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1 Publics cibles

1.1 Qui s’intéresse à l’UNICEF

Afin d'essayer de répondre à ces questions, il faut d’abord exposer la liste des différentes catégories de personnes intéressées par l'action de l'UNICEF.

En premier lieu citons les particuliers donateurs, qui font partie intégrante de la cible de l’organisation. En effet, le grand public s’intéresse à l’UNICEF à travers les actions qu’elle entreprend en faveur des enfants défavorisés et c’est à travers des campagnes de sensibilisation, que ces particuliers contribuent, activement, à la collecte de fonds de l’organisation afin de l’aider à soutenir les enfants démunis.

Les États membres des Nations Unies, qui rappelons-le, étaient parmi les pays endommagés suite à la seconde guerre mondiale, sont les premiers à avoir soutenu la création de l'UNICEF, ils constituent un autre type de public qui s’intéresse à l’UNICEF. Il est à signaler que ces États représentent, en réalité, leurs gouvernements, leurs ministères et leurs citoyens.

Ensuite, il y a toutes les personnes qui s'occupent des enfants, surtout, les défenseurs des enfants en général, et les partisans de la Convention relative aux Droits de l'Enfant en particulier.

63 Il en est de même pour les organisations internationales y compris les autres institutions de l'ONU, les associations spécialisées, les banques de développement, les ONG internationales et les multinationales du secteur privé, tous ceux qui s'apparentent aux médias, nationaux et étrangers, notamment la presse écrite, la radio et la télévision et Internet.

Il est important de signaler que l'intérêt que porte le public envers ce qu'entreprend l'UNICEF est, parfois, réciproque, ce qui peut rendre service aux deux parties. Comme le cas des journalistes qui s'intéressent aussi à ce que fait l'organisation, puisque celle-ci représente une source d'informations captivante aussi bien par la richesse des sujets traités que par leur diversité. Le fait même que le sujet concerne l'enfant, représente une garantie de succès du journal ou de l'émission auprès de son public. En retour, l'UNICEF essaye d'exploiter l'intérêt que lui confèrent les médias pour faire passer ses messages auprès du public en vue d'atteindre ses objectifs spécifiques. L'intérêt est donc réciproque. Ceci se confirme, aussi, « lorsqu'une entreprise soutient l'action de l'organisation, c'est non seulement pour en faire profiter les enfants du monde, mais aussi pour renforcer son image de marque, montrer qu'elle prend ses responsabilités sociales et améliorer ses relations avec la clientèle. Ce qui caractérise tous les partenariats de l'UNICEF, ce sont des objectifs communs, un respect mutuel et le fait de profiter des atouts l'un de l'autre » (Arias, Delaloye, Torres, 2006, p.9).

De même, la catégorie des intellectuels tels que les universitaires, étudiants et autres chercheurs s'intéresse également à l'UNICEF compte tenu des moyens logistiques dont elle dispose, comme c'est le cas de mes travaux de recherche. En effet, l'organisation leur permet de disposer d'une véritable banque de données, extrêmement riche et très intéressante pour leurs études et recherches. L'UNICEF en profite, alors, pour exploiter les résultats de ces recherches pour le développement de ses activités. Là aussi, l'intérêt est réciproque.

D'autre part, nous pouvons citer aussi les militants des droits de l'homme puisqu'ils peuvent y trouver une multitude d'informations concernant la situation des enfants malheureux dans le monde entier. Souvent, ces informations, servent de cheval de bataille dans les différentes campagnes qu'ils mènent pour dénoncer telle ou telle politique. Les juristes aussi, peuvent s'intéresser aux actions menées par l'UNICEF, en particulier, lors de l'élaboration des conventions internationales relatives aux droits de l'enfant, l'interprétation de leur contenu et le degré de leur mise en application dans les différents pays.

64 De leur côté, les guides spirituels et les personnalités culturelles n'hésitent pas à exploiter les actions menées par l'organisation dans les discours adressées à leur public. Ce dernier devient effectivement plus sensible lorsqu'on lui parle des enfants (UNICEF, 2003). Nous pouvons également citer toutes les personnes qui sont de près ou de loin chargées d'exécuter les programmes de l'UNICEF sur le terrain, comme par exemple, les fournisseurs, les transporteurs, les logisticiens, les nutritionnistes, les docteurs et les infirmiers...etc. (ibid.,). Tout ce monde, avant qu'il ne soit membre actif de l'organisation, il est soit un parent, un frère, une sœur, un grand parent...etc., et donc le lien envers les enfants est déjà existant et comme les autres, il est sensible à ce que fait l'UNICEF. Enfin, l'impression qui se dégage de la diversité qui caractérise cette liste de personnes est que le rôle et le statut de l'UNICEF apparaissent comme étant assez ambigus. L'organisation est donc obligée de s'exprimer dans différents langages sectoriels, diverses langues et de s’adresser à des publics très variés. Cela nécessite une grande flexibilité de la part de l'organisation qui, parfois, pousse à l'orientation des politiques sociales et gouvernementales dans certains pays.

