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Questions de la salle

Intervenante 1

J'aimerais connaître l'origine sociale de ces femmes qui ont témoigné et d'autre part savoir s'il existe une différence entre l'origine sociale des cadres féminins et celle des cadres masculins.

Réponse de Catherine MARRY

Pour une sociologue, c'est effectivement une question importante et de fait, il y a une sur-sélection sociale des femmes qui parviennent à des professions supérieures, elles sont, plus souvent que les hommes, issues de milieux très élevés. Dans les familles comptant deux scientifiques - par exemple mère professeur agrégé de mathématiques et père ingénieur - on trouve le plus d'égalité dans l'éducation des filles et des garçons, et l'on pousse les filles vers des métiers qualifiés scientifiques.

Dans les familles ouvrières ou des classes moyennes, les stéréotypes sexués des formations qui conviennent aux filles et aux garçons sont beaucoup plus prononcés. On considère comme très important pour les filles de faire des études, mais seulement dans un certain type de domaine.

Intervenante 2

Je suis Joan Mason de l'AWISE (Association for Women In Science and Engineering, G.B.). J'aimerais compléter les remarques de notre présidente Ann Mac Laren, lauréate du prix UNESCO-L'OREAL (vue lors de la projection du film de L'Oréal, visualisé durant la journée) qui disait que comme les hommes qui ont leurs réseaux de copains, les femmes aussi devraient avoir leurs réseaux. En Angleterre nous avons notre association AWISE et nous nous réjouissons ici aujourd'hui de la formation en France de l'association "Femmes et Science".

Réponse d'Hélène LANGEVIN

Mon commentaire est juste pour rebondir sur ce mot de réseau. Je suis parfaitement convaincue qu'effectivement beaucoup de choses passent par les réseaux et que ce qu'on appelle pouvoir masculin passe par là. Mais je pense qu'à l'avenir, il faut éviter de tomber dans le même travers, le problème est plus fondamental. Autrement dit : faire appel à la démocratie plutôt qu'au réseau et combattre d'une manière générale partout où on le voit et faire ce que j'appelle la reproduction du modèle. Nous savons toutes que lorsqu' un réseau s'est fait son petit nid à un endroit, il se perpétue pendant un certain nombre d'années, qu'il s'agisse de science, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes ou de n'importe quoi, ce qui est très mauvais pour le renouvellement, pour les jeunes, pour le futur, pour les idées nouvelles. Plutôt que de dire : faisons à la place nos propres réseaux, je combattrai les réseaux masculins et les réseaux en général.

Intervenante 3

Je suis Delphine Dépy Carron, je suis docteur en neurosciences à la recherche d'un emploi. Ma question porte sur les stéréotypes qui doivent être changés. Il y a différentes voies pour cela, sur lesquelles de nombreuses études ont probablement été menées. Qu'en est-il?

Réponse de Catherine MARRY

Je suis toujours un peu gênée devant ce genre d'action. De nombreuses tentatives ont été faites pour changer les stéréotypes, notamment dans les écoles, par des campagnes publicitaires sur les droits des femmes…, sans résultats probants. Je pense qu'il y a aussi autre chose à faire. Il faut agir sur les mécanismes structurels. On a parlé de réseaux, je ne pense pas que ce soit le seul moyen d'action, il faut agir plus en profondeur en cherchant où sont les verrous et les mécanismes qui font blocage. Les stéréotypes comptent certes, mais il faut surtout résoudre un problème structurel pour donner le moyen aux innombrables femmes qui en ont les compétences de sortir de leur anonymat.

C'est plus là dessus qu'il faut mettre l'accent que sur des campagnes visant à changer les mentalités.

Autre réponse

Je pense également à la valeur de l'exemple. Toutes les campagnes de promotion me semblent avoir un faible impact comparé à celui de l'exemple donné par les femmes dans les laboratoires ou intervenant dans des congrès.

Intervenante 4

Je suis mathématicienne, faisant partie de l'association "Femmes et Mathématiques". Je voudrais poser une question à L'Oréal. Vous avez parlé de la science, dans votre exemple d'encourager les sciences du vivant. Pour vous, les mathématiques sont-elles aussi une science à encourager ?

Réponse

Je pense qu'effectivement c'est une science à encourager. Nous avons commencé par les sciences du vivant qui sont une discipline proche des activités de l'Oréal. Nous travaillons et réfléchissons pour ouvrir dans les années à venir le prix l'Oréal à d'autres disciplines scientifiques et je pense qu'à l'avenir nous aurons peut être l'occasion de nous rencontrer.

Intervenante 5

Pascale Bouger, en deuxième année de thèse. Dans le prolongement de l’idée du stéréotype, je voudrais évoquer le rôle de la femme en tant que mère, dans le blocage introduit par l'arbitrage entre vie de famille et vie professionnelle. Ne faudrait-il pas changer l'attitude de la femme vis à vis de sa féminité en tant que mère et la manière dont la maternité est acceptée dans les entreprises et à l'Université ?

