dans une dé-monstration mathématique en allant de l'analyse à la synthèse.

SYNTHÈSE

: Acte de rassembler, de réunir, de relier, de mettre ensemble, de combiner. Lorsque l'on reformule une question on fait une synthèse de ce qui a été découvert au cours de l'analyse des termes qui la constituent.

7.3.1.7 La règle du dénombrement ou de l'énumération :

"... de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre."

Il faut énumérer chacune des parties du tout que l'on a composé afin de vérifier que l'on n' a sauté aucune étape, d'examiner que le passage d'une idée à une autre se justifie toujours (éviter dans les dissertations les "donc", les "car" qui n'expriment aucun lien logique réel).

Il est nécessaire que les idées s'enchaînent naturellement les unes aux autres par un mouve-ment continu de la pensée.

7.3.2 Conclusion - Intérêt de cette méthode

Elle permet de penser par soi-même de façon cohérente, en étant en accord avec les principes universels de la pensée rationnelle.

Elle permet de partir d'intuitions justes et non d'opinions erronées et admises à la hâte.

Elle permet ensuite de déduire selon un ordre logique les conséquences de ces intuitions.

Mais si la raison nous guide dans la recherche et la connaissance de la vérité, elle est aus-si ce grâce à quoi nous pouvons orienter notre conduite, guider nos actions, c'est pourquoi la raison n'est pas seulement théorique, elle est aussi pratique (au sens de morale - une morale étant par définition une doctrine de l'action), comme l'a fait remarquer le philosophe

Em-manuel Kant.

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