De ce fait, l'UNICEF essaye d'utiliser au mieux ses ressources en évitant de communiquer dans différents styles car elle risque de faire disperser les messages les plus importants qu'elle veut passer, de leur faire perdre de leur force ou pire encore, risquer qu’ils soient mal compris. Nous nous demandons, alors, si l’UNICEF communique dans les pays du Nord de la même façon que dans les pays du Sud ? De même, nous nous interrogeons sur la manière dont l'UNICEF agit pour mettre en application sa politique de communication auditive et visuelle dans ces deux types de pays afin de passer des messages qu'elle estime importants, et qui doivent être envoyés en même temps, tout en se rapportant toujours aux droits de l’enfant.

1.2 Pays visés par la communication

L’UNICEF, comme nous l'avons déjà évoqué au tout début de notre étude, se définit comme étant une organisation internationale exclusivement humaine qui relève de l’ONU.

Effectivement, l’organisation s’efforce, dans plus de 191 pays, de créer les conditions nécessaires d’une vie heureuse en faveur des enfants et ce, en coopérant avec les autres organes de l’ONU, les décideurs, les partenaires locaux et les autres organisations humanitaires. A ce titre, elle organise des interventions humanitaires et met à disposition des

65 ressources pour financer celles-ci. Pour ce faire, plus de 7000 femmes et hommes œuvrent dans le monde entier à la promotion et à la protection des droits des enfants sous l’égide de l’UNICEF. La structure mondiale de l’organisation est constituée par les comités nationaux composés de bénévoles ainsi que par des ambassadeurs itinérants qui sont choisis pour leur notoriété à l’échelle mondiale. Dans les 37 pays développés, les comités nationaux sont organisés comme une ONG qui représente son propre gouvernement. Par ailleurs, ces comités sont responsables de l’élaboration des politiques, de la préparation des programmes et ils arrêtent les plans administratifs et financiers et les budgets. Le Conseil Économique et Social de l’ONU élit les membres du Conseil d’Administration de l’UNICEF, en principe, pour un mandat de trois ans. Les comités nationaux mobilisent les fonds provenant du secteur privé et veillent à la promotion des droits de l’enfant et à identifier, dans le monde entier, les enfants menacés par la pauvreté, les catastrophes, les conflits armés, la maltraitance et l’exploitation24.

Ceci dit, chaque pays met au point avec l’UNICEF un programme de coopération spécifique qui fixe l’attention sur les moyens pratiques de la réalisation des droits des enfants et des femmes. Leurs besoins sont analysés et supervisés dans le cadre de l’assistance technique fournie par les bureaux régionaux de l’UNICEF.

Pour cela l’UNICEF a choisi de découper le globe en 8 régions, à savoir, l’Afrique de l’Ouest, l’Amérique Latine et Caraïbes, l’Asie Orientale et pacifique, l’Asie du Sud, l’Europe Centrale et Orientale et la communauté des États indépendants, le Moyen Orient et l’Afrique du Nord et enfin les pays du Nord (industrialisés). L’organisation supervise ces régions par la mise en place de huit bureaux régionaux25. Ceci dit, comme nous l’avons déjà précisé, nous avons choisi d’étudier la stratégie de communication de l’UNICEF à travers une approche comparative relative à son utilisation de l’image de l’enfant dans deux types de pays : Ceux du Nord et ceux du Sud.

Nous nous demandons, alors, si la communication de l'UNICEF diffusée dans les pays du Nord a la même présence dans les pays du Sud ? Ou bien y-a-t-il une différence dans sa répartition ? 24 http://www.unicef.org/french/about/structure/index.html 25 http://www.unicef.org/french/infobycountry/index.html

66 Ainsi, pour essayer de comprendre si la stratégie de communication s'étend aussi d'une manière équitable partout dans le monde, nous avons essayé d'après notre corpus, de faire un tableau comparatif entre le degré de diffusion d’actions de communication, dans les deux types de pays et ce à travers le temps.