Réponse d'Annika JOELSSON

Je vais jouer l'avocat du diable en vous demandant si vous êtes mariée…. en vous conseillant de bien choisir votre futur mari et de ne pas considérer de prime abord la maternité comme un obstacle mais aussi comme une opportunité. On peut débattre de cette question sous l'angle obstacle en l'abordant de façon positive. Les congés de maternité ont l'avantage de permettre de prendre un peu de recul ce qui est très important dans une activité professionnelle

Intervenante 6

Sylvie Lesné. Je ne suis pas une femme de sciences, je suis une femme de lettres, j'enseigne dans un lycée près d'Orléans et je voudrais apporter mon témoignage. Mon activité se place dans le cadre d'un enseignement sur la citoyenneté qui me permet d'aborder des thèmes en rapport avec les stéréotypes. A titre d'exemple nous avions organisé l'an dernier une exposition "qu'est ce qu'un scientifique" en partant des représentations sexuées qu'en avaient les élèves : homme, femme, habillement, célibataire, marié, organisation matérielle de la vie quotidienne…. Cette année notre action est menée en direction des catalogues de jouets de Noël et de l'utilisation sexuée des petites filles et des petits garçons : place dans le catalogue, auprès de quel jouet…. Enfin nous menons un travail avec les élèves sur le sexisme dans la langue, le vocabulaire, les structures du langage, les discriminations véhiculées sans s'en rendre compte dans le langage quotidien.

Intervenante 7

Je représente les sciences "molles" ici et j'ai beaucoup collaboré avec des scientifiques

"durs". Je voudrais revenir à cette notion de networks qui est un concept anglo-saxon des réseaux très différent des « clics » où un groupe d'ingénieurs amène d'autres amis. Certaines des speakerines ont dit tout à l'heure travailler sur le plan européen et je pense que dans une société mondialisée les réseaux ont de plus en plus d'importance. Les réseaux c'est aussi un échange de connaissances, c'est un échange de solidarité, un moyen de progresser et de combattre les stéréotypes aussi.

Réponse de Nicole POINSO

Je voudrais juste ajouter un petit mot : à L'Oréal, nous avons mené une étude sur la mixité. Cette étude a permis de mettre en évidence que la mixité d'une équipe accroît sa réactivité et qu'elle est source de créativité. Cette étude a permis à nos services de Ressources Humaines de mettre sur pied un programme de féminisation. Je rappelle qu'à L'Oréal, nous avons 55% de femmes qui travaillent dans la recherche. Cette étude, interne, porte sur plusieurs années et est appelée à être développée.

Intervenante 8

Je m'appelle Annie Le Gall et je suis une militante féministe. A travers tout ce que j'entends, ce qui me frappe c'est que c'est toujours de l'extérieur qu'est venu le mouvement. Il n'y a pas de nécessité pour qu'une technique avance d'y intégrer des femmes coûte que coûte. C'est la société qui impose ces amorces de mixité. De là l'extrême difficulté quand tout vient de l'extérieur ce qui est le cas. C'est la société politique et civile sous l'aspect des votes, des discussions qui impose ses règles et c'est très difficile sur le plan scientifique et technique où le problème est toujours mis en avant sous

l'aspect de la compétence. Or la définition de la compétence est d'abord une définition sociale qui intègre du technique, et en ce qui concerne les femmes il n'y a pas de nécessité interne à un groupe de travail pour les intégrer ou les promouvoir. Le monde scientifique ne s'intéresse pas pour l'instant à cet aspect de la question. Donc c'est extérieur et politique et les féministes ont beaucoup plus fait pour l'avancée des femmes que la science.

Intervenante 9

Je suis Brigitte Godelier, chargée de mission à la "mission pour la parité en sciences et technologie du ministère de la recherche". Je voudrais reprendre quelques arguments sur les stéréotypes. Lorsque la cuisine et la couture qui font traditionnellement partie de la vie quotidienne des femmes deviennent économiquement rentables, cette rentabilité est récupérée par les hommes en termes de pouvoir, donc toute la problématique est celle du partage du pouvoir des hommes et des femmes. En effet dans une maison de couture les femmes, ouvrières à la maison, sont au travail ouvrières et artisanes, ce sont des grands couturiers qui sont honorés, ce ne sont pas des grandes couturières ou alors très peu. Pour la cuisine c'est la même chose. Ce sont les femmes qui créent la cuisine au quotidien, qui la transmettent à leurs filles, mais ce sont des grands chefs cuisiniers qui sont connus de par le monde et qui promeuvent cette économie qu'est la cuisine française. Donc dans les sciences qui sont un lieu de pouvoir par excellence la problématique est celle du pouvoir. Donc le pouvoir c'est la politique et la politique c'est la démocratie dans notre monde. Donc comme dit dans une intervention précédente on est obligé de poser le problème : les femmes ne peuvent prendre une place dans la société que si les hommes l'acceptent et le trouvent économiquement et politiquement nécessaire à leur pouvoir ou à un pouvoir partagé. On en revient par conséquent au problème du politique et des femmes.

Conclusion de la Table Ronde : Marie-Laure BEAUVAIS

Pour conclure rapidement car le temps qui nous est imparti arrive à terme : dans le domaine scientifique nous évoluons dans l'espace européen de la recherche. Si on veut un développement durable des sciences et des techniques, il faut mener beaucoup d'actions et de recherches pour promouvoir cette richesse et cette diversité qu' apportent la communauté entre hommes et femmes.

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Table Ronde 2