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Chapitre 1. Recensions des écrits, cadre conceptuel, problématique et questions de

1.4 Questions, objectifs et hypothèses de recherche

Cette thèse porte sur l’attachement au quartier de jeunes familles de classes moyennes à la fois dans un quartier de la ville centrale et un quartier de première banlieue. Nous abordons les rapports au quartier à travers l’expérience quotidienne qu’en font ces familles.

La question générale qui guide la recherche est la suivante : quels sont les rapports au quartier dans la vie quotidienne des jeunes familles de classes moyennes?

Cette question, qui constitue le fil conducteur de la thèse, se décline en trois sous-questions de recherche qui sont abordées respectivement dans les chapitres.

1- Comment expliquer les choix résidentiels des jeunes familles de classes moyennes en faveur d’une localisation en ville ou en banlieue?

2- Autour de quoi se construit l’attachement au quartier des jeunes familles de classes moyennes d’aujourd’hui?

3- En quoi les changements dans la composition ethnoculturelle des quartiers affectent-ils les choix résidentiels et l’attachement au quartier?

Au fil du processus de recherche, des interrogations secondaires sont venues nourrir la réflexion. Elles avaient toujours pour but d’enrichir la compréhension de la vie quotidienne des jeunes familles de classes moyennes par l’entremise de leurs rapports au quartier et au logement. Les jeunes familles qui choisissent de s’installer à Montréal ou à Laval fondent leur choix sur une multitude d’aspects. Entre en ligne de compte une médiation entre contraintes et aspirations qui révèle le « domaine du possible » des ménages. Celui-ci est teinté d’un côté par leurs contraintes, mais il reflète de l’autre leurs préférences concernant un logement, un quartier, mais aussi un style de vie. Quels sont les motifs mobilisés pour expliquer les choix d’une localisation résidentielle en ville ou en banlieue? Est-ce d'accéder à la propriété à tout prix pour fonder une

famille en faisant des compromis quant à la localisation? Est-ce de demeurer locataire pour rester dans les quartiers centraux ou être à proximité de son travail? Est-ce un environnement vert, calme et sécuritaire ou plutôt une vie de quartier animée avec des petits commerces de proximité et des transports en commun bien développés? Est-ce le fait d'avoir une cour, un stationnement privé ou une offre diversifiée d'activités familiales et culturelles?

La thèse a pour objectif d’explorer ce que veut dire aujourd’hui l’attachement au quartier des jeunes familles de classes moyennes dans une perspective comparative entre un quartier de la ville centre et un quartier de proche banlieue. Cette démarche s’appuie sur des témoignages recueillis lors d’entrevues semi-dirigées menées auprès des familles de classes moyennes résidant dans un quartier péricentral, Ahuntsic, et un quartier de la banlieue lavalloise, Vimont-Auteuil. La comparaison ne s’arrête pas aux quartiers étudiés, elle s’étend aux familles natives du Canada et celles qui sont issues de l’immigration.

Cette recherche exploratoire prend assise dans un contexte métropolitain en changement. La transition ethnoculturelle qui marque les quartiers de la métropole montréalaise, de même que l’expérience d’une mobilité grandissante, bien qu’elles ne constituent pas des variables centrales, mais plutôt des données de contexte ou des variables intermédiaires, ne peuvent être écartées des analyses. La diversité ethnoculturelle croissante des métropoles canadiennes ne peut être passée sous silence. Mais l’on peut penser que la corrélation négative entre la diversité sociale et ethnique du quartier et l’attachement au quartier dans le contexte états-uniens (Brown, Perkins et Brown 2003; Greif 2009; Livingston, Bailey et Kearns 2010; Putnam 2007) joue différemment dans la RMR montréalaise, surtout quand on observe des quartiers de classes moyennes où les changements de la composition démographique sont récents. Ainsi, nous en savons encore peu sur la lecture que font de ces changements les jeunes familles, immigrantes ou non, tout comme l’impact de cette diversité ethnique croissante sur leurs choix résidentiels et leur attachement au quartier.

L’hypothèse dont nous sommes parties est que le quartier continue d’être un espace de référence pour les résidants, qu’ils habitent dans la ville centre ou en banlieue. Il occupe une place centrale dans la vie de tous les jours des jeunes familles de classes moyennes d’aujourd’hui. C’est un espace représenté et pratiqué au quotidien qui est loin de la thèse de la mort du quartier et de la dissolution des différentes formes d’attachement qui lient les résidants à leur environnement.

Nous avons toutefois voulu voir autour de quoi cet attachement s’articule, et nous avons, à cette fin, distingué trois dimensions : physique/fonctionnelle, sociale et symbolique. Néanmoins, du fait de la morphologie, du tissu social et du mode de vie qui caractérise Ahuntsic et Vimont- Auteuil, nous faisons l’hypothèse que l’attachement au quartier s’articule différemment dans ces deux contextes urbains. La façon dont les Ahuntsicois et les Vimont-Auteuillais se représentent et utilisent leur chez-soi, leur quartier et la ville diffère, tout comme leur mobilité quotidienne, leur identité, et en somme, leurs modes de vie. Représentations et pratiques ont à leur tour un impact sur les choix résidentiels en faveur d’une localisation en ville ou en banlieue.

CHAPITRE

2.

CONSIDÉRATIONS

MÉTHODOLOGIQUES

ET