Tableau N°7 « Nombre de campagnes diffusées dans les pays du Nord et du Sud »

PERIODE PAYS DU NORD PAYS DU SUD

1946 – 1959 7 2 1960 – 1979 15 5 1980 -1989 6 2 1990 – 1999 15 5 2000 – 2009 31 12 TOTAL 74 26

Le tableau N°7 ci-dessus, montre, à première vue, une différence importante au niveau de la répartition des actions de communication dans les deux types de pays, et ce, à travers les années. En effet, nous pouvons constater, d’ores et déjà que le nombre d’actions de communication diffusées dans les pays du Nord (74) représente presque 3 fois le nombre des campagnes dans les pays du Sud (26). De plus, nous pouvons remarquer que ce rapport a été gardé presque pour toutes les périodes.

Effectivement, dès la première période l’UNICEF s’est préoccupée de communiquer dans les pays du Nord plus que dans ceux du Sud, et depuis, elle a gardé la même avancée et la même logique.

Cependant pour justifier l’intérêt de prendre en compte les différences qui existent entre les deux types de pays au niveau de la diffusion des campagnes de communication de l'organisation, nous proposons de nous pencher un moment sur ces deux types de pays.

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1.2.1 Pays du Nord

Afin de mieux nous focaliser sur la compréhension et l’analyse du sujet, nous proposons de mentionner les différents pays du Nord représentant les pays cibles de la communication de l’organisation tirés de notre corpus, et ce, selon les cinq périodes de l’histoire de l’UNICEF.

Tableau N°8 « Pays du Nord présents dans notre corpus »

PERIODE PAYS DU NORD NOMBRE DE PAYS

1946 – 1959 États-Unis 1 1960 – 1979 États-Unis Canada Suisse Espagne Turquie 5 1980 -1989 États-Unis Canada France Grande Bretagne 4 1990 – 1999 États-Unis France Grande Bretagne Grèce Allemagne 5 2000 – 2009 États-Unis France Grande Bretagne Espagne Allemagne Autriche Belgique Turquie Suède Belgique 10 TOTAL 25

D'abord, les pays du Nord sont caractérisés par le niveau de vie aisé de leurs peuples qui arrivent à satisfaire toutes leurs nécessités principales et vitales, à savoir la santé, l’éducation et l’alimentation (tableau N°8). Grâce à la révolution industrielle, au début du 19ème siècle, plusieurs pays, essentiellement européens, ont joui d'une main d'œuvre et de matériaux à très bas prix, qui leur ont permis d’évoluer au niveau industriel, économique et social. Il est à noter que le classement que nous avons considéré, se base sur les données émanant de plusieurs organismes mondiaux tels que ONU, PNUD et aussi OCDE26.

26

68 Il est à noter, que ces pays financent directement la majorité des organisations humanitaires. L’UNICEF en fait partie. En effet, l’organisation « a demandé 1,14 milliard de dollars des États-Unis en 2008 (au 31 octobre 2008) pour ses interventions humanitaires destinées à assurer la protection des enfants et des femmes vulnérables »27. Ainsi, nous remarquons que la communication médiatique est utilisée le plus souvent dans ce type de pays, pour toucher le public donateur. D'ailleurs, « le montant total des recettes de l’UNICEF a atteint près de 3,4 milliards de dollars en 2008 »28. Ce budget a été réparti, principalement, afin d’assurer diverses dépenses aux programmes dans divers pays du monde. Ainsi, l’aide aux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord s’est estimée à environ 4,8% du budget, celle des pays d’Amérique Latine et les Caraïbes s’est évaluée à 5,3% du budget, l’Afrique Subsaharienne s’est attribuée 55,5%, l’Asie 27,6%...etc. (UNICEF, 2008, p.38). Ce montant couvre, aussi, les frais de la logistique de l'organisation, les actions entreprises et finance même les diverses campagnes de communication de l'organisation partout dans le monde. Pour réunir ce montant, l'UNICEF compte sur le don des gouvernements, mais aussi, beaucoup sur les Comités régionaux et sur les dons des secteurs privés et sur la générosité de simples particuliers. A titre d'exemple, en 2002, l’UNICEF a collecté près de 1.085 millions de dollars : 680 millions font partie du don des contributions gouvernementales, 405 millions en provenance des comités nationaux et sources diverses29.

Dans ce contexte, l’UNICEF, comme toute autre organisation humanitaire s’est chargée de mobiliser les gens en menant des campagnes de communication afin d’expliquer au public la consistance de son principal objectif. Ainsi, l’organisation a jugé nécessaire de lancer une communication médiatique, essentiellement dans les pays du Nord, afin de sensibiliser le public sur le sort des enfants démunis, principalement, des pays du Sud.

De ce fait, dès ses premières années, l'organisation a essayé de diffuser une communication de présentation et d’introduction générale dans les pays du Nord et notamment, aux États-Unis, puisque c’est là où se trouve le siège des Nations Unies et celui de l’UNICEF. Ensuite, progressivement, la communication s’est développée dans les pays européens. Rappelons que la mission de départ de l’UNICEF était de fournir une aide d'urgence aux enfants européens qui manquaient de soins et de nourritures au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

27

http://www.unicef.org/french/har09/index_funding_2008.html

28

Bilan financier annuel de l’UNICEF France pour l’année 2009

29

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/action-humanitaire-d-urgence/colonne-droite-1680/partenaires-multilateraux-et/article/unicef

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1.2.2 Pays du Sud

L’UNICEF, en tant qu’organisation humanitaire qui défend les droits de l’enfant, travaille dans les pays du monde entier, et ce, dans le but d’atteindre son objectif. Son intervention s’effectue, en particulier, dans les pays du Sud. Ces régions, qui ont un niveau de vie en dessous des pays du Nord, sont considérées en dessous de la normale, et leurs populations souffrent d’une situation sociale critique. D’ailleurs, ces pays sont les pays cibles de la majorité des actions sur le terrain de l’UNICEF. Effectivement, les pays pauvres ont besoin de bénéficier de l’aide humanitaire en faveur de leur population et particulièrement, en faveur des enfants.

Voici, ci-dessous, un classement des pays du Sud à travers lesquels l’UNICEF a été présente médiatiquement.

Tableau N°9 « Pays du Sud présents dans notre corpus »

PERIODE PAYS DU SUD NOMBRE DE PAYS

1946 – 1959 Libéria Cambodge 2 1960 – 1979 Togo Philippines Sénégal Tunisie 4 1980 -1989 Cuba Rwanda 2 1990 – 1999 Salvador Sénégal Tunisie Maroc Philippines 5 2000 – 2009 Chili Pérou Chine Philippines Vietnam Tunisie Argentine Croatie Afrique du Sud 9 TOTAL 22

70 Nous remarquons qu’à partir de 1950, l’UNICEF a étendu ses actions en faveur des enfants démunis en lançant progressivement un certain nombre de campagnes, particulièrement, en Asie et en Afrique (tableau N°9). L’organisation s’est ainsi focalisée sur les campagnes de collecte de fonds pour pouvoir venir en aide aux enfants de ces pays. Par conséquent, les pays du Nord sont devenus la cible principale de la communication de l’UNICEF, et les pays du Sud sont les pays où l’organisation agit sur le terrain.

L’organisation, a donc, pour mission d’agir et de sensibiliser la population aux problèmes liés à l’enfance, par le moyen d’une communication habile et ciblée. De multiples campagnes de sensibilisation sur le terrain, ont été émises, dans plusieurs pays du Sud, et ce, pour essayer de toucher le public en le suscitant à agir pour le bien-être des enfants. Nous pouvons citer comme exemple des campagnes de vaccination ou encore des campagnes pour l’éducation à travers lesquelles l’UNICEF procède à la distribution de fournitures scolaires aux enfants qui sont dans le besoin.

Comme nous l'avons déjà expliqué, la communication de l’UNICEF s’est caractérisée durant les années 90, par son activité promotionnelle autour de l’enfant et de ses droits, en particulier dans les pays du Nord afin de collecter des fonds. Toutefois, les messages de sensibilisation sont destinés aussi aux pays du Sud qui deviennent de plus en plus impliqués dans l’émission des campagnes médiatiques de sensibilisation de l’organisation.

A partir des années 2000, la communication de l’UNICEF s’est propagée dans presque tous les pays du monde, en essayant à chaque fois d'interpeller le public pour le mobiliser et pour le faire agir pour le bien des enfants.

De la sorte, nous nous demandons à travers quelles approches communicationnelles l'organisation réussit-elle à attirer l'attention de la population des pays du Nord et ceux du Sud ? Quelles techniques propose-t-elle dans sa communication, et ce, à travers le temps ?

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